Citations sur La Révolte d'Amadeus Jones (12)
Les hypnotiseurs du XXIe siècle étaient des médecins, d’authentiques thérapeutes, qui usaient de leur art pour soulager leurs patients de leurs souffrances ou de leurs désordres moraux. Les anesthésistes s’en servaient pour annihiler la douleur du patient dans certaines opérations chirurgicales.
Ces admirables savants étaient des humanistes, des bienfaiteurs habités par une grande générosité d’âme. Comme tels, ils s’étaient fixé certaines règles, certaines limites et certaines lois qui garantissaient le respect de l’individu placé sous leur autorité.
Les êtres les plus puritains dissimulaient le plus souvent des désirs cachés et inavouables, qu’accompagnent la peur du péché et la hantise de la punition.
En Floride, comme dans toute la grande Amérique démocratique, les mineurs ont les mêmes droits à la prison que les adultes. Les jurys n’hésitent pas à envoyer des gamins immatures derrière les barreaux pour toute leur vie, pourvu que justice soit rendue.
Il n’existe qu’une seule possibilité pour échapper à la terrible machine judiciaire américaine : l’argent.
Le cerveau façonnait les physiques à son gré, commandait le moindre geste, la moindre expression, le moindre sentiment. Qui avait faim ? Le cerveau.
Qui avait envie de boire ? Le cerveau. Qui avait envie de sexe ? Toujours le cerveau. Le cerveau gouvernait la santé et développait lui-même ses maladies.
C’était lui, et lui seul, dans sa toute-puissance, qui décidait de sa mort et « suicidait » son corps. Cancers. Leucémies. Virus … Les moyens ne manquaient pas.
Tout le monde le savait, l’être humain n’utilisait pas son cerveau au-delà de 10 % de ses capacités réelles.
La musique, disait-on, rendait les enfants à naître sensibles à la beauté avant même leur naissance.
Amadeus avait trois ans lorsqu’il écrivit sa première mélodie sur le piano de sa mère. Sonates classiques, bossas-novas, solos de jazz, composer devint pour lui une habitude régulière qu’il poursuivit pendant tout le temps où il habita chez ses parents.
À l’aube de sa cinquième année, Amadeus Jones était un enfant frêle qui refusait tout entraînement physique, toute distraction, pour mieux se consacrer à ses livres.
Seule une grande et vraie démocratie moderne, capable d’inventer la bombe atomique, le lynchage, les injections létales et la chaise électrique pouvait engendrer une créature du genre d’Amadeus Jones, l’être humain le plus génial que la terre ait jamais porté.
Pour ce jeune surdoué de treize ans, les individus qui dirigent le monde sont des incapables et les foules qui les portent au pouvoir des irresponsables.
Cet enfant était absolument dépourvu d’humanité. De l’homme, il ne connaissait que les mécanismes profonds, qu’il examinait avec génie mais sans compassion.
Les notions de bien et de mal, la générosité, l’attention et autres principes moraux ne l’effleuraient même pas.
Au départ, l’acte sodomite est un réflexe de mâle. Un coq qui assure symboliquement son contrôle sur le poulailler. Mais il s’agit tout de même de plonger son pénis dans un conduit fécal. Et lorsqu’on y prend goût, termina-t-il, cela peut être le signe avant-coureur d’autres déviances, comme la pédérastie et la zoophilie …
L’argent dominait toute vie et répandait partout ses ravages.
L’argent, le seul vrai dieu de ce monde.
Amadeus Jones, le savant de six ans et demi, comprit que seul le cerveau comptait. La matière cérébrale, maîtresse absolue du monde. L’être n’était rien. Il n’existait pas.