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Citations de Erckmann-Chatrian (189)


Nous avions mille peines à traverser cet encombrement, lorsque tout à coup, en approchant de Kohlgarten, une vingtaine de hussards arrivant ventre à terre et le pistolet levé firent rebrousser la foule à droite et à gauche dans les champs. Ils criaient d'une voix éclatante :
"L'empereur! l'Empereur!"
Aussitôt le bataillon se rangea, présentant les armes au bas de la chaussée, et, quelques secondes après, les grenadiers à cheval de la garde, - de véritables géants, avec leurs grandes bottes, et leurs immenses bonnet à poil qui descendaient jusqu'aux épaules, ne laissant voir que le nez, les yeux et les moustaches, - passèrent au galop, la poignée du sabre serrée sur la hanche. Chacun était content de se dire : "Ceux-là sont avec nous... ce sont de rudes gaillards!"
A peine avaient-ils défilé, que l'état-major parut... Figurez-vous cent cinquante à deux cents généraux, maréchaux, officiers supérieurs ou d'ordonnance, - montés sur de véritables cerfs, et tellement couverts de broderies d'or, qu'on voyait à peine la couleur de leur uniforme ; - les uns grands et maigres, la mine hautaine ; les autres courts, trapus, la face rouge ; d'autres plus jeunes, tout droits sur leurs chevaux comme des statues, avec des yeux luisants et de grands nez en bec d'aigle : c'était quelque chose de magnifique et de terrible!
Mais ce qui me frappa le plus, au milieu de tous ces capitaines qui faisaient trembler l'Europe depuis vingt ans, c'est Napoléon avec son vieux chapeau et sa redingote grise ; je le revois encore passer devant mes yeux, son large menton serré et le cou dans les épaules. Tout le monde criait ; "Vive l'Empereur!" - Mais il n'entendait rien... il ne faisait pas plus attention à nous qu'à la petite pluie fine qui tremblotait dans l'air... et regardait, les sourcils froncés, l'armée prussienne s'étendre le long de la Partha, pour donner la main aux Autrichiens. Tel je l'ai vu ce jour-là, tel il m'est resté dans l'esprit.
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Cette lettre fut une grande consolation pour nous tous.
Et quand je songe que nous étions alors le 8 avril et que bientôt allaient commencer les batailles, je la regarde comme un dernier adieu du pays pour la moitié d'entre nous : - plusieurs ne devraient plus entendre parler de leurs parents, de leurs amis, de ceux qui les aimaient en ce monde.
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Tout cela, comme le disait le sergent Pinto, n'était encore que le commencement de la fête, car la danse allait venir.
En attendant nous faisions le service de la citadelle avec un bataillon du 27e, et, du hauts des remparts, nous voyions tous les environs couverts de troupes, les unes au bivac, les autres cantonnées dans les villages.
Le 18, en revenant de monter la garde à la porte de Warthau, le sergent qui m'avait pris en amitié me dit :
"Fusilier Bertha, l'Empereur est arrivé."
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Nous eûmes mille peines à entrer sous la voûte de la mairie, et à grimper le vieil escalier de chêne, où les gens montaient et descendaient comme une véritable fourmilière. Dans la grande salle en haut, le gendarme Kelz se promenait, maintenant l'ordre autant que possible. Et dans la chambre du conseil, à côté, - où se trouve peinte la Justice un bandeau sur les yeux, - on entendait crier les numéros. De temps en temps un conscrit sortait, la face gonflée de sang, attachant son numéro sur son bonnet, et s'en allant la tête basse à travers la foule, comme un taureau furieux qui ne voit plus clair, et qui voudrait se casser les cornes au mur. D'autres, au contraire, passaient pâles comme des morts.
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C'est le 15 septembre 1812 qu'on apprit notre grande victoire de la Moskowa. Tout le monde était dans la jubilation et s'écriait : "Maintenant nous allons avoir la paix... maintenant la guerre est finie..."
Quelques mauvais gueux disaient qu'il restait à prendre la Chine ; on rencontre toujours des être pareils pour désoler les gens.
Huit jour après, on sut que nous étions à Moscou, la plus grande ville de Russie et la plus riche ; chacun se figurait le butin que nous allions avoir, et l'on pensait que cela ferait diminuer les contributions. Mais bientôt le bruit courut que les Russes avaient mis le feu dans leur ville, et qu'il allait falloir battre en retraite sur la Pologne, si l'on ne voulait pas périr de faim. On ne parlait que de cela dans les auberges, dans les brasseries, à la halle aux blés, partout ; on ne pouvait se rencontrer sans se demander aussitôt : "Eh bien... eh bien... ça va mal... la retraite a commencé!"
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Ces lanciers étaient des polonais, les plus terribles soldats que j'aie vus de ma vie , et pour dire les choses comme elles sont, nos amis et nos fréres. Ceux-lâ n'ont pas tourné casaque au moment du danger, ils nous ont donné jusqu'â la derniére goutte de leur sang.. et nous , qu'est ce que nous avons fait pour leur malheureux pays ? ... quand je pense à notre ingratitude, cela me crêve le coeur !
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Voila à quoi la discipline terrible de Napoléon avait réduit tous ces vieux capitaines : ils obéissaient comme des machines et ne s'inquiétaient de rien autre, dans la crainte de dèplaire au maître !...
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L'Empereur n'aime que la guerre ! Il a déja versé plus de sang pour donner des couronnes à ses fréres, que notre grande Révolution pour gagner les Droits de l'Homme.
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La guerre ! ... ceux qui veulent la guerre, ceux qui rendent les hommes semblables à des animaux féroces, doivent avoir un compte terrible àrégler là-haut !...
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On aurait cru que la vie des hommes ne coûtait rien.
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Lorsque mon père, Nicolas Clavel, bûcheron à Saint-Jean-des-Choux, sur la côte de Saverne, mourut au mois de juin 1837, j’avais neuf ans. Notre voisine, la veuve Rochard, me prit chez elle quinze jours ou trois semaines, et personne ne savait ce que j’allais devenir. La mère Rochard ne pouvait pas me garder ; elle disait que nos meubles, notre lit et le reste ne payeraient pas les cierges de l’enterrement, et que mon père aurait bien fait de m’emmener avec lui.
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La gloire des uns est aussi grande que celle des autres. Voilà pourquoi, quand on parle d'Austerlitz, d'Iéna, de Wagram, il n'est pas question de Jean-Claude ou de Jean-Nicolas mais de Napoléon seul ; lui seul risquait tout, les autres ne risquaient que d'être tués.
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Ceux qui n'ont pas vu la gloire de l'Empereur Napoléon dans les années 1810, 1811, et 1812 ne sauront jamais à quel degré de puissance peut monter un homme.
Quand il traversait la Champagne, la Lorraine ou l'Alsace, les gens, au milieu de la moisson ou des vendanges, abandonnaient tout pour courir à sa rencontre ; il en arrivait de huit ou dix lieues : les femmes, les enfants, les vieillards se précipitaient sur sa route en levant les mains, et criant : Vive l'Empereur! Vive l'Empereur! On aurait cru que c'était Dieu ; qu'il faisait respirer le monde, et que si par malheur il mourait, tout serait fini.
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Les moines font leur métier...Quand on n'a rien, qu'on ne produit rien et qu'on ne gagne rien, il faut mendier ou voler pour vivre. On fait alors de la mendicité une vertu chrétienne, et quand la mendicité ne suffit pas, eh bien, on tâche de happer le héritages du prochain.
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C'est à cet état d'abrutissement que les a réduits la caste de leurs prêtres, toujours avec les vainqueurs, jamais avec les vaincus; soutenant l'envahisseur dès qu'il avait le dessus, partageant avec lui le pouvoir et ses jouissances; invoquant Dieu pour asservir davantage les victimes et leur ôter le courage de se révolter, de reconquérir leur indépendance, leur dignité.
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Le lendemain, la nouvelle de l’entrée des alliés à Paris était affichée aux portes de l’église et aux piliers de la halle. On n’a jamais su par qui. Dans ce temps on parla de M. de la Vablerie et de trois ou quatre autres émigrés, capables d’avoir fait le coup, mais rien n’était certain.
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Étant donc montés sur le talus, nous vîmes d’où venait l’attention de ce monde. Tous les ennemis, Autrichiens, Bavarois, Wurtembergeois, Russes, cavalerie et infanterie, mêlés ensemble, se répandait autour de leurs retranchements comme des fourmilières, s’embrassant, se serrant la main, levant les shakos au bout des baïonnettes, agitant des branches d’arbres, qui commençaient à verdir.
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Tout leur grand génie et toutes leurs grandes idées de gloire ne sont rien, car il n'y a qu'une chose pour laquelle un peuple doit marcher, c'est quand on attaque notre Liberté, comme en 1792 ; alors on meurt ensemble ou l'on gagne ensemble.

la victoire n'est pas pour quelques uns , elle est pour tous. Voilà, la seule guerre juste, toutes les autres sont honteuses.
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Ceux que tu n'as pas vus revenir sont morts, comme des centaines et des centaines de mille autres mourront car l'Empereur n'aime que la guerre.
Il a déjà versé plus de sang pour donner des couronnes à ses frères, que notre grande Révolution pour gagner les Droits de l'Homme.
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Bien des gens ont raconté l’histoire de la grande révolution du peuple et des bourgeois contre les nobles, en 1789. C’étaient des savants, des hommes d’esprit, qui regardaient les choses d’en haut. Moi, je suis un vieux paysan et je parlerai seulement de nos affaires. Le principal, c’est de bien veiller à ses propres affaires ; ce qu’on a vu soi-même, on le sait bien ; il faut en profiter.
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