Citations sur La jeune fille suppliciée sur une étagère (suivi de) Le sou.. (24)
"Mes cendres étaient plongées dans le silence.
Etait- ce la tranquillité de la mort?
Je sentais que j'avais enfin réussi à trouver le repos ."
—- Son visage est celui d’une enfant, mais elle a un beau corps pour seize ans.
L’homme maigre détaillait mes formes sans aucun embarras.
Le jeune ne répondit pas.
Le maigre fuma jusqu’au bout sa cigarette sans me quitter des yeux.
Gênée par son regard, je me fis toute petite, honteuse d’être ainsi observée.
La jeune fille suppliciée sur une étagère
Au milieu de la pièce, plusieurs statuettes bouddhiques étaient alignées, recouvertes de tissu violet, et l'une d'elles, inexpressive, était tombée à la renverse sur les tatamis. Certainement qu'il y en avait beaucoup d'autres à l'intérieur des coffres empilés contre le mur.
Je ne pouvais pas m'empêcher de trouver étrange que ma peau ou les organes de mon corps pussent être échangés contre une quelconque somme d'argent.
- Là-bas, c'est une mine aurifère. A l'époque d'Edo, les gens de la capitale qui n'avaient pas de domicile étaient amenés ici de force, où on les faisait travailler à l'extraction de l'or. Ce que tu aperçois là-bas, qui a été rogné, c'est la trace de l'exploitation de ces hommes à ciel ouvert, et dessous ils ont creusé un réseau d'innombrables galeries en forme de toile d'araignée.
(Le sourire des pierres).
Le corps dont s'occupait le vieil homme était pratiquement réduit à l'état de squelette sur la paillasse. Au bout d'un crochet qui pendait du plafond, on apercevait les côtes, comme les pièces détachées d'une bicyclette, qui pendaient, légèrement de travers, vaguement blanches.
Les cheveux de Sone dépassaient du futon. Sa silhouette assoupie, le dos rond, évoquait à ses yeux celle d'un petit animal sauvage pelotonné sur une lande déserte.
Extrait de "Le sourire des pierres"
Le vieillard s'immobilisa à la vue de mon corps. Les yeux grands ouverts, il était bouche bée, et l'on apercevait l'intérieur rose pâle de sa bouche édentée.
Les hommes, se rendant compte de sa présence, interrompirent leurs gestes et se retournèrent.
Le vieil homme, sans me quitter des yeux, s'approcha de la paillasse. Puis, ayant observé ma poitrine évidée, il reporta instinctivement son regard vers la table. Là, parmi les blocs de chair de différentes tailles, la courbure et la disposition de mes côtes tachées de sang faisaient comme un masque de kendo étincelant.
Le corps du vieil homme se mit à trembler légèrement. Les tavelures qui parsemaient sa peau blanche remuaient bizarrement, au rythme des contractures de son visage.
Le vieillard fixa les hommes de ses yeux injectés de sang.
- Ce corps est à moi !
Sa voix tremblait tellement que les mots en étaient presque incompréhensibles.
Les hommes échangèrent des regards stupéfaits.
- Le chef de service m'a dit que dès qu'il aurait une femme il me la donnerait.
Des larmes affluaient au bord de ses yeux. Ses lèvres étaient crispées comme s'il allait éclater en sanglots.
- J'ai mis longtemps avant de réussir avec les animaux à fabriquer des spécimens d'os translucides. Pour mon premier essai, le chef de service m'a dit qu'il me laisserait utiliser un corps de jeune fille.
Extrait de "La jeune fille suppliciée sur une étagère"
Alors que mon regard, curieusement, était limité aux parois du cercueil et plus loin à la carrosserie de la voiture, le spectacle de l’impasse mouillée par la pluie, étrangement clair, me semblait frais et transparent, comme vu à travers les parois d’un aquarium dont on aurait tout juste changé l’eau.
A partir du moment où ma respiration s'est arrêtée, j'ai soudain été enveloppée d'air pur, comme si la brume épaisse qui flottait alentour venait de se dissiper pour un temps.
Je me sentais aussi fraîche que si l'on m'avait baignée le corps tout entier dans une eau limpide et pure.