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Critiques de Erasme (52)
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Éloge de la folie

L’on peut au minimum reprocher à Érasme de n’avoir pas su casser la gueule à Luther. Mais ceci est absurde en ce sens qu’Érasme, chantre du libre-arbitre, n’avait aucune chance contre ce lutteur, ce père fouettard qui, seul parmi tous les tyrans qui encombrent l’humanité, eut l’extraordinaire habileté de se construire un statut de victime, donc de vainqueur.
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Éloge de la folie

Il est de ces livres qu’il est bon de lire et de relire. Comme celui-ci, de mon cher Erasme, qui vient encore de me faire rire de moi, des autres, du spectacle tragi-comique de notre société. Ça me fait du bien, mais c’est quand même inquiétant en notre siècle qui s’enfonce de plus en plus résolument dans une phase où le tragique l’emporte sur le comique.

Érasme me dit que seule la folie du Christ, celle de Dieu, est en mesure de nous libérer des excès et des dérives de cette folie qui nous est propre.
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Éloge de la folie

Éloge de la folie /Érasme (1466-1536)

Bien que né à Rotterdam, c’est en Angleterre qu’Érasme mit la dernière main à cette satire qu’il avait méditée tout au long de ses voyages. Dans l’Éloge de la Folie, il passe en revue toutes les sociétés de son temps et en détaille les vices et les ridicules avec un bon sens de tous les instants. Cette œuvre, condamnée par la Sorbonne a eu une influence considérable sur la littérature du monde occidental et a été un des catalyseurs de la Réforme, dont Érasme fut un partisan.

L’examen satirique, qui fait constamment référence aux mythes de l’Antiquité, va porter non seulement sur les superstitions et les pratiques pieuses dans l’Église, mais aussi, faisant parler la déesse de la Folie, il développe une critique acerbe non seulement des diverses professions et catégories sociales, notamment les théologiens, les maîtres, les moines et le haut clergé, mais aussi de façon féroce des courtisans.

Malgré tout, il faut bien voir qu’Érasme, ayant conservé toute sa vie un fond de prudence extrême issu de son éducation monacale, avance à pas feutrés et fait montre à fleuret moucheté d’un humour redoutable et bienvenu. Et s’adressant à son ami fidèle Thomas Morus, il déclare que si l’amour-propre ne l’aveugle, il pense qu’il n’est pas tout à fait fou en faisant l’éloge de la folie, et affirme qu’il cherche plus à faire rire qu’à mordre :

« À l’exemple de Juvénal, je ne suis pas descendu dans la sentine des vices pour la remuer, j’ai plutôt passé gaiement en revue les ridicules que les turpitudes. »

Il ridiculise tous ces penseurs et ces sages, les hypocrites stoïciens, qui retenus par une fausse vergogne, se contentent de suborner quelque rhétoricien flagorneur ou quelque poète songe-creux, leur débitant, à beaux deniers comptants, leur panégyrique, autrement dit de gros mensonges !

L’absence de sagesse rend seule la vie agréable a dit Sophocle. Car les dieux les plus austères savent eux-mêmes sacrifier à la Folie ! Diane elle-même, oubliant tout à fait la modestie de son sexe, ne chassait plus rien dans les forêts que le bel Endymion pour qui elle mourait d’amour !

Aux stoïciens cependant, l’auteur concède qu’ils n’ont pas tort quand ils disent que la sagesse consiste à suivre la raison et la folie, au contraire, à suivre ses passions.

Il avoue sans honte mettre en pratique le proverbe populaire qui conseille de se louer soi-même si on ne rencontre personne d’autre pour le faire. Vive l’amour-propre, la flatterie, l’oubli, la paresse, la volupté, la démence, la bonne chère, la fête de la dive bouteille, en bref la Folie ! Rabelais plus tard s’en souviendra !

Évoquant sa naissance, Érasme reconnait qu’elle n’a pas été marquée par des pleurs et que sa vie ne connut que des délices : « car mes lèvres ont pressé le sein de deux nymphes complaisantes, l’ivresse, fille de Bacchus, et l’ignorance, fille de Pan, que vous pouvez voir parmi mes suivantes. »

Et les femmes alors ? « La femme est, il faut l’avouer, un animal inepte et fou, mais au demeurant plaisant et gracieux. » écrit l’auteur., et d’ajouter que ce qui recommande plus particulièrement les femmes aux hommes, c’est leur folie ! « Les hommes permettent tout aux femmes, pourvu qu’elles leur donnent en retour le plaisir ; or, qu’est-ce que le plaisir, sinon la Folie, le source du plus grand plaisir de la vie Sans les plaisirs, l’existence ne saurait échapper à l’ennui. !

Plus loin, Érasme écrit avec malice : « Deux obstacles sont à vaincre : la timidité, qui obscurcit les idées et amoindrit les moyens, et la crainte qui, en exagérant les dangers, détourne des grandes actions. La Folie pare merveilleusement à toutes les deux…Les hommes s’éloignent d’autant plus du bonheur qu’ils possèdent plus de sagesse. »

Plus loin, ce sont les comédiens, les musiciens, les orateurs et les poètes qui sont la cible, de par ce qu’il appelle « leur orgueil, leur jactance et leur morgue qui sont en raison directe de leur ignorance, ce qui ne les empêche pas de trouver chaussure à leurs pieds, car il ne faut jamais oublier, une chose a d’autant plus d’admirateurs qu’elle est inepte. »

« De tous les mortels, la classe la plus folle est sans contredit celle des marchands. Le mensonge, le parjure, le vol, la friponnerie, l’imposture, ils mettent tout en œuvre. » Gloire à eux !

Platon disait que la folie des amants est la plus douce des félicités. Érasme y souscrit en ajoutant par ailleurs que la vie des dévots est une espèce de folie. Le passage sur les moines, les évêques, les cardinaux et les papes est des plus savoureux…

La dernière phrase adressée au lecteur : « Adieu donc, applaudissez, vivez en joie, et buvez sec, illustres adeptes de la Folie. » Magnifique !

Un grand texte humaniste et impertinent, d’une grande liberté d’expression, anticonformiste au possible, qui connut un immense succès à l’époque de sa parution, et que l’on lira tel un entremet avec délectation, même si certains passages touchent à l’ennui par leur longueur. Un exercice à haut risque que cet ouvrage provocateur plein d’insolence qui surprit nombre de ses contemporains, en des temps où l’hérésie se voyait condamner durement, temps de schismes et chasse aux sorcières. On peur supposer qu’en demandant l’assentiment de son amis Thomas More qui faisait alors autorité, Érasme cherchait une justification, une protection. Car oser ouvertement s’opposer aux excès mondains d’alors de la religion et de l’Église chrétienne tout en dénonçant le dogmatisme ainsi que le fanatisme religieux de son époque, aurait pu valoir le pire à l’écrivain. D’ailleurs en 1545 lors du Concile de Trente, le livre fut comme l’ensemble de son œuvre mis à l’index. Cela n’a pas nui à sa popularité, bien au contraire.

On a pu dire à juste raison que ce petit livre subversif écrit en 1509 fut un texte fondateur de l’humanisme européen.













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Éloge de la folie

Après la lecture de la bio d’Érasme par Stefan Zweig, voilà l’un des livres d’Érasme les plus célèbres, très grand texte mais texte court, bourré d’humour d’ironie et de bon sens, écrit vers 1500 mais étonnamment actuel dans le fond, pétri de références à Homére dans la forme : Éloge de la folie ! Incroyable rencontre tellement jubilatoire !!
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Éloge de la folie

Il s'agit d'une thèse humoristique, rédigée en latin de manière volontairement savante, truffée à dessein de locutions grecques, découpée en 68 articles. Érasme y fait parler la déesse de la Folie et lui prête une critique acerbe des diverses professions et catégories sociales, notamment les théologiens, les maîtres, les moines et le haut clergé mais aussi les courtisans dont nous avons une satire mordante. Il existe une référence directe au genre au chapitre LX :

« Mais il n'est pas dans mon sujet d'examiner la vie des papes et des prêtres, j'aurais l'air de composer une satire au lieu de mon propre éloge, et l'on pourrait croire qu'en louant les mauvais princes j'ai l'intention de censurer les bons. »

Cette citation illustre bien le ton de l'oeuvre, où la Folie fait son propre éloge, mais un éloge transformé par Érasme en une véritable satire. Cette technique permet de surprendre le lecteur, d'affiner la dénonciation des travers de ses contemporains, et de rendre son propos plus efficace. Cet auteur a excellé dans le genre satirique. Ainsi, il est l'auteur des Colloques : une satire piquante des moeurs de son époque qui souligne son esprit indépendant. Mais dans L'Éloge de la Folie, la satire s'élargit et dépasse l'époque de son auteur pour atteindre la société humaine en général.
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Éloge de la folie

Érasme est avant tout homme de la renaissance, il a pour seul intérêt, seule vraie passion l'homme, le spectacle des hommes qui l'entourent. Il le veut plus libre et surtout plus sincère. Il revêt donc le visage de la folie plaidant sa cause. C'est par l'ironie souvent criante de vérité que dégage cette plaidoirie, qu'il s'en prend à toutes les incongruités de son siècle : superstitions, orgueil, lâcheté et avant tout l'hypocrisie ambiante des courtisans et du pouvoir religieux.)

Ironie et paradoxe sont donc les clés de cet ouvrage car l'humaniste de Rotterdam, qui se veut sage et philosophe, ne cesse de prétendre que les fous sont les plus heureux des hommes. D'autre part, il semble timidement ressortir de l'ouvrage que le bonheur humain n'est pas inconciliable avec une foi sincère.

Mais je n'aurais rien dit sur Érasme, rien d'important en tout cas, si je ne soulignais pas cet appétit de paix autant sociale qu'entre états, qui marque aussi l'avènement de l'esprit de la Renaissance.



Je me permettrais d'ajouter que la traduction de Claude Barousse rend le texte d'une lecture des plus agréables et contemporaines... on le croirait écrit hier tant dans le style que dans son propos.
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Éloge de la folie

Pour les 555 ans de la naissance d'Erasme, la Maison d'Erasme, entendez le musée en quoi consiste aujourd'hui la maison où il a vécu brièvement à Bruxelles, a organisé une série de conférences. Je n'ai pu assister qu'à celle consacrée aux colloques, qui devraient être réédités. J'ai été tellement enthousiasmée par l'actualité et la modernité des extraits cités, que j'ai couru acheter L'Eloge de la folie.



Car là où j'imaginais que la traduction du latin allait être pesante et ennuyeuse à lire, c'est tout le contraire. L'oeuvre de traduction souligne au contraire que ce texte est loin d'être démodé. On a de la peine à croire du reste que ce texte n'ait pas été mis à l'index du temps d'Erasme, tant il est irrévérencieux. Mais quel humour ! Et quelle perspicacité, quelle intelligence !



Je me suis régalée.



Et soyons fous effectivement !
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Eloge de la folie / L'Utopie : Suivi de la ..

L’Eloge de la Folie d’Erasme est une œuvre polémique : nous sommes en 1509: Erasme, après avoir passé dix mois comme correcteur d'imprimerie à Venise chez Alde Manuce, circulé dans toute l'Allemagne et l'Italie, visité Rome que le "gigantisme" des papes reconstruit, rentre à Londres chez son ami Thomas More. Sans doute espérait-il beaucoup du nouveau roi Henri VIII dont ses amis "humanistes" étaient les conseillers.Voilà l'intégrale de "Léloge de la folie" qui lui a permis de critiquer la société de son époque en mettant les mots dans la bouche d'un fou. Asticieux !
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Les Adages

On apprend beaucoup de choses sur l'Antiquité (et souvent des détails auxquels on n'aurait guère prêté attention), mais aussi sur la façon dont les Humanistes se réapproprient ces savoirs, débattent des variantes des textes antiques, etc.

On peine à imaginer la travail d'érudition qu'il a fallu à Erasme pour collationner ces adages et leurs sources. En creux se forme aussi le portrait de cet humaniste et de sa pensée. La critique des princes et de leurs guerres est intéressante, ainsi que ses tentatives de faire des liens entre les textes chrétiens et la culture antique.



Cette édition bilingue est le résultat d'une traduction collective, qui a nécessité un travail immense. Cependant, les erreurs dans la traduction ne sont pas rares, même si elles sont souvent mineures.
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Eloge de la folie - La Lettre d'Erasme à Dorp..

Les crises de mélancolie dont est sujet Erasme le pousse à passer de longues heures enfermé dans des bibliothèques, il médite sur le sens de la vie et de la mort qui le hante, son désir est de concilier et compléter les études religieuses et les lettres classiques. Son activité intellectuelle est intense, et malgré une profonde répulsion à l'égard de la théologie scolastique, cet éminent humaniste cherche avant tout à défendre le libre arbitre de la tolérance contre laquelle ses ennemis s'élèvent...

Beaucoup estiment qu'une vérité blesse les oreilles délicates par le mordant de celle-ci, et parler librement oui! tout en prenant soin de ne pas trop choquer son adversaire? Le monde d'aujourd'hui est différent certes! Mais la folie ordinaire des hommes ne cesse de faire couler beaucoup d'encres, nos oreilles, ainsi que nos choix de lectures s'en accommodent à cette folie nécessaire à la vie, dont Érasme a su si bien décortiquer les méandres à une époque où l'église régnait en maîtresse absolue: elle faisait tomber les foudres de la papauté sur les éléments novateurs et surtout provocateurs: quoique Érasme soutenu par le pape lui conseillant avec paternalisme et discrétion de se retirer de la vie publique pour la sobriété de son âme...À méditer.
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Éloge de la folie

Erasme me poursuit depuis des dizaines d’années. Il était là chez moi, discret. Tout le monde le citait, non pas pour son côté aventurier très prudent, mais pour son influence sur la Réforme et sa philosophie proche de celle de Montaigne. Ses écrits faisaient partie de ceux que je remettais à plus tard, craignant courageusement de n’y rien comprendre et de m’y ennuyer…

Suis-je devenu soudainement insensé ? J’ai osé. J’ai lu. Je lis…et j’ai trouvé un maître et un plaisir jouissif à le lire et le suivre.
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Eloge de la folie - La Lettre d'Erasme à Dorp..

"Comment Érasme a-t'il fait pour ne pas finir au bûcher ?!"

Voila la question que je me suis posé en lisant ce livre.



Érasme se cache derrière la déesse de la Folie pour tisser un long monologue dans lequel elle fait une mise au point salée de l'état de l'humanité.

Le ton est à la satire acerbe, les cibles sont nombreuses et le message virulent.

Tout le monde en prend pour son grade, mais les érudits et le clergé, tournés en ridicule et mis en face de leurs contradictions, se font tirés dessus à boulets rouges.



Le texte à un coté hédoniste car il prône la jouissance de la vie des insouciants en opposition à la tristesse des intellectuels.



Cet éloge est également un pamphlet qui charge

l'hypocrisie de l'église et l'excès de bigoterie de ses croyants. Avoir écrit ça au début du XVIème siècle impose le respect.



Vous l'aurez compris, ce livre m'a plu car unique et réjouissant.

Les seul bémols qui entache sa lecture sont sa forme monolithique et le foisonnement de références.
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Éloge de la folie

Il faut bien évidemment lire l’ « Eloge de la folie » comme une satire volontairement outrancière et provocatrice destinée à provoquer un électrochoc dans les mœurs de son époque.



Qualifié de philosophe humaniste, Erasme était en réalité lui même un prêtre théologien et un fin connaisseur des philosophes antiques qu’il avait beaucoup étudiés.



Rejetant en apparence toute sophistication théorique, tout artifice philosophique ou théologique, Erasme prône donc un retour à une vie plus simple fondée sur les plaisirs de la nature (avec leurs excès) tout en se référant aux textes des Evangiles, qu’il juge plus en accord avec la nature humaine.



Même si j’ai beaucoup apprécié le style brillant, agréable, fluide et souvent très drôle d’Erasme, il m’a été difficile de voir tournés en ridicule Platon, Aristote et Sénèque, philosophes que j’admire beaucoup.



Le livre d’Erasme repose donc la question fondamentale de savoir si l’homme doit se laisser gouverner par la folie de ses passions ou par ses capacités intellectuelles qui le poussent à la réflexion et à la sagesse.



Être corporel mais néanmoins pensant et capable d’abstraction, l’homme ne peut pour moi se soustraire à aucune de ces deux influences.
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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Éloge de la folie

J'ai lu du 16/11/2020 au 20/01/2021.



Comment expliquer que cela m'a pris des mois pour une petite lecture ? J'ai voulu le relire 3 fois pour ne pas louper une seule interprétation ou sous-entendu.

Je dois dire que j'ai beaucoup apprécié cette lecture même si j'ai décroché par moment mais je suis revenue en charge.

Erasme nous dresse une satire sur la religion de son temps mais aussi sur l'humanité de manière générale en faisant une allégorie de la Folie. Ce livre est riche en références, il requiert un sacré bagage littéraire pour comprendre toutes les références ou bien les sous-entendus. Oui, il y a des sous-entendus, oui, Erasme se moque mais il nous pousse à la réflexion sur la notion de folie, il argumente ses propos avec des exemples.

Outre cela, nous avons l'impression qu'il y a un désordre pour représenter la folie mais il y a de l'ordre dans ce désordre qui est intéressant.

C'est une petite pépite à lire une fois dans sa vie surtout si vous faites des études de lettres car il vaut le détour.

Je ne peux que vous le recommander.



Ma note : 7/10
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Éloge de la folie

Un plongeon dans le bain culturel de la Renaissance ! Les propos d𠆞rasme sont édifiants pour comprendre ce qui va arriver avec le siècle des Lumières ! Les scolastiques sont remis en cause de manière méthodique par cet homme imbu de savoir de même que les abus d’une Église qui jouit d’un pouvoir redoutable.
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Éloge de la folie

Que dire sur l'éloge de la Folie ? Eloge de l'intelligence en fait, de l'humilité, charge contre les extrémismes de tous ordres : contre les pharisiens quelle que soit leur génération ou religion, contre les amoureux du pouvoir, de l'argent, d'eux-même...

Erasme réussit le tour de force de rester léger, de ne pas paraître aigri tout en s'opposant à tout. Par son humour déjà, par un subtil positionnement entre religions antiques et chrétienne, aussi. Qui lui permet de filer entre les gouttes sans franchir le pont menant de la folie au sérieux et qui le ferait devenir la caricature de ce qu'il oppose. Mais aussi en ne ménageant pas ses mots contre les savants gorgés de lectures et de références, au cours de ce texte si érudit qu'il en deviendrait pédant...

Pédant si son fond, si son propos n'étaient pas si magistraux.

A lire avant de mourir, et de préférence suffisamment longtemps avant pour pouvoir s'en servir un petit peu.
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Éloge de la folie

Lecture complexe, bourrée de références que je ne pouvais pas toutes saisir (malgré les pieds de pages conséquents) qui ont alourdies ma lecture. Cependant, j'en ai tout de même retenu qu'Erasme a pris des risques incroyables afin de publier cet ouvrage, passant pour un hérétiques aux yeux de ses paires, tout ça pour nous dire simplement qu'il faut vivre avec un peu d'humour et de légèreté ! Il y a, certes une critique de la société, mais Erasme rappelle au lecteur que malgré tous les défauts de n'importe quelle tranche de la population (il passe tout de même tout le monde au peigne fin !) il vaut mieux ne pas trop se prendre au sérieux. Bref, pour reprendre ses mots: "pète un coup, frère, la vie, c'est fun!"
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Vers à sainte Geneviève

Avec les "Vers à Sainte Geneviève", le philosophe hollandais Erasme, fait oeuvre poétique, en rendant hommage, à la légendaire sainte Geneviève. On ne peut pas dire que tout soit parfait, dans ces poésies ; il y a de vraies longueurs, et souvent, c'est pompeux. Ce n'est pas toujours émouvant, même si l'évocation très vivante, que fait Erasme, de sainte Geneviève, a su parfois me toucher.

Il y a aussi, dans ce recueil de poèmes, tout le charme de la vieille langue ; j'ai lu une traduction en français, bien entendu, mais le traducteur a eu la bonne idée, de conserver tout le vocabulaire, toute la grammaire, toute l'orthographe de l'ancien français, de telle sorte que l'on trouve ce charme, un peu désuet, qui fait plaisir à voir.

Même si tout n'est parfait dans les "Vers à Sainte Geneviève", Erasme, réussit, globalement, à faire oeuvre poétique, et il faut admettre que le résultat, a un certain charme.
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Adages

LES ADAGES



La Romanée-Conti est un vin quasi introuvable, hors de prix, honoré par les amateurs comme un des plus grands crus existants à ce jour....En boire une bouteille relève du rêve, un verre de l'espérance, une gorgée du possible.



Il en va de même pour les Adages...



Les Belles Lettres ont donné au Lecteur une version "bibliophile" (426 euros), une version "mineure" (199 euros) et une version " florilège" (19 euros), cette dernière éditée pour le centenaire de la Très Vénérable Maison "Guillaume Budé".



Erasme de Rotterdam (1466-1536) a travaillé à la recension, au sourçage et aux commentaires de 4151 adages extraits de tous les textes gréco-latins retrouvés "in extenso" ou cités dans d'autres textes. La bibliothèque d'Alde Manuce (1449-1515), imprimeur vénitien auquel les Lettrés, des Humanistes, des Mangeurs de Livres doivent tant, a servi de base bibliographique.



Le Florilège, élaboré par Jean-Christophe Saladin qui a coordonné les deux éditions intégrales, est extraordinaire de fraîcheur, de verve, d'intelligence, de finesse....18 adages, trois longs ("Hate toi lentement", "Les travaux d'Hercule", "La guerre paraît douce à ceux qui n'en ont pas l'expérience"), 15 courts ou moyens ("Faire, le poulpe", "Tondre un chauve", "Souffler le chaud et le froid"....)....



Les Adages les moins commentés sont époustouflants de spiritualité ironique et souriante. Les 3 grands textes offrent l'occasion unique de rencontrer un très grand penseur, pacifique et pacifiste, partisan de l'entente, ami de l'amitié, et raisonnable au sens où on l'entendra au XVIIIème siècle.



Son esprit de Tolérance, son sens de la mesure ("Festina lente-Hâte toi lentement), son goût pour l'étude, son plaidoyer pour le respect des humains détonnent dans un monde déjà très violent, bourré de nuages noirs porteurs des querelles religieuses les plus sauvages.



Son discours sur la Paix touche autant qu'il interpelle et fait de lui l'Anti-Machiavel. Notons que ce texte lui aurait valu le pilori et/ou le bûcher en des siècles plus obscurs.



Enfin à travers "Les Travaux d'Hercule", Il répond de façon moqueuse aux critiques dont son extraordinaire labeur a fait l'objet à l'époque.



Le Concille de Trente mît l'ouvrage à l'Index en 1559. Il ne pouvait en être autrement ("Erasme a pondu les oeufs que Luther a couvés"). Luther accusera Erasme d'impieté ("Du bist nicht fromm"..."Tu n'es pas pieux "!). Aux Temps Obscurs, crier "haro " sur celles et ceux qui aspirent à l'acceptation des uns et des autres scelle l'ouverture de la chasse aux sorcières....



Aujourd'hui Erasme reste ce Géant dont un programme universitaire européen porte le nom. Il ne pouvait aussi en être autrement. Faciliter les échanges intellectuels dans un monde pacifique ouvert et tolérant lui aurait, sans aucun doute, convenu.



Je concluerai sur ceci : il existe des Grandes Femmes et des Grands Hommes qui honorent le genre humain (qui ferait bien de les honorer et de modeler, un tant soit peu, leur conduite sur leurs préceptes-au moins, essayer)...Leur Pensée ne vieillit pas. Elle est toujours d'actualité. Il suffit de lire pour s'en rendre compte. Un grand merci à celles et ceux qui s'y collent et nous donnent accès à ces textes qu'on devrait étudier assez tôt dans les collèges et lycées. Une bonne semence trouve toujours un terrain où pousser....
Lien : https://www.babelio.com
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Éloge de la folie

Et on prétend qu'on ne savait pas se marrer à l'orée du XVIe s. !

L'auteur nous parle du monde à travers le prisme de la Folie.

Érudition dans le fond et comique dans la forme. Une alliance qui fait le tour de force d'Erasme.

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