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Citations de Catulle (59)


 Catulle
Ameana, cette femme usée par le plaisir, m'a demandé dix mille sesterces bien comptés, elle, cette beauté au nez difforme, l'amie du banqueroutier de Formies ! Parents chargés de veiller sur cette femme, convoquez amis et médecins : car la pauvre fille est "malade". Ne demandez pas ce qu'elle a : elle est sujette à des visions !

Catulle XLI, "Contre le banqueroutier de Formies", traduit du latin par Maurice Rat, Librairie Garnier Frères, 1931.
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Nulla potest mulier tantum se dicere amatam
Vere, quantum a me Lesbia amata mea es.
nulla fides nullo fuit umquam foedere tanta,
Quanta in amore tuo ex parte reperta mea est.

Aucune femme ne peut dire qu'elle a été aimée
aussi sincèrement que tu l'as été par moi, ma Lesbie.
Jamais on n'a respecté un engagement avec autant de fidélité
que j'en ai montré de mon côté dans mon amour
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À Lesbie

Il me paraît être l'égal d'un dieu, il me paraît, est-ce possible ? surpasser les dieux, celui qui, assis en face de toi, te voit souvent et entend ton doux rire. Hélas ! ce bonheur m'a ravi l'usage de tous mes sens ! À peine t'ai-je aperçue, ô Lesbie, que ma voix expire dans ma bouche, ma langue s'embarrasse, un feu subtil circule dans mes reins, un tintement confus bourdonne à mes oreilles, la nuit couvre mes deux yeux ! Catulle, l'oisiveté t'est funeste ; l'oisiveté a pour toi trop d'attraits et de transports ; l'oisiveté avant toi a perdu et les rois et les villes florissantes.
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Pleurez, ô Vénus; pleurez, Amours, et vous tous, tant que vous êtes, hommes sensibles à la beauté. Il est mort, le moineau de mon amie, le moineau, délices de mon amie, qu’elle chérissait plus que ses yeux ; car il était doux comme miel et il connaissait sa maîtresse aussi bien qu’une petite fille connaît sa mère ; il ne s’éloignait jamais de son sein, mais, sautillant de-ci de-là, il ne cessait de pépier pour elle seule. Maintenant, il va par la route ténébreuse au pays d’où personne, dit-on, ne revient. Quant à vous, soyez maudîtes, cruelles ténèbres de l’Orcus, qui dévorez toutes les jolies choses ; et il était si joli le moineau que vous m’avez enlevé ! Quel malheur, pauvre petit moineau ! Voilà maintenant qu’à cause de toi les beaux yeux de mon amie sont gonflés et tout rouges de larmes.
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Celui dont les désirs et les souhaits sont comblés par une faveur du sort contre son espérance en éprouve une joie particulière.
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Pulcre convenit improbis cinaedis...
L'accord est parfait entre ces débauchés infâmes, le giton Mamurra et César. Rien d'étonnant ; ils se sont tous deux couverts des mêmes souillures ; ils sont atteints de la même maladie ( la luxure) , jumeaux compagnons de lit, savants tous les deux, l'un aussi bien que l'autre avides d'adultère, associés pour rivaliser avec les filles. L'accord est parfait entre ces débauchés infâmes. (57)
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Nunc iam nulla viro iuranti femina credat,
Nulla viri speret sermones esse fidelis ;
Quis dum aliquid cupiens animus praegestit apisci,
Nil metuunt iurare, nihil promittere pareunt ;
Sed simul ac cupidae mentis satiata libido est,
Dicta nihil metuere, nihil periuria curant.

Et maintenant qu'aucune femme n'ajoute foi aux serments d'un homme ; qu'aucune n'espère entendre de la bouche d'un homme des propos dignes de foi ;
tant que le désir d'obtenir quelque faveur leur brûle le coeur, ils ne craignent aucun serment, ils n'épargnent aucune promesse ;
mais aussitôt qu'ils ont rassasié leur passion avide, ils ne craignent plus l'effet de leurs paroles, ils n'ont plus souci de leurs parjures.
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J'aime et je hais. Comment cela? demandes-tu peut-être. Je ne sais pas, mais je le sens et j'en suis torturé.
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Soles occidere et redire possunt;
Nobis cum semel occidit brevis lux,
Nox est perpetua una dormienda.

(Les feux du soleil peuvent mourir et renaître ;
Nous, quand une fois est morte la brève lumière de notre vie,
Il nous faut dormir une seule et même nuit éternelle.)
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LES NOCES DE THETIS ET DE PELEE 3

On y voit Ariane, le coeur gros des fureurs d'un amour indomptable, qui, des rivages bruyants de Naxos, regarde s'éloigner les rapides vaisseaux de Thésée. Elle les voit ; mais à peine échappée aux trompeuses douceurs du sommeil, et seule, abandonnée sur une plage déserte, l'infortunée ne peut en croire ses yeux. Cependant son ingrat amant fend les flots à force de rames ; il fuit, et les vents emportent ses vaines promesses. Les yeux baignés de larmes, mais immobile, comme la statue de marbre d'une Bacchante, elle voit le parjure, elle le voit ; et son esprit incertain flotte au gré de mille sentiments opposés. Plus de réseau qui captive les tresses de ses blonds cheveux ; plus de voile qui couvre son sein ; plus d'écharpe qui retienne sa gorge haletante. Elle s'est dépouillée de tous ses ornements, ils sont tombés à ses pieds ; et les flots de la mer se jouent de ces vaines parures. Et que lui font et son réseau d'or et ses vêtements qui flottent au gré des ondes ; dans son délire, c'est Thésée qui remplit toute son âme ; Thésée qui absorbe toutes ses pensées ; Thésée qu'appellent tous ses voeux.

Malheureuse ! à quel deuil éternel, à quels soucis cuisants t'a condamnée Vénus, depuis le jour où, parti des rivages du Pirée, l'intrépide Thésée entra dans le palais de l'injuste roi de Crète ? Car on raconte que, ravagée par une peste cruelle, Athènes, pour expier le meurtre d'Androgée, fut forcée de livrer en tribut l'élite de ses jeunes gens et la fleur de ses vierges pour servir de pâture journalière au Minotaure. Voyant les remparts d'Athènes naissante dépeuplés par ce fléau, Thésée préféra se sacrifier lui-même pour sa chère patrie, plutôt que de laisser la ville de Cécrops porter à la Crète ces victimes humaines. Bientôt, porté sur un léger navire, et secondé par des vents propices, il aborde au palais de l'orgueilleux Minos.
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L'arrivée du printemps

Déjà le printemps ramène les tièdes chaleurs ; déjà la fureur du ciel équinoxial s'apaise aux souffles agréables du Zéphyr. Quittons, Catulle, les champs de la Phrygie et les fertiles plaines de la brûlante Nicée ; volons vers les villes célèbres de l'Asie. Déjà ton esprit impatient brûle d'errer en liberté ; déjà tes pieds trouvent des forces dans ta joyeuse ardeur. Adieu, douces réunions de mes amis : divers chemins vont ramener chacun de nous dans ses foyers, dont pour venir si loin nous étions partis tous ensemble.
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À Ipsithilla

Au nom de l'amour, ma douce Ipsithilla, mes délices, charme de ma vie, invite-moi à venir chez toi l'après-midi. Y consens-tu ? Une grâce encore ! que ta porte ne soit pas fermée d'un verrou ; et ne va pas t'aviser de sortir : reste au logis, et prépare-toi à faire l'amour neuf fois de suite. Mais si tu dis oui, invite-moi aussitôt, car, étendu sur mon lit, après un bon dîner et couché sur le dos, je transperce et ma tunique et mon manteau.
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À Lesbie

Vivons, ma Lesbie, et aimons-nous ; et moquons-nous comme d'un as des murmures de la vieillesse morose. Le soleil peut mourir et renaître ; [5] nous, lorsqu'une fois est morte la flamme brève de la vie, il nous faut tous dormir dans la nuit éternelle. Donne-moi mille baisers, et puis cent ; puis mille autres, et puis cent ; puis encore mille autres, et puis cent ; [10] puis, après des milliers de baisers, nous en brouillerons le compte pour ne plus le savoir et pour qu'un méchant ne puisse nous jeter un sort en sachant lui aussi le compte de nos baisers !
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« Et vous aussi, toutes ensembles, chastes vierges,
Pour qui semblable jour arrive, dansez en cadence et chantez :
O Hyménée Hymen, ô Hymen Hyménée.
[…]
Nulle maison, sans toi, ne peut porter d’enfant,
Nul père ne peut prendre appui sur sa postérité.
Mais ils le peuvent, si tu le veux.
Qui oserait se comparer à ce dieu ? »
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Aux habitués d'une taverne

Taverne lascive, et vous ses habitués, au neuvième pilier après les Frères coiffés de bonnets, croyez-vous seuls être doués *des attributs virils*, sans être en droit de *faire l'amour* avec toutes les femmes et de tenir les autres pour des boucs ? Vous figurez-vous, parce que vous êtes là cent ou deux cents imbéciles assis à la file, que je n'oserai pas *défier* vos deux cents séants ? Eh bien ! détrompez-vous et sachez] que je charbonnerai votre infamie sur tous les murs de cette taverne ; car c'est là que s'est réfugiée la femme qui a fui mon étreinte, cette jeune femme que j'aimais comme jamais femme ne sera aimée, pour qui j'ai soutenu mille assauts ! Et vous, honnêtes et heureuses gens, vous faites l'amour avec elle, et en réalité, chose indigne, vous n'êtes que des riens du tout et de *sales* voyous ! Toi entre autres, fils chevelu de la Celtibérie, pays des lapins, Egnatius, dont tout le mérite consiste dans ta barbe épaisse et tes dents, que tu frottes d'urine Hibérienne !
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À lui-même

Malheureux Catulle, mets un terme à ton ineptie ; ce que tu vois perdu, tiens-le pour perdu. D'éblouissants soleils brillèrent jadis pour toi, lorsque tu accourais aux fréquents rendez-vous d'une femme chère à nos coeurs comme aucune ne le sera jamais ; heureux moments ! signalés par tant d'ébats joyeux : ce que tu voulais, ton amante le voulait aussi. Oh ! oui, d'éblouissants soleils brillèrent pour toi ! mais maintenant, elle ne veut plus ; toi-même, faible coeur, cesse de vouloir ; ne poursuis pas une amante qui fuit ; ne fais pas le malheur de ta vie. Adieu, femme ! déjà Catulle endurcit son âme ; il n'ira pas te chercher ni te prier quand tu le repousses. Toi aussi, tu pleureras, lorsque personne ne te priera plus ! Scélérate, sois maudite ! Quel sort t'est réservé ? Qui, maintenant, te recherchera ? Qui te trouvera jolie ? Qui aimeras-tu maintenant ? De quel homme va-t-on dire que tu es la conquête ? Pour qui tes baisers ? De qui vas-tu mordre les lèvres ?... Mais toi, Catulle, tiens bon et endurcis ton âme !
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Soles occidere et redire possunt ;
Nobis cum semel occidit brevis lux,
Nox est perpetua una dormienda.
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LES NOCES DE THETIS ET DE PELEE 9

Ces instructions, dont Thésée jusqu'alors avait constamment gardé le souvenir, fuient alors de sa mémoire aussi rapidement que les nuages chassés par les vents s'éloignent du sommet glacé des montagnes. Cependant son père interroge l'horizon du haut de la citadelle, d'un oeil inquiet et qui s'éteint dans des larmes sans fin. A peine a-t-il aperçu la voile funeste qui se gonfle au gré des vents, que, croyant son fils moissonné par un cruel destin, il se précipite du haut des rochers. Ainsi, l'impitoyable Thésée, en rentrant dans son palais, que la mort de son père a déjà rempli de deuil, ressent à son tour les maux que son coupable oubli a fait éprouver à la fille de Minos, lorsque l'infortunée, suivant d'un oeil chagrin sur les flots le vaisseau du perfide, roulait dans son coeur ulcéré mille sombres pensées.

Sur une autre partie de la tapisserie on voyait Bacchus, brillant d'une éternelle jeunesse, voltiger au milieu d'un choeur de Satyres et de Silènes. Il te cherche, Ariadne, car son cœur brûle d'amour pour toi. Les compagnons du dieu, ivres d'un saint délire, courent de tous côtés chantant : Evoé Evoé ! et bondissent en secouant leurs têtes. Les uns agitent des thyrses ornés de lierre ; les autres arrachent les membres palpitants d'un jeune taureau ; ceux-ci ceignent leurs corps de serpents entrelacés ; ceux-là, portant les corbeilles mystiques, célèbrent les orgies dont la vue est interdite aux profanes. Ici, le tambourin retentit sous la main qui l'élève et le frappe ; là, l'airain poli des cymbales rend un son clair et perçant. Ajoutez les rauques bourdonnements des cornets et les sifflements aigus de la trompette phrygienne.
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ATYS II

A peine ces vagues paroles, échappées de ses lèvres de rose, ont porté le sujet de ses plaintes aux oreilles des dieux, que Cybèle, détachant un des lions attelés à son char, stimule par ces mots la rage de ce farouche animal : «Va, cours, ministre de ma rage ; fais passer la fureur qui t'anime dans le sein de l'audacieux qui voudrait se soustraire à mon empire ; force-le de rentrer dans mes bois sacrés. Vole, bats tes flancs de ta queue ; anime-toi par les blessures que tu te fais toi-même ; que tout retentisse au loin de tes horribles rugissements ; que sur ton cou nerveux s'agite ta crinière menaçante».

Ainsi parla l'implacable déesse, et de ses propres mains elle délie le monstre. Libre du joug, il s'excite lui-même à la fureur ; frémissant de rage, il bondit, et, dans sa course vagabonde, fait voler en éclats les arbrisseaux fracassés. Bientôt il atteint la grève que le flot blanchit de son écume ; il aperçoit le jeune Atys, les yeux fixés sur la mer ; il s'élance... Atys, épouvanté, s'enfuit vers les forêts profondes : et désormais humble suivante, il y passa le reste de sa vie.

«O déesse, grande déesse, Cybèle souveraine de Dindyme ! loin de moi, loin de ma retraite tes saintes fureurs ! Porte ailleurs tes redoutables inspirations, tes transports frénétiques».
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Atys a franchi les mers profondes sur un rapide esquif, et foulé d'un pied impatient le rivage phrygien, que couronnent d'épaisses forêts consacrées à Cybèle. Il en perce les profondeurs ; et là, pressé des aiguillons d'une rage insensée, privé de sa raison, il s'arme d'un caillou tranchant, et se mutile. A peine se voit-il dépouillé des attributs de la virilité, à peine a-t-il rougi la terre de son sang, que soudain il saisit dans ses mains d'albâtre le léger tambourin, le tambourin et le clairon, en usage dans les mystères de Cybèle. Sous ses doigts délicats retentit la peau bruyante d'un taureau ; agité d'un tremblement frénétique, d'une voix efféminée il s'adresse en ces termes à ses compagnons : «Corybantes, hâtez-vous, gravissons ces hauteurs et ces bois consacrés à Cybèle ; partez tous ensemble, troupeaux vagabonds de Dindymène, vous qui, cherchant de nouvelles contrées, exilés volontaires, avez suivi mes pas, et qui, compagnons de ma fuite, avez, guidés par moi, affronté les fureurs et les dangers d'une mer en courroux ; vous qui, par une haine invétérée contre Vénus, vous êtes dépouillés de votre virilité. Egayez vos esprits par des courses rapides. Ne tardez plus ; venez tous, suivez-moi au temple de Cybèle, dans les bois de la déesse, où résonnent les cymbales, où retentit le tambourin, où la flûte recourbée fait entendre les airs graves du Phrygien ; c'est là que les Ménades agitent leurs têtes couronnées de lierre, et, par des hurlements aigus, célèbrent les saints mystères ; c'est là que voltige la suite errante de la déesse. Courons vers ces lieux, courons nous joindre à leurs danses joyeuses».

A peine Atys, Bacchante d'un genre nouveau, eut-il adressé ces mots à ses compagnons, que soudain la troupe bruyante entonne des chants frénétiques. Le tambourin y répond par des mugissements, les cymbales par un bruit argentin, et le choeur tout entier, en bonds impétueux, s'élance vers les sommets verdoyants de l'Ida. Furieux, haletant, éperdu, hors de lui-même, Atys, le tambour en main, les guide à travers les forêts épaisses ; il court, pareil à la génisse indomptée qui veut se soustraire au joug. Ses compagnons le suivent d'un pas rapide : mais à peine ont-il touché le seuil du temple, que, succombant à la fatigue et à la faim, ils s'endorment, épuisés par l'excès de leurs efforts : un lourd sommeil s'appesantit sur leurs paupières, et leur rage s'éteint, vaincue par les douceurs du repos.

Mais dès que le soleil de ses premiers rayons eut doré le pâle azur des cieux, la terre et les mers orageuses ; dès que ses coursiers vigoureux eurent chassé devant eux les ombres de la nuit, le Sommeil s'éloigne d'Atys, et d'un vol rapide retourne dans les bras de la divine Pasithée. Soudain Atys s'éveille, un doux repos a calmé ses transports furieux ; il repasse dans son esprit ce qu'il a fait : alors il voit clairement et l'étendue de son sacrifice, et les lieux où il se trouve. Hors de lui-même, il retourne vers le rivage, et là, les yeux baignés de larmes, contemplant l'immensité des mers, l'infortuné adresse à sa patrie ces tristes paroles : «O ma patrie, ô toi qui m'as vu naître, toi qui m'as nourri dans ton sein ! ô ma patrie, toi que j'ai abandonnée, dans mon malheur, comme un esclave qui se dérobe aux fers de son maître ; toi que j'ai quittée pour les bois de l'Ida, pour m'exiler au milieu des neiges, parmi ces antres glacés, ces affreux repaires qu'il me faut disputer aux monstres qui les habitent ! ô ma chère patrie ! où te chercher, où te trouver ? Dans ces courts instants où mon esprit n'est point aveuglé par une rage insensée, que ne puis-je, du moins, diriger vers toi mes regards incertains ! Suis-je donc pour jamais relégué dans ces tristes forêts, loin de mon pays natal, de mes pénates, de mes biens, de mes amis, de mes parents ? Adieu, forum, palestre, stade, gymnases, adieu ! Malheur ! ah ! malheur à moi ! Que de fois mon âme n'aura-t-elle pas à gémir ! Est-il un genre de beauté que je n'aie possédé, moi, tour à tour enfant, adolescent, adulte et jeune homme ; moi l'honneur du gymnase, la gloire du pugilat. La foule qui se pressait à ma porte n'en laissait jamais refroidir le seuil ; et lorsque l'aurore venait m'arracher au sommeil, je trouvais ma demeure ornée de guirlandes de fleurs. Et maintenant, je ne serai plus, moi, qu'une prêtresse des dieux, une suivante de Cybèle, une Ménade ; triste reste de moi-même, je ne serai plus, moi, qu'un stérile eunuque. J'aurai pour séjour les déserts de l'Ida, couverts d'une éternelle neige ; ma vie se consumera sur ces sommets escarpés, dont la biche sauvage et le farouche sanglier sont les seuls habitants ? Ah ! qu'ai-je fait ? Mais douleur tardive ! inutiles regrets !»
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