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sur 646 notes
Et me voilà fermant le dernier tome des Rougon-Macquart, qui clôt magistralement la série. Durant ces vingt tomes, Zola a su dépeindre son "Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire" avec brio, minutie, précision et réalisme. D'ailleurs, dans ce dernier volet, c'est un peu s'il résume toute son oeuvre, nous la rappelle en tout cas. Et c'est par le biais de Pascal Rougon, dit le docteur Pascal, que Zola nous met une dernière fois face à celle-ci.

Car effectivement, Pascal, en plus d'être médecin, se passionne également pour la science, la vie, l'avenir, et notamment l'hérédité. Durant de longues années, il a pris sa famille comme objet d'études. Un à un, il a ajouté chacun des membres sur l'Arbre généalogique qu'il a établi, en y ajoutant toutes sortes de renseignements susceptibles d'y voir plus clair un jour (chacun d'entre eux a d'ailleurs un dossier à son nom). Sur cet Arbre : un tronc (origine de la défaillance), trois grosses branches et tout un tas de ramifications. Certains vivent, (beaucoup) d'autres ne sont plus. Et si beaucoup d'entre eux ont hérité de la "tare" de la famille, cette dernière s'est manifestée de bien des façons (ambitions et avidités, alcoolisme, névroses diverses, etc). Mais un petit nombre y a tout de même échappé. C'est d'ailleurs le cas de Pascal et de sa nièce Clotilde.

Clotilde qui, comme Jacques Lantier, a certainement été ajoutée sur l'Arbre sur le tard (en tout cas, j'ignorais son existence avant d'ouvrir ce roman), est en fait la fille de Saccard. Vous vous rappelez de Saccard ? Cet être ignominieux et sans-scrupule qui a poussé sa femme au suicide et tout son entourage à la ruine dans le seul but de devenir le plus riche ? Bref, Clotilde est la fille de Saccard donc, renvoyée avec son frère Maxime à Plassans au décès de leur mère. Placée à La Souleiade chez son oncle Pascal (Pascal est le frère de Saccard), elle est élevée et éduquée par ce dernier. Aujourd'hui, Clotilde est une jeune fille en âge de se marier, saine de corps et d'esprit. Et pourtant génétiquement parlant, c'était pas gagné... le milieu sain dans lequel elle a grandi a été un avantage pour elle, elle en prend d'ailleurs conscience au fil des pages : Saccard, en se débarrassant d'elle, a finalement fait une bonne action (il n'y a qu'à comparer avec Maxime, qu'il a repris avec lui quelques années après). Mais Clotilde, elle, est donc une jeune femme épanouie, qui aide Pascal dans ses travaux, en faisant office à la fois d'assistante et de secrétaire. Elle a pour cet oncle une véritable vénération. Et pourtant, au déplaisir de Félicité (mère de Pascal, grand-mère de Clotilde) et de Martine (servante un chouïa amoureuse de Pascal depuis trente ans), ce dernier a définitivement banni la religion de sa vie et salit quelque peu son nom de famille. Alors quand la relation de Pascal et Clotilde commence à changer de direction, quand en plus ils ne s'en cachent pas, Félicité n'a plus qu'une obsession : mettre un terme à cette relation et, par la même occasion, faire main basse sur les travaux de son fils qui pourraient compromettre le nom des Rougon s'ils étaient découverts...

On suit donc parallèlement, si on peut dire, deux intrigues : les travaux (susnommés) de Pascal d'un côté et la relation qu'il entretient avec Clotilde de l'autre. Alors oui je sais : il avoisine les 60 ans et elle n'a pas 25 ans, mais ne dit-on pas qu'il n'y a pas d'âge pour l'amour ? Il nous faudra juste faire abstraction du fait qu'il est son oncle et elle évidemment sa nièce. Mais on y arrive, car ils s'aiment, vraiment, sincèrement, et respectueusement. C'en est même touchant, tellement ils sont mignons.

Et par le biais de l'Arbre généalogique, on assiste en direct à la conclusion de Zola sur sa grande fresque familiale. J'ai d'ailleurs beaucoup apprécié les clins d'oeil, les petits récapitulatifs et rappels des tomes précédents. J'ai également grandement apprécié avoir eu des nouvelles de chacun des membres et savoir ce qu'ils sont devenus (pour ceux qui s'en étaient sortis vivants, cela s'entend).

"Le docteur Pascal" a donc à la fois un côté dramatique et romantique, un autre un peu plus scientifique, se mélangeant au fil des pages. J'ai adoré cet ultime roman : alors qu'il m'a été impossible de m'attacher à la plupart des Rougon-Macquart, je suis heureuse d'avoir terminé la série avec des personnages attachants, touchants, aussi bien désintéressés que sains d'esprit. Malgré la tournure des événements, présageant une fin dramatique comme l'auteur sait si bien les faire, je suis ravie de cette conclusion.

Tantôt odieusement détestables, tantôt touchants à souhait, dépeints dans des contextes et des cadres toujours très différents, réalistes, précis et/ou envoûtants, ils vont terriblement me manquer, ces Rougon-Macquart !
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Pour ce dernier tome de la saga, Zola nous ramène à Plassans, le coeur de la famille, là où les Rougon et les Macquart se sont rencontrés pour le pire et le meilleur. le docteur Pascal, a passé la relève à un collègue plus jeune et consacre son temps ses recherches scientifiques. En l'occurence, il expérimente sur ses patients l'injection de broyats artisanaux d'organes correspondant à la maladie. Ainsi l'un d'eux atteint d'ataxie se voit injecter des extraits de cervelle de mouton!

Mais l'autre passion de Pascal, c'est la généalogie et ce qu'il peut en déduire de lois sur l'hérédité. C'est ainsi qu'avec malice, en utilisant l'arbre généalogique de Pascal, Zola peut asseoir sa théorie et faire une synthèse de l'ensemble des dix-neuf romans précédents. On revient sur les destins plus ou moins tragiques des héros de chaque histoire, qui avait permis d'explorer différents milieux sociaux, dans l'ambiance survoltée du dix-neuvième siècle en pleine mutation.

Le Docteur Pascal, c'est aussi l'histoire d'amour passionnel qui l'unit la jeune Clotilde, sa nièce, recueillie dans ses premières années. La mère de Pascal se dit outrée par cette union contre nature, qui évoque la passion tragique de Serge Mouret. Mais est encore plus angoissée à l'idée que les documents écrits de Pascal ne viennent étaler sur la place publique les aspects embarrassants de l'histoire familiale.

Si chaque roman est en soi une source de documentation et un grand plaisir de lecture, lire l'ensemble de l'oeuvre, dans l'ordre, lui donne une autre dimension. Celle du témoignage d'une époque, à la fois sur le plan historique et social, à travers les destins multiples d'une famille protéiforme. On admire aussi le soin de l'auteur d'explorer différentes facettes de la société. Même si les théories de Zola sur l'hérédité font figure de légendes d'un autre âge, elles sont le reflet des tentatives d'une époque, pour apporter une explication aux données de l'observation.


Grand bonheur de lecture que cette oeuvre classique et indispensable, que l'on soit historien sociologue ou simplement lecteur.
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Je ne peux m'expliquer pourquoi les tomes des Rougon-Macquart se déroulant à Plassans me séduisent moins que les autres mais c'est ainsi. Et ainsi en est-il encore une fois avec "Le Docteur Pascal", ce vingtième et ultime volet de la saga titanesque que nous a léguée Emile Zola.

Ainsi c'est là la fin, l'issue de la belle épopée sociale d'une famille emblématique portant en elle autant de tares que de talents. L'auteur prend plaisir à expliquer sa démarche encyclopédique par le truchement du médecin de la famille ; le savant, le scientifique, le chercheur, le génie peut-être, celui qui observe, analyse et interprète chaque pion sur l'échiquier et qui, un peu poète quand même, brûle du désir de pouvoir anticiper la suite, de posséder le don de divination, à l'instar de ces confrères qui voudraient percer une fois bonne pour toutes le voile opaque qui couvre la vérité et dévoiler au monde son cortège de solutions, de soulagements, de guérissons.

Mais au-delà du panégyrique de son oeuvre, Zola plante également dans ce dernier tome la graine du futur, humanisée en l'enfant vigoureux de Pascal et de sa nièce Clotilde, un enfant présenté tour à tour comme un Rédempteur ou un Antéchrist, dans cette tenace incertitude qui soutient toute son oeuvre : l'homme apporte-t-il le bien ou le mal à la société qui l'accueille ?

J'ai commencé ce billet en expliquant que ce tome ne m'avait pas totalement séduite ; c'est parce que j'ai souvent tremblé, au détour d'un paragraphe, d'y retrouver toute l'emphase et tout le déplaisant lyrisme du "Rêve" ou de "La faute de l'abbé Mouret". J'apprécie Zola dans ce qu'il faut de mieux, c'est-à-dire dans le naturalisme ; j'appréhende ses ardeurs incontrôlables quand il se mêle de mysticisme et de poésie.


Challenge XIXème siècle 2018
Challenge MULTI-DÉFIS 2018
Challenge PAVES 2018
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Cette histoire d'une famille sous le Second Empire se clôt en deux temps, un volume pour la fin de la période historique, La débâcle et un autre pour finir l'étude de la transmission génétique dans la famille, le docteur Pascal.
Pascal Rougon est un des enfants du couple Pierre Rougon-Félicité Puech. Mais loin de vouloir réussir à tout prix comme ses frères Eugène et Aristide, son goût le pousse à l'étude. Il a choisi de rester dans une petite ville de Provence où il peut vivre assez retiré. Tout en soignant quelques malades, il étudie l'hérédité et envoie des mémoires dans les milieux scientifiques où il est reconnu. Sa famille est un parfait sujet de recherches, il a accumulé des notes. C'est dire s'il y a une certaine identité entre ce personnage et son auteur. Ces travaux font le désespoir de Félicité qui ne veut aucune tache sur l'image familiale qu'elle a réussi à créer.
Par ailleurs le docteur Pascal a recueilli pour lui tenir compagnie et la soustraire à sa famille à fin d'étude sur l'influence du milieu, la fille de son frère Aristide, Clotilde. Celle-ci le révère, l'appelle « maitre », et bientôt arrive le presque inévitable, l'amour entre le vieil oncle et sa nièce. Chacun a noté que quelques années avant la publication de ce tome, Zola avait lui-même succombé à l'amour pour une femme beaucoup plus jeune. Si Zola s'était mis en scène en écrivain discret dans Pot-Bouille, ici il habite son personnage. Et lorsque je lis ce passage évoquant un rêve récurrent de Pascal, je m'interroge sur la façon dont Zola se voyait et vivait cet amour avec Jeanne Rozerot : « Lui était le vieux roi, et elle l'adorait, elle faisait ce miracle, avec ses vingt ans, de lui donner de sa jeunesse. Il sortait triomphant de ses bras, il avait retrouvé la foi, le courage en la vie. Dans une Bible du XVème siècle qu'il possédait, ornée de naïves gravures sur bois, une image surtout l'intéressait, le vieux roi David rentrant dans sa chambre, la main posée sur l'épaule nue d'Abisaïg, la jeune Sunamite. » D'autant que ce terme de vieux roi revient à plusieurs reprises dans le texte. Zola a, me semble-t-il, une conception du rôle de la femme conforme à celle de l'époque. Elle peut être le sel de la vie, mais elle existe pour soutenir, aimer l'homme et non pour elle-même.

Lorsque j'avais une première fois vers vingt ans, lu l'ensemble des Rougon-Macquart, j'avais par la suite retenu l'image de la combustion spontanée sans me souvenir d'ailleurs qui brûlait et dans quel tome. Si l'on trouve encore aujourd'hui des témoignages en faveur de ce phénomène, la description de Zola, avec une combustion totale, presque sans déchets, les dents elles-mêmes disparues, me paraît étonnamment naïve. Mais je trouve que cela fait partie du charme de cet auteur, ces contradictions, cette foi en la science.

Si Dieu me prête vie encore quelques décennies, il est tout à fait possible que je fasse une troisième lecture de cette étude d'une famille. Alors respect, Monsieur Zola, pour l'auteur et pour l'homme, imparfait bien sûr mais si touchant, si humain.

Challenge pavés 2014-2015
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À Plassans, le docteur Pascal Rougon a mené une vie heureuse, loin des ambitions de ses frères Eugène et Aristide. Entièrement dévoué à la médecine, à la recherche et à la science, il rêvait d'éradiquer la douleur et la maladie avec « l'espoir noble et fou de régénérer l'humanité. » (p. 57) À presque 60 ans, il se passionne pour ses travaux sur l'hérédité dont il appuie la démonstration sur sa propre famille, depuis l'ancêtre commune, Adélaïde dite Tante Dide, jusqu'aux derniers enfants en passant par tous les rejetons des deux branches Rougon et Macquart. « Il s'était trouvé conduit à prendre sa propre famille en exemple, frappé des cas typiques qu'il y constatait et qui venaient à l'appui des lois découvertes par lui. » (p. 28 & 29)

Quelque vingt années auparavant, le bon docteur Pascal a recueilli, Clotilde, fille du premier mariage de son frère Aristide. Patiemment et tendrement, il a élevé cette enfant librement, déterminé à la sauver de l'atavisme familial. La fillette a grandi et, devenue femme, elle s'est faite l'assistante dévouée du docteur, copiant des notes pour lui et illustrant ses recherches. Entre l'oncle et la nièce, l'harmonie serait complète si la seconde n'essayait pas de ramener le premier dans le giron de l'Église, aidée en cela par Martine, la bonne du docteur depuis des décennies. Mais rien y fait, Pascal est un athée convaincu dont la seule foi est la science. Son plus grand bonheur serait de convaincre sa nièce de l'importance de ses travaux. La lutte sera longue, mais fructueuse et l'adhésion de Clotilde à Pascal sera consommée quand chacun reconnaîtra dans l'autre l'unique objet de son affection, en se moquant bien des 35 ans qui les séparent.

L'Empire est tombé et la République triomphante étale ses ors en lieu et place des anciennes suprématies impériales. Superbe et inflexible, Félicité Rougon, la mère de Pascal garde l'attitude d'une impératrice déchue et est bien résolue à s'imposer une troisième fois dans Plassans. Mais avant cela, elle veut arracher à son fils tous ses travaux sur la famille Rougon-Macquart et faire disparaître toutes les preuves des ignominies familiales. « S'il venait à mourir et qu'on trouvât les affreuses choses qu'il y a là-dedans, nous serions tous déshonorés ! » (p. 28) Contrairement à son fils, Félicité n'a que faire de l'Arbre généalogique de la famille et ne souhaite que préserver l'honneur des Rougon, en souhaitant tout bas la mort de ses indignes représentants.

J'ai passionnément aimé cet ultime volume des Rougon-Macquart et me suis vraiment attachée à ce bon docteur Pascal, si proche d'Émile Zola dans sa façon de présenter l'hérédité. L'auteur place son dernier volume à Plassans, là où tout a commencé avec La fortune des Rougon. Émile Zola fait la somme de son oeuvre et convoque une dernière fois tous les membres de la famille qu'il a créée. Comment ne pas sentir l'infinie tendresse de l'auteur pour ses personnages, surtout pour ceux qu'il a le plus malmenés ? Quel apaisement de lire qu'il réserve un destin finalement heureux à Jean, si malheureux à la fin de la terre et de la débâcle ! Et quel espoir de refermer le dernier volume de cette somme littéraire sur le sourire d'un enfant, dernière bouture d'un arbre gigantesque et fabuleux !
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En 1893, Zola publie ce dernier volume des Rougon-Macquart. Le docteur Pascal, c'est un peu son double. D'ailleurs, réfugié à Londres après l'affaire Dreyfus, il signait sa fiche d'hôtel de ce nom.

Dans l'histoire familiale, ce personnage a une place à part , en effet. Il est le dépositaire fictif de ce que l'auteur a voulu démontrer dans cette oeuvre de longue haleine: les lois de l'hérédité de génération en génération. Car c'est la passion à laquelle le docteur consacre sa vie. Il veut prouver, à travers l'examen de sa propre famille, les conséquences qu'a eues une tare initiale: la folie de l'aïeule, Adélaïde Foulque.

J'ai de la tendresse pour ce personnage, dont l'évocation clôt logiquement l'oeuvre puisqu'il est l'incarnation du projet de l'auteur. Il y a en lui une solitude, une tristesse qui émeuvent . Il vit à l'écart, même s'il est un médecin dévoué, et se sent souvent incompris. J'aime aussi sa générosité, ses élans, son enthousiasme.

Et surtout, ce qui donne un aspect touchant à son personnage, c'est sa deuxième passion, tourmentée et en proie à l'intolérance des autres: celle pour Clotilde, sa nièce, tendre et fervente, qui l'assiste dans ses recherches et deviendra une belle jeune femme troublante. Leur relation ne m'a jamais paru malsaine , ils ont une telle pureté, une telle innocence .

Le mot de la fin, le mot de l'auteur évoque l'enfant qui naitra de leur union:" Et après tant de Rougon terribles, tant de Macquart abominables, il en naissait encore un. La vie ne craignait pas d'en créer un de plus, dans le défi brave de son éternité. " Un destin à imaginer, au-delà de l'écriture...
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C'est assez émouvant de parvenir (presque, il m'en reste un que j'ai sauté) au bout de la saga des Rougon-Macquart, tant il est difficile d'admettre que l'arbre générationnel de cette terrible famille ne donnera plus de feuilles à lire après celles du Docteur Pascal, symboliquement stérilisées par le feu.

C'est également déroutant de découvrir cette fin-là, deuxième après la Débâcle, plus factuelle, tandis que "Le Docteur Pascal" apporte une conclusion à la fois plus éthérée sur son volet scientifique et plus "organique" à travers les pulsions de vie et de mort du bon docteur Pascal, campé dans le roman dans la position terrible de l'observateur engagé.

Si le vent de progrès des sciences a passé sur les considérations scientifiques surannées du roman qui peuvent, malgré quelques fulgurances, prêter à sourire aujourd'hui, il n'en est pas moins touchant d'entendre entre les lignes les convictions profondes de l'auteur même; à travers le prisme de l'hérédité et magistralement synthétisée dans le troisième chapitre, la saga prend tout son sens.
Plus touchant encore est d'y apercevoir le profil d'un Zola vieillissant se superposant à celui de Pascal, dévoré par son amour interdit.

On insiste souvent sur la page d'espoir ouverte avec l'arrivée de l'enfant, porteur de tous les possibles et lavé de la malédiction; pour ma part, je referme cette oeuvre monumentale sur son volet le plus sombre, avec sur la rétine le personnage sépulcral et angoissant qui m'avait frappée dans l'opus inaugural de la série, celui de la folle tante Dide, Adelaïde Fouque, racine tordue de la famille, et celui de l'abominable Félicité Rougon, dont la noirceur absorbe la lumière de tous les autres.
Ce qui ne m'empêche pas de quitter l'oeuvre enrichie de tout ce qu'elle apporte en compréhension des sociétés humaines, connaissance du Second Empire, vécu émotionnel, richesse psychologique... ce sont des lieux communs que tous les lecteurs des Rougon-Macquart ont déjà partagés.

A quand le nouveau Zola?

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La boucle qui boucle notre saga des Les Rougon-Macquart, finie la balade, c'est le bon retour au bercail à Plassans où tout à commencer et où tout va se terminer. On retrouve un personnage assez particulier qui se sent indemne dans la discussion entre Rougon et macquart, qui est vacciné contre le virus du pouvoir, il ne refusera, aussi longtemps va durer le second empire, de suivre ses frères sur cette route, ce qui l'emmène à le disgracier de temps en temps aux yeux de sa mère car elle doute vraiment qu'il sot vraiment le fruit de ses entrailles...
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Ce volume termine le cycle des Rougon-Macquart à Plassans là  il avait commencé 25 ans plus tôt.

Pascal, le troisième fils de Félicité, le seul qui ne soit pas monté à Paris faire fortune comme Eugène, le ministre de Napoléon III ou Aristide - Saccard, l'homme d'affaires.  Médecin des pauvres mais dans le livre, il a presque cessé d'exercer et se consacre à la recherche médicale. Il cherche à fabriquer avec des cervelles de mouton, une sorte de panacée qu'il injecte à ses patients pour leur donner des forces. Son remède est-il au point? La visite du médecin et ses injections semble avoir des effets miraculeux. Effet placebo? Il s'avère qu'il injecte de l'eau pure.



Son second axe de recherche s'oriente sur l'hérédité et comme Zola il dresse un arbre généalogique de la famille élargie des Rougon-Macquart assorti de fiches décrivant les caractères de chacun et la transmission possible des tares de la famille : alcoolisme, folie, ou débilité. Les Rougon-Macquart semblent assez nombreux pour fournir un bon échantillonnage. 

Le docteur Pascal a recueilli Clotilde , sa nièce, la fille d'Aristide Saccard qui l'appelle "Maître" et qui l'adore. Evidemment, ils vont tomber amoureux. Mais comme cette liaison presque incestueuse pourrait choquer, Pascal attendra que Clotilde ait 25 ans. Il est rempli de scrupules et renoncera à elle quand il sera ruiné pour qu'elle mène une vie plus confortable auprès de son frère Maxime dont on a fait connaissance dans La Curée. Les histoires d'amour chastes et pures ne sont pas ce que j'ai préféré dans la Série des Rougon-Macquart. Il me semble que Zola excelle dans la méchanceté et le vice et qu'il s'affadit dans la vertu. 

Nous retrouvons de nombreux protagonistes de la saga : l'ancêtre, Adelaïde, centenaire vit toujours dans l'asile des Tulettes. Mutique et desséchée, la folie l'a quittée. Antoine, l'alcoolique s'est aussi assagi, il a sa ferme des Tulettes et coule une vieillesse sereine. Félicité,  toujours aussi manipulatrice,  détient le pouvoir sur la famille. Elle craint que les recherches généalogiques de Pascal ne s'ébruitent et qu'elles ne jettent l'opprobre sur la famille. Pascal, le scientifique libre-penseur est en contradiction avec les convictions catholiques qu'elle professe.

"
Cependant le personnage de savant positiviste, libre-penseur, apparait un peu faible. Dans Germinal, La Terre, la Bête Humaine, L'Argent, et d'autres... Zola livre une analyse fouillée du milieu dans lequel évoluent les personnages, tandis que Pascal dans son laboratoire est plutôt désincarné. Zola avait il eu connaissances des recherches de Mendel à Brno? Des recherches de Pasteur? La première vaccination contre la rage a eu lieu en 1885, le Docteur Pascal a été publié en 1893

D'autres personnages sont évoqués comme l'abbé Mouret et le Paradou. Maxime avec sa jeunesse dissolue est presque un vieillard alors qu'il n'a pas la quarantaine. Son fils illégitime,  Charles beau comme un ange, est complètement dégénéré. On le confie à la garde d'Antoine et même d'Adelaïde....

Quatre générations de Rougon-Macquart peuplent ce dernier livre, consignés dans l'arbre généalogique qui est la pièce-maîtresse de l'intrigue. Si l'analyse politique et sociale du Second Empire s'achève avec la Débâcle qui aurait pu être la conclusion de l'histoire. le docteur Pascal en est plutôt un épilogue ou un post-scriptum. 
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Très étonnant, quand on n'a lu auparavant que les tomes de la famille Macquart, comme moi. J'avais adoré l'Assommoir, Germinal et la Bête Humaine, un peu moins certains autres, mais quand, pour en finir avec Zola, je me suis tournée vers le Docteur Pascal, je ne m'attendais pas du tout à ça! Ca, c'est toute cette lumière, cette passion, ce bonheur à la fois dans la recherche scientifique et dans l'amour.
Le Docteur Pascal appartient à la branche des Rougon. Né en 1813 et mort en 1873, il est le contemporain de Gervaise Macquart, et son âge lui permet de voir naître, et souvent mourir un grand nombre des membres de sa famille, sujets de ses études sur l'hérédité. Non seulement ce thème est passionnant, mais de plus ce dernier tome de la série des Rougon-Macquart nous transporte à nouveau auprès des membres de cette famille tragique.
Mais, en filigrane, le Docteur Pascal, déjà âgé (pour l'époque), redécouvre l'amour auprès de son assistante et nièce et nous vivons avec eux les transports coupables et pourtant si purs et passionnés de ces deux tourtereaux. Je me souviens d'avoir versé des larmes à la lecture de ce livre, mais cette fois-ci des larmes d'une émotion joyeuse.
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