Citations sur Les Rougon-Macquart, tome 20 : Le Docteur Pascal (266)
Le docteur Pascal, (...), résumera et ennoblira tous les traits d'un type d'homme auquel Zola porte une grande déférence, à la fois pour la nature de son savoir et de son pouvoir, pour l'importance de sa mission humaine et pour les découvertes futures de la science médicale.
Préface
Edition d'Henri Mitterand
Folio Classique
Pascal a reçu, dès l'origine, sa marque : l'innéité, c'est-à-dire la différence. Il échappe à la tare congénitale, à la fêlure. Il est, du même coup, le seul dés Rougon-Macquart a pouvoir porter sur sa parenté le regard objectif du chercheur.
Préface
Edition d'Henri Mitterand
Folio Classique
L'activité du docteur Pascal se développera sur trois plans : la thérapeutique, l'étude des mécanismes de l'hérédité et l'observation de son propre corps, tous ces éléments demeurant liés. C'est le surmenage dans l'étude des dossiers familaix, et la " peur " de ressembler à sa famille, qui conduisent Pascal à " la grande névrose ", jusqu'à " la demi-impuissance ". C'est l'amour de Clotide qui lui rendra la virilité et le guérira de la " neurasthénie ". Et c'est " une maladie accidentelle " qui confondra en lui le médecin, le patient, et l'observateur décrivant jusqu'au dernier moment " la marche de la mort qui l'envahit ".
Préface
Edition d'Henri Mitterand
Folio Classique
(...) : malgré tout le mal, tout " l'ecoeurement " qu'elle a pu contenir, " la vie est grande et bonne ". Le docteur Pascal sera assez clairvoyant pour repérer, identifier et classer " les tares et les maux " de sa propre famille, et de l'humanité tout entière, et pour admirer cependant " les forces vitales " qui y sont à l'oeuvre.
Préface
Edition d'Henri Mitterand
Folio Classique
(...), Pascal, notera Zola, " a donné un moi à Clotilde, parce que le moi est le noyau solide qui résulte à l'impulsion " : le milieu et l'éducation corrigent les poussées d'une hérédité chargée.
Préface
Edition d'Henri Mitterand
Folio Classique
page 297-298
Ce fut ce jour-là que Pascal s'intéressa encore à son voisin, M. Bellombre. Il s'était approché d'une fenêtre, il l'aperçut, par-dessus le mur du jardin, au pâle soleil des premiers jours de novembre, faisant sa promenade accoutumée ; et la vue de l'ancien professeur, vivant si parfaitement heureux, le jeta d'abord dans l'étonnement. Il lui semblait n'avoir jamais songé à cette chose, qu'un homme de soixante-dix ans était là, sans une femme, sans un enfant, sans un chien et qu'il tirait tout son égoïste bonheur de la joie de vivre en dehors de la vie. Ensuite, il se rappela ses colères contre cet homme, ses ironies contre la peur de l'existence, les catastrophes qu'il lui souhaitait, l'espoir que le châtiment viendrait, quelque servante maîtresse, quelque parente inattendue, qui serait la vengeance. Mais non ! il le retrouvait toujours aussi vert, il sentait bien que, longtemps encore, il vieillirait ainsi, dur, avare, inutile et heureux. Et, cependant , il ne l'exécrait plus, il l'aurait plaint volontiers, tellement il le jugeait ridicule et misérable, de n'être pas aimé. Lui qui agonisait, parce qu'il restait seul : Lui dont le coeur allait éclater, parce qu'il était trop plein des autres ! Plutôt la souffrance, la souffrance seule, que cet égoïsme, cette mort à ce qu'on a de vivant et d'humain en soi !