"On ne tue que sous l'impulsion du sang et des nerfs, un reste des anciennes luttes, la nécessité de vivre et la joie d'être fort".
Ce n°17 des Rougon-Macquart commence fort. le couple Roubaud semble s'entendre à merveille, mais quand Séverine avoue que sa montre est un cadeau de son ancien protecteur et amant Grandmorin, son mari fait une crise de jalousie, la bat et la force à envoyer une lettre à ce fameux GrandMorin : on retrouvera le corps de ce grand homme peu de temps après au bord de la voie ferrée.
En parallèle, nous découvrons
Jacques Lantier, attiré par la jeune Flore, mais attiré d'une façon inhabituelle. Des pulsions mortelles, dont il a conscience, le submerge en même temps que ses pulsions sexuelles. Il croit voir un meurtre se perpétrer dans le train.
Le motif est planté. le désir, l'amour et la mort sont étroitement mêlés (sans oublier l'argent), dans un thriller bâti autour de l'industrie ferroviaire, des trains, des trajets
Paris-le
Havre, avec mécanicien, chef de gare et garde-barrière. Une enquête va être menée. Les Roubaud sont-ils les meurtriers ? Vont-ils être découverts ? Qu'à vu exactement
Jacques Lantier ?
Si j'ai eu un peu de mal à entrer dans le livre, je me suis vite laissée embarquer par les descriptions du chemin de fer, de la Lison, du
Paris de l'époque, des passions de Séverine, des personnages secondaires et leurs avidités bien humaines. Pendant ma lecture, J'ai énormément pensé à
Thérèse Raquin (que j'ai par ailleurs préféré à la bête humaine). Séverine et Thérèse, d'une certaine manière, se ressemblent. On manipule, on ment, on aime, souvent par calcul. J'ai apprécié les atermoiements psychologiques, les raisonnements du juge d'instruction, et ce côté sombre et noir, qui font que ce thriller du 19ème siècle atteint son but, avec attente, suspens et noirceur de cette bête humaine qui semble tapie au fond de nous.
"On tuait donc sans secousse, et la vie continuait".