« La grandeur d'un métier est avant tout d'unir les hommes ; il n'est qu'un luxe véritable et c'est celui des relations humaines. » nous a légué
Antoine de Saint-Exupéry.
Mais en notre époque d'attentats, de confinements, d'individualisation, de robotisation, de télétravail, d'uberisation, est ce toujours le cas ?
Au lendemain d'un attentat, nul ne se préoccupe d'une anonyme dont une poche contient un débris de feuille de paie qui désigne l'employeur. Un journaliste, « la vipère » dénonce ce scandale et le propriétaire de cette entreprise, « le vieux », charge
le Responsable des Ressources Humaines de corriger cette inhumanité, d'identifier cette personne, d'indemniser sa famille « quel qu'en soit le cout » et de l'inhumer dignement. La réputation de sa société en dépend.
Le RRH, « le responsable » de ce scandale, peine à localiser et identifier la salariée inconnue. Son assistante découvre le contremaitre qui a mis fin au CDD de cette « technicienne de surface » sans informer la Direction des Ressources Humaines … qui continue à la payer ad vitam aeternam…
La victime, Julia Ragaïev, est ingénieur, immigrée, divorcée, maman d'un adolescent resté avec son père à l'autre bout du monde. « La mission » confiée au RRH est de rencontrer la famille de Julia (fils, ex époux, mère âgée recluse au fond de sa province) et de les secourir.
« Le voyage » conduit le cercueil et le RRH dans le pays natal de Julia. La vipère et son photographe couvrent le voyage. La Consule se mobilise pour aider le RRH à accomplir « la mission » qui les mêne au bout du monde, dans un territoire ex soviétique, où ils retrouvent la famille de Julia.
Mais est ce le terminus du « voyage » ?
Où est la terre promise ?
Est ce la fin de la mission ?
La société est elle réhabilitée ?
Quel est le sens de tout cela ?
Quelle est la vocation du « responsable » ?
Cette épopée en trois actes « le responsable ; la mission ; le voyage » conduit le lecteur et le « responsable », progressivement, mais inexorablement, à s'interroger sur le regard porté sur le travail, sur son appartenance à l'équipe, sur le sens de l'existence.
Avraham Yehoshua ancre ce roman en Israël, mais la tragédie inhumaine de Julia est universelle et nous interpelle tous.
Un roman percutant, teinté d'humour, avec une dernière partie fabuleuse, qui invite à revoir nos relations de travail … vaste programme assurément !
PS : du même auteur,
La fille unique
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