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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quand on quitte la gare d'Ueno par la sortie parc, l'on tombe sur des cabanes bâchées de bleu et des SDF assis sur des bancs. Parmi l'un d'eux, il y a ce vieil homme qui semble observer et écouter le monde qui l'entoure. Ici ou là, les commentaires des visiteurs du musée, les promeneurs du parc, la pluie qui tombe sur les feuilles du cerisier, le vent qui secoue les arbres. Dans ce Tokyo anonyme, il semble invisible, exclu du temps qui passe. Il nous livre son quotidien et son passé: son travail qui l'a emmené loin de sa famille, ses morts qui l'ont quitté trop vite, comment il est arrivé là et la nature qui l'entoure...

Il aura fallu à l'auteur pas moins de 12 années pour écrire ce roman profondément humain et très poétique. Dans cette nature omniprésente, sous cette pluie qui glace les âmes, au son des oiseaux qui roucoulent ou des cigales qui chantent, l'on écoute ce vieil homme nous raconter des bribes de sa vie. Ce roman fait la part belle aux couleurs: le gris du ciel, le rose des fleurs de cerisier, le vert des feuilles, le jaune des ginkgos, le bleu de l'étang et le noir de l'âme. Yu Miri nous offre un roman à la fois mélancolique et poétique et dresse le portrait d'un autre Japon. Un récit tout en finesse porté par une écriture douce et élégante.
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Rien n'est rose dans ce livre, à part sa magnifique couverture.
C'est une vie triste et grise que nous propose de découvrir Yu Miri.
Celle d'un vieil homme, perdu au milieu d'une multitude d'anonymes, de laissés pour compte dans l'un des plus grands parcs de Tokyo.
Au fil de ces souvenirs, nous découvrons combien la vie lui a été cruelle.
La mort brutale de son fils, suivie de près par celle de son épouse ont fait de lui, une ombre que l'on évite de voir.

"Ce jour-là, le temps est passé. le temps a fini. Pourtant il s'est éparpillé comme des punaises répandues sur le sol. Incapable de détourner mon regard de la tristesse de cet instant, je continue à souffrir.
Le temps ne passe pas.
Le temps ne finit pas."

Et pourtant, les saisons défilent, la floraison des cerisiers rythme le temps qui peu à peu le rapproche de la mort.

La plume de Yu Miri est empreinte d'une grande sensibilité mêlée de douceur et de mélancolie.
Une très belle découverte.
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Le parc impérial d'Ueno, est un lieu de promenade et de passage, un lieu que personne n'imaginerait peuplé, où personne ne s'attendrait à y voir des habitants....et pourtant derrière les fourrés, s'élèvent des tentes faites de bric et de broc, en toile bleue, celles-là même que l'on étend pour la floraison des cerisiers, mais qui là, ne constituent que des abris de fortune pour les laissés-pour-compte de la société japonaise.
En point d'orgue les préparatifs pour les jeux olympiques de Tokyo de 2020 et pour lesquels on fait place nette.......et l'on s'apprête à déloger sans ménagement ces hôtes indésirables. le narrateur septuagénaire dont on ne connaît pas le nom se souvient les jeux olympiques de 1964, il les a connus, il a même travaillé pour les projets de l'époque, mais là s'arrête la comparaison : entre ces deux références le Japon triomphant a fait place à une économie et une crise qui a écrasé les plus faibles. Au gré de ses souvenirs, on découvre la vie de cet homme, une vie heureuse en famille, qui va basculer après plusieurs drames, vers une vie de solitude et de retrait jusqu'à une vie d'errance et de refuge dans le parc.
Une construction intéressante du roman qui nous plonge au coeur du parc, alternant les souvenirs du narrateur, les conversations des promeneurs, les bruits familiers de construction, les bruits familiers que l'on croise dans un parc.

Malgré le sujet intéressant qui oppose deux périodes de référence liées au même sujet - les jeux olympiques - je n'ai pas vraiment été conquise par Sortie parc, gare d'Ueno, je n'ai pas vraiment ressenti de l'empathie pour le personnage principal, peut-être le style trop neutre et quelquefois distancié de Yu Miri et des développements concernant la secte d'appartenance du héros qui ne m'ont pas intéressée plus que cela.
Sortie parc, gare d'Ueno reste une une lecture instructive sur les laissés pour compte mais mais cela n'a pas été un coup de coeur.
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Il y a beaucoup de livres tristes. Certains mélangent humour et drames, certains ne sont que dramatiques, d'autres démonstratifs. Ce roman est d'une tristesse pudique et alterne des souvenirs qui pèsent à juste raison sur le narrateur et d'autres moments purement contemplatifs.

Mais ce qui m'a marqué le plus dans ce roman c'est la solitude du narrateur...

Le narrateur est issu de la région du Tokohu.
Sa famille a toujours dû lutter contre la pauvreté. Lui même a toujours travaillé durement, pour des métiers peu qualifiés, dans des postes temporaires loin de chez lui. Il fait partie d'une population n'ayant que très peu bénéficié du miracle économique japonais, mais à la merci des crises.
Sa vie est précaire, mais surtout solitaire. Sa précarité ne lui a pas permis de constituer un cercle d'amis pour le soutenir. Pudeur oblige, le narrateur ne l'évoque pas directement. C'est l'absence d'amis dans tout le récit qui laisse cet indice poignant.

Il n'a jamais pu voir grandir ses enfants. Il raconte par exemple avoir découvert à la mort de son fils que celui-ci lui ressemblait. Son fils est pour lui un parfait inconnu. Il n'avait même pas de photo.
La description de la mort de son fils est le moment les plus fort du roman. Un passage en creux : A-t'il parlé avec sa femme en se rendant chez son fils il ne s'en souvient pas. Il se souvient de la pluie.

Alternant avec les souvenirs, le roman capture des dialogues entendus par le narrateur. Il n'est que spectateur d'une vie "normale". Sans rechercher une vie par procuration, il écoute, il reçoit. Mais les dialogues ne sont pas de son monde et glissent sur lui comme la pluie. Il est purement et simplement invisible pour ceux qui traversent le parc.

Il y a en fait plusieurs formes d'invisibilité

Une institutionnelle et organisée
Cachons ces SDF pendant la visite de l'Empereur (incroyable moment où deux mondes ne peuvent se croiser)
Cachons ces inutiles dans un parc

Une sociale :
Les hors système sont clairement invisibles pour tous
Parlons librement entre amies dans ce parc...de toute façon, il n'y a personne à proximité non ?

C'est donc un roman triste sur la solitude d'un homme qui ne pouvant sortir de la pauvreté est resté toute sa vie un étranger à son pays, et à sa propre famille.
Le tsunami du 11 mars 2011 (il y a cinq ans !) celle également son avenir. Point de retour possible vers ce qui reste de ses proches.

Autres avis
Je suis quelques blogs qui parlent du Japon ou de littérature et même des deux en même temps.
Voici quelques avis qui m'ont poussé à lire ce roman :
http://dozodomo.com/bento/2016/02/27/critique-sortie-parc-gare-ueno/
http://bookmaniac.fr/2015/12/21/sortie-parc-gare-dueno-de-yu-miri/
https://comaujapon.wordpress.com/2015/11/20/sortie-parc-gare-ueno/
http://lirelejapon.blog.lemonde.fr/2015/11/16/sortie-parc-gare-dueno-yu-miri-regard-dun-sdf-invisible

Lien : http://travels-notes.blogspo..
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Je dois reconnaître que dans un premier temps c'est la couverture de ce roman qui m'a attirée, ensuite le titre avec la gare de Ueno, pour moi aussi c'est ma rencontre avec le Japon cette gare donc il ne m'en fallait pas plus pour me plonger dans cette histoire.
Celle d'un SDF qui vit dans une cabane bâchée de bleue dans ce parc, il nous livre son quotidien, les scènes de sa vie que l'on saisit tout comme lui par des brides de conversations. La nature est très présente dans ce livre et comme l'on sait joue un rôle essentiel au Japon sans oublier la pluie omniprésente au tout long du roman. Il nous raconte par petite touche sa vie, le comment, le pourquoi il en est arrivé à vivre dans ce parc, on découvre qu'il vient de la région de Fukushima, il a travaillé toute sa vie de 12 à 60 ans sans relâche, loin de sa famille afin de subvenir aux besoins de celle-ci. Il ne rentrait que deux fois par an et il souffre de ne pas connaitre ses enfants, une douleur s'ajoute à une autre, de la perte des êtres aimés à celle de la vague du Tsunami qui déferle sur son village natal.
Ce que j'ai aimé en plus de l'écriture poétique de l'auteur, c'est le portrait de ce Japon celui de la misère, de l'absence.
C'est un roman émouvant et beau à la fois, je vous laisse le découvrir.
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A la gare d'Ueno, j'ai pris la sortie du parc. Là, je m'y suis installé. Las, j'ai regardé la nature environnante, les cerisiers en fleurs, les diverses espèces de plantes variées. Là, j'ai vu des abris de fortune, Las, je suis las d'être là.

Un roman profondément introspectif où le narrateur nous conte des bribes de son existence. Des fragments d'instantanés passés. Des fragments de soi décomposés. Un narrateur qui vit à la rue, parmi d'autres rejetés de la vie en société et qui tente de survivre dans un Tokyo qui ne voit qu'une chose. Les visites de l'Empereur et les Jeux Olympiques de 2020.

Comment en arrive t-on ici. La déclassification sociale qui vous broie. Malgré tout, même si l'histoire est triste, il y a une belle poésie tout au long des pages. Un style qui vous glisse dessus comme un foulard lorsqu'une petite brise se lève. Les cerisiers du Japon ploient sous la pluie comme un profond vague à l'âme qui ne veut pas passer.

Tout au long des pages, nous glissons, marchons, ricochons à travers l'abri et les abris. Au fil de la découverte de la vie du protagoniste où le bonheur qui échappe, car il n'a pas réussi à le saisir. Malgré la jolie couverture, on y lit bien cette insidieuse descente vers le rien. Une poétique douceur pour bercer une prégnante mélancolie.

Un moment doux malgré tout. L'autrice a pris une bonne dizaine d'années pour écrire se livre et s'y imprégner d'histoire qu'elle voulait nous narrer. C'était, ma foi, joli.
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A la mort de sa femme, sa petite fille est venue à la maison pour s'occuper de lui. Mais il n'a pas supporté d'être un fardeau, un poids inutile pourrissant la vie de ses proches. Alors un jour il a quitté Fukushima en prenant le train pour Tokyo sans prévenir personne, avec un maigre bagage et quelques sous en poche. Et après avoir dormi pour la première fois de sa vie à la belle étoile, il est devenu un SDF sexagénaire, sous une tente de fortune, dans le parc d'Ueno.
Il raconte les jours mornes, les magazines ramassés ici où là et revendus pour quelques pièces à des soldeurs. Il raconte le froid mordant de l'hiver, la pluie incessante du printemps et la chaleur étouffante de l'été. Il raconte les jours particuliers où un membre de la famille impériale doit venir dans le parc. Ces jours-là les SDF ont l'obligation de démonter leurs abris, de faire place nette et d'attendre la fin de la visite pour s'installer à nouveau. Il raconte ses années de labeur sur les chantiers à travers le Japon. Des années loin des siens avant une retraite bien méritée dont il aura peu profité. Il raconte le décès de son fils dans son sommeil alors qu'il n'avait que 21 ans et un brillant avenir devant lui. Sans jamais s'apitoyer, il raconte une vie qui ne l'aura pas épargné. Au-delà de son propre cas, il parle aussi de ses compagnons d'infortune. de la violence, de la misère, du regard méprisant d'une société qui voudrait faire d'eux des invisibles.

Le désespoir ne prend pas ici la couleur de la colère, il s'exprime plutôt dans une forme de résignation tout en retenue. La douleur se drape dans les habits de la dignité, le narrateur semble murmurer son histoire, comme pour ne pas déranger. C'est beau, c'est triste, c'est cruel, ça ressemble à la vie dans ce qu'elle a de plus dur à offrir. Un court roman poignant et pétri d'humanité.

Lien : https://litterature-a-blog.b..
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J’ai été touché durant toute la lecture de ce roman, devant la difficulté de la vie de ce sans-abri, racontée avec une très belle langue. La fin est quant à elle très forte. Une très jolie découverte pour ma part et un très joli livre à avoir dans sa bibliothèque.
Lien : https://comaujapon.wordpress..
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C'est un récit émouvant par sa pudeur et qui dévoile le côté sombre de la réalité japonaise que l'on connaît si peu; loin de la fascination et des contrastes culturels nippon-occidentaux, nous voila devant un témoignage poignant d'un exclu vivant aux environs d'un charmant parc de Ueno. Sans domicile fixe ou plutôt domicilié parmi les parias du système japonais prônant le travail acharné garant de la réussite, ayant consacré toute sa vie à servir l'Empire du Soleil Levant, l'homme fait le bilan de son existence en basculant dans l'abîme de détresse. Quand on se balade à Tokyo, aux abords des terrains verts, on aperçoit les petites cases faites de bâches bleues en plastique où, à l'abri des regards, vivent des gens honnêtes et valeureux mais couverts de honte par ce qui ne leur a pas réussi.
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Belle découverte que ce roman où la poésie de la narration japonaise donne de la douceur à l'histoire d'un homme devenu SDF par choix...
Difficile de faire une critique de ce livre, tant la nostalgie, prégnante, floute les contours de la misère et de la solitude de ces hommes dans ce parc tokyoïte, parait éluder les raisons de leur exclusion.
Ce qui semble la description d'un microcosme ne manque pourtant pas de poser questions : qu'est-ce qui pousse un homme à tout quitter pour choisir une vie en marge ? Y a-t-il un espoir dans la fuite ?
C'est un roman étrange où le chant des oiseaux et la contemplation s'opposent au rythme frénétique de la ville et de la vie, c'est surtout un livre magnétique, intense, qui ne laisse pas indifférent.
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