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Citations sur Nuit obscure - Cantique spirituel et autres poèmes (16)

Trahissons mais trahissons le moins possible!
Où donc t'es-tu caché
Aimé et toute gémissante m'a laissée.
Comme le cerf tu as fui
Après m'avoir blessée;
J'ai crié après toi... et tu étais parti.

Pâtres, vous qui allez
Par les pâturages, au sommet du côteau
Si d'aventure voyez
Celui que plus j'adore
dîtes-lui que je souffre, que j'ai mal, que je meurs.

(J'ai essayé de respecter le rythme et d'adapter la métrique de la lira en 3/6 et 2/12)
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Où vous êtes-vous caché, mon bien-aimé ?
Vous m’avez abandonnée dans les gémissements ;
Vous avez pris la fuite comme un cerf,
Après m’avoir blessée ;
Je suis sortie après vous en criant ; mais déjà vous vous en étiez allé.

Pasteurs, autant que cous êtes qui irez
Par les cabanes à la colline,
Si par hasard vous voyez
Celui que je chéris plus que tout le monde,
Dites-lui que je languis, que je suis
tourmentée, que je me meurs.

En cherchant mes amours,
J’irai par ces montagnes et par ces rivages ;
Je ne cueillerai point de fleurs,
Je ne craindrai pas les bêtes sauvages,
Et je passerai par les forts et par les frontières.

Ô forêts, ô épaisseurs,
Plantées par la main de mon bien-aimé !
Ô pré toujours vert,
Émaillé de fleurs !
Dites si mon amant a passé par vos campagnes.

En répandant mille grâces,
Il a passé à la hâte par ces forêts,
Et en les regardant
De sa seule figure,
Il les a laissées revêtues de sa beauté.

Hélas qui me pourra guérir ?
Ah ! donnez-vous véritablement tout à moi ;
Ne m’envoyez plus
D’ici en avant des messager,
Qui ne peuvent dire ce que je souhaite.

Et tous autant qu’ils sont qui s’appliquent à vous connaître,
Me parlent de mille grâces qui viennent de vous ;
Mais alors ils me blessent davantage,
Et me laissent toute mourante ;
Ils disent je ne sais quoi en bégayant,
Mais ils ne s’expliquent pas clairement.

Mais comment subsistez-vous,
Ô vie, ne vivant pas où vous vivez,
Puisque les traits qui vous viennent des choses
que vous connaissez en votre bien-aimé,
vous donnent la mort ?

Pourquoi donc avez-vous blessé ce cœur,
Et pourquoi ne l’avez-vous pas guéri ?
Et puisque vous l’avez dérobé,
Pourquoi l’avez-vous laissé ?
Pourquoi ne prenez-vous pas la proie que vous avez faite ?

Éteignez mes ennuis,
Que personne que vous ne peut adoucir ;
Que mes yeux vous voient,
Puisque vous êtes leur lumière ;
Je ne désire les avoir que pour vous.

Faites voir votre présence,
Et que votre beauté me fasse mourir :
Considérez que la maladie
d’amour ne se guérit bien
que par la présence et par la figure.

Ô fontaine cristalline,
Si dans vos surfaces argentées
Vous formiez promptement
les yeux que je désire,
Et que j’ai ébauchés dans mes entrailles !

Détournez vos yeux, mon bien-aimé,
Parce que je m’envole.
Revenez, ma colombe ;
Car le cerf qui est blessé paraît sur le haut de la colline,
Et le vent de votre vol le rafraîchit…

Mon bien-aimé est comme les montagnes,
Comme les vallées solitaires et pleines de bois,
Comme les îles étrangères,
Comme les fleuves qui coulent avec bruit,
Comme le souffle des doux zéphyrs.

Il est comme une nuit tranquille
Qui approche de l’aurore naissante ;
Comme une musique sans bruit,
Comme une solitude harmonieuse,
Comme un souper qui recrée et qui attire l’amour.

Notre lit est couvert de fleurs,
Entrelacé de cavernes de lions,
Teint de pourpre,
Fait sur la paix,
Couronné de mille boucliers d’or.

Après vos vestiges,
Les jeunes filles courent au chemin,
Au toucher d’une étincelle,
Au vin mixtionné,
Aux odeurs d’un baume divin.

J’ai bu dans la cave intérieure de mon bien-aimé ;
Et quand je suis sortie
Par toute cette plaine,
Je ne connaissais plus rien,
Et j’ai perdu le troupeau que je suivais auparavant.

Là il m’a donné ses mamelles,
Là il m’a enseigné une science très-savoureuse ;
Et je me suis donnée effectivement
toute à lui, sans réserver aucune chose ;
Là je lui ai promis d’être son épouse.

Mon âme et toute ma substance
s’emploient à son service ;
Je ne garde plus mon troupeau,
et je ne fais plus d’autre office,
Car tout mon exercice est d’aimer.

Si donc d’ici en avant on ne me voit plus dans les prés,
et si on ne m’y trouve plus,
Dites que je me suis perdue ;
car, étant tout enflammée d’amour,
je me suis volontairement perdue ;
mais ensuite on m’a recouvrée.

De fleurs et d’émeraudes
Choisies dès le grand matin,
Nous ferons des bouquets.
Fleuris en votre amour,
Et liés de l’un de mes cheveux.

Dans ce seul cheveu
Que vous avez considéré volant sur mon cou,
Et que vous avez regardé sur mon cou,
Vous avez été lié,
Et vous avez été blessé par l’un de mes yeux.

Lorsque vous me regardiez,
Vos yeux m’imprimaient votre grâce ;
C’est pourquoi vous m’aimez.
En cela mes veux méritaient d’adorer
ce qu’ils voyaient en vous.

Ne me méprisez pas ;
Car si vous avez trouvé en moi une couleur noire,
Vous pouvez maintenant me regarder.
Après que vous m’avez déjà regardée,
Car vous m’avez laissé de la grâce et de la beauté.

Prenez-nous les renards,
Car notre vigne est déjà fleurie,
Pendant que nous faisons un bouquet de roses,
En forme de pomme de pin,
Et qu’aucun ne paraisse dans nos collines.

Arrête-toi, vent du septentrion, qui donnes la mort ;
Viens, vent du midi, qui réveilles les amours ;
Souffle par mon jardin,
Et que ses odeurs se répandent,
Et que mon bien-aimé se repaisse entre les fleurs.

L’épouse est maintenant entrée
Dans l’agréable jardin qu’elle désirait,
Et elle repose à son gré,
Le cou penché,
Sur les doux bras de son bien-aimé.

Sous un pommier
Je vous ai épousée ;
Là je vous ai donné la main,
Et vous avez été réparée
Où votre mère avait été violée.

Oiseaux, qui avez les ailes légères,
Lions, cerfs, daims sautants,
Montagnes, vallées, rivages,
Eaux, vents, ardeurs,
Craintes, gardes de nuit,

Par les lyres agréables,
Et par le chant des sirènes, je vous conjure
D’apaiser votre colère,
Et de ne point toucher la muraille,
Afin que l’épouse dorme plus sûrement.

Ô nymphes de Judée,
Pendant qu’entre les fleurs et les rosiers
L’ambre gris répand son parfum,
Demeurez dans les faubourgs,
Et ne touchez pas le seuil de nos portes.

Cachez-vous, mon bien-aimé,
Et tournez le visage pour regarder les montagnes,
Et ne le dites à personne ;
Mais, au contraire, voyez les campagnes
De celle qui va par les îles étrangères.

La colombe blanche
Revint dans l’arche avec une branche d’olivier ;
Et la chaste tourterelle
Trouve sa compagne qu’elle désire
Dans les rivages verts.

Elle vivait dans la solitude ;
Et elle a mis son nid dans la solitude :
Et son bien-aimé seul
La conduit dans la solitude ;
Il est ainsi blessé d’amour dans la solitude.

Réjouissons-nous, mon bien-aimé ;
Allons nous regarder dans votre beauté.
Sur la montagne ou sur la colline,
D’où coule une eau pure ;
Entrons plus avant dans l’épaisseur.

Et incontinent nous irons ensemble
Aux sublimes cavernes de la pierre,
Qui sont fort cachées,
Et nous entrerons là,
Et nous y goûterons le jus des grenades.

Là vous me montreriez
Ce que mon âme prétendait ;
Et là même vous me donneriez encore aussitôt,
Ô ma vie,
ce que vous m’aviez donné l’autre jour.

L’agréable souffle du vent,
Le doux chant du rossignol,
Le bois et son agrément,
Pendant la nuit sereine,
Avec la flamme qui consume et qui n’est pas fâcheuse.

Aminadab n’était vu de personne,
Et il ne paraissait pas ;
Le siège s’adoucissait,
Et la cavalerie descendait
À la vue des eaux.
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Pendant une nuit obscure,
Enflammée d’un amour inquiet,
Ô l’heureuse fortune !
Je suis sortie sans être aperçue,
Lorsque ma maison était tranquille.

Étant assurée et déguisée,
Je suis sortie par un degré secret,
Ô l'heureuse fortune !
Et étant bien cachée dans les ténèbres,
Lorsque ma maison était tranquille.

Pendant cette heureuse nuit,
Je suis sortie en ce lieu secret
Où personne ne me voyait,
Sans autre lumière,
Que celle qui luit dans mon cœur.

Elle me conduisit
Plus surement que la lumière du midi,
Où m'attendait
celui qui me connait très bien,
Et où personne ne paraissait.

Ô nuit qui m'a conduite !
Ô nuit plus aimable que l'aurore !
Ô nuit qui as uni
le bien-aimé avec la bien aimée,
en transformant l'amante en son bien aimé.

Il dort tranquille dans mon sein
qui est plein de fleurs,
et que je garde tout entier pour lui seul :
je le chéris
et le rafraichis avec mon éventail de cèdre.

Lorsque le vent de l'aurore
fait voler ses cheveux,
il m'a frappé le cou avec sa main douce
et paisible,
et il a suspendu tous mes sens.

En me délaissant et en m'oubliant moi-même,
j'ai penché mon visage sur mon bien aimé.
Toutes choses étant perdues pour moi,
je me suis quittée et abandonnées moi-même,
en me délivrant de tout soin entre les lys blancs.
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Sur une extase de haute contemplation

J’entrai, mais point ne sus où j’entrais,
Et je restais sans savoir,
Transcendant toute science.

J’ignorais tout du lieu où j’entrais,
Mais lorsque je me vis là,
Sans connaître le lieu où j’étais,
J’entendis de grandes choses.
Point ne dirais ce que je sentis,
Car je demeurais sans rien savoir
Transcendant toute science.

De la paix, de la bonté aussi,
C’était science parfaite,
Dans une profonde solitude
Le droit chemin vu bien clair.
Pourtant c’était chose tant secrète,
Que je demeurais balbutiant,
Transcendant toute science.
’en étais à ce point imprégné,
Absorbé, sorti de moi,
Que je demeurais dans tous mes sens
Dénué de tout sentir
Tandis que l’esprit reçut en don
De pouvoir entendre sans entendre,
Transcendant toute science.

Tant plus haut je m’élevais ainsi,
Et tant moins je comprenais
C‘est là ce nuage ténébreux
Qui rend la nuit toute claire,
Or, pour ce, qui vient à le connaître
Demeure toujours sans rien savoir,
Transcendant toute science.
Celui qui pour de bon parvient là,
Se voit défaillir à soi,
Tout ce qu’il connaissait autrefois
Qui paraît chose si basse
Et tant s’accroît en lui la science
Qu’il demeure sans plus rien savoir
Transcendant toute science.

Ce savoir du non-savoir
Recèle un si haut pouvoir,
Que les sages et les arguments
Ne le peuvent jamais vaincre
Car leur savoir ne saurait atteindre
À n’entendre pas en entendant,
Transcendant toute science.


Chose si hautement excellente
Est ce souverain savoir
Qu’il n’est ni faculté ni science
Qui le saurait entreprendre
Celui qui soi-même se vaincra
À l’aide d’un non savoir savant,
S’en ira toujours plus outre.
Et que si vous le voulez ouïr,
Cette science suprême
Réside en un sublime sentir
De l’essence de Dieu même
Et c’est bien l’œuvre de sa clémence
Que l’on demeure sans rien entendre
Transcendant toute science.
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Je me tins coi et m’oubliai
Penchant sur mon ami ma face,
Tout cessa, je m’abandonnai
Remettant mes soins à sa grâce,
Comme étant tous ensevelis
Dans le beau parterre des lys.
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L’aurore par ses doux zéphirs
Ayant épars sa chevelure,
Mis sa main pleine de saphirs
Sur mon col, flattant ma blessure,
Lors sa douceur tint en suspens
L’entier usage de mes sens
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Dans mon sein parsemé de fleurs
Qu’entier soigneuse je lui garde,
Il s’endort, et pour ses faveurs ;
D’un chaste accueil je le mignarde
Lors que l’éventail ondoyant
D’un cèdre le va festoyant.
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Ce flambeau luisant me guidait
Plus sûr que la torche allumée
Du plein midi où m’attendait
Celui que j’avais en pensée,
La où nul vivant sous les Cieux
Ne se présentait à mes yeux.
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En secret, sous le manteau noir
De la nuit, sans être aperçue
Ou que je puisse apercevoir
Aucun des objets de la vue,
N’ayant ni guide ni lueur,
Que la lampe ardente en mon cœur.
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À l’obscur mais hors de danger
Par une échelle fort secrète
Couverte d’un voile étranger,
Je me dérobai en cachette,
(heureux sort !) Quand tout à propos
Ma maison était en repos.
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