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Citations de Boccace (113)


Tandis que le mari s'en allait ainsi vers la ville, l'enfroqué pensa que l'heure était venue de tenter sa chance auprès de la femme.
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(...) Elle revint donc à la cheminée où elle avait laissé son hôte, commença de le regarder amoureusement et dit : "Hé! Rinaldo! Pourquoi avez-vous cet air pensif? Etes-vous inconsolable pour la perte d'un cheval et de quelques pièces de drap? Allons, un peu de gaieté! Vous êtes ici chez vous. J'irai même plus loin : en vous voyant dans ces vêtements qui furent naguère à mon défunt mari, j'ai cru qu'il m'était revenu. Et cent fois ce soir m'est venue l'envie de vous embrasser. Seule la crainte de vous déplaire m'a retenue."
Voyant les yeux brillants de la dame, Rinaldo, qui n'était pas tombé de la dernière pluie, s'avança vers elle les bras ouverts : "Ah! Madame! dit-il. Moi qui vous dois la vie, qui me rappelle les souffrances auxquelles vous m'avez arraché, comment pourrais-je ne pas faire tout ce que je puis pour vous satisfaire? Si tel est votre plaisir, embrassez-moi donc autant qu'il vous plaira, et je vous rendrai la pareille plus que volontiers." Les mots ensuite furent inutiles : elle, qui brûlait comme une torche, se jeta dans ses bras....
(Le bon saint Julien)
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Il était une fois, et il est toujours, dans la campagne environnante, un couvent de femmes très réputé pour sa sainteté.
[…]
- Je ne sais si tu t'es rendu compte dans quelle contrainte nous vivons, et que jamais aucun homme n'ose entrer ici, à part l'intendant, qui est vieux, et ce muet ; or, j'ai souvent entendu dire par des femmes qui sont venues nous trouver que tous les plaisirs du monde ne sont que bagatelles à côté de ceux d'une femme qui couche avec un homme. […]
- Mais que dis-tu là ? dit l'autre. Ignores-tu que nous avons promis à Dieu de demeurer vierges ?
- Oh, dit la première, on lui promet tant de choses à longueur de journée que l'on ne tient jamais ! Si nous lui avons promis ça, qu'il s'en trouve une autre ou d'autres qui honorent leur promesse.
(p. 236-237)
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Ces jeunes gens, se voyant très riches en fonds de terres et en argent comptant, ne se gouvernèrent que par eux-mêmes, et commencèrent par prodiguer leurs richesses en dépenses purement superflues. Grand nombre de domestiques, force chevaux de prix, belle meute, volières bien garnies, table ouverte et somptueuse, enfin non-seulement ils avaient en abondance ce qui convient à l’éclat d’une grande naissance, mais ils se procuraient à grands frais tout ce qui peut venir en fantaisie à des jeunes gens ; c’étaient chaque jour nouveaux présents, nouvelles fêtes, sans parler des tournois qu’ils donnaient de temps en temps.

Un train de vie si fastueux devait diminuer bientôt les biens dont ils avaient hérité. Leurs revenus ne pouvant y suffire, il fallut engager les terres, puis les vendre insensiblement l’une après l’autre pour satisfaire les créanciers. Enfin, ils ne s’aperçurent de leur ruine que lorsqu’il ne leur restait presque plus rien. Alors la pauvreté leur ouvrit les yeux que la richesse leur avait fermés.
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Nous demeurons ici, à mon avis, comme si nous voulions ou devions attester que tant de cadavres ont bien été portés en sépulture, ou comme s'il nous fallait écouter si les frères de l'endroit, dont le nombre s'est presque réduit à néant, chantent l'office aux heures requises, ou bien montrer encore par nos habits, à quiconque paraît devant nous, la qualité pour ne pas dire la quantité de nos malheurs.

Et si nous sortons d'ici, nous ne voyons que morts ou que mourants transportés en tous lieux; ou bien nous ne voyons que des gens qui, autrefois condamnés à l'exil pour leurs méfaits par l'autorité des lois publiques, les bafouent aujourd'hui, parce qu'ils savent que les exécuteurs de celles-ci sont soit morts soit malades, et qui se répandent par la ville en livrant des assauts déplaisants; ou bien c'est la lie de notre cité, que notre sang échauffe, et qui vient, jouant les croque-morts, nous infliger des avanies en cavalcadant et en se répandant partout, et nous reprocher nos épreuves par des chants déshonnêtes. Enfin nous n'entendons rien d'autre que ces mots: "Les Untel sont morts", et "Tels autres vont mourir" ; et s'il était encore des pleureuses, on n'entendrait que douloureuses plaintes.
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Dames valeureuses, plus on parle des faits de la Fortune, plus il reste de choses à en dire, pour peu que l'on veuille mieux les examiner. Et nul ne doit s'émerveiller de cela, si l'on songe avec discernement que toutes les choses — que nous avons la sottise d'appeler nôtres — sont en fait entre ses mains ; et qu'elle les fait passer en conséquence, au gré de son jugement occulte, de l'un à l'autre et ainsi de suite sans arrêt, et dans un ordre qui n'est jamais connu de nous.
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On entend communément les gens du peuple formuIer le proverbe qui dit qu'aux pieds du trompé va finir le trompeur. Il me semble impossible de prouver sa vérité par telle ou telle raison, à moins qu'une suite d'événements ne vienne en donner la preuve. C'est pourquoi, tout en poursuivant notre propos, il m'est venu l'envie, très chères dames, de vous démontrer également la vérité de ce dicton. Et vous n'aurez pas à regretter mon récit, s'il faut que vous sachiez vous garder des trompeurs.
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Par aventure, un Florentin se trouvait par là, qui connaissait fort bien Martellino. Il ne l'avait pas remis tout de suite, affligé de tant d'infirmités; mais après le prodige, il commença à rire et à s'écrier : "Que le diable l'emporte! Qui donc aurait douté de son mal, en le voyant si bien estropié?" Certains l'entendirent et demandèrent : "Comment? Il n'était pas estropié pour de bon?
- Dieu l'en garde! Il a toujours été aussi droit que vous et moi. Mais il sait mieux que personne se contrefaire."
Il n'eut besoin de rien ajouter. "Empoignez cet imposteur, s'écrièrent-ils, qui se moque de Dieu et des saints!" Là-dessus, ils s'emparent de lui, le saisissent par les cheveux, lui arrachent ses vêtements et commencent à le bourrer de coups de poing et de pied.
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Voilà pourquoi, mes dames bien aimées, je tiens à vous rappeler ceci : si l'on te fait du tort, rends donc la pareille ; et si tu ne peux pas, que ta mémoire attende le jour où tu pourras, afin que l'âne qui rue au mur s'en prenne plein les sabots.
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Dans le jeu, l’amusement n’est pas réciproque : presque toujours l’un des joueurs s’impatiente et se fâche, ce qui diminue beaucoup le plaisir de son adversaire
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Il ne manque pas d'hommes et de femmes assez sots pour croire tout bonnement que,des l'instant ou l'on pose sur la tete d'une jeune fille le bandeau blanc et ou l'on met sur son dos la cuculle noire,elle n'est plus femme et ne sent pas les appetits feminins que si le fait d'etre devenue nonne l'avait rendue de pierre
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J'ai commius un peche constamment lie a la jeunesse,et si l'on voulait sa suppression,il faudrait supprimer la jeunesse elle-meme;et si les vieux voulaient bien se rappeler qu'ils ont ete jeunes,s'ils voulaient mesurer les fautes d'autrui aux leurs et les leurs a celles d'autrui,ce peche ne serait plus si grave que tu le dis et que bien d'autres le pretendent
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Mes nobles amies, les étoiles, par temps clair, sont la parure du ciel ; les fleurs, au printemps, sont la verte prairie ; de même les traits d'esprit sont la parure des réunions enjouées et des plaisants entretiens.

(p. 63)
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Entendant cette confession et voyant les larmes de la servante, le médecin fit taire son dépit et répondit en se moquant :
" Tu t'es donnée la pénitence toi-même. Car, croyant recevoir cette nuit quelqu'un disposé à te secouer le manchon comme il fait, tu n'as eu qu'un endormi. Va donc au secours de ton amant, et désormais abstiens-toi de l'introduire en cette maison, sinon je te ferai payer la première fois et la seconde."
Après ce premier succès, elle court à la prison, où elle caresse si bien le geôlier qu'il lui permet de s'entretenir avec le jeune homme. Elle fourre dans la tête de Roger la leçon qu'il doit réciter, s'il veut sauver son cou. Puis elle réussit à se faire recevoir par le juge. Avant de l'entendre, l'ayant trouvée à son goût, celui-ci lui met où il faut une main qu'elle ne repousse point. Une fois terminée la mouture, elle dit :
"Messire, vous retenez en cellule Roger d'Agerola arrêté pour vol, ce qui est contraire à la vérité."
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Prodigieuse pour qui va l'ouir est la chose que je dois dire.
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Tel est le sujet du livre, mais il a une portée autrement grande que celle de simples récits destinés à distraire ou à émouvoir les belles lectrices auxquelles Boccace l’a spécialement dédié. C’est la peinture vivante de toute une époque, de la société telle qu’elle était au quatorzième siècle ; depuis le serf courbé sur la glèbe, jusqu’au très haut et très puissant baron qui n’a qu’un mot à dire, un signe à faire, pour envoyer impunément à la mort femme, enfants, vassaux ; depuis la courtisane qui se vend, jusqu’à la grande dame qui se donne, en passant par l’humble fille qui gagne sa vie en travaillant, et chez laquelle la passion souveraine, l’amour, n’agit pas avec moins d’empire que chez les princesses de sang royal ; depuis le pauvre palefrenier épris de la reine et parvenant, à force d’intelligence et de volonté, à satisfaire sa passion, jusqu’au roi bon enfant et paterne, qui se laisse cocufier comme un simple bourgeois de Florence ; depuis le moine fainéant et goinfre, coureur de femmes et montreur de reliques fantastiques, telles que les charbons du gril de saint Laurent ou les plumes de l’ange Gabriel, jusqu’au sinistre inquisiteur, « investigateur de quiconque avait la bourse pleine » ; jusqu’à l’abbé mîtré et crossé, détenteur de biens immenses et tenant nuit et jour table ouverte à tous venants. Et tous ces personnages ont une allure si naturelle, ils se meuvent dans un cadre si vrai, si bien ajusté à leur taille, que nous les voyons aller et venir comme si nous avions vécu au milieu d’eux en plein quatorzième siècle.
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Mais que dirons-nous à ceux qui compatissent tant à ma faim qu’ils me conseillent de me procurer du pain ? Certes, je ne saurais que dire ; si ce n’est que, lorsque je songe à ce que serait leur réponse si, poussé par le besoin, je leur en demandais, je m’avise qu’ils diraient : « Va, cherches-en parmi les fables. » Or il est sûr que les poètes en ont plus trouvé parmi leurs fables que beaucoup de riches parmi leurs trésors ; il est sûr aussi que maints poètes, en s’amusant à poursuivre leurs fables, ont fait s’épanouir leurs jours, là où bien des autres au contraire, en cherchant à gagner plus de pain qu’il n’en était besoin ont péri avant l’âge.
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Et l'on verra dans ces nouvelles des histoires d'amour, âpres ou plaisantes, et d'autres événements hasardeux, qui sont advenus aussi bien dans les temps modernes qu'aux temps anciens ; et celles des dames qui j'ai dites qui liront ces nouvelles pourront tout à la fois prendre plaisir aux choses amusantes qui y sont décrites et en tirer d'utiles conseils, en ce qu'elles pourront y reconnaître ce qui convient d'éviter, et semblablement, ce qu'il est bon de suivre : je doute enfin que de telles choses adviennent sans que l'ennui se dissipe.
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Un bon mot n'est un bon mot qu'en ce qu'il dit une chose que chacun pensait, et qu'il la dit d'une manière vive, fine et nouvelle.
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Je préfère homme qui a besoin de richesse à richesse qui a besoin d'homme
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