Très beau petit recueil côtoyant la Fable (celle des origines) balte -des princesses, de l'autrice- les grandes Traversées, le tout dans la «Genèse des eaux» ; encore une fois, Dominique Zalitis nous livre toujours ici sa fable à elle, un conte où elle devient la narratrice d'une parole toujours à découvrir, en mouvement, par une percée, peut-être, dans son émouvante simplicité des mots et des images. Un petit recueil, donc, à effleurer, à enlacer, à embrasser, et une poète qu'il est très facile d'aimer.
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ÉCUEILS
À l’heure
où la lampe s’éteint
je frappe
sur tes fenêtres
lueur bleue
dans la froidure
de Lettonie
tournée vers l’est
y a-t-il
une autre vie
ailleurs
tes ailes
sont restées accrochées
dans les eaux boueuses
là où la mer
crache le salin
sur des cristaux de givre
impatient de parcourir
les océans
tu pleures
les milliers de kilomètres
que tu ne franchiras pas
pourtant
la mer est là
fraîche demoiselle
rejetant sur ta peau
les larmes de son sein
p.11-12
ÉCUEILS
d’instinct
de délivrance
trois mots
à la mer
dans le ventre
poli d’une bouteille
p.16
ÉCUEILS
l’hiver s’installe
couvre de blanc
l’origine du monde
rassemble tes forces
poisson magicien
les Baltes ont l’énergie
des dieux
pour traverser les mers
tu remues
un mot
troublé de frissons
le vent le pousse
jusqu’à moi
je l’attrape
le voilà
au creux de mes mains
une oraison ou un sort
je souffle une prière
p.13
ÉCUEILS
la neige s’allonge
sur la blancheur fossile
des amours
même si
le vent me promet
de sécher ta bouche
chancelante
je compte
sur la nécessité
des marées
d’avaler les morsures
les détours
calqués sur nos paumes
j’implore ici le ciel par son nom
p.15
ÉCUEILS
tes yeux portent
la transparence des glaciers
tes larmes
les rivières de mon corps
il faut quitter un jour
la beauté de l’hiver
p.14