Frissons et effrois à tous les étages
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- "LES GRANDS PROCÈS DE L'HISTOIRE. DE L'AFFAIRE TROPPMANN AU PROCÈS D'OUTREAU", PIERRAT EMMANUEL, MARTINIERE BL
- "REDEMPTION", RONAN VANESSA, RIVAGES
- "LES BIENVEILLANTES", LITTELL JONATHAN, GALLIMARD
- "LE LIVRE NOIR DES SERIAL KILLERS - DANS LA TETE DES TUEURS EN SERIE", BOURGOIN STEPHANE, POINTS
- "LE SILENCE DES AGNEAUX", HARRIS THOMAS, POCKET
- "UN SINGULIER GARÇON", SUMMERSCALE KATE, 10 X 18
- "L'ORANGE MECANIQUE", BURGESS ANTHONY, ROBERT LAFFONT
- "LE POETE", CONNELLY MICHAEL, LGF
- "L'ETRANGE CAS DU DOCTEUR JEKYLL ET DE M. HYDE", STEVENSON R L., GALLIMARD
- "EICHMANN A JÉRUSALEM", ARENDT HANNAH, GALLIMARD
- "AVENUE DES GÉANTS", DUGAIN MARC, GALLIMARD
- "UNE SI JOLIE PETITE FILLE - LES CRIMES DE MARY BELL", SERENY GITTA, POINTS
- "L'ELIMINATION", PANH RITHY, LGF
- "DE SANG-FROID", CAPOTE TRUMAN, GALLIMARD
- "MONSTER INTEGRALE DELUXE T1", NAOKI URASAWA, KANA
- "LA BARBARIE DES HOMMES ORDINAIRES", DANIEL ZAGURY, L'OBSERVATOIRE
- "BLACK-OUT", DELARUE CECILE, PLEIN JOUR
- "LA MORT EST MON METIER", MERLE ROBERT, GALLIMARD
- "MON AMI DAHMER, BACKDERF DERF, POINTS
- "CALIFORNIA GIRLS" LIBERATI SIMON LGF
CE SOIR JE VAIS TUER L'ASSASSIN DE MON FILS EXPERT JACQUES LGF
RAGE NOIRE THOMPSON JIM RIVAGES
LA DEPOSITION ROBERT-DIARD PASCALE GALLIMARD
UNE SAISON DE MACHETTES HATZFELD JEAN POINTS
DANS LA TETE DES TUEURS DE MASSE COLLECTIF INCULTE
LES ARPENTEURS ROMAN ZUPAN KIM GALLMEISTER
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Ce n'était qu'une ignoble taverne sous une voûte en arêtes. Le tenancier en était le frère du Maître; il servait du pain dur et des pâtés, des prunes en compote comme dans les bordels, de la bière étendue d'eau autant qu'il lui plaisait, vu que nul ne pouvait aller ailleurs. Bien qu'il y eût des banc, la plupart des gens se tenaient debout. On y voyait de vigoureux manieurs de matraque, des faux paralytiques, des tricheurs aux dés ou aux cartes, des voleurs du grand chemin, des videurs de poches, des détrousseurs de diligences , et des naufrageurs de tous ordres - mais aussi des gens de qualité, comme Kit et Tom, tombés dans le malheur. Dans ce lieu régnait curieusement une liberté que l'on n'aurait pas trouvée au milieu des libres citoyens de la ville : un homme pouvait y blasphémer l'Eglise et l'Etat sans crainte d'être arrêté, puisqu'il l'était déjà. Kit jura par l'anus de Chrysostome et le nez vérolé de saint Anselme. Dick Baines, qui commandait à cet instant un lait d'agneau à un cabaretier grognon, l'entendit et lui adressa la parole.
- Ainsi donc on intensifie la chasse aux jésuites. Vous êtes ici pour me prêter main forte ?
- M. Watson et moi-même sommes des vrais malfaiteurs.
- Quoi, un vrai crime ?
- Nous avons tué un homme.
- Merci de Dieu ! et la potence vous attend ? Mais ce n'est peut-être pas discret de vous le demander. La vie n'a qu'un temps. Je pense souvent à sa brièveté.
ANTHONY : Oh, je crois que personne ne nie le danger. Le danger d'être ému par le son pur, d'éprouver un frisson nerveux quand sonnent les harmoniques de la trompette.
[...].
(p. 130)
Extrait de l'émission Apostrophes INA 1988
Bernard Pivot : Il y a deux chapitres [dans votre livre] sur les Français. Qu’est-ce qu’on prend! Ce mot, cet adjectif qui revient très souvent sous votre plume : « les Français sont arrogants ».
Anthony Burgess : Oui, euh oui. C’est pas l’arrogance, c’est une espèce de fierté surtout de leur langue. Ce n’est pas possible pour un étranger comme moi, parler français parce qu’on est toujours corrigé. En conséquence on n’a jamais envie de parler français.
Bernard Pivot : Comment?
Anthony Burgess : Vous savez bien les Italiens acceptent un étranger qui parle, euh qui parle italien mal, euh qui parle mal italien parce que c’est un tribut à leur culture, à la langue. Mais les Français en ce sens oui sont arrogants… même les prostituées. […] Je vous donne un petit exemple. Je crois que j’étais très jeune, je suis entré dans un restaurant et j’ai vu au menu « Fruits » et j’ai dit « Fruits, s’il vous plaît. » « DES fruits, monsieur ! »
Ainsi pris fin l'épisode le plus glorieux de la Campagne de Russie. Glorieux mon cul. C'est de l'assassinat, oui. Le Génie en particuliers et les pontonniers se couvrivrent de gloire. De merde oui.
Là-dessus, on y est allés de la castagne en beauté, ricanochant tant et plus du litso, mais sans que ça l'empêche de chanter. Alors on l'a croché aux pattes, si bien qu'il s'est étalé à plat, raide lourd, et qu'un plein baquet de vomi biéreux lui est sorti swoouuush d'un coup. C'était si dégoûtant qu'on lui a shooté dedans, un coup chacun, et alors, à la place de chanson et de vomi, c'est du sang qui est sorti de sa vieille rote dégueulasse. Et puis on a continué notre chemin.
Peut-être n’est-il pas si bon que ça d’être bon, mon petit 6655321. Il se peut que ce soit affreux, même. Et ce disant, crois bien que je mesure jusqu’à quel point ces paroles peuvent sembler contradictoires. Je le sais, cela me vaudra des nuits et des nuits sans sommeil. Que veut Dieu ? Le Bien ? Ou que l’on choisisse le Bien ? L’homme qui choisit le Mal est-il peut-être, en un sens, meilleur que celui à qui on impose le Bien ? Question ardues et qui vont loin, mon petit 6655321.
Qu'est-ce qui me vaut,ô petite soeur?Venez donc faire un joli bout d'horizontale avec votre malenky droug sur ce lit.
Je suis prêt à un débat public, mais dès que j'ouvre la bouche, on me coupe la parole.
(p. 133)
Comme s'il était une seule société qui n'éprouvât pas le besoin d'avoir une minorité sur laquelle faire retomber tout le blâme ! Inondations, famines, bas salaires, rhumatismes du préfet, tout est bon lorsqu'il s'agit d'incriminer.
Il est peut-être caractéristique de la culture purement laïque d'Orwell qu'il n'ait pu voir que dans l'Etat la possibilité du mal et l'ait refusée à l'individu - le péché originel étant un dogme bon à prêter à rire. Le socialisme d'Orwell permet, veut à tout prix, même, que l'homme soit capable de progrès moral autant qu'économique. Son pessimisme augustinien s'applique uniquement à cette projection de l'homme connue sous le nom d'Etat oligarchique. L'Etat est le diable, mais Dieu n'existe pas. L'idée que le mal réside mystérieusement hors de l'individu s'acharne à vivre dans un Occident dont le peu qu'il garde de ses croyances traditionnelles n'est plus que des guenilles. La porte est ouverte au mal - à preuve le célèbre bain de sang ou fut noyé certain village indochinois, et le carnage que fit Charles Manson en Californie, ou le viols et les meurtres qui mettent quotidiennement de l'animation dans les rues des grandes villes américaines. Cependant, il est consolant de croire que ce mal n'est pas partie intégrante de l'entité humaine, contrairement aux enseignements de saint Augustin, mais qu'il vient de l'extérieur, comme une contagion. Le diable et son cortège de démons ont le monopole du mal, et leur principale préoccupation est de prendre possession de l'âme humaine pour l'accabler sous tous les harnachements du mal, du blasphème jusqu'au cannibalisme. Peut-être peut-on les exorciser. Mais le mal ne pousse pas dans l'homme comme un ongle incarné. Les superstitieux s'en veulent un peu moins de leurs récidives, du moment qu'ils sont libres de les mettre au compte du Père de Tous les Mensonges. Et quant aux Orwelliens, Grand-Frère a bon dos.