AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,97

sur 31 notes
5
6 avis
4
5 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
"Putain de bonne poisse"
Francis est un rockeur qui a eu son quart d'heure de gloire au coté de Johnny Thunders, une icône amerloque du punk des années 70-80, ex guitariste des New York Dolls et des Heartbreakers avant de poursuivre une carrière en solo. Seulement à la  différence de Johnny, Frankie n'a guère brillé en dehors de Barcelone. A la cinquantaine, c'est l'heure du bilan pour le rockeur usé d'avoir trop abusé de sexe, drogues et Rock'n'Roll. A la douloureuse, il faut rajouter son divorce, deux fils qu'il n'a pas vu grandir, un procès aux fesses pour pensions impayées, pas de boulot et plus de toit. Retour à la case départ dans le quartier populaire de son enfance chez son père. volonté de renaître de ses cendres; de se refaire les dents et une vie saine, de revoir ses mômes , de retrouver un taf et de payer ses dettes...L'enfer de Barcelone est pavé de bonnes intentions...mais il est difficile de se défaire de la poisse qui colle aux boots...

On suit l'errance de Francis alias Frankie "les deux faces d'un même dé" dans le Barcelone  des quartiers populaires des années 80 à aujourd'hui. Des allers retours et flash-back incessants alternent le récit addictif : son passé de rockeur, ses premiers émois, ses fantasmes érotiques avec Patti Smith, en passant par ses premiers riffs, ses succès éphémères et tous ses excès jusqu'à son  désir d'aller coûte que coûte à ce putain de procès...

Ce troisième livre de Carlos Zanon est un excellent roman noir social avec tous les ingrédients dignes du genre : déveine, dèche, quartiers malfamés, bars et boites louches, magouilles et compagnies, belles pépés et sinistres individus à qui on ne donnerait même pas en rêve sa soeur...adoptive et le tout rythmé par une musique d'enfer !

Les personnages tout droit sortis de séries noires : Don Damian, un caïd à l'ancienne, Xavi un beau second couteau, Paco, un père collant, Marisol, une femme fatale, Lady Claire une cubaine diseuse de bonne aventure sans oublier Gifford un chat..noir, forcément

Cerise sur la pépite catalane, une play list Rock'n'Roll à faire rugir une Fender Télécaster.

Je remercie babelio, Masse critique et les éditions Asphalte pour ce sulfureux roman noir
Commenter  J’apprécie          490
Les lumières s'éteignent sur la scène, le corps en sueur, les convulsions me reprennent. Je tremble, j'ai froid, je suis en nage. Seul dans le noir. Ou presque. le public crie, hurle, éructe. Une hargne se déchaîne, à moins que cela soit de la haine. Mes mains restent crispées sur la guitare. le courant m'a abandonné, mais putain, que c'était bon, j'ai été Johnny Thunders pendant 5 minutes. Ma gloire à moi. Avant la descente en enfer. La drogue, le caniveau, la taule. Les souvenirs se déchaînent dans ma tête, ce rock entêtant qui vrille dans ma tête, la seringue que je me plante dans le bras, cette sud-américaine que j'ai toujours eu envie de baiser, lignes de coke après lignes de coke. Tout juste si j'arrive encore à bander. J'ai l'impression d'être fini, comme au bord d'un précipice avec l'envie de fermer les yeux et de me laisser glisser au fond. Je vole. Plouf. J'atterris dans l'eau. Noire et froide. Je coule, m'enfonce dans cette nuit noire, dans cette eau noire. de plus en plus noire. Je n'arrive plus à respirer, je suffoque, j'ouvre les yeux. Je suis bien. Je suis un poisson. Je nage au milieu d'autres poissons et je vois cette sirène catalane. de longues jambes qui nagent devant moi. Viens me dit-elle, viens. Mais je n'arrive pas à la rattraper. Après tout, je ne suis qu'un poisson.

Revenir à Barcelone, me ranger de cette vie. Fuir la vie, fuir la coke, et trouver du taf. N'importe quoi, un boulot de merde mais qui me donnera un peu de blé que je donnerai à mon gosse que j'ai pas vu depuis dix ans. Oui, voilà ce que je veux faire, ce que je veux devenir. Un père et non plus un héroïnomane junky au bord d'un précipice. Sauf que revenir à Barcelone font revenir les souvenirs à flot, et pas que les bons, les fréquentations d'antan et pas les plus saines. Et comme j'ai la poisse, les emmerdes puent la merde. Les étrons fleurissent sur le trottoir, pendant que je m'évertue à remonter du caniveau. le bar est ouvert, la poussière s'envole de mon cuir, j'atteins le comptoir. Une blonde me sert une bière. le juke-box braille un titre des Pixies. Elle me sert une autre bière et je prends le train avec les Clash. Mon dealer s'assoit à côté de moi. C'est fou comme ils ont l'air sympa ces ex-dealers. Un brouhaha éclate dans ma tête, comme une veine qui explose dans mon coeur. Envie d'un whisky sans glace. J'ai pas une tune. J'prends crédit auprès de la blonde, sous l'oeil vigilant de son mac. Je me noie dans mon verre. Mais je m'en fous. Car je suis un poisson.

J'arrive tant bien que mal à mon appart', une ruelle glauque aux odeurs de pisse. Une traversée nocturne des bas-fonds de Barcelone. de la société, même. J'ai des flashs qui crépitent dans les yeux. Je regarde la foule devant moi. Je prends une bière au frigo avant de m'allonger sur mon pieu. Ecouter Patti Smith avec ses poils sous les bras. Et m'endormir KO. Vais-je me réveiller ou finir avec cette seringue encore plantée dans le bras. La foule hurle éructe balance ses immondices verbales. La guitare s'est tue. Pour un moment. A tout jamais. Johnny Thunders n'est plus. Mais moi j'ai été Johnny Thunders. Même 5 minutes.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
Commenter  J’apprécie          445
J'ai été Johnny Thunders.
Le titre claque.
La couv' au diapason (édition asphalte).
Comme un bon pressentiment sur ce coup-là.

Francis, Mr Frankie, is back.
De retour à Barcelone, un demi-siècle au compteur et presque autant d'années de sex and drugs and Rock'n Roll.
Faut dire qu'il aura brûlé la chandelle par les deux bouts à faire le guitariste dans l'ombre de Johnny Thunders.
Cinquante balais, putain, de retour chez le paternel, des souvenirs plein la tête et des emmerdes plein les bottes.
Cinquante balais, putain, et le désir ardent de se refaire la cerise sur la bande-son de sa jeunesse évaporée.
Les décibels déchirent l'asphalte.
Les paroles, tristes à fendre les pierres.
Plus de femme, penser à la pension.
Plus de gamins, penser à renouer avec mes mômes.
Plus de flouze, penser à aller au chagrin.
Plus de liberté, penser à supporter mon vieux.
La santé, elle va comme elle peut. Difficile de passer l'éponge sur tant d'excès, penser à supporter la douloureuse.
Francis, Mr Frankie, is back. Il pleut sur Barcelone comme il pleut sur son karma.
Evelyne Dhéliat aurait annoncé quelques rares éclaircies en fin de vie.
M'ouais, on connait tous l'exactitude de telles promesses...

Peut-on être et avoir été ?
Non !
Francis en est la preuve survivante.

A force de résilience, le bonhomme va délivrer un combat ardu contre ses démons d'hier et pourtant jamais bien loin.
Le parcours est épineux, la pente sévère, la volonté parfois vacillante mais l'homme avance, vaille que vaille, il n'a pas le choix.
De nouvelles rencontres prometteuses en désillusions tragiques, Francis va doucettement apprivoiser l'espoir ténu de lendemains qui chantonnent tout en gardant un goût prononcé pour le sombre, le mélancolique, le cafardeux. L'environnement amical et social l'y aidant pour beaucoup.
Un p'tit shoot de nostalgie dangereux qui pourrait bien oblitérer ses nouvelles résolutions, vivre, à crédit, mais debout.
Commenter  J’apprécie          330
Il y en a qui naissent avec tous les atouts de leur côté et d'autres comme notre Johnny qui n'en on pas beaucoup. Pourtant, il a eut quelques années de gloire en tant que guitariste de rock. Comment récupérer ses enfants quand on est devenu un looser ? Mélange de magouille, débrouille, drogue, alcool, sexe. Un style unique et original. Une histoire qui existe pour des milliers de gens et très peu en littérature. Une belle errance barcelonaise.
Commenter  J’apprécie          210
Mr Frankie a été guitariste rock, poseur, égoïste et pas vraiment talentueux. de quoi impressionner un peu les filles et quelques journalistes underground barcelonais. Avec un fait de gloire toutefois : Mr Frankie a, un soir, accompagné Johnny Thunders sur scène. Bon… c'était en 1989, à un moment où Thunders finissait de brûler la chandelle par les deux bouts. Mr Frankie a plus ou moins pris le même chemin, mais en beaucoup moins flamboyant. La came, l'alcool, les femmes et pas un seul disque à son actif. Jusqu'à redevenir, la cinquantaine bien sonnée, Francis. Un Francis qui est de retour chez son père, dans le quartier de son enfance, la queue entre les jambes et pas un sou en poche pour payer les pensions alimentaires de ses gamins.
Ce Francis que l'on trouve là, empâté, mou et veule, découvre après avoir longtemps rêvé sa vie ce qu'il en a réellement fait. Pas grand-chose, donc. Alors que l'attend un passage devant le tribunal pour le règlement de ses pensions en retard, il ne songe plus qu'à trouver un boulot, de quoi faire un peu patienter la justice et son ex-femme, de quoi retrouver un peu d'estime pour lui-même. Il renoue avec Dalmau, ancien complice de came, et retrouve par la même occasion Marisol. Marisol a vécu dans la famille de Francis dans son enfance. Elle est aujourd'hui la femme de don Damián, vieux parrain du coin, et couche avec son bras droit, Xavi, qui est aussi celui à qui Dalmau rend parfois des comptes. le quartier est petit et Barcelone pas si grande que ça. Il est facile d'y replonger dans le passé, mais il est toujours aussi dur pour Francis de regarder ce passé en face sans l'idéaliser. Pour ce qui est de replonger dans les plans foireux, par contre, rien de mieux que de revoir tous ces gens-là.
Après Soudain trop tard et N'appelle pas à la maison, Carlos Zanón continue à faire explorer au lecteur l'autre côté de la carte postale barcelonaise, les vies sur les marges d'une population minée par la crise économique et oubliée du supposé « miracle catalan ». Il a surtout assez de talent pour réussir à intéresser le lecteur à des personnages aussi pathétiques que Francis, son père Paco, Dalmau ou Xavi. Pauvres types embourbés dans des vies minables et qui passent une bonne partie de celles-ci à essayer de le faire payer aux femmes qui croisent leurs routes. Sous l'apparence de la communauté, c'est bien le chacun pour soi qui domine, et ce qui attendent autre chose de la vie en sont pour leurs frais. Marisol ou la vieille doña Ima sont les martyres low-cost des épopées au rabais d'hommes trop petits, même pour leurs rêves à deux sous et qui, pour les accomplir, n'hésiteront pas à leur marcher dessus ou à les abandonner.
Autant dire que Zanón touche là à la quintessence du roman noir social et naturaliste. Sans démonstration inutile mais avec les mots du poète qu'il est aussi (et l'on est parfois un peu frustré de ne pas pouvoir le lire en version originale malgré la traduction de qualité d'Olivier Hamilton), il livre un roman épique à sa manière, violent et tragique.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
Commenter  J’apprécie          180
"Si à 50 ans t'as pas encore percé dans le rock, alors, t'as raté ta vie !" Cette citation s'appliquerait à merveille à Francis, plus connu sous le nom de Mr Frankie, à l'époque où il était guitariste.

Enfin, niveau heure de gloire, à part avoir fait un concert avec Johnny Thunders à l'époque où il avait tout d'une loque imbibée d'alcool et de drogue et tenait à peine sur ses quilles.

Johnny Thunders ?? C'est bien beau tout ça, mais c'est qui, lui ? Wiki m'apprend qu'il a fait partie du groupe The New York Dolls, qu'il quitta en 1975 en compagnie du batteur Jerry Nolan, pour fonder le groupe The Heartbreakers. Heu…

Heureusement que You Tube m'a rafraîchit la mémoire avec "Born to lose" que je connaissais, effectivement.

Frankie est un looser de première classe ! "Born to lose" pourrait s'appliquer parfaitement à lui. Il a 50 balais, est de retour chez son père, petit pensionné qui ne s'en sort déjà pas et traine un passé peu glorieux.

Frankie est un ancien junkie, un alcoolo, un type qu'a pas fait grand-chose de sa vie, même avec sa guitare, qui est divorcé avec deux fils qu'il n'a même pas vu grandir et une pension alimentaire qu'il est incapable de payer.

La Barcelone décrite dans ses pages n'a rien pour faire rêver ! Ses quartiers populaires sont hantés par des types louches, des dealers, des voleurs, des gangs, ou par des gens qui sont obligé de faire les poubelles des supermarchés pour bouffer.

Avec un roman noir qui a reçu le prix Dashiell Hammet entre les mains, où tous les ingrédients d'un petit noir corsé étaient réunis (bandits, voleurs, quartiers malfamés, bars louches, boites de nuit encore plus louches, magouilles et compagnies, nenettes super bien roulées, came, individus peu fréquentables, sexe, cocus, amants, drogues, pédophilie, musique et riff d'enfer, pauvreté, misère,…) assurément, la lecture ne pouvait qu'être bonne.

Elle le fut, assurément, au début, et puis, vers le milieu, j'ai décroché sévère, passant des lignes, des paragraphes, des pages., les personnages pourtant bien typés me laissant indifférente à leurs aventures merdiques, à leurs combines et même l'égoïsme crasse de Francis m'a laissée de marbre à ce moment là.

Sur la fin, là j'ai repris du poil de la bête et tout est repartit comme sur un bon rock endiablé.

Malgré tout, vu ce long passage qui m'a endormi pire qu'un reportage sur la vie sexuelle des escargots de Bourgogne, ma lecture qui s'annonçait palpitante et corsée me laisse un goût amer en bouche.

Je m'attendais à mieux comme roman noir social, ou alors, lui et moi on n'était pas fait pour se rencontrer et jouer ce morceau ensemble…

Lien : https://thecanniballecteur.w..
Commenter  J’apprécie          170
Il y a parfois comme ça, au détour d'un livre, une espèce de charme indéfinissable où un auteur parvient à concilier au coeur d'un roman résolument noir, une petite musique poétique quelque peu décalée donnant à l'ensemble une allure décadente empreinte d'une sombre nostalgie. Une ville de Barcelone décatie sur fond de musique rock abrupte et cinglante, Carlos Zanon signe avec J'ai été Johnny Thunders un grand roman fiévreux.

Retour à la case départ pour Francis lorsqu'il débarque dans le quartier de Barcelone où il a grandit, en laissant derrière lui ses rêves de gloire et son double maléfique, Mr Frankie. Il est désormais un musicien déchu, complètement paumé qui n'est jamais parvenu à percer vraiment dans le monde cruel du rock. Il a pourtant joué avec des légendes comme Johnny Thunders, mais tout cela désormais n'est plus qu'un lointain souvenir. Aujourd'hui, la cinquantaine bedonnante, Francis, complètement fauché, retourne vivre chez son père. Il aspire à trouver un job pour rembourser ses dettes, payer la pension qu'il doit à son ex femme afin de renouer avec ses enfants. Mais le retour dans le droit chemin peut s'avérer être un parcours tortueux où les réminiscences du passé deviennent des obstacles insurmontables.

En guise d'introduction, Carlos Zanon nous immerge immédiatement dans l'univers chaotique d'un rock'n roll noir et cruel avec la rencontre de Johnny Thunders et de Mr Frankie qui scellera son destin ou plutôt son absence de destinée. Puis comme Francis, on ressort du club, complètement lessivé et dépassé par la violence d'un spectacle dramatique où les idoles se brûlent les ailes dans la lumière des projecteurs d'une gloire factice et dans l'ombre malsaine de la dope et de l'alcool. le réveil est brutal et sans concession ainsi que la rédemption qui ne devient plus qu'une illusion supplémentaire pour continuer à avancer, tituber vers un dénouement aussi noir et cruel que ce concert rock qui a vu naître et mourir un Mr Frankie tragiquement immortel.

On découvre tout au long du texte une espèce d'amertume vénéneuse et poisseuse que l'auteur distille sur un rythme cinglant et nerveux en nous projetant dans les périphéries d'une ville de Barcelone désenchantée, bien éloignée des circuits touristiques, où Francis (et son double maudit, Mr Frankie) promène ses désillusions et ses échecs. Il n'y a rien de schizophrénique dans ce personnage s'alimentant de ses rêves perdus du passé et de ses projets étriqués du présent. Mr Frankie a été le guitariste qui a accompagné Johnny Thunders lors d'un concert épique où la légende n'était déjà plus qu'une ombre déchue en quête d'une prochaine dose. Francis est le looser fauché qui souhaite trouver un job stable afin de pouvoir renouer avec ses enfants. Lors de ce retour aux sources, au domicile d'un père honnis, Francis va devoir affronter les fantômes qu'il laissé derrière lui avec une déclinaison d'âmes brisées qui tentent de survivre comme elles peuvent dans un pays ravagé par la crise économique.

Outre Francis, on rencontre une déclinaison des personnages poignants à l'image de la jeune Marisol refusant de renoncer à ses rêves et s'abandonnant à toutes sortes de compromissions abjectes qui la brisent à petit feu. C'est le message que Carlos Zanon décline tout au long de ce roman puissant où une jeunesse en quête d'ambitions se heurte au marasme d'une société sans illusion. Et pour les plus âgés, il ne reste que la chute permanente et l'échec patent qui se décline dans un quotidien morose et sans lendemain, représenté par le père de Francis, petit homme infâme qui fera brutalement rejaillir l'ensemble de sa médiocrité et de ses frustrations sur son entourage. Pourtant, l'auteur n'a pas pour ambition de dénoncer quoique ce soit dans son roman. Carlos Zanon dépeint sans aucun misérabilisme et sans aucune pudeur cette vie de petites gens au détour d'un texte rugueux qui n'épargne personne. Une mise en scène s'installe lentement, de manière éclatée, par l'entremise des différents protagonistes animant le livre pour nous acheminer vers un final tragique d'une cruelle violence sordide.

J'ai été Johnny Thunders restitue donc ces quelques instants de gloire pour toute une somme de vies bousillées sur l'autel d'un rock tonitruant et impavide. de petites combines foireuses, en coups tordus le conte musical brutal devient un roman noir féroce qui laboure les coeurs et les âmes.
Lien : http://monromannoiretbienser..
Commenter  J’apprécie          80
Voila bien un bouquin horrible.
Pas horrible dans le sens de "mon dieu ne lisez pas ça, c'est une m*rde !"
Horrible, dans le sens Noir. Sombre, sale, triste, recouvert d'une nappe de brouillard cradingue dans lequel émerge quelques détritus ça et là, quelques épaves humaines.
Roman Noir, parce que dans ce type de livres, il y a toujours une combine pourrave, menée par des branques.
Donc, de ce côté, rien de nouveau sous le soleil.

Là où la plume de Carlos Zanon s'enfonce sous la peau comme l'aiguille contaminée d'un junkie, c'est dans la description des personnages, dans leur environnement, dans leur misère, dans leur univers de crasse, de manque, de rien. Francis, Marisol, Paco, Xavi, et j'en passe, tous sont sincèrement crédibles et sincèrement à la ramasse, que ce soit à cause des coups du sort ou des méandres de la vie.

Bref.
Un roman noir de chez noir, qui malgré ses lenteurs épisodiques, a de quoi briser le moral d'une belle journée ensoleillée.
A éviter en été, pour ne pas ruiner ses vacances, à éviter en hiver, pour ne pas se suicider.

(PS : j'ai bien aimé quand même, mais oui, c'est glauque.)
Commenter  J’apprécie          80
Francis a la cinquantaine. Il est gros, moche. Ses dents et ses cheveux ne sont plus qu'un souvenir, envolés en même temps que sa jeunesse, du temps où il était Mr Frankie, rocker sexy, chéri de ces dames, et qu'il brûlait sa vie. Francis a décroché de la dope. Avec quoi se paierait-il sa dose ? Mr Frankie a sniffé toute sa fortune. Francis est contraint de revenir vivre chez son père, dans un petit appart d'un quartier pourri de Barcelone, ce père qui l'a élevé à coups de ceinturon et qui fait les poubelles depuis la crise. Mr Frankie s'était juré de ne plus revenir. Mais voilà. On ne peut pas avoir été Johnny Thunders sans y laisser des plumes. Loin les concerts exaltés des années 80, les minettes pâmées, l'argent facile. Bonjour les années 2000 et leur cortège d'ex paumées, le fric qui refuse de rester en poche, les fils abandonnés, les pensions alimentaires impayées. Mr Frankie n'avait aucun scrupule. Francis se cherche des excuses. Aucun des deux n'est sympathique. Tout juste éprouve-t-on quelque pitié à l'encontre de ce double devenu vieux, pathétique, toujours incapable de faire les bons choix, ce fantôme désormais oublié. Zanon invente le roman non initiatique, où l'on n'apprend pas de ses erreurs, où la quête de la rédemption s'avère plus ardue que celle du Graal. La petitesse est reine. Elle fait mal. Elle pourrait bien être le reflet de la nôtre, parce qu'on est humains.
Lien : https://blackrosesforme.word..
Commenter  J’apprécie          40
Barcelone. Horta (quartier rattaché à la capitale catalane qui fut une municipalité indépendante). Il fut Mr Frankie, il est Francis lorsqu'il regagne ses pénates. Son père n'est pas enchanté de retrouver celui qui s'est brûlé les ailes alors qu'il vit seul avec sa pension minable. Celui qui n'a même pas daigné se déplacer pour l'enterrement de sa mère. Mr Frankie le rocker a eu sa petite heure de gloire – il a joué sur scène avec Johnny Thunders -, des nanas à la pelle et des tombereaux de substances pas mignonnes dans le sang. A cinquante piges passés, Francis est un zombie ventripotent sans une thune. Mais il semble souhaiter se ranger des affaires à la con. Peut-être. Il va à la rencontre de sa demi-soeur. Oui mais voilà, le passé est un vilain cachottier.

Bien sûr, avant d'ouvrir ce roman et à la lecture de la 4ème on pressent une histoire noire dans laquelle le personnage principal va en baver sérieusement. Mais on est très très très loin de la vérité car l'auteur est cruel, l'auteur a des ressources pour engendrer des situations affligeantes, pour infliger aux personnages des tortures psychologiques , pour choisir les mots qui tordent les consciences. L'auteur creuse des tombes sur des airs de rock, fait ressurgir le passé pour enfouir peu à peu le présent, pour effacer les traits joyeux de la jeunesse pour offrir l'infortune suffocante de la décadence.
La suite sur : http://bobpolarexpress.over-blog.com/2016/08/rock-n-black-j-ai-ete-johnny-thunders-carlos-zanon.html
Lien : http://bobpolarexpress.over-..
Commenter  J’apprécie          40




Lecteurs (67) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2877 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}