Le Tourneur de Page Tome 1 : Passage en Outre-Monde est le premier roman d'une trilogie dystopique de
Muriel Zürcher, auteur de notre époque (toujours en vie actuellement) vivant à Aix-les-Bains. Ce roman a été récompensé du prix Littérado 2013, il est publié aux éditions Eveil et Découvertes (pour info : édition située à Chalon-sur-Saône). Ce livre contient à peu près 400 pages, il s'adresse donc plutôt aux bons lecteurs mais je pense qu'il reste largement accessible à tous.
Tahar et Alkan, deux jeunes frères, vivent sous la Bulhavre. Dans cette prison de verre, destinée à protéger ses habitants du monde extérieur, les règles de vie au nombre de 10 000 sont strictes et ennuyeuses. Alkan va donc, en toute logique, tenter de passer outre en sortant de chez lui la nuit. C'est alors qu'il va briser sa misphère, sphère de métal implantée à la place du nombril, et rencontrer une vieille femme qui habite, selon ses dires, en dehors de la Bulhavre. Quelques jours après cette mystérieuse rencontre, Tahar, son frère, va une nouvelle fois transgresser la règle interdisant à quiconque de dessiner ; et cette fois, l'erreur ne passera pas inaperçu. Lorsqu'Alkan rentre chez lui ce jour là, il découvre avec stupéfaction que son frère a disparu, comme si il n'avait jamais existé… C'en fut trop pour Alkan, qui décida de prendre contact avec l'inconnue qu'il avait rencontrée quelques jours auparavant. Elle, se dit-il, sait certainement beaucoup de choses…
Cette dystopie est assez originale et entretient le suspense tout au long du livre. On assiste en quelque sorte à un « crescendo émotionnel » à la fin du livre qui, comme il fait partie d'une trilogie, ne donne que quelque éléments de réponses dans le premier tome. Ce roman reste accessibles à tous, riche d'un vocabulaire varié sans toutefois être trop soutenu, et dont on lit chaque phrase aisément avec une certaine délectation ; un rythme régulier permet de ne pas se perdre dans les descriptions. le lecteur s'attache rapidement aux personnages principaux qui sont dotés d'une personnalité marquée et de valeurs plus que louables ; ils entreprennent au long du texte un combat pour la liberté, tout en sachant leur cause vaine du fait de leur grande infériorité numérique. A contrario, on se met rapidement à détester les dirigeants de la Bulhavre qui, forts d'une cruauté sans nom, prennent plaisir à torturer et tuer le héros et ses adjuvants. Au fil du texte, un grand nombre de « vagues d'émotion » viennent secouer le lecteur : les pleurs déchirants d'un homme condamné au terrible Bagne de la Mer ; le rire cruel d'Iriulnik, principale ennemie du héros ; les plaintes d'Alkant, torturé par cette dernière ; le désespoir des habitants du village, voyant les Tourneurs-Alpha incendier leurs maisons ; le courage des parents de Guitin et d'Artelune se sacrifiant pour sauver leurs pairs ; la stupidité et naïveté de Rustor, qui suit aveuglément sa chère et tendre Iriulnik… On a mal, peur, on est triste, heureux, on se glisse naturellement dans la peu des personnages.
J'ai, pour ma part, beaucoup aimé ce livre, car les personnages sont attachants, le texte se lit facilement, et j'aime beaucoup les dystopies. J'attends donc avec impatience de lire le tome prochain !!!