À mes yeux, la différence entre la ville et le paysage, réside en ceci : la ville est plutôt ce qui me stimule ou m’irrite ; elle me grandit, ou me diminue, me rend conscient de moi-même, fier, curieux, tendu, agacé… ou m’intimide. Par contre, quand je m’ouvre au paysage, je trouve la liberté et le calme. Car la nature porte une autre notion du temps. Le temps s’étire dans le paysage, alors qu’en ville il est condensé comme l’espace.
La ville est l’œuvre des hommes. Elle nous rassemble, elle favorise l’échange. Dans la ville, je sens l’espace des hommes, les habitations nombreuses, les espaces destinés au travail, à la religion, au commerce, à la politique au pouvoir et au plaisir, réunis en plaisir grand nombre, intimes et publics, parfois invisibles, et néanmoins présents ; j’éprouve la densité, comme celle que l’on trouve par exemple à Londres.
Conférence de Peter Zumthor le 19 mai 2011 au Centre Pompidou.