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EAN : 9782702102930
367 pages
Calmann-Lévy (01/04/1994)
3.92/5   18 notes
Résumé :
Né à Jérusalem en 1936, Avraham B. Yehoshua est actuellement Maître de conférences en littérature comparée à l'université de Haïfa.Ses œuvres sont traduites en plusieurs langues.Depuis sa naissance, Israël demeure une terre à la recherche de son identité. Cette quête, A.B. Yehoshua a su la cristalliser avec «L'amant,» tout en observant d'un regard lucide et critique la société israélienne pendant la guerre du Kippour.
Un jeune homme arrive un jour dans la vie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Publié au lendemain de la guerre du Kippour (octobre 1973) ce roman reste d'une saisissante actualité en décrivant la vie quotidienne à Haïfa.

Adam est garagiste, son comptable est ashkénaze réfugié d'Allemagne, les employés sont arabes et souvent cousins. Parmi eux Naïm se révèle particulièrement débrouillard.
Assiah, l'épouse d'Adam, est enseignante. Ils ont eu deux enfants, l'ainé est mort accidentellement à l'âge de cinq ans, Daffy, la cadette, 15 ans, étudie dans le lycée où enseigne sa mère.

Gabriel Arditi, franco-israélien, est arrivé à la veille de Yon Kippour, pour hériter de sa grand-mère Vaduza Ermova plongée dans le coma. Il roule au volant d'une antique Morris bleue qui tombe en panne devant le garage d'Adam. Sans ressource il est recueilli par Adam et Assiah, dont il devient l'amant, jusqu'à ce qu'il soit mobilisé et qu'il disparaisse.

Gabriel est-t-il mort, est il disparu, a-t-il déserté ?
Où est passée la Morris bleue ?
Vaduza va-t-elle sortir du coma ?

Voici quelques questions qui trouvent réponse au fil des chapitres qui nous entrainent parmi les étudiants palestiniens, les enseignants et les lycéens, les religieux ultra-orthodoxes.

Chaque personnage rédige sa partition, quitte à présenter la même scène deux ou trois fois avec quasiment les mêmes phrases - ce qui allége la tache du traducteur -, et permet de confronter le point de vue arabe et israélien, et aussi, grâce aux anciens, de comparer la situation ottomane, puis britannique, avec l'indépendance.

Assiah et Daffy étant passionnées de littérature, Avraham Yehoshua offre quelques vers de Shaul Tchernichovsky et de « Les morts du désert » de Haïm Nahman Bialik. Poèmes qui rapprochent Naïm et Daffy et donnent ainsi un sens au mot Espoir.

Un mot oublié aujourd'hui où, à Gaza, le poète palestinien Refaat Alareer et sa famille s'ajoutent au nombre des victimes provoquées par les attentats du 7 octobre et la riposte de Tsahal. Qu'en aurait pensé Avraham Yehoshua ?

Reefat avait publié sur X un poème devenu viral intitulé « If I must die » (« Si je dois mourir ») qui se conclut par ces mots : « Que cela apporte de l'espoir, que cela soit un conte ».
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"Les gens s'étonneront sûrement que je sois soudain plein d'espoir…"

"Les Jours terribles de mil neuf cent soixante-treize."
Israël. Deux communautés. Un conflit. Des vies qui se croisent.

A.B. Yehoshua livre un roman d'une grande force et d'une construction fine qui permet de comprendre avec une minutie incroyable ce que chacun des protagonistes pense, ressent et vit en leur donnant la parole à tour de rôle dans des chapitres distincts, allant jusqu'à jeter le projecteur sur une même situation en en ayant la vision des différents côtés.

Non seulement l'angle choisi par l'auteur pour évoquer la vie sur cette terre meurtrie en 73 est audacieux (un mari part à la recherche de l'amant de sa femme, disparu lors des premiers jours de la guerre du Kippour) mais il a réussi à nous plonger avec justesse dans la tête de personnages multiples : des hommes, des femmes, et de générations différentes : évoquant ainsi la vie d'une grand-mère (un passage est assez fantastique car il arrive à nous raconter ce qui se passe dans sa tête alors qu'elle est dans le coma) à celle d'adolescents en passant par la strate des adultes/parents.

C'est un roman tellement abouti, tellement fouillé que je n'ose entrer dans les détails car il y a trop à dire et si je commence...où m'arrêter ?

Un magnifique roman d'espoir. Triste et splendide, c'est un texte très beau de tolérance. Livre dévoré violemment, je suis encore avec Vaduza, Adam, Assiah, Gabriel, Daffy et Naïm. Je les aime tous et ne les oublierai pas.

"Il est si facile de rendre les enfants heureux." Et pourtant…
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Publié en 1977 en Israel, peu après la guerre du Kippour, L'amant est une passionnante variation d'Avraham B. Yehoshua sur la si complexe situation du pays et sur la société israélienne. Ce roman, vieux de 40 ans, n'a à mon avis pas pris une ride. Adam, garagiste prospère, recherche Gabriel, fraîchement revenu en Israel, disparu pendant ce conflit, et accessoirement l'amant de sa femme Assiah. Autres personnages, leur fille Daffy et le jeune mécano arabe Naïm. Curieuse errance des différents protagonistes. Si l'on a peu de nouvelles de Gabriel on s'attache aux pas d'Adam qui sillonne la nuit dans s a dépanneuse le pays à sa recherche. C'est que depuis le départ de Gabriel les relations conjugales d'Adam et Assiah ont pris un sérieux coup de vieux. Elle, professeur, semble ne se vouer qu'à ses élèves, à en devenir quelque peu fantômatique.

le très jeune Palestinien Naïm est amené à être apprenti au garage, avec le statut particulier des ouvriers arabes. Et, confus et fasciné, tombe amoureux de la la toute aussi jeune Daffy. A eux deux, sauront-ils poser un regard neuf sur ce pays? Un autre personnage compte beaucoup, qui paraît presque fantasmé, irréel et en même temps deus ex machina, la grand-mère de Gabriel, mourante et ressuscitée. Dépeinte un peu monstrueuse en son agonie, ces lignes m'on mis mal à l'aise, elle se ré-humanise au cours de l'histoire. L'amant est un beau roman qui illustre bien l'incommensurable complexité israélienne. 42 ans après sa publication il ne semble guère plus simple d'y démêler espoir et crainte.

Après Shiva, le directeur des ressources humaines, L'année des cinq saisons, Rétrospective (celui qui m'a le plus passionné), nul doute qu'Avraham B. Yehoshua, maintenant octogénaire, ne soit devenu un classique contemporain majeur de la littérature israélienne, l'une des plus vives au monde.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Nous, c'est un amant que la dernière guerre nous a pris. Nous avions un amant et il a disparu. Avec la vieille voiture de sa grand-mère. Six mois ont passé, et nous sommes toujours sans nouvelles de lui. Pourtant, nous disons-nous, ce pays est si petit, si intime, que l'on pourrait, si l'on s'en donnait la peine, se découvrir des liens de parenté avec le plus éloigné de ses habitants. Et soudain, un homme disparaît sans laisser de traces, englouti dans l'abîme de la guerre. Toutes les recherches restent vaines. Si encore j'avais la certitude qu'il a été tué, j'abandonnerais l'idée de le retrouver. De quel droit m'entêterais-je à retrouver un amant alors que d'autres ont perdu un fils, un père, un mari ? Comment l'expliquer ? Je suis sûr qu'il est encore en vie. Il n'a pas pu être tué. Pas lui.
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Ma pauvre Daffy, me dis-je, cette nuit encore sera une nuit blanche.
Horizons lumineux de mes nuits sans sommeil. Au début, la veilleuse. Ensuite la grande lumière de la chambre. Celle du couloir, le néon de la cuisine, enfin la petite ampoule du réfrigérateur.
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Qui êtes-vous, monsieur ? Nuit après nuit je vous sais occupé à écrire en solitaire, de l'autre côté de la vallée. Ecrivez-vous un roman, un essai ? Pourquoi ne traiteriez-vous pas le sujet de l'insomnie ? Le martyre d'une jeune fille de quinze ans, par exemple, qui désirerait, ne serait-ce qu'une fois, s'enfoncer dans la tiédeur du sommeil ?
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De quelle révolution parlent-ils donc ? C'est la guerre, rien que la guerre.
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Le professeur de maths est devenu, à son tour, nuage vagabond. Schwartz exploitait soigneusement sa mort pour en faire un exercice de civisme.
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Videos de Avraham B. Yehoshua (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Avraham B. Yehoshua
15 juin 2022 Claude Sitbon, évoque le souvenir de son ami A.B. Yehoshua, décédé avant-hier : “Il était pleinement francophone. Ses parents parlaient français et son épouse aussi.”
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