En Angleterre, le roman d'Emily Brontë est loin d'être aussi parfaitement inconnu. C'est même un des livres dont il se vend, tous tes ans, le plus grand nombre d'exemplaires, et un nombre plus grand d'année en année. Mais si chacun l'a lu, personne n'en parle, tout au moins dans les journaux, les revues, les recueils d'essais, les histoires de la littérature. Il semblerait que ce soit une gêne pour la réserve anglaise d'avoir à nommer en public ce livre bizarre, où s'étale, décrite avec la franchise la plus ingénue, et par instants grandie jusqu'à un tragique sublime, une passion amoureuse toute frissonnante de désirs instinctifs
et de sensualité.
Il me serait plus facile de définir le nouveau roman: car sur ce point ce n'est pas un seul article, mais au moins une dizaine que je pourrais consulter, tous parus dans les revues anglaises de ces mois derniers. Le nouveau roman anglais diffère surtout de l'ancien en ce qu'il est sexualiste. Le mot est nouveau, lui aussi; mais au train dont on l'emploie il aura vite vieilli.