- Plus j'en sais sur Magritte, plus je le trouve compliqué...
- N'est-ce pas toujours le cas lorsqu'on s'approche d'un être humain ?
La peinture n'agit pas comme un miroir passif de la réalité, elle la métamorphose !
La vraie vie est toujours un ailleurs qui n'existe pas.
Pourquoi vouloir répondre aux questions que la peinture nous pose ?
Un chapeau melon ! Qui eut cru qu’un jour, moi, Charles Singulier, je m’abandonnerais à la fantaisie d’acheter une futilité de ce genre. Et avec plaisir, qui plus est. Et j’ose même le porter. Quelle extravagance ! il faut dire que la perspective d’être officiellement promu ce lundi a de quoi griser le plus imperturbable des hommes. Comme quoi, vingt ans de travail sérieux ont plus de valeur que le fayotage auquel se sont livrés nombre de mes collègues. Midi. Dans 24 heures, je serai un homme nouveau. Il faut que je me calme. Et que j’enlève ce foutu chapeau. Un peu d’air me fera du bien.
Nul ne m'est étranger comme moi-même.
Magritte déteste la psychologie. Elle essaie d’expliquer le mystère, tout le contraire de sa démarche.
L’œuvre de Magritte est figurative, mais elle est un attentat permanent contre la représentation. Peindre le réel équivaut à le penser par l’image, une trahison féconde. La vraie vie est toujours un ailleurs qui n’existe pas. La peinture n’agit pas comme un miroir passif de la réalité, elle la métamorphose. On ne fume pas dans une pipe peinte. L’œil du peintre est un faux miroir. Tout objet en cache un autre.
- C'est que je voudrais comprendre le cours normal de ma vie...
- Ah bon ? Vous connaissez des vies normales, vous ? Cela doit être d'un ennui...
Tant que tu n’auras pas accompli ta mission, tu porteras le chapeau.