Plus on dompte son orgueil, plus on l’élève.
Par l’intensité de telles images Verhaeren porte dans l’expression du sentiment une clarté vraiment extraordinaire. « Personne, je crois, ne possède à l’égal de Verhaeren le don des lumières et des ombres, non point fondues, mais enchevêtrées, des noirs absolus coupés de blanches clartés . » - Albert Mockel
Chaque individualité s’est trouvée partout ligaturée : une
nouvelle individualité s’est fabriquée, celle de la masse.
Certes les villes ont causé des ruines sans nombre ; mais peut-être créeront-elles plus encore qu’elles n’ont détruit. Elles sont comme des creusets où se fondent les métiers, les races, les religions, les nations et les idiomes
Dans ses mouvements et dans ses instincts, la ville est animale, de même qu’elle est bestiale dans ses passions. Elle a la laideur de toute fureur amoureuse.
L’univers tout entier, à l’heure actuelle, est comme
surchauffé ; il est tendu vers un effort énergique ; les grandes villes ne sont que d’immenses centres d’énergie multipliée ; les machines sont l’expression de forces domptées et organisées ; les foules innombrables s’unissent pour une action commune.
Le héros grec était le lutteur, expression parfaite d’un corps harmonieux ; le héros de notre temps est le penseur, qui
représente notre idéal d’un esprit puissant et délié.
Du Français il a la langue et la forme ; de l’Allemand, la
recherche du divin, la gravité et une certaine lourdeur, le besoin d’une métaphysique et l’aspiration panthéiste.
Cette race neuve : la race belge, est forte et l’une des plus capables qui soit en Europe. Le voisinage de tant de cultures étrangères, le contact avec tant de nations si diverses l’ont fécondée.
Ainsi Verhaeren, visionnaire enthousiaste, est le grand poète d’aujourd’hui, parce qu’il est le poète nécessaire et le poète de la nécessité.