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Citations sur Gabacho (77)

Des gens passent devant moi. Ça fait longtemps que je me suis fait la remarque que les fils à papa, ils se tiennent toujours droits comme des I ; nous autres, paumés, crevards, guignols ou mectons, on marche tous comme des singes, comme si on avait pas été touchés par l’évolution. On dirait qu’on se sent inférieurs et que si on se tient le dos courbé, c’est à cause de notre queue rose de mandrill. Comme si on était déjà battus d’avance, que c’était une clause divine, charonique, une saloperie de destin irréversible.
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Je passe d’abord avec Aireen devant le rayon des appareils électroniques avec des écrans de toutes les tailles, des ordinateurs, des radios, des home cinemas, des portables, des jeux vidéo. Ici, devant tant de technologies à portée de main, les gringos commencent à se prendre au sérieux. Ça se lit sur leurs tronches, dans leurs rêves, que ça les fait baver, crever d’envie, qu’ils ont besoin d’un écran de la taille du Colosse de Rhodes pour se sentir vivants, pour s’assurer que leur vie, c’est pas du gâchis.
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Côté ouest, des gratte-ciel bouchent la vue ; avec leurs vitres-miroirs qui reflètent le ciel et les nuages, on dirait que ces saloperies d’immeubles portent des lunettes aux verres polarisés.
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J’ai l’air d’un combattant blessé dans une guerre solitaire, suppurant d’éclats de mitraille. C’est vrai, on dirait que j’ai tout contre moi ici ; comme si y avait une guerre pour m’exterminer coûte que coûte, même à l’insecticide.
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Le ciel est limpide, comme si la courbure de la Terre était une immense cornée et qu'on avait balayé toutes les poussières d'un gigantesque battement de cils.
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Et donc pendant qu'ils étaient là, ces crevards, à courir après la gisquette, à la harceler, à lui crier des cochonneries, je me suis dit que si je les défonçais tous, ces cons de latinos, je pourrais changer de vie.

(Incipit P7)
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L'amour, je crois que ça peut s'admirer comme une oeuvre d'art, comme ça, de loin, sans y toucher, hors de tout espace et de toute dimension physique, juste avec les yeux, avec les sens concaténassés, avec des guilis dans les tripes.
P. 36
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Mais je me suis vite rendu compte que la littérature avait absolument rien à voir avec la vie de tous les jours. Du moins, je pouvais pas m’empêcher de penser que personne pouvait savoir à quoi je pensais quand je m’allongeais pour contempler des écureuils ou des arbres. Parfois, j’essayais de savoir à quoi ils pensaient, ceux qui étaient à côté de moi, le Boss, les clients de la librairie, Madame, l’Argentin, les crevards, les guignols, les mecs, les gonzesses, la fille du 7-Eleven, les ploucs et les hypoténuses. C’est pour ça que je trouvais que ça sonnait tellement faux dans les pages des livres, avec leurs pensées toutes linéaires, sans le tohu-bohu de tout ce qui nous passe par la tête quand on marche dans la rue, renfermés sur nous-mêmes ; leurs méandres aussi, ils avaient l’air pipeau, c’était tellement bien rangé qu’y avait rien qui dépassait dans la marge, ni des mots, ni des faits.
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C’est dans le fameux livre que m’dame Double V avait acheté que j’ai lu que la misère, ça sentait jamais la rose ; que nous, les pauvres, en plus d’être pauvres, on était miteux et crasseux. Qu’il y avait que l’art pour faire ressortir la beauté de la saleté, et que les artistes les plus culottés, c’étaient ceux qui arrivaient à faire une putain d’œuvre d’art à partir d’une tragédie, de la misère, de l’abandon, comme ces connards de photographes qui effleurent le malheur du bout des doigts, histoire de gagner un putain de prix Pulitzer avec leur super photo.
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Les autres s’approchent et regardent ce qu’il vient de crever. Je sais pas ce que c’est, mais je profite de ce qu’ils rechargent leurs fusils et vident leurs balles sur cette chose à terre qui bouge presque plus pour m’éclipser derrière les fourrés ; je finis par y trouver le terrier d’un animal. Il est pas bien grand, du coup, je dois tordre ma carcasse dans tous les sens pour m’y glisser. De la main droite, je me recouvre de terre histoire de refermer le trou sur moi. Je prends ma respiration et jette une dernière poignée de terre, cerise sur le gâteau de ma tombe improvisée, de cet utérus en terre où j’espère que ces salauds de gringos partis à la chasse au migrant ne viendront pas m’avorter.
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