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Les faits divers sont un filon inépuisable pour la littérature. Ils captent rapidement notre attention en nous projetant dans un univers où l'imagination n'a pas réellement sa place. La réalité qui y est décrite s'impose de manière implacable et le lecteur n'a d'autre choix que de jouer les voyeurs.

Et dans le jeu du chat et de la souris tout est sordide : le crime, le mode opératoire, l'absence de mobile apparent du meurtre, l'attitude de l'assassin, mais aussi la pauvreté de la Chine rurale, la duplicité de la machine judiciaire, la perte de sens moral de la société chinoise... avec une écriture franche sans être tranchante, A Yi nous immerge dans un roman féroce. Même si l'auteur déroule le récit sans la moindre explication.
Tous les éléments de la construction concourent à nous immerger dans une histoire animée par un total détachement émotionnel. Outre la neutralité de l'expression, la situation bascule sans réelle variation de la tension narrative, l'auteur aborde la violence sans truculence aucune. Il prête à son jeune meurtrier une lucidité froide qu'il utilise pour lancer des phrases comme des flèches sans se soucier de savoir où elles retombent. Jusqu'au bout, il demeurera un personnage insondable que même les spécialistes, des policiers aux journalistes, échoueront à comprendre.
Et nous dans tout ça ? Malgré l'écriture transparente, on est tenté de se lancer dans une interprétation même si celle-ci se révèle illusoire. L'auteur suggère un crime spectaculaire et une course poursuite pour rompre un spleen adolescent, mais il y a quelque chose de vain dans tout ça. le meurtre ne procure qu'une délivrance éphémère au tueur, la machine judiciaire avance presque malgré lui, et on demeure coi face à un roman qui en renonçant à la complexité progresse sans éclat.
A Yi a écrit un roman véritablement dérangeant. Non seulement parce que l'idée même de crime gratuit a du mal à creuser son chemin dans nos cerveaux humains, mais aussi parce que l'auteur y agrège des éléments qui réfléchissent une certaine laideur de la société moderne chinoise.
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Un jeune homme décide de tuer, que dis je massacrer, une camarade de classe. Comme ça , presque par oisiveté . Ce qui l'intéresse , c'est donner un sens à ses journées et la fuite qu'il envisage après le meurtre devrait lui permettre d'atteindre ses objectifs.
Livre très noir, dérangeant de part le biais adopté par l'auteur : un crime sordide, gratuit , assumé et revendiqué. Beaucoup de cynisme et aucune empathie . Pour autant, on se laisse porter par l'histoire du meurtrier et son dégoût de la vie à 19 ans . Face à lui, il y a la société chinoise contemporaine, présentée ici à travers le clivage ville/campagne mais où la corruption et le pouvoir absolu de l'argent règnent. Combien de yuan vaut une vie , l'amour maternel ?

Un roman très noir donc , facile à lire , facile à oublier aussi sans doute, ce que nous demande d'ailleurs de faire l'auteur dans la post face où il explique sa démarche. Démarche initiée par un fait divers datant du début des années 2000 dont il s'est inspiré.
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Une journée comme les autres dans une ville chinoise. Un adolescent fait quelques achats puis rentre dans l'appartement qu'il partage avec sa tante. Il a invité une camarade de classe à venir le rejoindre en début d'après-midi, une fille jolie, douée et sympathique qui lui a toujours témoigné de l'amitié. Dès qu'elle arrive, il l'étrangle, la poignarde 37 fois et enfonce son cadavre dans le tambour de la machine à laver. Puis il quitte la ville. Il n'a pas agi sur un coup de tête ou de colère, le crime et la fuite ont été prémédités et minutieusement préparés. Après une courte cavale, il décide de se rendre à la police. Son procès fait grand bruit et une question se pose à tous : pourquoi un tel crime ?

Pour son premier roman, l'ancien policier chinois A Yi s'est inspiré d'un fait divers pour se mettre dans la peau d'un adolescent tueur de sang froid. Orphelin de père, négligé par une mère qui ne pense qu'à gagner de l'argent, méprisé par la tante avec laquelle il vit, le jeune homme isolé et introverti décide de tuer, par ennui, pour se prouver qu'il existe, la seule fille qui s'est montrée amicale avec lui. Une victime qu'il n'a pas choisi au hasard. Pour marquer les esprits, il s'en est pris à la beauté, à l'innocence, à la bonté. Victime expiatoire de son mal-être, Kong Jie était la plus susceptible de créer l'empathie, de se faire démener la police. Froid, calculateur, stratège, narrateur sans remords de sa préparation, de son crime, de sa fuite et de sa reddition, l'adolescent est aussi spectateur de son procès, critique vis-à-vis de la police, de la justice, des journalistes, des curieux, de la mère de Kong Jie. le procès l'ennuie au même titre que la vie qu'il menait.
Un livre sombre, glacial sur un thème qui fait froid dans le dos, celui d'un adolescent déconnecté de la société qui noie son ennui dans un crime spectaculaire dans le seul but de jouer avec les forces de l'ordre. Portrait d'un meurtrier mais aussi d'une jeunesse chinoise privée de repères, ce Jeu du chat et de la souris n'est pas une lecture facile. Il faut se forcer à rester dans la tête de cet être privé de sentiments et à le suivre dans sa logique implacable. On ne peut aimer ce livre mais on en ressort avec de nombreuses questions dont quelques une s resteront sans réponses.
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Roman dérangeant et troublant parce que le narrateur est un jeune assassin. le fait que ce roman est écrit à la première personne est difficile pour le lecteur. Pas de mobile, juste pour le plaisir. L'intéressant dans ce roman est le regard qu'il porte sur la famille, la police, la justice, les psys, ses concitoyens. Un regard sur la jeunesse chinoise perdue. La postface de l'écrivain renforce la lecture. Une prose, d'un ancien policier, qui sort de l'ordinaire pour, malheureusement, un fait divers réel.
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Un premier roman écrit par un ancien policier devenu journaliste, et qui semble avoir connu un succès important en Chine, avant d'être traduit dans plusieurs langues, une occasion de mieux découvrir la littérature chinoise contemporaine, que je connais mal et dans laquelle j'ai quelques difficultés à entrer.

Le narrateur est un lycéen en train de finir ses études secondaires, et qui ne donne à aucun moment son nom . Il est logé dans une académie militaire, par sa tante, qu'il déteste, et qui semble le mépriser. Il entretient des relations peu affectueuse avec sa mère, qui l'encourage à se montrer respectueux avec sa tante et le mari de celle-ci, et se tue au travail, après le décès de son mari. le jeune homme semble tenir à peu de choses. Sans nous expliquer ses raisons, il projette de tuer une camarade de classe, jolie, douée en musique, sur laquelle il fantasme un peu, sans plus. Il réussit à l'attirer dans l'appartement qu'il occupe et à réaliser ses plans. Il prend la fuite, mais laisse de temps en temps un indice à la police, comme s'il souhaitait qu'elle le suive à la trace. Il finit par être pris, et il est interrogé, avant d'avoir droit à deux procès. Saurons-nous enfin un peu plus sur ses motivations et sa personnalité ?

Je reste un peu mitigée après cette lecture. Cela a une certaine efficacité, l'auteur arrive à capter des instants, à orchestrer des moments de tensions prenants. Il dépeint aussi de l'intérieur le système de la justice chinoise, où les prévenus sont confrontés à une violence systématique, et où la corruption est très présente. L'image de la société chinoise, à la fois violente, peu bienveillante, pétrie de conformisme, même si elle figure à l'arrière plan, est assez intéressant. En revanche, le personnage principal et ses motivations ne m'ont pas vraiment convaincue. L'explicitation progressive des raisons du passage à l'acte m'a parue un peu artificielle.
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Un récit froid, distant, et un héros alexithymique qui l'est tout autant. Cet adolescent, nous raconte son quotidien. Une vie ennuyeuse au possible et une minutieuse préparation (qui s'avérera être une préméditation de crime) qui semble l'être tout autant. Seul l'instant du crime, la sanglante mise à mort, laisse échapper quelques instants des émotions. Mais l'exaltation va retomber comme un soufflet. Car même la fuite est insipide, jusqu'à devoir provoquer l'arrestation pour mettre fin au supplice.
Tout est ennui pour notre héros, et pourtant, on dévore son récit, espérant comprendre les raisons d'être de ses actes et d'une telle absence de ressenti.
SP
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Un lycéen chinois, dépassé par l'ennui de son existence, tue une de ses camarades.
Attrapé par la police, il n'aura aucun motif à apporter à son geste.
L'ennui est bien ce qui a prévalu à cette lecture. Cet étudiant est très ordinaire, il rencontre des difficultés à s'intégrer à l'école et dans sa famille. Il souffre d'un complexe d'infériorité qui l'amène à détester son entourage.
Sa fuite est habitée de grands moments de solitude et de peur. Il se rend compte que son geste n'a rien changé à son désert affectif et ne lui apporte pas l'aura qu'il escomptait.
« Cette vie de fugitif était trop éloignée de celle que j'avais imaginée, ou plutôt je ne faisais pas un fugitif convenable. J'étais indigne de mes célèbres prédécesseurs. »
En face de l'inspecteur qui procède à son interrogatoire, il ressent enfin le soulagement. Non seulement, il n'a plus à fuir mais enfin il suscite l'intérêt.
Je vous laisse découvrir la vie en prison et les scènes de tribunal.
Le sujet n'est pas original et malheureusement l'auteur en fait une suite d'événements sans flamboyance.
En postface, l'auteur explique qu'il a été inspiré par un fait divers et décrit les circonstances dans lesquelles il a rédigé ce roman. Il semble évident que lui-même ressent une certaine aversion envers ses proches. Ecrire pour ne pas tuer ?
Ceci ne me regarde pas.
(Editions Stock / Netgalley)
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Ce livre m'a apporté une vraie claque. L'auteur décrit avec justesse et précision la Chine provinciale, et cela tout en simplicité. Ce que je trouve incroyable est le fait que l'auteur ait réussi à me faire à la fois aimer et détester (parce que oui, j'ai vraiment eu envie de lui remettre les idées en place à celui-là) son personnage principal ; un adolescent qui s'ennuie [/au point de tuer].
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Grand succès en Chine, le Jeu du Chat et de la Souris est l'histoire d'un jeune homme qui, par ennui, par désoeuvrement, en vient à assassiner une camarade de classe, comme ça, pour s'occuper… Chacun ses occupations… S'en suit une chasse à l'homme non pas vue par la police, mais par le meurtrier.
Lien : https://verslestenlivre.word..
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Un jeune homme, dont on ne saura jamais le nom, s'ennuie. Pour y remédier, il décide d'entrer dans un jeu du chat et de la souris avec la police, en commettant un crime puis en s'enfuyant. Chacun cherche à comprendre, à trouver une justification, car nul ne peut imaginer qu'il n'y en ait pas.

Rédigé d'après un fait divers de 2006 sur lequel l'auteur avait lu un article, il aura fallu plusieurs années pour que ce récit arrive à maturation. Et il forme un premier roman très dérangeant et étrange. La référence à Orange mécanique d'Anthony Burgess est évidente pour ce récit : pas de motivation précise, pas de jugement, un crime particulièrement violent et le lecteur qui suit la narration imposée par le criminel. Avec un style précis et détaché, A Yi nous livre tout à la fois une vision de la Chine moderne, coincée entre traditions et modernité, et celle d'un jeune homme qui ne s'intègre pas dans cette société. Il montre juste que liberté n'est pas toujours synonyme d'épanouissement. Ici, elle génère un ennui qui va entrainer le narrateur vers la plus terrible violence. le personnage principal ne sait pas agir avec cette liberté, il ne sait pas en profiter, ne la dépensant qu'en frivolités dont lui-même se lasse instantanément. Il va chercher dans une course poursuite avec la police savamment orchestrée un sentiment de plénitude qu'il ne pense pouvoir trouver qu'ainsi. Il sera pourtant vite déçu.

Le lecteur est happé dans cette spirale, comme hypnotisé, tout comme le héros, si on peut dire, est dévoré par l'ennui dont il ne peut se défaire. Pour autant, l'auteur ne tombe pas dans le piège d'une explication psychologique qui plomberait le récit. Il réussit toujours à tenir son lecteur, malgré le sentiment dérangeant qui le parcourt au fur et à mesure des pages lues.

Un premier roman étonnant.
Lien : http://nourrituresentoutgenr..
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