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Critiques de Erasme (52)
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Adages

LES ADAGES



La Romanée-Conti est un vin quasi introuvable, hors de prix, honoré par les amateurs comme un des plus grands crus existants à ce jour....En boire une bouteille relève du rêve, un verre de l'espérance, une gorgée du possible.



Il en va de même pour les Adages...



Les Belles Lettres ont donné au Lecteur une version "bibliophile" (426 euros), une version "mineure" (199 euros) et une version " florilège" (19 euros), cette dernière éditée pour le centenaire de la Très Vénérable Maison "Guillaume Budé".



Erasme de Rotterdam (1466-1536) a travaillé à la recension, au sourçage et aux commentaires de 4151 adages extraits de tous les textes gréco-latins retrouvés "in extenso" ou cités dans d'autres textes. La bibliothèque d'Alde Manuce (1449-1515), imprimeur vénitien auquel les Lettrés, des Humanistes, des Mangeurs de Livres doivent tant, a servi de base bibliographique.



Le Florilège, élaboré par Jean-Christophe Saladin qui a coordonné les deux éditions intégrales, est extraordinaire de fraîcheur, de verve, d'intelligence, de finesse....18 adages, trois longs ("Hate toi lentement", "Les travaux d'Hercule", "La guerre paraît douce à ceux qui n'en ont pas l'expérience"), 15 courts ou moyens ("Faire, le poulpe", "Tondre un chauve", "Souffler le chaud et le froid"....)....



Les Adages les moins commentés sont époustouflants de spiritualité ironique et souriante. Les 3 grands textes offrent l'occasion unique de rencontrer un très grand penseur, pacifique et pacifiste, partisan de l'entente, ami de l'amitié, et raisonnable au sens où on l'entendra au XVIIIème siècle.



Son esprit de Tolérance, son sens de la mesure ("Festina lente-Hâte toi lentement), son goût pour l'étude, son plaidoyer pour le respect des humains détonnent dans un monde déjà très violent, bourré de nuages noirs porteurs des querelles religieuses les plus sauvages.



Son discours sur la Paix touche autant qu'il interpelle et fait de lui l'Anti-Machiavel. Notons que ce texte lui aurait valu le pilori et/ou le bûcher en des siècles plus obscurs.



Enfin à travers "Les Travaux d'Hercule", Il répond de façon moqueuse aux critiques dont son extraordinaire labeur a fait l'objet à l'époque.



Le Concille de Trente mît l'ouvrage à l'Index en 1559. Il ne pouvait en être autrement ("Erasme a pondu les oeufs que Luther a couvés"). Luther accusera Erasme d'impieté ("Du bist nicht fromm"..."Tu n'es pas pieux "!). Aux Temps Obscurs, crier "haro " sur celles et ceux qui aspirent à l'acceptation des uns et des autres scelle l'ouverture de la chasse aux sorcières....



Aujourd'hui Erasme reste ce Géant dont un programme universitaire européen porte le nom. Il ne pouvait aussi en être autrement. Faciliter les échanges intellectuels dans un monde pacifique ouvert et tolérant lui aurait, sans aucun doute, convenu.



Je concluerai sur ceci : il existe des Grandes Femmes et des Grands Hommes qui honorent le genre humain (qui ferait bien de les honorer et de modeler, un tant soit peu, leur conduite sur leurs préceptes-au moins, essayer)...Leur Pensée ne vieillit pas. Elle est toujours d'actualité. Il suffit de lire pour s'en rendre compte. Un grand merci à celles et ceux qui s'y collent et nous donnent accès à ces textes qu'on devrait étudier assez tôt dans les collèges et lycées. Une bonne semence trouve toujours un terrain où pousser....
Lien : https://www.babelio.com
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Complainte de la paix

Un opuscule à lire en ces temps de tensions mondiales pour créer un argumentaire nécessaire à la paix.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Éloge de la folie

Étudiant l'humanisme avec mes élèves de seconde bac pro, je souhaitais leur faire partager un dossier sur Erasme. Heureusement, je me suis abstenu de présenter un texte du divin Éloge de la folie. Premièrement parce qu'ils n'auraient rien compris, étant enseignant, je n'ai pas honte de dire qu'aucun élèves de 15 ans seraient en mesure de comprendre cela, tant le niveau est affligeant. Deuxièmement parce que je me suis réservé le soin de faire une étude personnel de cette essai. Le nombre de référence à l'antiquité est stratosphérique, mais quelle délice de voir que beaucoup des dires d'Erasme sont encore d'actualité. Un petit clin d'œil pour finir: Moria en Grec veut dire Folie, alors l'on comprends mieux l'usage qu'en a fait Tolkien dans son Seigneur des Anneaux.

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Éloge de la folie

Réflexion sur la folie dont certains aspects s'appliqueront à toutes les époques. Content de l'avoir lu, mais je ne le relirais pas.
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Éloge de la folie

excellent!
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Éloge de la folie

Lecture complexe, bourrée de références que je ne pouvais pas toutes saisir (malgré les pieds de pages conséquents) qui ont alourdies ma lecture. Cependant, j'en ai tout de même retenu qu'Erasme a pris des risques incroyables afin de publier cet ouvrage, passant pour un hérétiques aux yeux de ses paires, tout ça pour nous dire simplement qu'il faut vivre avec un peu d'humour et de légèreté ! Il y a, certes une critique de la société, mais Erasme rappelle au lecteur que malgré tous les défauts de n'importe quelle tranche de la population (il passe tout de même tout le monde au peigne fin !) il vaut mieux ne pas trop se prendre au sérieux. Bref, pour reprendre ses mots: "pète un coup, frère, la vie, c'est fun!"
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Éloge de la folie

De la philosophie antiphilosophique, écrite par un théologien. Style clair, pertinent, drôle et profond. Fabuleux et nécessaire.
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Éloge de la folie

Je n'ai pas apprécié ce livre ! On m'en avait dit du bien mais on m'avait également signalé que le style était dorénavant dépassé et le propos critique peu acerbe pour quiconque aurait passé le lycée. Effectivement, j'ai trouvé cet essai beaucoup trop gentillet à l'aune d'ouvrages plus récents. Traitant de la folie collective avec un ton satirique bien employé, Erasme a cependant écrit ce livre il y a trop longtemps et celui-ci ne résiste pas vraiment au passage du temps. Tant pis !
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Éloge de la folie

Le chef-d’œuvre d’Erasme ressort dans une édition bilingue enrichie des commentaires inédits de contemporains de l’humaniste, et des siens. Eblouissant.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Éloge de la folie

Erasme, Eloge de la Folie



Dans ce brulot de la Renaissance, œuvre d’un humour féroce parue vers 1508, Erasme s’en prend tous azimuts aux maris, aux médecins, aux princes, aux grammairiens, aux joueurs, aux voyageurs, aux courtisans, et bien avant Luther et Calvin, au clergé qui a tourné le dos aux valeurs fondamentales de l’Evangile. Exemples:

LVII. Aujourd’hui, ces pasteurs ne font rien que bien se nourrir.

LX. Leurs devoirs envers ce même peuple, ils sont écrits partout, mais ils oublient de les lire… Ces gens de plaisir se croient en règle avec leur conscience dès qu’ils ont marmonné leurs oraisons… Beaucoup ressemblent aux princes laïques qui délèguent le soin du gouvernement à des ministres, lesquels repassent la délégation à des commis… C’est sans doute par modestie que les prêtres concèdent aux fidèles toutes les œuvres de piété… Les papes, si diligents collecteurs d’argent, renvoient les travaux apostoliques aux évêques, ceux-ci aux curés, ceux-là aux vicaires, les vicaires aux frères mendiants, et ces derniers s’en débarrassent sur ceux qui savent tondre la laine des brebis.

Quand on visite la Maison d’Erasme à Bruxelles, passionnant musée, on peut voir quelques exemplaires d’époque du livre, où de multiples passages sont occultés par une surcharge en noir à l’initiative de la censure.

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Éloge de la folie

Sous couvert d’un éloge allégoriquement narré par la Folie même, Erasme se plaît à dresser un tableau peu reluisant d’une humanité orgueilleuse et arrogante. Ce qui est surprenant, c’est qu’il nous prouve que rien n’a foncièrement changé au XXIe siècle ! La folie gouverne toujours aussi bien les hommes. Par folie, Erasme entend plus que ce que l’on croit. Les personnes dites déréglées mentalement ne couvrent en effet qu’une très minime partie de l’humanité. Le terme englobe donc toutes les personnes qui agissent couramment sans faire appel à leur raison. Ceux qui se laissent guider par les sens, les pulsions, et les instincts. Il se trouve alors bien peu de personnes qui peuvent se targuer de ne pas faire partie de cet ensemble. Ce que l’on remarque surtout, c’est que les gens d’église y figurent en grand nombre et qu’Erasme leur fait une place de choix. On comprend pourquoi, au récit accablant du vénérable clergé catholique de l’époque, la Réforme menées par Luther a eu autant de succès. Mais Erasme n’en égratigne pas moins les réformés, qui usent des mêmes procédés et se laissent, eux aussi, gouverner par leur corps plutôt que par leur tête.
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Éloge de la folie

Il faut bien évidemment lire l’ « Eloge de la folie » comme une satire volontairement outrancière et provocatrice destinée à provoquer un électrochoc dans les mœurs de son époque.



Qualifié de philosophe humaniste, Erasme était en réalité lui même un prêtre théologien et un fin connaisseur des philosophes antiques qu’il avait beaucoup étudiés.



Rejetant en apparence toute sophistication théorique, tout artifice philosophique ou théologique, Erasme prône donc un retour à une vie plus simple fondée sur les plaisirs de la nature (avec leurs excès) tout en se référant aux textes des Evangiles, qu’il juge plus en accord avec la nature humaine.



Même si j’ai beaucoup apprécié le style brillant, agréable, fluide et souvent très drôle d’Erasme, il m’a été difficile de voir tournés en ridicule Platon, Aristote et Sénèque, philosophes que j’admire beaucoup.



Le livre d’Erasme repose donc la question fondamentale de savoir si l’homme doit se laisser gouverner par la folie de ses passions ou par ses capacités intellectuelles qui le poussent à la réflexion et à la sagesse.



Être corporel mais néanmoins pensant et capable d’abstraction, l’homme ne peut pour moi se soustraire à aucune de ces deux influences.
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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Éloge de la folie

Quand la folie se met à parler des humains, elle a beaucoup de choses à dire, et personne n'est épargné, pas même ceux qui se croient les plus savants, ces théologiens d'antan qui détenaient l'interprétation unique de la vérité divine ou ces spécialistes tous azimuts d'aujourd'hui qui nous bassinent de leurs discours creux. Ce qui est donc intéressant dans ce petit livre qui cherche à ne pas se prendre au sérieux, c'est la peinture des travers d'une société, celle de la Renaissance, en crise et en transition, comme la nôtre. Si bien souvent les pointes sont émoussées par la disparition de leurs cibles, on se prend à rêver d'un nouvel éloge de la folie, qui montrerait les ridicules de notre temps, mais le livre prendrait sans doute des dimensions beaucoup trop importantes. La folie est humaine, elle est le propre de l'homme depuis toujours, et elle donne vie à l'existence, en l'embellissant, en cachant la merde sous le tapis, en donnant de l'importance à ce qui n'en a pas mais qui encombre notre quotidien. La folie est plus nécessaire que la sagesse, dit Erasme. Soyons donc fou, et croyons-le.

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Éloge de la folie

J'ai lu du 16/11/2020 au 20/01/2021.



Comment expliquer que cela m'a pris des mois pour une petite lecture ? J'ai voulu le relire 3 fois pour ne pas louper une seule interprétation ou sous-entendu.

Je dois dire que j'ai beaucoup apprécié cette lecture même si j'ai décroché par moment mais je suis revenue en charge.

Erasme nous dresse une satire sur la religion de son temps mais aussi sur l'humanité de manière générale en faisant une allégorie de la Folie. Ce livre est riche en références, il requiert un sacré bagage littéraire pour comprendre toutes les références ou bien les sous-entendus. Oui, il y a des sous-entendus, oui, Erasme se moque mais il nous pousse à la réflexion sur la notion de folie, il argumente ses propos avec des exemples.

Outre cela, nous avons l'impression qu'il y a un désordre pour représenter la folie mais il y a de l'ordre dans ce désordre qui est intéressant.

C'est une petite pépite à lire une fois dans sa vie surtout si vous faites des études de lettres car il vaut le détour.

Je ne peux que vous le recommander.



Ma note : 7/10
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Éloge de la folie

Erasme le dit très bien, dans son éloge, et dans un langage accessible à tout bon lecteur (sachez que j'en bave toujours de ne pas réussir à aller au bout de Walden...). Il se glisse avec aisance et complaisance dans la peau de ce qui pourrait être la déesse de la folie, et se proclame reine du monde sans aucun souci, voire presque sans prétention. Point par point, il nous est démontré que la folie est ce qui fait que la vie est si douce, si plaisante, et ce qui fait que les gens s'amusent et divertissent les autres autour d'eux. Notons par exemple les enfants et les vieillards. Les bouffons. Les sages sont pafois tournés au ridicule mais la sagesse est divisée en plusieurs catégorie qu'il est important de comprendre pour savoir qu'il ne renie pas les gens dotés d'intelligence. Seulement ceux qui se permettent de se placer plus haut que les autres et qui n'en sont pas moins des idiots. Un autre des points très importants du récit, c'est la religion. Pourquoi ses origines sont parfois louables mais son application presque profane, à la limite de la folie. De la mauvaise folie. Ironiquement, il blâme aussi les narcissiques, les flatteurs et les égocentriques, en même temps qu'il se pose sur le piédestal.



Je ne vais pas me laisser aller à la dissertation ici, parce que ça m'ennuyait déjà à l'école, mais ce texte à la fois élogieux et satirique est vraiment à lire, toujours autant d'actualité aujourd'hui qu'à l'époque. Ceux qui ont déjà un peu de folie en eux le savent déjà : elle peut être solution à beaucoup de problèmes et peut aider à vivre plus pleinement. Il n'est pas question d'aller jusqu'à la démence, la perte de la raison pure, mais plutôt de s'enlever tous les bâtons du cul et de vivre avec plaisir.



A lire si vous avez parfois l'impression d'être fou. Vous vous sentirez moins seul et plus puissant. Et merci à Hadrien de m'avoir prêté le bouquin. Et s'il y en a parmi vous qui auraient lu le Nouvel Eloge de la Folie paru chez Actes Sud en 2011, j'aimerais avoir votre avis, au cas où.
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
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Éloge de la folie

Très beau essai sur la Folie et sur la société de son temps, Erasme apporte sa vision pleine d'espoir et de bonheur ponctué de coup de gueule et de critique acerbe sur ses contemporains. Cette critique est atemporelle, à croire que la société n'a pas changé ou bien que la société est ainsi et qu'on ne peut la changer. Le début est un peu long, la fin magistrale.

Petit bémol pour l'édition qui est catastrophique, des fautes à toutes les pages ou presque.
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Éloge de la folie

Pour les 555 ans de la naissance d'Erasme, la Maison d'Erasme, entendez le musée en quoi consiste aujourd'hui la maison où il a vécu brièvement à Bruxelles, a organisé une série de conférences. Je n'ai pu assister qu'à celle consacrée aux colloques, qui devraient être réédités. J'ai été tellement enthousiasmée par l'actualité et la modernité des extraits cités, que j'ai couru acheter L'Eloge de la folie.



Car là où j'imaginais que la traduction du latin allait être pesante et ennuyeuse à lire, c'est tout le contraire. L'oeuvre de traduction souligne au contraire que ce texte est loin d'être démodé. On a de la peine à croire du reste que ce texte n'ait pas été mis à l'index du temps d'Erasme, tant il est irrévérencieux. Mais quel humour ! Et quelle perspicacité, quelle intelligence !



Je me suis régalée.



Et soyons fous effectivement !
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Éloge de la folie

Éloge de la folie /Érasme (1466-1536)

Bien que né à Rotterdam, c’est en Angleterre qu’Érasme mit la dernière main à cette satire qu’il avait méditée tout au long de ses voyages. Dans l’Éloge de la Folie, il passe en revue toutes les sociétés de son temps et en détaille les vices et les ridicules avec un bon sens de tous les instants. Cette œuvre, condamnée par la Sorbonne a eu une influence considérable sur la littérature du monde occidental et a été un des catalyseurs de la Réforme, dont Érasme fut un partisan.

L’examen satirique, qui fait constamment référence aux mythes de l’Antiquité, va porter non seulement sur les superstitions et les pratiques pieuses dans l’Église, mais aussi, faisant parler la déesse de la Folie, il développe une critique acerbe non seulement des diverses professions et catégories sociales, notamment les théologiens, les maîtres, les moines et le haut clergé, mais aussi de façon féroce des courtisans.

Malgré tout, il faut bien voir qu’Érasme, ayant conservé toute sa vie un fond de prudence extrême issu de son éducation monacale, avance à pas feutrés et fait montre à fleuret moucheté d’un humour redoutable et bienvenu. Et s’adressant à son ami fidèle Thomas Morus, il déclare que si l’amour-propre ne l’aveugle, il pense qu’il n’est pas tout à fait fou en faisant l’éloge de la folie, et affirme qu’il cherche plus à faire rire qu’à mordre :

« À l’exemple de Juvénal, je ne suis pas descendu dans la sentine des vices pour la remuer, j’ai plutôt passé gaiement en revue les ridicules que les turpitudes. »

Il ridiculise tous ces penseurs et ces sages, les hypocrites stoïciens, qui retenus par une fausse vergogne, se contentent de suborner quelque rhétoricien flagorneur ou quelque poète songe-creux, leur débitant, à beaux deniers comptants, leur panégyrique, autrement dit de gros mensonges !

L’absence de sagesse rend seule la vie agréable a dit Sophocle. Car les dieux les plus austères savent eux-mêmes sacrifier à la Folie ! Diane elle-même, oubliant tout à fait la modestie de son sexe, ne chassait plus rien dans les forêts que le bel Endymion pour qui elle mourait d’amour !

Aux stoïciens cependant, l’auteur concède qu’ils n’ont pas tort quand ils disent que la sagesse consiste à suivre la raison et la folie, au contraire, à suivre ses passions.

Il avoue sans honte mettre en pratique le proverbe populaire qui conseille de se louer soi-même si on ne rencontre personne d’autre pour le faire. Vive l’amour-propre, la flatterie, l’oubli, la paresse, la volupté, la démence, la bonne chère, la fête de la dive bouteille, en bref la Folie ! Rabelais plus tard s’en souviendra !

Évoquant sa naissance, Érasme reconnait qu’elle n’a pas été marquée par des pleurs et que sa vie ne connut que des délices : « car mes lèvres ont pressé le sein de deux nymphes complaisantes, l’ivresse, fille de Bacchus, et l’ignorance, fille de Pan, que vous pouvez voir parmi mes suivantes. »

Et les femmes alors ? « La femme est, il faut l’avouer, un animal inepte et fou, mais au demeurant plaisant et gracieux. » écrit l’auteur., et d’ajouter que ce qui recommande plus particulièrement les femmes aux hommes, c’est leur folie ! « Les hommes permettent tout aux femmes, pourvu qu’elles leur donnent en retour le plaisir ; or, qu’est-ce que le plaisir, sinon la Folie, le source du plus grand plaisir de la vie Sans les plaisirs, l’existence ne saurait échapper à l’ennui. !

Plus loin, Érasme écrit avec malice : « Deux obstacles sont à vaincre : la timidité, qui obscurcit les idées et amoindrit les moyens, et la crainte qui, en exagérant les dangers, détourne des grandes actions. La Folie pare merveilleusement à toutes les deux…Les hommes s’éloignent d’autant plus du bonheur qu’ils possèdent plus de sagesse. »

Plus loin, ce sont les comédiens, les musiciens, les orateurs et les poètes qui sont la cible, de par ce qu’il appelle « leur orgueil, leur jactance et leur morgue qui sont en raison directe de leur ignorance, ce qui ne les empêche pas de trouver chaussure à leurs pieds, car il ne faut jamais oublier, une chose a d’autant plus d’admirateurs qu’elle est inepte. »

« De tous les mortels, la classe la plus folle est sans contredit celle des marchands. Le mensonge, le parjure, le vol, la friponnerie, l’imposture, ils mettent tout en œuvre. » Gloire à eux !

Platon disait que la folie des amants est la plus douce des félicités. Érasme y souscrit en ajoutant par ailleurs que la vie des dévots est une espèce de folie. Le passage sur les moines, les évêques, les cardinaux et les papes est des plus savoureux…

La dernière phrase adressée au lecteur : « Adieu donc, applaudissez, vivez en joie, et buvez sec, illustres adeptes de la Folie. » Magnifique !

Un grand texte humaniste et impertinent, d’une grande liberté d’expression, anticonformiste au possible, qui connut un immense succès à l’époque de sa parution, et que l’on lira tel un entremet avec délectation, même si certains passages touchent à l’ennui par leur longueur. Un exercice à haut risque que cet ouvrage provocateur plein d’insolence qui surprit nombre de ses contemporains, en des temps où l’hérésie se voyait condamner durement, temps de schismes et chasse aux sorcières. On peur supposer qu’en demandant l’assentiment de son amis Thomas More qui faisait alors autorité, Érasme cherchait une justification, une protection. Car oser ouvertement s’opposer aux excès mondains d’alors de la religion et de l’Église chrétienne tout en dénonçant le dogmatisme ainsi que le fanatisme religieux de son époque, aurait pu valoir le pire à l’écrivain. D’ailleurs en 1545 lors du Concile de Trente, le livre fut comme l’ensemble de son œuvre mis à l’index. Cela n’a pas nui à sa popularité, bien au contraire.

On a pu dire à juste raison que ce petit livre subversif écrit en 1509 fut un texte fondateur de l’humanisme européen.













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Éloge de la folie

Erasme me poursuit depuis des dizaines d’années. Il était là chez moi, discret. Tout le monde le citait, non pas pour son côté aventurier très prudent, mais pour son influence sur la Réforme et sa philosophie proche de celle de Montaigne. Ses écrits faisaient partie de ceux que je remettais à plus tard, craignant courageusement de n’y rien comprendre et de m’y ennuyer…

Suis-je devenu soudainement insensé ? J’ai osé. J’ai lu. Je lis…et j’ai trouvé un maître et un plaisir jouissif à le lire et le suivre.
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Éloge de la folie

Après la lecture de la bio d’Érasme par Stefan Zweig, voilà l’un des livres d’Érasme les plus célèbres, très grand texte mais texte court, bourré d’humour d’ironie et de bon sens, écrit vers 1500 mais étonnamment actuel dans le fond, pétri de références à Homére dans la forme : Éloge de la folie ! Incroyable rencontre tellement jubilatoire !!
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