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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Il n'est pas rare en se promenant dans le parc impérial d'Ueno de voir fleurir de grandes bâches bleues sur lesquelles les familles s'installent pour profiter de la beauté des cerisiers en fleurs.
Mais pour les SDF japonais, ces mêmes bâches ne sont pas synonymes de douceur de vivre. Ils s'en servent pour se protéger de la pluie dans leurs cabanes faites de bric et de broc.
Kazu était l'un de ceux qui vivaient dans le parc. Après une longue vie de labeur sur différents chantiers de la péninsule japonaise, il était retourné chez lui, près de Fukushima, pour découvrir que ses enfants avaient grandi sans lui et qu'il ne les connaissait pas. Restait sa femme, seule rocher auquel s'accrocher après une vie conjugale marquée par ses absences. Mais sa mort, suivant de peu celle de son fils, lui avait fait fuir sa région natale pour revenir à Tokyo et s'installer à Ueno.
Ueno, cadeau de l'empereur aux habitants de la capitale, poumon vert de Tokyo. Ueno et son zoo, ses temples, ses musées. Ueno et ses laissés-pour-compte, souvent des provinciaux échoués ici après un drame familial, une perte d'emploi, un revers du destin.

Souvenirs d'une vie d'un homme qui, comme il le dit lui-même, n'a pas eu de chance. Il a travaillé depuis son plus jeune âge, s'est sacrifié pour nourrir sa famille et finalement est passé à côté du bonheur.
A travers le destin de Kazu, Miri Yû raconte tous ceux qui ont échoué dans le parc d'Ueno, toutes ces vies en marge qui se débrouillent avec des bouts de rien pour maintenir un semblant de vie. Invisibles au milieu des promeneurs, ils sont carrément effacés quand le parc est visité par un membre de la famille impériale. Commence alors la ‘'battue''. Ils ont quelques jours pour démonter leurs abris, entreposer leurs maigres biens dans des lieux dédiés et se fondre dans l'anonymat d'une salle de cinéma ou d'un cybercafé. Cachons ces indésirables que l'empereur ne saurait voir !
Douceur et mélancolie pour un livre fort qui réussit à mettre de la poésie dans la noirceur. Car il ne faut pas se fier à sa couverture rose bonbon. Sortie parc, gare d'Ueno est un récit triste et dur qui donne à voir la triste réalité des SDF au Japon. Souvent des campagnards ‘'montés'' à Tokyo pour travailler et qui ont subi de plein fouet les crises financières successives, ils ont été rejoints par les réfugiés de Fukushima chassés de leur région par la catastrophe nucléaire de 2011. Une minorité invisible que l'on chasse au gré des visites des puissants.
Un sujet intéressant et douloureux traité avec pudeur et poésie.
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Le vieil homme déroule son histoire. Triste comme un jour de pluie sous les cerisiers. Il est un de ceux que l'on nomme "johatsu", ceux qu'on ne voit pas, les sans abris qui peuplent le parc d'Ueno.
Au fil du récit, on apprend qu'il a dû travailler très tôt, très jeune pour aider sa famille. Puis, jeune adulte, il s'est marié, a eu deux enfants qu'il a peu vus, peu connus, car obligé de partir ailleurs gagner de quoi faire vivre la famille. Il a enterré son fils, mort trop tôt dans la jeune vingtaine, enterré aussi ses parents...Que d'épreuves ! Que de résilience. Et, au crépuscule de sa vie, il revient au village, vers son épouse pour tenir des jours tranquilles. Des jours qui ne se dérouleront pas nécessairement comme espérés. Ce sera sa petite fille qui viendra s'installer avec lui pour en prendre soin. Mais lui, il choisira autre chose, une autre vie en lui laissant une note, un petit mot sur la table: "Toutes mes excuses pour cette disparition soudaine. Je pars à Tokyo. Je ne reviendrai pas dans cette maison. Ne me cherche pas. Je te remercie pour tous les délicieux petits-déjeuners que tu m'as préparés."
Et voilà que ce pan de vie se termine là...
Et au-delà de la chronique, Yu Miri, l'autrice, nous parle d'un Japon bien propre, bien soucieux des apparences, pour qui le devoir est plus important que l'humain. Un Japon qui tolère mal les laissés pour compte, les pauvres, les démunis. Un Japon qui ne se gêne pas pour démanteler les tentes des sans abris dans le parc juste pour le passage de la voiture d'un membre de la famille royale. On sait bien qu'il faut cacher la misère aux yeux impériaux.
Ce sont donc les voix de ces dépouillés que nous entendons dans Sortie parc, gare d'Ueno. Des voix nobles et dignes empreintes de toute la poésie de l'autrice.
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D'abord une superbe photo de couverture, ce banc un peu déglingué symbolisant peut-être le vide, la solitude et l'abandon sous la spectaculaire floraison rose d'un cerisier.

L'attrait essentiel de ce livre, que j'ai trouvé par ailleurs de bonne tenue côté style, est de nous faire découvrir une facette peu reluisante et bien réelle de l'évolution de la société japonaise, le phénomène SDF. Certes, nous rencontrons aussi en occident ces situations dramatiques. le Japon est moins enclin à faire la lumière sur ces problèmes, surtout lorsqu'il touche des lieux où l'Empereur doit se rendre en visite, ou lorsqu'il s'agit de montrer la puissance nippone aux yeux du monde à l'approche des jeux olympiques de 2020…

Le narrateur, septuagénaire, est devenu SDF presque par choix. Au cours de sa vie de travail, il n'a pas pu voir beaucoup sa famille, sa vie est passée vite et il a subi les traumatismes successifs de la mort de son fils Koichi à 21 ans et de sa femme à 65 ans, dans son sommeil. Ne voulant pas vivre aux crochets de sa fille, il part de sa terre de vie du Tohoku (région de Fukushima) sans laisser de message, pour se mêler aux sans-abris du parc d'Ueno à Tokyo. Il n'a pas eu de chance…

Là, il observe jour après jour la petite vie quotidienne des autres sans-abris, nous rapportant leur histoire, leurs conversations, leurs manèges (notamment pour gagner quelques yens en récupérant des canettes pour des recycleurs), leurs liens forts avec leur chat ou chien, dernier compagnon d'infortune…Il y voit aussi les non SDF mener leur vie habituelle apparemment sans faire attention, même si parfois de leurs fenêtres des immeubles proches ils dénoncent les malheureux à la police…

Etonnant de voir comme ces SDF, souvent âgés, sont à la fois organisés, chacun érigeant sa tente voire sa mini-cabane, formant ainsi une sorte de village dans un coin du parc, près de la gare grouillante, mais aussi comme ils peuvent être l'objet de haine, notamment par des bandes de jeunes qui les cassent et les passent à tabac. Quant aux autorités, elles décident de plus en plus régulièrement de faire place nette, par de véritables « battues », faisant démonter les tentes pour quelques heures, histoire de ne pas faire tache dans le paysage impérial et touristique.

Instructif, mais j'ai mis longtemps à vraiment m'immerger dans le sujet et à accrocher pour plusieurs raisons : on se perd parfois dans les allers-retours passé-présent du narrateur, la séquence des obsèques de son fils est interminable et ennuyante, et je n'ai pas ressenti l'émotion escomptée, sans compter une fin tirée par les cheveux, l'auteur essayant de relier à son histoire, maladroitement à mon sens, les événements de Fukushima…

Un peu de déception donc, mais ce roman reste un témoignage intéressant, par une coréenne vivant au Japon, sur les maux actuels, notamment l'exclusion (les coréens sont encore souvent victimes de ségrégations) et la pauvreté rampante, d'un Japon en perte de repères et qui a bien besoin de rêver à nouveau.
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Très attiré par la couverture si magnifique de ce roman, j'en ai fait l'acquisition, pensant trouver un livre plein d'espoir et de joie.
Ma découverte ne fut pas veine mais assez troublante et de la joie la misère a fait place, un homme raconte le parcours de sa vie avec d'innombrables deuils et il explique son observation du monde, des gens, tout particulièrement des SDF, de leur vie au quotidien, de la dureté de leurs journée, de toute cette misère que les gens ne voient pas ou ne veulent pas voir.
On y découvre un Japon frappé par la misère et le tsunami mais aussi beaucoup de belles description sur la nature, les arbres, les fleurs....
Un roman fort et intense en émotions et poétique à la fois, a découvrir!
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A travers ce récit, Kazu, vieil homme de 80 ans, raconte son quotidien de SDF et les raisons pour lesquelles il a choisit d'attendre la mort en vivotant dans la rue - sortie "parc" de la gare d'Ueno - de Tokyo, avec pour seul abris, une fragile cabane le protégeant des intempéries grâce à une fine bâche plastique.

En tant que SDF, il est invisible aux yeux de ceux qui vivent et s'activent autour de lui dans cette ville qui grouille. Il assiste aux conversations des petits tracas du quotidiens des habitants de Tokyo. Il est entouré d'une multitude d'images, de sons, et d'histoires racontées par ces gens qui ne font que passer,donnant une sensation de patchwork constitué de mouvements perpétuels et étourdissants autour de lui, un peu comme si le monde défilait à toute allure, alors que lui, prisonnier de son tragique passé, est condamné à rester sur le quai.

Comme toile de fond, le parc d'Ueno dont la douce beauté contraste avec la dureté des conditions de vie de ces hommes et femmes, laissés pour compte.

L'auteur utilise un style fait de retours en arrière, qui impose une lenteur dans la lecture comme pour mieux prendre la mesure des drames qui ont marqué cet homme au point de décider de vivre de cette façon :
« Exerce ta volonté à renoncer à tout ce que tu redoutes de perdre un jour... » rappelle judicieusement l'adage.....
Au risque d'en mourir !
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Un livre qui ne va pas redonner le moral si vous en avez besoin.
Le personnage principal tente sa chance à Tokyo pour subvenir aux besoins de sa famille en se faisant embaucher sur les sites de construction des futurs Jeux Olympiques.
Travaillant beaucoup, il ne rentre que très peu souvent chez lui, si bien que ses enfants commencent à ne plus le reconnaître.
Quand il rentre enfin chez lui, son fils est décédé et sa femme va bientôt le suivre...
Et voilà, quand je vous dis que c'est plombant ... et encore vous n'êtes pas au bout du roman pourtant court.
Tiré de son expérience , de la rencontre avec des SDF de cette gare d'Ueno, le roman relaie les douleurs de chacun et montre les problématiques du Japon mais je l'ai trouvé vraiment trop plombant bien que bien écrit (et traduit)



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"Sortie parc, gare d'Ueno", Yu Miri.
Roman contemplatif de l'âme d'un sdf japonais et de ce qu''il voit à travers son regard, souffrances multiples liées tant à la société qu''aux choix individuels. Contraste saisissant entre ce que l'on pourrait attendre de la poesie d'un roman japonais (cf. la couverture) et le contenu ici bien peu gai, rassemblant déchéances diverses et états d'âmes pleins de regrets.
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