Les Noix, la Mouche, le Citron de
Groupe Kirin aux éditions Picquier Poche
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Le voyageur entra dans la boutique. “Avez-vous des friandises aux noix ?” Il avait l’intention de rapporter un souvenir. La jolie personne qui lui répondit portait l’épais chignon des femmes mariées, très lisse, orné de soie rose. “Oui, Monsieur.” Sa taille élancée semblait d’autant plus svelte qu’elle avait soigneusement arrangé son kimono… La fente des manches, tournée vers l’intérieur comme dans le costume des poupées, laissait à peine entrevoir le rouge vif du sous-kimono. Le col neuf, sans doute en mousseline de laine, à motifs de fleurs sur fond mauve, croisait très haut, ce qui lui donnait ce port fragile, et même mélancolique, particulier aux femmes nées dans les neiges.
(Les Noix glacées d'Izumi Kyôka)
Fronçant les sourcils d’un air sombre, Wei Cheng se mit à arpenter d’un pas de plus en plus rapide le banc de sable où rampait l’ombre de la nuit. Pendant ce temps, les eaux de la rivière gagnaient peu à peu, pouce à pouce, pied à pied, le banc de sable, tandis que l’odeur d’algue et d’eau qui montait de la rivière commençait, glaciale, à coller à sa peau. Il leva les yeux : là-bas, au-dessus du pont, la lumineuse clarté du soleil couchant s’était déjà éteinte, et seuls les balustres du parapet de pierre, tout noirs, hachuraient en lignes nettes le ciel bleui de nuit. Mais la femme ne vient toujours pas.
(La Foi de Wei Cheng de Akutagawa)
Cet adolescent aussi a eu sa part d'épreuves, il a eu l'oreille presque arrachée par le souffle de la bombe de Hiroshima - elle pendait, un infirmier lui a fait un simple bandage pour la maintenir, et par chance, elle s'est recollée normalement - aujourd'hui encore, il passe sa main dans ses cheveux fins et dociles, comme pour se rassurer, et pourtant à chaque fois, ses yeux se dilatent d'angoisse.
Maintenant le prunier près de l'auvent couvre la pièce de son ombre verte.
- Où allons-nous?
SATA Ineko, L'achat d'un pantalon, 1951
En ce jour de plein été, le relais était désert. Dans un coin de l’écurie obscure, prisonnière d’une toile d’araignée, une mouche aux yeux énormes se balançait – seul et unique mouvement – tout en déchirant la toile de ses pattes arrière. Et ploc ! Elle dégringola comme un petit pois. Profitant alors d'une paille dont l'extrémité pointait au travers du tas de crottin, elle grimpa jusque sur le dos du cheval mis à cru.
(La Mouche de Yokomitsu Riichi)
La fin de l'année était toute proche, et là, quelque part à Yokohama, dans ce petit troquet, baraque montée au milieu des ruines, tous les clients qui entraient se projetaient en silhouettes chancelantes sur les parois de la caverne, et dès que les ombres se figeaient, aplaties, sans que l'on pût distinguer les traits des visages, sans qu'aucun bruit s'élevât, elles remuaient, qui les lèvres, qui les mains. J'étais moi-même une de ces ombres et, allumant une cigarette, j'allais m'asseoir sur un siège branlant, dans un coin de la pièce.
(Jun Ishikawa - "Ôgon Densetsu")
On pourrait peut-être s'interroger sur la représentativité de récits aussi brefs mais il faut voir que la nouvelle était, et reste encore de nos jours, une des formes d'expression favorite des écrivains japonais et que pratiquement tous l'ont abondamment pratiquée. D'ailleurs, au Japon, la nouvelle ne se distingue pas clairement du roman et, des auteurs que nous présentons, nombreux sont ceux qui doivent leur gloire à leur maîtrise de cette forme courte.
Elle se renversa en arrière.L'agitation de ses doigts en quête d'une priseoù s'aggriper faisait penser à une nuée immaculée de grues d'origami, s'envolant des manches de papier crépon rouge , dans l'azur du plafond.