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Critique de ODP31


L'esthète des règlements de compte.

S.Craig.Zahler, un blaze sur mesure pour figurer sur des génériques de séries B, est une sommité dans la représentation de la violence et un portraitiste de l'instinct de survie. Chez cet auteur, l'homme descend plus du Tricératops que du singe.
Nourri par le cinéma de Sam Peckinpah et de Tarantino, ce romancier qui est aussi réalisateur, scénariste, compositeur et batteur, collectionne les dialogues décalés et des scènes très chorégraphiées. le bonhomme n'est pas avare d'hémoglobine mais il la consomme avec une paille.
Darren Taskin, son truand de héros, est un souteneur protégé par une organisation plus ou moins mafieuse. Plus que moins. Très organisé, beau parleur, prêt à élaborer les plans les plus alambiqués pour recruter de nouvelles filles, il a laissé la morale au vestiaire et la probité aux toilettes. Pour lui, il y a deux catégories de personne : les gens à priori honnêtes sont « Nord » et ceux qui sont en marge de la société sont « Sud ». Ses faveurs voisinent l'Antarctique.
Prudent à l'extrême, le proxénète ne manque pas de style et il évite de se salir les mains. C'est ce talent d'architecte de la magouille qui le rapproche du Dédale du titre et de celui de la mythologie Grecque. On l'oublie souvent mais Dédale a conçu le labyrinthe qui enferme le Minotaure.
Ses affaires vont se compliquer quand il recrute Erin pour jouer les hôtesses dans un de ses clubs, car la créature irrésistible va lui chauffer les sens. Erin sonne comme Ariane mais elle va rompre le fil et Taskin (Thésée) va devoir improviser. le mélange Boulot dodo, associé à des gugusses un peu soupe au lait et la rancune tenace d'un chasseur de dettes amateur de catch, vont dérégler la mécanique. Extorsion de fonds et distorsion d'os au programme.
Le héros de Zahler partage plus que des gènes avec le Parker de Westlake (quand il écrivait sous le pseudonyme de Richard Stark) et avec certains personnages d'Elmore Leonard. de belles références et Taskin ne fait pas pâle figure dans cette distribution de crapules. Même avec des gènes, il peut donc y avoir du plaisir.
J'ai beaucoup apprécié le rythme du roman, ses personnages qui traversent toujours hors des clous, qui vivent la nuit pour échapper au conformisme du jour.
Seul le dénouement m'a un peu refroidi… certes moins que certains protagonistes, mais si dézinguer une partie non négligeable du casting permet de faire des économies sur la masse salariale, le massacre va heurter les âmes sensibles. Adeptes de la pensée positive, gourous du développement personnel qui aiment enlacer des arbres et déguster du tofu, les livres de S.Craig.Zahler sont à éviter si vous ne voulez pas parasiter vos prochaines séances de méditation par des idées noires.
Cet auteur a la plume insolente. Il est allergique à la bien-pensance et aux gardiens de la morale. Cette irrévérence s'était déjà bien exprimée dans ses oeuvres précédentes.
Sur une trame finalement assez classique, l'auteur arrive à surprendre son lecteur par son inventivité, par des scènes qui squattent la mémoire pour un bon moment et un humour qui flirte avec un cynisme assumé. Une bonne cure de lecture qui n'est pas garantie sans oxydants.
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