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Critique de SergentPoivre


Corrigeons d'abord les deux erreurs de la quatrième de couverture : Barbara Hare n'est pas le premier amour de Carlyle (qui est avoué, pas juge) et, d'autre part, son épouse ne reçoit absolument pas son amant en secret au château. L'histoire est bien plus complexe que cela.

Les Mystères d'East Lynne, paru en 1861, est le tout premier roman que l'on a qualifié de « roman à sensation » (« sensation novel »), un genre littéraire qui donnera bientôt naissance à la « detective fiction » (Sherlock Holmes, Hercule Poirot, etc.) puis, plus tard, au roman policier (« whodunit ») et au roman à suspense (« thriller »).
Les trois principaux auteurs de romans à sensation sont Wilkie Collins, Mary Elizabeth Braddon et Mrs Henry Wood (née Ellen Price). Mais, puisqu'il s'est essayé au genre avec le Mystère d'Edwin Drood (probablement afin de concurrencer Wilkie Collins), il convient d'ajouter également Charles Dickens à la liste.

N'ayant pas encore lu Wilkie Collins, le représentant le plus connu du genre, je ne suis pas en mesure d'établir une comparaison entre Mrs Henry Wood et lui. En revanche, il ne fait aucun doute dans mon esprit que le présent roman est bien supérieur au roman le plus célèbre de Mary Elizabeth Braddon (Le secret de Lady Audley) et, bien que Mrs Wood n'ait pas tout à fait le talent de Dickens pour camper des personnages, au Mystère d'Edwin Drood.
Dans Les Mystères d'East Lynne, Mrs Wood a tout simplement réussi ce que les deux auteurs susmentionnés n'ont, à mon avis, pas réussi : tenir ses lecteurs en haleine de la première à la dernière page. Pour ce faire, elle a d'abord su créer des personnages qui, non contents d'être bien plus attachants que ceux de Braddon ou de Dickens (dans le Mystère d'Edwin Drood, seuls certains personnages secondaires sont marquants), ont également une véritable dimension psychologique (notamment Lady Isabel Vane). Ensuite, là où Braddon et Dickens s'en tiennent à une seule intrigue (trop cousue de fil banc pour maintenir le suspens au-delà de quelques chapitres), Mrs Wood mène de front deux intrigues distinctes (un drame familial et une intrigue plus policière) qui, en se conjuguant, finissent par former une remarquable fresque de la société rurale victorienne. Enfin, une grande partie de l'action tournant autour de Lady Isabel, personnage déchiré qu'un conflit intérieur conduit inexorablement à un destin funeste, l'auteur réussit un roman qui flirte avec la tragédie classique.

Si Les Mystères d'East Lynne n'est certainement pas un chef d'oeuvre pouvant faire jeu égal avec les grands romans des auteurs classiques de la même époque, il n'en reste pas moins une véritable perle de la littérature victorienne (qui m'a scotché trois jours à mon fauteuil de lecture !)
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