J'ai rêvé de Madagascar.
Je me voyais quittant de nuit Tananarive en voiture et prendre la route de l'est. Mon rêve était aussi interminable que la route : des montées, des descentes, les tournants sinueux dans la montagne Mandraka.
Nous devions être en saison chaude car toutes les vitres de ma voiture étaient baissées et parfois je respirais l'odeur acre et si caractéristique d'un fatapera, ce brasero sur lequel tout Malgache fait sa cuisine.
J'arrivai au pont de la rivière Mangoro que je traversai dans un infernal cliquetis de traverses en fer s'entrechoquant ; puis la ligne droite, la seule du trajet qui annonce l'arrivée à la petite ville de Moramanga.
Et à nouveau les virages, certains très amples et d'autres plus serrés. Dans mon rêve, je ne croisais aucun autre véhicule, aucun piéton marchant sur le bas-côté : j'étais absolument seule.
Je quittai enfin la route principale pour aborder la partie la plus difficile de mon trajet : la piste défoncée qui menait à Berano. Les ornières étaient remplies d'eau et des centaines de grenouilles dérangées dans leur baignade nocturne se hâtaient d'en sortir. Quelquefois un hérisson traversait à petits pas rapides. Un oiseau de nuit hululait dans le lointain.
Le rêve semblait n'aller nulle part, il s'enlisait dans la boue. Pourtant de manière inattendue, au détour d'un virage le panneau apparut.