Le jardin d'Epicure : Regarder le soleil en face

" Le chagrin étreint mon cœur. La mort m'éprouve" Gilgamesh
La conscience de soi est un don suprême, un trésor aussi précieux que la vie. C'est elle qui nous fait humains. Mais on la paie au prix fort : la blessure de la mortalité. ../... Il y a 4000 ans, le héros babylonien Gilmagesh méditait sur la mort de son ami Enkidou en prononçant les mots de l'épigraphe ci-dessus : "Tu es devenu une ombre et ne peux m'entendre. Quand je mourrai, ne serai-je pas comme Enkidou ? Le chagrin ...

Vers qui ou quoi se tournent aujourd'hui ceux qui ressentent une angoisse insurmontable de la mort? Certains recherchent l'aide de leur famille ou de leurs amis : d'autres prennent le chemin de leur église ou de la thérapie : d'autres enconre consulteront peut-êtreu n livre tel que celui-ci.

Epicure pratiquait la "philosophie médicale", proclamant qu'à l'instar du médecin qui soigne le corps, le philosophe doit soigner l'âme. Selon lui, la philosophie n'avait qu'un but pertinent ; soulager la souffrance humaine. E la cause profonde de cette souffrance ? Pour Epicure, c'était notre peur omniprésente de la mort.

"A l'approche du grand âge, le passé est de plus en plus présent en moi - comme Charles Dickens le décrit si bien : "car à mesure que j'approche de la fin, je décris un cercle qui me ramène de plus en plus au plus près du commencement. Comme une forme d'apaisement et de préparation au départ. Alors m'atteignent au coeur tant de souvenirs qui étaient depuis longtemps endormis."

Peut-être suis-je en train de faire ce qu"il suggère : décrire un cercle qui me ramène au plus près du commencement, lisser les rugosités de mon histoire, passer en revue tout ce qui m'a fait et tout ce que je suis devenu. Lorsque je revois des lieux de mon enfance et assiste à des réunions d'anciens élèves, je suis plus ému que je ne l'étais autrefois. J'éprouve peut-être de la joie à découvrir qu'il y a encore un "là-bas", que le passé ne s'efface pas vraiment, que je peux le revisiter à volonté.

Si comme le dit Kundera, l'angoisse de mort naît de la disparition du passé alors refaire l'expérience du passé est un réconfort vital. L'impermanence est suspendue, au moins pour un temps."