Citations sur Gabacho (77)
Pourtant, avant, je me contentais de si peu, juste de la regarder, c'est tout; ensuite j'ai juste voulu qu'elle me voie, c'est tout, puis qu'elle soit mon amie et c'est tout ... Pourquoi maintenant que je connais la nuance de ses lèvres, j'ai impression de plus rien avoir du tout ? Pourquoi je me sens plus vide que quand j'avais vraiment rien?
Faut pas grand chose pour survivre. Pour vivre, par contre, je sais pas.
Des gens passent devant moi. Ça fait longtemps que je me suis fait la remarque que les fils à papa, ils se tiennent toujours droits comme des I ; nous autres, paumés, crevards, guignols ou mectons, on marche tous comme des singes, comme si on avait pas été touchés par l’évolution. On dirait qu’on se sent inférieurs et que si on se tient le dos courbé, c’est à cause de notre queue rose de mandrill. Comme si on était déjà battus d’avance, que c’était une clause divine, charonique, une saloperie de destin irréversible.
Charabia foireux. Charabia banal. Charabia obnubilé. Pourquoi ces pingres d’écrivains, ils inventent rien de nouveau sous le soleil ? Juste des mots qui ont déjà été mis en boîte dans le dictionnaire.
J'arrive à l'arrêt de bus et m'écrase sur le banc. Je lève les yeux, je regarde à travers ses brisées la librairie qui se dresse devant moi, lapidée, blessée à mort, enterrée. J'aiguise mon regard et distingue le Boss toujours plié en deux, comme s'il priait devant sa librairie crucifiée.
C'est très facile de perdre le contrôle, fiston; ce qui est difficile, c'est de le garder.
Depuis que je suis arrivé dans ce foutu pays, je suis pas calme. J'ai pas passé un seul jour tranquille. Toujours aux aguets, à l'affût, guettant de tous les côtés, prêt à fuir, entortillé de marasmes parce que je suis en sécurité nulle part.
Fuuuuuuuuuuck !
J'imaginais pas que c’était possible, j’aurais pas cru, mais si, je pouvais encore tomber plus bas; y a toujous un endroit plus bas, plus profond, aussi caverneux qu'une tombe pleine de vers.
J’en chiais sang et eau, parce que lire, bordel, ça fait mal aux yeux au début, mais petit à petit l’âme se fait contaminer. Le soir, j’embarquais de petits livres encore chastes sur ma mezzanine et le matin, je les redescendais dépucelés.
Je suis resté bouche bée, abasourdi, dévasté par l’image infecte que les autres ont de moi. Et si la vérité, c’est que Dieu, il existe pas et qu’on est juste des particules qui pourrissent avec le temps pour se détruire les unes les autres ?