Marie et le marchand de temps

Nous sommes des aristocrates, nous sommes des filles de familles riches, mais nous sommes des femmes et nous aimons notre pays. Le droit de vote est une nécessité pour nous. C’est une revendication juste ! C’est notre priorité !

Sa forte personnalité apparaissait dans les détails infimes de la vie. Particulièrement son chignon. Cet objet plus embarrassant que féminin. Elle ne savait qu’en faire, il lui tenait chaud sur la tête, comme un chapeau encombrant qu’elle ne pouvait même pas quitter en rentrant chez elle, comme font les hommes avec le leur. Elle n’avait qu’un seul projet, du moins si elle pouvait avoir l’audace de le faire, se résoudre à le couper et à se coiffer comme un homme, et tant pis si on la traitait de garçonne.

La dame, naguère belle, avait conservé un joli port de tête et une peau douce. Elle aimait sourire, véritable cadeau, car sa vie saine et son hérédité lui avaient offert une belle dentition. Enfant, elle avait fait des études sérieuses chez les sœurs de la Sérénité et tout le monde s’accordait à dire que, si elle avait été un garçon, elle aurait poursuivi ses humanités jusqu’au baccalauréat.

Je cherche à comprendre le comportement des gens à travers leur écriture. Il me manquait celle d’un grand homme dont l’humour demeure inégalé. Alors, j’ai tout de suite pensé à Molière.

Le notaire, Gaston Gatignol, Gégé comme l’appelaient ses confrères du Cercle, était un homme discret et plein d’humour. Ses amis lui reconnaissaient un talent, non pour raconter des histoires, mais pour les commenter, en apportant dans l’instant des piques, des enjolivures, des précisions que le conteur lui-même n’avait pas envisagées : tout détail ayant pour seul but de faire rire l’assemblée. C’était également un homme secret, préférant de loin la compagnie des livres à celle des hommes mal élevés, bruyants, se plaignant de tout et de rien. Pour résumer, des raseurs.