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Troisième incursion pour moi dans l'univers d'Akira Yoshimura.
Je reste sous le charme de cet auteur.

Deux nouvelles dans ce livre :
- la Jeune Fille suppliciée dur une étagère
- le Sourire des pierres

Comme dans les deux nouvelles lues précédemment (Vers les Étoiles et Un Spécimen transparent), la mort est omniprésente.

Dans la première une jeune fille de quinze ans décédée depuis deux heures à peine, continue à voir tout ce qui se passe, le dépeçage morceau par morceau de son corps, les réactions des personnes autour d'elle, elle continue à éprouver des sentiments. L'idée est originale et bien traduite par le texte qui, malgré les images qui nous viennent à l'esprit, évite d'être morbide.
Petite remarque : l'un des personnages secondaires de cette nouvelle, publiée en 1959, est l'ébauche du protagoniste principal de sa nouvelle Un Spécimen transparent qu'il publiera plus tard en 1974.

La seconde nouvelle nous relate les retrouvailles d'Eichi avec Sone. Ils ne se sont plus vu depuis l'enfance. Sone le convaincra d'accepter de l'accompagner pour quelques jours pour un travail peu légal dans un cimetière et montrera une facette inquiétante de sa personnalité.

Yoshimura continue à m'épater par son style, il parvient à sublimer des thèmes étranges voire dérangeants, en tout cas très originaux.
Son roman Naufrages conserve toutefois la première place et sa plus grande révélation jusqu'à présent.
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Meiko a seize ans, elle vient de mourir d'une pneumonie .

Sa mére, qui peint des masques blancs vend le cadavre à l'hôpital en échange d'une rémunération afin de ne pas payer l'inhumation.....

Allongée sur le tatami elle nous conte de l'intérieur avec une extraordinaire acuité , par -delà la mort , ce qu'il advient de son corps , ses sensations intimes , son ouïe pure et pénétrante, sa gêne et son ennui, sa douleur eu égard à l'attitude de sa mére et à la soumission abêtissante de son pére .....

Elle observe les fragments de ce corps éparpillé aux quatre coins de la salle d'autopsie, perçoit la lueur dans les regards , " La pureté d'une goutte d'eau sur le ventre d'une araignée tissant sa toile dans un coin ...."

Sa vue et son ouïe lui ouvrent toujours la porte des vivants : son corps découpé, dépecé, vidé, devenu étrangement léger, décomposé , étudié par divers étudiants médecins, ravalé à un encombrant sujet d'étude pour ceux- ci et objet sans importance pour la mére .

Son esprit aiguisé veille " Il y aura toujours une part de nous qui ne meure jamais."

Elle assiste avec une conscience exacerbée à la démantibulation et la déchéance de son corps .
Elle trouvera le repos au coeur des Ténébres profondes de la Chapelle , au sein d'autres urnes blanches , ses cendres plongées dans le silence et le repos éternel .

La mort , "thème" central de ces deux nouvelles ( la 2eme m' a moins intéressée ) est traité d'une maniére étonnamment moderne et délicate ( hormis certaines descriptions ) .
L'auteur décortique, retranscrit les émotions , la complexité de l'âme humaine avec une précision glaçante, poétique, une justesse dépaysante , déroutante et fascinante , une lucidité effarante ...

L'écriture fait écho à l'étrangeté de l'univers de l'auteur .

Elle est neutre, objective, froide, acérée , jamais morbide ou sinistre, pure, coupante, semblable à des lamelles brillantes découpées finement au scalpel . .....

" A partir du moment où ma respiration s'est arrêtée, j'ai soudain été enveloppée d'air pur,------ Je me sentais aussi fraîche que si l'on m'avait baigné le corps tout entier dans une eau limpide et pure--------Je m'apercevais que mes sens étaient tellement affûtés que c'en était étrange ".....

Les écrivains japonais sont étonnants !
La première de couverture fascine, attire , questionne ?




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"La jeune fille suppliciée sur une étagère" s'appelle Mieko. Elle a 16 ans et une pneumonie fulgurante vient de l'emporter. Elle aurait pu facilement être sauvée mais sa mère a trop tardé pour appeler le médecin. Un médecin c'est beaucoup d'argent et chez Mieko, l'argent est compté. La jeune fille le sait bien, qui doit faire des spectacles de strip-tease pour aider ses parents. Mais si son corps est maintenant débarrassé de la douleur et de toutes les sensations physiques, sa conscience, étonnamment, est toujours vivante. Mieko voit et entend tout ce qui se passe autour de sa dépouille. Elle voit ainsi deux hommes qui offrent de l'argent à sa mère pour pouvoir emporter son corps jusqu'à la morgue de l'hôpital. Elle assiste ensuite à sa propre dissection. Commence alors un récit fantastique et glaçant. Car Mieko nous parle. Elle raconte tout ce que son coeur de jeune fille ressent. Elle nous dit le chagrin des adieux à son foyer et la honte d'être ainsi dénudée et touchée par ces hommes qui font des plaisanteries sur son corps, puis l'écartèlent et la démembrent comme une vulgaire pièce de boucherie.

Le lecteur ne peut qu'éprouver de la compassion pour cette jeune fille dont le corps sera vendu deux fois et jusque dans la mort. Et d'ailleurs, Yoshimura ne met-il pas en lumière ici la condition de la femme au Japon à la fin des années 50? Mariages arrangés pour les plus riches et travail avilissant pour les plus pauvres, voilà ce qui semble être leur sort. S'intéresse-t-on à ce que leur conscience pense? Pour la société elles semblent n'être que des corps grimés pour plaire ou destinés à procréer, comme dans la deuxième nouvelle du recueil, "Le sourire des pierres" où la jeune femme a été répudiée sous prétexte que son ventre était stérile.

L'écriture sobre et limpide d'Akira Yoshimura rend ici un bel hommage à ces femmes qui ne peuvent disposer de leur corps et dont la voix, comme celle de Mieko, reste toute intérieure. Et si la mort imprègne chaque page du récit, elle ne me semble pourtant pas être le centre du propos mais plutôt une allégorie de notre indépassable solitude. A trop manquer d'amour, à trop se résigner, on peut mourir à soi-même. Ne reste alors qu'un être docile et muet dont les élans de vie ont été réduits en cendres.
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Elle vient de mourir. A peine 16 ans, une vie mal entamée, une maladie aussi soudaine qu'expéditive lui ôte son dernier souffle.

Sa mère, qui ne veut pas travailler, occupe son temps à peindre des masques. La misérable vend le corps à peine refroidi de sa propre fille, sa seule fille, à l'hôpital du coin.

Akira Yoshimura, avec un certain détachement, et beaucoup de détails parfois à la limite du supportable, nous entraîne sur des chemins que je n'osais même pas imaginer. Toute vie a abandonné ce joli corps de jeune femme. Pourtant, son esprit demeure et assiste, sans souffrance, mais avec une conscience exacerbée, à la lente déchéance de son propre corps, à sa mutilation lente et réglée. On voudrait qu'il se produise quelque chose, que ce cadavre dont l'humanité échappe à tous, sauf au lecteur, se réveille, reprenne vie...

Une nouvelle fois, Yoshimura m'aura entraîné au plus près de la misère humaine, la plus banale, la plus commune. Ici, la mort s'empare d'un jeune être. Ce corps, cette enveloppe charnelle ne représentent plus rien, à peine un sujet d'expérience ou de formation pour les étudiants en médecine. C'est dans l'ordre des choses, dans l'ordre de la vie.

Ému par cette lecture, je réalise l'impermanence de notre vie dans ce monde : sujets à la mort, sujets au passage, à la brièveté. Mais sujets aussi à l'oubli... comme « La Jeune Fille Suppliciée sur une Étagère »...

Dans « le Sourire des Pierres », seconde nouvelle du bouquin, la mort revient, hante le récit, sous tous ses visages, brutal ou banal.

La mort prend même une telle emprise sur le jeune Sone qu'elle devient sa raison d'être. Pire encore. Sone prend le contrôle de la vie des autres, ceux qui en souffrance laissent leur vie glisser, glisser.

Il les entraîne au bout du chemin, toujours le même.

Ce même chemin que Sone a parcouru une fois de trop, dans ce cimetière où il jouait pendant son enfance avec son ami Eichi.
Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
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La jeune fille suppliciée sur l'étagère, c'est Mieko, une toute jeune fille de 16 ans qui vient de mourir. Son corps a été vendu à la science et c'est par sa voix qu'elle détaille toutes les étapes auxquelles se livre le personnel de l'hôpital. Avec distance, indifférence et presque curiosité, Mieko décrit la levée de son corps, décrivant les brancardiers, puis arrivée à l'hôpital, les agents hospitaliers commencent à prélever, qui les seins qui les poumons et encore les morceaux de peau. Avec un regard distanciée, Mieko évoque sa courte vie avec une mère de bonne famille qui a fui pour suivre le père qui, au fil des ans, s'est mis à dépenser sa paye, sitôt en poche, dans la boisson n'accumulant que des dettes, elle évoque son travail comme stripteaseuse sur patins à roulettes.
Au fur et à mesure de la dégradation de son corps, l'intérêt des hommes s'estompe sauf celui d'un vieux monsieur, furieux de ne pouvoir s'approprier les os pour en faire des spécimens translucides.
Dans le sourire des pierres, Eichi retrouve par hasard Sone, un camarade d'étude et celui-ci assez manipulateur, lui propose un curieux trafic de pierres tombales et réussit à se faire héberger dans la maison familiale d'Eichi et de sa soeur.

Deux textes dont le premier touche au plus sacré dans la mort, le corps et surtout son appropriation par l'hôpital et les différents intervenants chargés de prélever, qui, ce travail en valant un autre, s'expriment avec humour, avec empathie ou en fumant leur cigarette, alors que la jeune Mieko assiste au quasi-démontage de son corps petit bout par petit bout, on y retrouve la référence à un autre texte de Akira Yoshimura - Spécimens transparents. Un texte qui peut provoquer un certain malaise, le sacré percutant le trivial, le tout sous le regard calme et presque indifférent de la jeune fille.
Le deuxième texte joue plus sur la fascination que va exercer Sone sur une fratrie, instillant un certain malaise et une manipulation larvée que va ressentir le jeun Eichi.
Dire que la mort est le sujet de prédilection d'Akira Yoshimura est presque un pléonasme mais son écriture est tellement dépouillée que même un sujet qui pourrait être scabreux devient accessible même s'il peut provoquer un certain malaise.
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Deux nouvelles dans ce livre d'Akira Yoshimura. Dans la première, celle qui porte le titre, on lit les pensées d'une jeune fille de seize ans qui vient de mourir et dont le corps est vendu par les parents à un laboratoire. Ses pensées sont assez neutres racontent d'ailleurs une vie guère reluisante et ce qu'il advient de son corps. Les descriptions sont difficiles à suivre, du dégoût, peu de finesse, ce n'est plus qu'un corps vide. Texte glaçant, tant dans la description des sentiments des personnages que dans celle de la dissection du corps.
Dans la seconde nouvelle, le sourire des pierres, Eichi et Sone, anciens camarades, se retrouvent. Après avoir ramassé ensemble des pierres sacrées dans un cimetière, Sone emménage avec Eichi et sa soeur. La présence de Sone dérange de façon troublante Eichi. Cette histoire a aussi pour thème la mort, qui semble entouré le jeune Sone. La fin laisse un goût amer…
Akira Yoshimura prend plaisir à raconter des histoires réalistes, très noires sur les sentiments humains déplaisants. Il m'avait déjà remué avec le convoi de l'eau, avec celui-ci, il confirme mon intérêt pour lui mais… à consommer avec modération pour ne pas déprimer…
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Première incursion dans l'univers de Yoshimura Akira, attirée par la beauté troublante et un peu dérangeante de la couverture.

La jeune fille en question vient de mourir à l'âge de 16 ans, sans avoir eu le temps de vivre sa vie. Pourtant, son esprit reste éveillé et ressent tout ce qui lui arrive.
Sa mère, sempiternellement penchée sur la peinture de masque, vend le cadavre à un hôpital. Elle fait ainsi d'une pierre, deux coups: elle se débarrasse du corps sans avoir à organiser de coûteuses funérailles et gagne de l'argent sur la dépouille de sa fille unique. Personnage des plus sympathiques, n'est-ce pas?

Suit ensuite une longue dissection de la jeune fille. Yoshimura n'épargne au lecteur aucune description de ce que subit le corps physique dans les mains de chercheurs ou d'étudiants en médecine. Si la douleur physique a disparu avec le décès, il n'en reste pas moins une constante perte de l'humanité. Tout au long de la nouvelle, le corps est ravalé à un banal objet: encombrant pour la mère, sujet d'étude pour les médecins.

Seule la réduction en cendres de ses restes, une fois ôté tout ce qui pouvait être utilisé, permettra à la jeune fille suppliciée de trouver le repos des urnes, sinon le néant, rangée sur l'étagère au milieu de ses congénères.

Malgré le sujet somme toute morbide de son texte, Yoshimura évite tous les écueils par le recours à une écriture neutre et objective et à un ton assez froid. Son pinceau a la précision des scalpels des médecins de sa nouvelle.
Il offre au lecteur une vision de la mort où celle-ci n'est pas la fin de tout mais le début d'une lente agonie de l'âme.
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Voici deux nouvelles d'Akira Yoshimura, un des grands noms de la littérature japonaise moderne. Je rejoins le point de vue exprimé dans d'autres excellentes critiques ici même : la seconde nouvelle, le sourire des pierres, m'a plus emballé que celle qui donne son titre au recueil. En effet, la jeune fille suppliciée sur une étagère est vraiment "trop" à mon goût : trop étrange, trop invraisemblable, trop dérangeante. Une jeune fille de 16 ans est décédée subitement, et ses parents ont vendu son corps à la science. Nous allons assister sous ses "yeux" à son dépeçage progressif par une équipe de professionnels. Narratrice (et spectatrice ?!) de ce spectacle chirurgical, il nous faut pour avaler la pilule être absolument convaincu de la survie de l'âme après la mort (ce qui n'est pas mon cas), sinon bien sûr, ça ne prend pas. le récit est très clinique, si j'osais je dirais qu'il manque un peu de corps, même si ça dissèque à tout va. Il a toutefois le mérite de nous interpeller sur le métier de ces hommes, ingrat, et qui en même temps passionne quelques-uns, au point qu'un d'entre eux, un vieil homme expérimenté dans le traitement de la carcasse humaine, va piquer une crise de gamin à qui on a subtilisé son jouet lorsqu'il découvre que l'opération est conduite par deux plus jeunes collègues. Au passage, ces deux-là, penchés sur le corps de la morte, ne se privent pas de se régaler un poil graveleusement de ses proportions parfaites. Et que dire de ses parents qui refusent de récupérer les cendres de leur fille au terme de l'incinération, une fois le corps exploité dans toutes ses composantes, sous prétexte qu'ils n'auraient pas été payés assez cher pour le prêt du corps ?! Une nouvelle qui rappelle par son environnement et son sujet une autre nouvelle de l'auteur, "Un spécimen transparent", et également par leur étrangeté et la manie du détail certains textes de Yôko Ogawa.

Dans "Le sourire des pierres", nous suivons le jeune Eichi, qui va un beau jour retrouver son ami Sone, avec qui il jouait quelques années auparavant dans le cimetière voisin de chez lui. Sone est un étrange jeune homme, dont le père s'est suicidé avec sa maîtresse. Il propose à Eichi d'aller voler des pierres dans une partie non exploitée du cimetière. Pas n'importe quelles pierres, surtout des jizo sculptés (statuettes qui veillent au salut des enfants morts avant la naissance ou en bas âge). Sone veut en faire commerce, mais n'ayant guère de domicile fixe, s'invite chez Eichi et sa soeur Sachiko pour y résider et entreposer ses trouvailles. Eichi se méfie de Sone, qui n'apparaît pas spécialement sympathique, et qui a maille à partir régulièrement avec la police. Il semble qu'il dérange certaines femmes, et pourraient même les inciter à réaliser leurs pulsions suicidaires...Sachiko, soeur aînée de Eichi, a été répudiée par sa belle-famille pour cause de stérilité. Alors elle fabrique de ses mains des vêtements pour bébés. Elle s'est promis d'en faire cent. Elle a l'air attirée par Sone, ce qui ne manque par d'inquiéter Eichi, inquiétude accrue lorsque Sone offre à Sachiko un des Jizo...Et lorsque Sachiko, dont le comportement a changé, à la fois mélancolique et sereine, part en voyage alors qu'elle n'a remis que quatre-vingt quatre vêtements, le jour même où Sone disparaît, Eichi s'affole...Mais peut-être pour rien, après tout, d'autant que sa soeur est quelque part une entrave à sa propre tranquillité...
Cette nouvelle m'a convaincu, l'auteur s'y entendant pour créer en quelques pages une histoire cohérente, une atmosphère mystérieuse, pesante, une montée d'inquiétude, de tension, et une véritable épaisseur psychologique à ses personnages dont aucun n'est serein et qui sont aux prises avec un lourd passé non résolu, qui menace de se décompenser à tout moment. Et puis il y a comme un mystère sur le pouvoir des pierres, qui influence la psychologie de ces personnages...

L'écriture est comme toujours chez Yoshimura de haute qualité et précise. On pourrait là encore retrouver des réminiscences de Voyage vers les étoiles, nouvelle accompagnant Un spécimen transparent dans le recueil déjà mentionné.

Autant dire que les deux recueils se font écho, et révèlent un grand auteur de nouvelles, doté d'un style précis qui sait ménager tension et suspense. Son oeuvre est aussi hantée par un pessimisme évident, à travers les sujets morbides tels que la mort, le suicide, et par une forme de mysticisme qui se révèle dans les questions de l'au-delà et du mystère de la nature.
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Mon premier contact avec ce célèbre écrivain japonais pour les besoins de plusieurs challenges de lecteurs. J'ai donc lu par hasard, mais non sans intérêt, ce recueil de deux nouvelles étranges dont le thème principal est la mort.

La première donne son titre à ce livre. Elle est dérangeante mais m'a beaucoup touchée. Sa narratrice Mieko, une jeune fille de seize ans vient de mourir emportée par une pneumonie foudroyante. Elle aurait pu être sauvée, mais sa mère, une femme très pauvre, a trop tardé pour appeler le médecin et pire encore elle a accepté pour éviter de payer des frais d'obsèques de vendre sa dépouille à un établissement hospitalier. le corps de Mieko sera inspecté soigneusement et pendant deux mois servira de matériel d'étude et d'apprentissage aux étudiants en médecine. Il est convenu avec les parents qu'il sera incinéré et leur sera rendu dans un délai de deux mois. La jeune fille morte livre son ressenti, comme si elle était en pleine lucidité, et décrit avec sensibilité et pudeur l'atmosphère autour d'elle, son arrivée à l'hôpital, les regards qui se portent sur elle et toutes les expériences qu'elle va subir. Tel un objet on la transporte, on la manipule, on la dissèque, on la dépèce, on prélève multiples échantillons et on la vide de ses organes… C'est très émouvant. On est dans le morbide, le ton est détaché, le récit est simple, dur et dérangeant, mais il ne devient jamais glauque. C'est juste un texte magnifique qui interpelle.

La seconde nouvelle, le sourire des pierres, m'a paru plus conventionnelle et m'a laissée relativement indifférente. Elle aborde aussi le thème de la mort et de la profanation. Ces pierres sont autant de stèles et de pierres tombales arrachées aux vieux cimetières et revendues à de riches collectionneurs. Tout un trafic autour de la mort et de ses mystères.

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#Challenge ABC 2023 / 2024
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Dans ce recueil composé de deux novellas, Akira Yoshimura a choisi pour fil rouge la Mort.

Ainsi, dans « La jeune fille suppliciée sur une étagère », c'est l'héroïne de 16 ans en personne qui, décédée depuis à peine deux heures, incarne la mort. Son corps à peine refroidi vient d'être vendu à l'hôpital par ses parents et elle s'observe, comme extérieure à elle-même, subir tout un tas de mutilations en vue de servir la science. Assez peu d'émotions se dégagent de la jeune narratrice et donc peu d'empathie envers elle. On s'attendrait à des plaintes déchirantes face à l'injustice, de la colère, du dégoût mais seule une légère honte transparaît face à la nudité ainsi exposée devant des inconnus qui défilent les uns après les autres. Serait-ce que la mort laisserait s'exercer la conscience mais annihilerait les sentiments ?
Dans « le sourire des pierres », la mort est incarnée par Sone, bien vivant quant à lui, et qui semble éprouver pour cette dernière une fascination morbide. Pilleur de cimetières à ses heures perdues, le jeune homme va jusqu'à inciter ses conquêtes à se suicider avec lui… Cette fois, les émotions sont bien présentes et s'avèrent complexes à interpréter. L'obsession macabre du jeune homme ainsi que son caractère manipulateur font froid dans le dos et procurent un sentiment de malaise chez le lecteur. C'est pourquoi j'ai largement préféré le second texte au premier, plus fort, plus marquant, plus réaliste aussi bien que la fin de la première novella m'ait également glacé le sang !

C'est la première fois que je découvrais l'univers étrange et sombre d'Akira Yoshimura et je dois dire que j'ai plutôt été séduite par son style. L'écriture est précise, voire clinique et parvient à dire beaucoup en peu de mots. le sujet, quant à lui, est aussi fascinant que dérangeant et nous invite à réfléchir sur la représentation pour chacun de la Mort (gagne-pain, profond détachement, attraction, romantisme…). Un livre qui sort de l'ordinaire en tout cas, comme savent si bien les faire les auteurs japonais !

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