"En règle générale, un homme se présente de deux façons selon qu'il est au travail ou chez lui. Moi qui vous parle [Hokusai], je considère le travail comme la réalité et la famille comme de la fiction, tandis que pour Bakin la famille est réalité et le travail fiction. Toujours selon moi, tous deux sont fiction pour un saint ermite ou une épave d'humanité, et réalité pour un idiot ou un bienheureux. Et maintenant, jeune homme, je vous pose la question : Lequel êtes-vous ? [...]"
Élève ton fils en fille et il deviendra fort.
-Bon ,j'ai fini.
Hokusai tendit son dessin. Baki en eut le souffle coupé.
On y voyait Akaiwa Ikkaku chevauchant une monture fantomatique au milieu des à-pics du mont Koshin et dévorant un mulot embroché sur un bâton de bois mort.Son visage tenait à la fois de l'homme et du chat.
Bakin a enfin achevé de lire à Hokusai le passage où le dernier des guerriers chiens fait son apparition.
- Ça alors, je n'en reviens pas ! soupira Hokusai.
- De quoi ?
- On n'a pas encore vu son grain de chapelet mais cet Inuzaka Keno dont vous venez de parler, il fait bien parti des huit, pas vrai ?
- Eh bien ... mais certainement.
- Porté noir sur blanc, quand cela paraîtra-t-il ?
- Là ... Dans deux ans, je dirais.
- Deux ans, ce qui veut dire que notre ère Bunsei en sera à sa dixième année. Et étant donné que vos Huit chiens ont commencé à paraître en onze de Bunka... - il compta sur ses doigts -, les huit guerriers chiens seront au rendez-vous quatorze ans après que vous en aurez eu écrit le premier mot.
- Comme vous dites.
C'était une fin de journée, début septembre huit de Busei. Bakin avait maintenant cinquante-neuf ans, Hokusai soixante-sept.