AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,5

sur 47 notes
5
2 avis
4
18 avis
3
6 avis
2
3 avis
1
0 avis
CECI N'EST PAS UNE LONGUE MARCHE...

Ouvrage lu dans le cadre du Prix du Meilleur Roman Points 2018.

Chaque année, des milliers de chinois habitants les provinces encore reculées de la Chine contemporaine viennent s'entasser dans l'une de ces nombreuses villes champignon qui se construisent et explosent dans l'ancien Empire du Milieu. Bien entendu, ce sont les cités les plus anciennes, principaux lieux de pouvoir politique et économique, et néanmoins les plus atteintes par cette crise de croissance folle qui attirent, tels les papillons de nuit vers les feux d'un lampadaire, l'essentiel de cette population généralement pauvre, sans véritable but autre que celui du mirage de la réussite sociale et de l'enrichissement supposé enfin facile. Pékin est sans doute l'aimant le plus puissant pour cette nouvelle population urbaine dans un pays qui semble vraiment très oublieux de lui-même, de son histoire, de ses traditions (hormis culinaires).

C'est en quelque sorte le portrait de l'un de ces chinois du petit peuple des migrants de l'intérieur que Xu Zechen nous donne à découvrir dans son bref et réjouissant roman "Pékin Pirate". Ainsi, le lecteur va-t-il suivre l'existence quelque peut agitée et incertaine du jeune DunHuang, jeune homme sortant tout juste de trois mois de prison pour avoir été pris la main dans le sac à revendre de faux documents, exercice certes hautement illégal mais, d'évidence, très prisé du chinois lambda, qui pour obtenir sans peine ce niveau d'étude jamais dépassé, qui pour se faire une nouvelle identité, qui, nouveauté du moment, pour obtenir de belles fausses factures...

Cependant, au sortir de ces quelques longues semaines au frais de l'état, tous les anciens contacts de DunHuang ont disparus : ou bien qu'ils aient été arrêté dans le coup de filet qui a suivi le sien, ou qu'ils aient changé d'activité marginale. Mais en Chine comme presque partout ailleurs, la réinsertion pour les anciens détenus est une notion plus qu'incertaine et il faudra à notre jeune homme des trésors d'inventivité, une belle foi en son avenir, un peu de chance, une ou deux rencontres - féminines - essentielles pour rebondir, cette fois dans le monde moins surveillé des services de police, moins rémunérateur sans doute mais tout aussi illégal, de la revente de DVD piratés, la contrefaction étant presque un sport national, tant pour l'export qu'en interne, une activité florissante tant la demande est forte et les DVD originaux hors de portée de toute une frange de la population : étudiants en art, femmes au foyer, célibataires désoeuvrés, amateurs tout simplement éclairé... Sans évidemment oublier ces films, classés X, qui se vendent ici comme ailleurs, dès lors que sévissent les censeurs, sous le manteau et avec des risques proportionnellement accrus ! C'est ainsi qu'apparaît sous nos yeux un tout un petit monde plus ou moins interlope de vendeurs à la sauvette, de faux gros dur, de provinciales rêvant de famille stable et confortablement installée, de femme-fleur forte et fragile à la fois, de profiteurs plus ou moins assumés du système, de petit voyous au grand coeur, le tout dans une Pékin totalement convertie au gigantisme moderne, à la folie des mégalopoles contemporaines qui connait un tel développement que cela ne se fait pas sans logements insalubres, pauvreté plus ou moins cachées, petits boulots flirtant en permanence avec la loi et les forces de l'ordre.

Second ouvrage de cet auteur traduit en français, Xu Zechen livre-là un rapide portrait sans concession mais néanmoins rafraîchissant de cette Chine méconnue chez nous, la Chine qui ne gagne pas des milliards de yuan à la minute, un pays presque totalement dépolitisé - le seul personnage lié au PCC est une secrétaire de parti lambda, à l'haleine abjecte, qui profite de sa position pour louer un gourbi innommable sans risque d'avoir des soucis avec l'urbanisme ! -, mais une Chine d'en bas qui rêve de fortune, de réussite, de films hollywoodiens (mais aussi, étonnement, qui peut passionner pour le cinéma venu d'Europe) et qui, au fond, est déjà très largement américanisée, au moins dans ses rêves d'avenir à défaut de le vivre réellement au quotidien. La globalisation y a déjà fait sa révolution culturelle... Un roman mineur, sans doute, mais jubilatoire car sans prétention affichée ni volonté de prouver ou de démontrer quoi que ce soit de sublime, un récit frisant le documentaire par certains aspects et qui se situe à mille lieues du psychologisme pesant d'une bonne part de notre littérature nationale, les principaux personnages cachant leurs sentiments derrière cette façade parfois impénétrable qu'impose la société chinoise, évitant ainsi des effluves de sentimentalité pénible ou les tortures intimistes qui s'étalent aussi grandes qu'elles sont généralement minables et dérisoires. N'oublions pas que nous sommes dans la traduction d'une langue qui ne connait pas, à proprement parler, le sujet "je" tel que notre grammaire nous l'enseigne.

Par ailleurs, le style rapide de cet ouvrage, presque sec sans jamais être aride, bondissant et direct, parcourant des chapitres aussi envolés que ces vents de sable terribles qui balaient régulièrement la capitale chinoise (lorsque ce n'est pas la pollution atmosphérique) achève de donner cette impression de vie réelle et sans ambages, mais dont on ressort pourtant gentiment attendri. La fin, à l'instar de nombreux passages de l'ouvrage, est d'une tonalité douce-amère teintée de la bouffonnerie je-m'en-fichiste de "l'adulescence" et l'on se prend à penser que cette jeunesse-là est vivante, bien vivante, malgré toutes les difficultés à vivre et à se trouver une destinée dans cette Chine d'où tout repère profond semble avoir disparu.
Commenter  J’apprécie          332
Condamné pour trafic de faux papiers, DunHuang vient de passer trois mois derrière les barreaux. A sa sortie, il n'a ni argent, ni logement, ni amis. Son réseau démantelé, son ami et mentor BaoDing toujours sous les verrous, le jeune homme se retrouve seul à Pékin qui essuie une tempête de loess. Sa rencontre avec Xia change la donne, il devient l'assistant de cette vendeuse de DVD pirates qui rêve d'épouser Kuang, de faire un bébé et de retourner dans sa campagne. le commerce est lucratif et DunHuang parcourt frénétiquement tout Pékin pour vendre, se faire le plus d'argent possible et payer la caution de BaoDing. En attendant, il recherche QiBao, la petite amie de BaoDing, sur laquelle il est censé veiller. Ainsi va la vie de DunHuang qui court, livre, cherche un toit, essaie d'améliorer son quotidien et d'éviter de retourner en prison.

Pékin pirate, c'est l'envers du décor du miracle chinois. La capitale attire les jeunes provincieux pour les ensevelir sous la poussière, la pollution, la misère. Logements insalubres, précarité, travail illégal, tel est leur lot dans une cette ville tentaculaire où ils survivent, plus ou moins solidaires, plus ou moins malheureux. Car, s'ils sont désabusés, s'ils ont perdu certaines de leurs illusions, l'espoir est encore là d'une vie meilleure. Toujours à l'affût de LA combine qui leur permettra de s'enrichir, ils vivent en marge de la société, de la ville, de la vie.
Sombre sans être pessimiste, le livre de Xu Zechen est roman réaliste qui raconte la dure réalité de ces jeunes chinois pragmatiques, prêts à tout pour réussir, de vendre des DVD piratés à vendre leurs corps. Dans cet univers où le romantisme, la sensibilité n'ont pas leur place, son ''héros'', DunHuang se démarque. Il a bien intégré les modes de survie, les combines, les pièges de la ville, mais il ne peut s'empêcher d'avoir du coeur. Sans être naïf, il croit encore en l'amitié, la loyauté, voire l'amour. C'est un plaisir de partager un temps, trop court, ses déambulations dans les rues de Pékin avec ce roman vif et moderne.
Commenter  J’apprécie          310
"Pékin pirate", du romancier chinois Xu Zechen, paru en poche aux éditions POINTS, est une plongée dans le quotidien d'un jeune homme venu de la campagne, qui tente entre magouilles et escroqueries de s'en sortir dans la jungle pékinoise

Ecrit par un des écrivains chinois les plus prometteurs de sa génération, Pékin pirate est le portrait d'une génération et d'une ville dans laquelle le commerce illicite est monnaie courante. et où l'on rencontre dans les quartiers nord de Pékin divers petits trafiquants, des marginaux.

Pékin pirate" décrit avec réalisme le rude quotidien d'un jeune Chinois, qui, comme des milliers d'autres, se voient débarqués de leur province pour faire fortune à Pékin.
Ce sont des gens ordinaires qui sont venus de leur campagne tenter leur chance à Pékin; des petits trafiquants attachants, perdus dans les trafics, qui vivent dans un monde souterrain faits de petits boulots illicites, entre corruption et alcool pour noyer ses peines.

Dans ce « Pékin pirate », récit réaliste d''un pays en pleine mutation, on y découvre cette Chine des années 2000 dans lequel les laissés pour compte du capitalisme à la chinoise rejoignent la capitale où ils vivent d'expédients, sans perdre de vue leurs rêves modestes, avoir un toit et fonder une famille.

Phrases courtes, construction rythmée : le lecteur est emporté par l'énergie de ce roman captivant qui offre une vision de l'intérieur sur la nouvelle Chine.
L'auteur s'en tient au factuel, ne s'embarrassant pas de descriptions psychologiques, l'on apprécie l'humour de certains dialogues de l'ensemble et on note la belle traduction de Eric Abrahamsen.

Un joli roman qui dépayse et se lit avec grand plaisir !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          270
C'est une expérience assez étrange de lire à la suite deux livres qui, sans être totalement sur le même thème, s'intéressent à une même frange de la société, les sans-moyens, les exclus économique, les pauvres quoi... mais qui le font avec des angles totalement différent.

Là où Hamsun décidait de passer par le prisme de l'abstraction incarnée, Xu Zechen s'attache bien davantage à ses personnages et à leur devenir. Ils nous fait vivre leurs galères mais aussi leurs plaisirs. Car les héros de Xu Zechen sont des as de la débrouille. Les petites combines qui permettent de profiter à la marge des miettes de la société de consommation n'ont aucun secret pour eux. Ils connaissent finalement assez rarement la faim, car comme le dit Bao Ding "Les gagne-petit ont bien du mal à faire bombance dans ce foutoir pékinois, mais y crever de faim est tout aussi difficile".

C'est dans cet entre-deux du jamais vraiment heureux mais toujours vivant que nous convie l'auteur, avec des personnages dont la moralité est variable. Non pas qu'ils n'en aient pas ou qu'ils la bradent... Simplement que quand ils expriment une limite, ou le refus d'une compromission, la réalité les rattrape et les force à ne pas se respecter eux-mêmes.

Bien sûr on s'amuse plus avec les protagonistes de ce roman qu'avec le désespéré orgueilleux de la Faim d'Hamsun... Mais on a bizarrement l'impression d'aller moins au fond des choses, comme si la réalité permettait de moins comprendre le monde que l'abstraction. Les moments plus légers nous divertissent-ils trop et nous empêchent-ils de vraiment regarder l'horreur en face ? Peut-être... mais méfions nous des livres légers... car comme le dit encore Bao Ding à son ami DunHuang "Ne prends pas les choses trop à coeur parce qu'à Pékin tout peut arriver. le pire est toujours possible."
Commenter  J’apprécie          263
Une découverte intéressante que cet auteur phare de la nouvelle génération d'écrivains chinois. Ce roman n'est pas un chef-d'oeuvre, mais il comporte à mes yeux quelques belles qualités.

Xu Zechen nous fait vivre "en direct live" le quotidien du héros DunHuang et d'autres jeunes de son entourage de plus ou moins 25 ans comme lui, dans un Pékin qui se transforme à toute vitesse et qui, même si on n'y meurt pas de faim, nécessite une sacrée dose de débrouillardise pour vivre à peu près décemment, dans un environnement toujours bien tenu par le Parti.
DunHuang a donc eu des activités de faussaire avec son comparse BaoDing qui s'est fait pincer et se retrouve à faire quelques mois de prison. BaoDing lui a demandé de retrouver sa chérie QiBao et de prendre soin d'elle. Mais sur son chemin, il va d'abord trouver la belle Xia, qui avec son copain Kuang s'adonne à un trafic pas plus légal, la revente de DVD piratés, qui en plus pour beaucoup sont des pornos. DunHuang et Xia se séduisent, et DunHuang se met à participer activement à ce trafic qui marche plutôt pas mal. Mais Xia veut un enfant et n'entend pas quitter Kuang, ils feront donc mine devant lui d'être frère et soeur. Au fil de ses pérégrinations, DunHuang retrouve bientôt QiBao. Une relation plus qu'amicale s'établit rapidement entre eux...Mais BaoDing sort bientôt de prison, QiBao n'est pas si innocente que ça, et tous ces gens se connaissent finalement tous sans le savoir forcément...Mais au-delà de leurs petites histoires de relations personnelles, ils ne doivent pas oublier qu'ils courent des risques, le Parti et la Police veillent au grain...

Des qualités, oui, on en trouve dans ce livre dont l'action est très rythmée. Pas de temps mort, un récit au présent, comme un reportage au coeur de l'action, cela tient en haleine. Les dernières pages font se retrouver les jeunes amis dans un final échevelé, que j'ai trouvé assez réussi avec une fin semi-ouverte.
Enfin, ce roman a le mérite d'être très instructif sur une ville et une société en pleine transformation, où l'on sent à la fois la mainmise du Parti, un univers policier, et en même temps un vent de jeunesse et de renouveau qui gagne inexorablement...Au-delà de la modernisation avec le rythme galopant des constructions nouvelles de logements, les moeurs s'occidentalisent, se libéralisent, et finalement le Parti semble fermer quand même à moitié les yeux et laisser une marge de tolérance, tant sans doute il serait dangereux pour le pouvoir politique de brider trop fermement cette tendance. Bon, le roman date de 2008, avant le durcissement opéré par le nouveau maître de la Chine.
Autre phénomène largement décrit, les tempêtes de poussières qui sévissent de plus en plus souvent, le désert avance et n'est pas si loin de Pékin...

Côté moins bon, les personnages n'ont pas d'épaisseur. le récit au présent et ultra-rapide ne s'attarde jamais ou presque sur les pensées des personnages, d'où une grande sensation de superficialité. Et puis cela ne permet pas de s'attacher aux personnages, qui ne sont pas vraiment présentés, introduits par l'auteur. Leur personnalité est a fortiori encore moins analysée.
Le rythme très enlevé nécessite une concentration constante pour une bonne compréhension des événements, et ça n'a pas toujours été facile pour ma part.
Dernière chose, j'ai repéré près d'une dizaine de coquilles dans le texte de l'édition de poche, ce qui me paraît suffisamment important pour être signalé. Il me semblait que les éditeurs profitaient du passage en poche pour éliminer les dernières fautes de l'édition grand format...Là ce n'est pas fameux.

L'ensemble apparaît un peu brouillon, un peu stéréotypé parfois. Globalement, un texte intéressant, dont je dirais qu'il se lit avec un certain plaisir, mais pas avec un plaisir certain.

Commenter  J’apprécie          250
Incursion dans la Chine actuelle ou presque (le roman a été écrit en 2006), bien loin des clichés d'une société florissante de plein emploi, avec une classe moyenne en pleine croissance, et des ambitions d'expansion mondiale clairement affichées.

Non ici c'est la Chine des petites gens, des ruraux qui sont montés à Pékin faire fortune pour ensuite rentrer au bercail. La Chine de la corruption des fonctionnaires, des petits boulots précaires, des marchands de sommeil, des faussaires et des prostituées. La Chine polluée par les particules fines, le Pékin des tempêtes de loess et de sable et des petits boui-bouis où la bière coule à flot.

Pékin me fait étrangement penser à une mégalopole de pays du tiers-monde.

Pour le lecteur curieux ou intéressé par la Chine moderne.
Commenter  J’apprécie          210
Pekin pirate, c'est l'histoire de jeunes ruraux venus tenter leur chance à la capitale. Ils vivent de petits trafics , d'amour et d'eau fraiche, enfin fraiche , il faut visiblement la faire bouillir avant de la consommer.
Le livre raconte leurs pérégrinations , la difficulté de survivre .Le logement , la nourriture , la précarité de tous les instants.
Ils ont leurs rêves propres : S'enrichir, avoir un enfant et retourner à la campagne, devenir prospère et s'établir à Pékin , ou vivre au jour le jour.

Ce que nous raconte l'auteur est sans doute le quotidien de millions de Chinois.Daté de 2006,ce livre n'a pas dû beaucoup vieillir. Aujourd'hui la Chine a décidé d'organiser et d'encourager l'exode rural en simplifiant notamment le "hukou", système qui oblige les chinois à enregistrer leur lieu de résidence et les prive des accès à la santé et à l'éducation notamment lors de leur migration vers la ville.
Que dire sur ce roman qui est sélectionné pour le prix du meilleur roman chez Points ?
Style très saccadé mais pas désagréable, plongée dans le Pékin semi underground , on n'est pas non plus dans le milieu de la pègre dure, personnages entiers , vivant chaque minute comme si c'était la dernière, Pékin balayée par les tempêtes de sable, embouteillée mais finalement attachante.
Une découverte intéressante pour moi de la Chine contemporaine à travers un roman nerveux et plaisant.
Commenter  J’apprécie          170
Ma lecture

Le récit se veut, je pense, une sorte de chronique de la petite délinquance chinoise à Pékin : trafics en tout genre, prostitution, comment survivre lorsque l'on est sans ressource, sans étude, perdu dans cette ville qui baigne dans le loess (poussière jaune) qui envahit l'atmosphère comme le livre qui baigne dans un climat poisseux et assez pessimiste.

Pourtant DunHuang, 25 ans, malgré son passé de vendeur de faux papiers a un côté sympathique : loyal en amitié, redevable envers son complice BaoDing qui est condamné à une plus grosse peine, il n'a qu'une idée en tête : trouver l'argent nécessaire à sa sortie ainsi que sa petite amie QiBao. Il fera des rencontres plus ou moins heureuses, aura des rêves ou des cauchemars, des envies de vie stable. Il a plein d'idées pour développer son "petit commerce", il observe, il s'adapte, il est tenace.

J'ai eu beaucoup de mal à m'attacher au personnage, à l'histoire : je l'ai lu comme on un récit sur la vie chinoise dans sa capitale pour ceux que la vie a laissé sur le bord du chemin, qui vivent dans la misère et la débrouille.

L'écriture : je ne sais pas si cela vient de la traduction ou si c'est le style de l'auteur mais les phrases sont courtes, un texte haché (c'est comme cela que je l'ai ressenti), qui file, vite. Peu de réelles émotions, c'est un peu journalistique, assez froid et distant. Par instant je pensais que le récit allait prendre un peu d'épaisseur, que l'on allait nous embarquer un peu plus, mais cela reste assez superficiel.

On découvre la vie chinoise : la cuisine, les rues, les quartiers, la débrouille et les petits arrangements, c'est un voyage pessimiste, sûrement réaliste mais dans lequel je n'ai pas été embarquée.


Pour moi un roman qui tient plus du documentaire romancé, sans volonté de donner corps aux protagonistes, ils sont là, font leurs "petites affaires" puis s'en vont et on ne cherche d'ailleurs pas à s'attacher à eux, même les relations  dans les couples sont assez distantes, froides,  peu de vrais sentiments à part peut-être l'amitié entre DunHuang et BaoDing. Mais peut-être en est-il réellement ainsi dans cette partie de la société chinoise et si c'est le cas c'est bien rendu mais cela n'en fait pas pour moi un roman attachant.

LIVRE LU DANS LE CADRE DU PRIX DU MEILLEUR ROMAN POINTS 2018

Lien : http://mumudanslebocage.word..
Commenter  J’apprécie          130
DunHang vient d'être libéré après trois mois de prison... Il a été condamné comme faussaire...il vendait des faux papiers, des faux certificats. Il est l'un de ces chinois venus de sa campagne natale s'entasser à Pékin.
Mais où habiter et que faire en sortant de prison quand on ne sait rien faire d'autre ?
Une jeune femme rencontrée par hasard l'héberge, et lui ouvre des perspectives intéressantes pour gagner sa vie : vendre des DVD pirates, des DVD ressemblant à s'y méprendre aux vrais, des DVD de toutes sortes...aussi bien des grands films que d'autres bien moins glorieux. Et la demande est forte en DVD pornos...Tout le monde en demande...Il va de quartier en quartier, il rôde autour des résidences universitaires. Les étudiants lui achètent ces films classiques de grands metteurs en scène européens ou américains et discrètement lui demandent : "tu aurais du porno?"...
Son petit commerce prospère...grâce à ces entreprises, dotées de matériels performants, réalisant ces faux.
Tout se vend, tout se fabrique sous le manteau.
Suivre ce vendeur pirate, nous permet de découvrir Pékin...pas le Pékin officiel, mais celui qui est caché par les autorités, celui que les flics pourchassent. C'est le Pékin des chambres minables de quelques mètres carrés prenant l'air et l'humidité, ces chambres construites de bric et de broc qui font le bonheur de propriétaires cupides et dont se contentent trop d'étudiants pauvres, ces chambres de fonds de cours, ces sous-sols dans lesquels les lits sont toujours occupés par des locataires qui s'y succèdent.
Un système d'généralisé, depuis les faussaires et les voleurs en passant par les propriétaires et les flics véreux. La Combine qui devient la religion de chacun!
D'autres personnages sont dépeints par l'auteur, tous aussi malheureux et paumés que DunHuang, tous aussi avides de gagner de l'argent facile , et de le dépenser en alcools ...frelatés eux-aussi. Tous aussi peu soucieux de leur prochain.
Prostituées, faux flics, vendeurs de faux en tous genres écument les trottoirs, se font connaître en affichant leurs numéros de portables partout...la belle couverture nous en donne l'image...tous vivent dans ce Pékin luttant contre la poussière du loess, poussière venue du désert, ce Pékin des embouteillages.
Heureusement que Dun Huang est également animé par des valeurs humaine et d'attention aux autres...ce qui le rend sympathique et attachant.
Je ne suis pas certain que cette image d'envers du décor, donnée par Xu Zechen quand il nous décrit ce Pékin moderne, ce Pékin du faux, et ces aspects de la mentalité chinoise soient très appréciés des autorités gouvernementales.
En tout cas, l'image inquiétante et peu reluisante qu'il nous en donne, est plaisante à lire...
L'envers de la médaille fait partie intégrante de la médaille...du Yuan
"Les gagne-petit ont bien du mal à faire bombance dans ce foutoir pékinois, mais y crever de faim est tout aussi difficile… "
Belle découverte de cet auteur
Lien : https://mesbelleslectures.co..
Commenter  J’apprécie          120
Le désoeuvrement de la jeunesse chinoise, qui pour survivre, vit de magouilles et de vente de produits illégaux. C'est le cas pour DunHang, qui après trois mois de prison, est largué dans Pékin sans travail et logement. On suivra son parcours, sa débrouille, son sens de l'honneur et de l'amitié. C'est plus de la tendresse qu'il en ressort que de la tristesse, malgré le sujet. C'est aussi une balade dans les bars et restaus de Pékin où l'on est balayé par des tempêtes de loess, cette poussière de sable jaune. Belle écriture et analyse de la société actuelle. Auteur à suivre.
Commenter  J’apprécie          100




Lecteurs (79) Voir plus



Quiz Voir plus

L'Année du Dragon

Ce samedi 10 février 2024, l'année du lapin d'eau laisse sa place à celle du dragon de bois dans le calendrier:

grégorien
chinois
hébraïque

8 questions
130 lecteurs ont répondu
Thèmes : dragon , Astrologie chinoise , signes , signes du zodiaques , chine , culture générale , littérature , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..