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Citations de Kurt Vonnegut (312)


Je mets à profit mon temps d’attente. J’en apprends sur des patrons idiots et des boulots que je n’aurai jamais, et sur des endroits du monde que je ne verrai jamais, et sur des maladies que j’espère ne jamais contracter, et sur différentes sortes de chiens que des gens ont possédées, et ainsi de suite. Par le biais d’un ordinateur ? Non. Par le biais de l’art qui s’est perdu de la conversation.
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Comme je l’ai écrit ailleurs, cet homme est un saint. Je définis un saint comme une personne se comportant avec décence dans une société indécente.
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Dans cette histoire, Trout appelle sa guerre [la seconde guerre mondiale], qui est aussi la mienne, « la seconde tentative de suicide ratée de la civilisation occidentale ».
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Ce n’est donc pas le moins du monde un mystère si nous empoisonnons l’eau, l’air et la surface de la Terre, et si nous construisons des armes apocalyptiques toujours plus ingénieuses tant dans le domaine de l’industrie que dans le domaine militaire. Car pour une fois, soyons francs : aux yeux de tous ou presque, la fin du monde ne viendra jamais assez tôt.
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Robert Kennedy dont la maison de vacances est située à quatorze kilomètres de celle où j’habite toute l’année a été atteint d’une balle il y a quarante-huit heures. Il est mort hier soir. C’est la vie.
Martin Luther King a été abattu le mois dernier. Lui aussi est mort. C’est la vie.
Et chaque jour mon gouvernement me communique le décompte des cadavres que l’art militaire fait fleurir au Vietnam. C’est la vie.
Mon père s’est éteint, ça fait des années maintenant, de mort naturelle. C’est la vie. C’était un brave homme. Et un mordu des armes à feu. Il m’a légué ses pistolets. Qu’ils rouillent en paix.
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Que Dieu m'accorde la sérénité d'accepter les choses que je ne peux changer, le courage de transformer celles qui s'y prêtent et la sagesse de savoir toujours les distinguer
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L'Allemagne de l’Ouest demanda poliment au gouvernement des Etats-Unis si je n'étais pas un de ses citoyens. Ils n'avaient aucune preuve dans un sens ou dans l'autre, puisque tous les documents me concernant avaient brûlé pendant la guerre. Si j'étais un de leurs citoyens, disaient-ils, ils seraient tout aussi heureux qu'Israël de m'accueillir dans leurs tribunaux.
Si j’étais allemand, disaient-ils en substance, ils avaient certainement honte de l'Allemand que j’étais.
La Russie soviétique, en des termes brefs qui sonnaient comme des roulements à billes lâchés sur du gravier mouillé, disait qu'un procès n'était pas nécessaire. Un fasciste comme moi, disaient-ils, méritait d'être écrabouillé sous le pied comme une blatte. (p. 135)
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Rosewater avant entreposé une stupéfiante collection de science-fiction en livres de poche sous son lit. Il avait apporté ses bouquins à l'hôpital dans une malle-cabine. Tous ces trésors mal conservés répandaient une odeur qui envahissait la salle entière, celle d'un pyjama de flanelle pas changé depuis un mois ou celle du ragoût de mouton.
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Ce n'est qu'une illusion terrestre de croire que les minutes se succèdent comme les grains d'un chapelet et qu'une fois disparues elles le sont pour de bon.
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C'est une histoire vraie, plus ou moins. Tout ce qui touche à la guerre, en tout cas, n'est pas loin de la vérité. J'ai réellement connu un gars qu'on a fusillé à Dresde pour avoir pris une théière qui ne lui appartenait pas. Ainsi qu'un autre qui menaçait de faire descendre ses ennemis personnels par des tueurs à la fin des hostilités. Et ainsi de suite. Tous les noms sont fictifs.
Je suis bien retournée à Dresde en 1967 avec l'argent de la fondation Guggenheim (que Dieu protège leur fric). Ça ressemblait beaucoup à une quelconque ville de l'Ohio, en plus dégagé. Il doit y avoir des tonnes de farine humaine dans le sous-sol.
(Incipit)
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Je suis fasciné par le fait qu’une carotte et un bâton puissent faire avancer un âne, et que cette découverte futuriste puisse trouver un usage dans le monde des êtres humains.
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Voici comment Billy a perdu sa femme Valencia.

  Il gisait sans connaissance dans la clinique du Vermont après que l'avion se fut embroché sur une montagne, et Valencia, avertie de l'accident, accourait d'Ilium dans la Cadillac familiale, le coupé Eldorado. Elle n'avait plus toute sa tête car on ne lui avait pas caché que Billy mourrait peut-être et que s'il vivait, il n'aurait pas plus de vie qu'une salade.

  Valencia adorait Billy. Elle pleurait et gémissait au volant, tant et si bien qu'elle rata la sortie de l'autoroute. Elle écrasa le frein et une Mercedes l'emboutit par derrière. Il n'y eut pas de blessés, Dieu soit loué, car les deux conducteurs avaient attaché leur ceinture de sécurité. Dieu merci, Dieu merci. La Mercedes n'y laissa qu'un phare. Mais la Cadillac était un rêve érotique pour carrossier. Le coffre et les ailes étaient en bouillie, la malle baillait comme la bouche d'un idiot de village en train d'expliquer qu'il ne connaît rien à rien. Les portières haussaient les épaules. Le pare-chocs était presque vertical. " La présidence à Ronald Reagan ", clamait un placard qui y adhérait encore. La lunette arrière s'étoilait. L'échappement portait sur la chaussée.

  Le propriétaire de la Mercedes sortit pour s'assurer que Valencia n'était pas blessée. Elle dévidait des mots sans suite, Billy, l'avion qui capote ; puis elle engagea son levier de vitesse et fit demi tour en abandonnant son pot d'échappement.

  Quand elle arriva à la clinique, les gens se précipitèrent aux fenêtres, intrigués par tout ce bruit. La Cadillac, veuve de ses deux silencieux, grondait comme un bombardier lourd regagnant sa base, soutenu par une seule aile et les prières ferventes du pilote. Valencia coupa le moteur et s'affaissa sur le volant pendant que le klaxon, coincé, se mettait à hurler. Un médecin et une infirmière dévalèrent au pas de course pour déterminer la cause de ce raffut. La pauvre Valencia était sans conscience, vaincue par les gaz d'échappement. Elle avait le teint bleu azur.

  Une heure plus tard, elle trépassait. C'est la vie.
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Je présume que l'essentiel a été dit au cours de vos quatre années ici et que vous n'avez nullement besoin de moi. C'est heureux pour moi. Je n'ai qu'une chose à dire fondamentalement: C'est la fin, c'est bel et bien la fin de l'enfance. "Désolé !" comme on disait à la guerre du Vietnam.
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Kilgore Trout avait un jour écrit une nouvelle sous la forme d’un dialogue entre deux morceaux de levure. Ils discutaient des buts éventuels de l’existence tout en absorbant du sucre et en s’étouffant dans leurs excréments. En raison de leur intelligence limitée, ils n’en venaient jamais à se douter qu’ils étaient en train de fabriquer du Champagne.

Kilgore Trout once wrote a short story which was a dialogue between two pieces of yeast. They were discussing the possible purposes of life as they ate sugar and suffocated in their own excrement. Because of their limited intelligence, they never came close to guessing that they were making champagne.
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– Bill, dit-il, je t’aime vraiment beaucoup, et en grand ponte de l’univers que je suis, je vais exaucer tes trois vœux les plus chers.
Il ouvrit la porte de la cage, chose dont Bill aurait été incapable même dans ses rêves les plus fous.
Bill s’envola et alla se poser sur le rebord de la fenêtre. Il posa sa petite épaule contre la vitre. Il n’y avait qu’une mince épaisseur de verre entre Bill et le plein air. Bien que Trout travaillât dans la fenêtre anti-tempête, son humble demeure n’en avait point.
– Ton deuxième vœux est sur le point d’être exaucé, dit Trout, et de nouveau il fit quelque chose dont Bill aurait été incapable.
Il ouvrit la fenêtre. Mais l’ouverture de la fenêtre fut une affaire si terrifiante pour la perruche que celle-ci fila se réfugier dans sa cage.
Trout referma la porte de la cage et la verrouilla.
– Je n’ai jamais vu quiconque faire un usage aussi intelligent de ses trois vœux, dit-il à l’oiseau. Tu t’es arrangé pour qu’il te reste un vœu qui en vaille la peine… sortir de la cage.

“Bill,” he said, “I like you so much, and I am such a big shot in the Universe, that I will make your three biggest wishes come true.” He opened the door of the cage, something Bill couldn’t have done in a thousand years.
Bill flew over to a windowsill. He put his little shoulder against the glass. There was just one layer of glass between Bill and the great out-of-doors. Although Trout was in the storm window business, he had no storm windows on his own abode.
“Your second wish is about to come true,” said Trout, and he again did something which Bill could never have done. He opened the window. But the opening of the window was such an alarming business to the parakeet that he flew back to his cage and hopped inside.
Trout closed the door of the cage and latched it. “That’s the most intelligent use of three wishes I ever heard of,” he told the bird. “You made sure you’d still have something worth wishing for—to get out of the cage.”
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J’ai tendance moi aussi à considérer les êtres humains comme de gros tubes à essai, en matière plastique, remplis à l’intérieur de substances chimiques en réaction.
J’ai vu, dans mon enfance, des tas de gens qui avaient des goitres. Dwayne Hoover, le vendeur de Pontiac qui sera le héros de cette histoire, en a certainement vu lui aussi. Ces pauvres habitants de la Terre sont affligés d’enflures de la thyroïde si prononcées qu’on dirait que des zucchinis leur poussent dans la gorge.
Afin d’être à même de vivre comme tout le monde, il ne leur restait qu’une chose à faire : absorber chaque jour une dose d’iode d’un millionième de cm3.
Ma mère elle-même s’est démoli le cerveau à force d’absorber des somnifères qui étaient censés lui procurer des nuits calmes.
Quand je me sens déprimé, j’avale une petite pilule et je me trouve de nouveau en forme.
Et ainsi de suite.
C’est pourquoi, quand je crée un personnage de roman, je suis fortement tenté de penser qu’il est comme il est à cause de petites erreurs de connexion, ou du fait des quantités microscopiques de substances chimiques qu’il a avalées, ou oublié d’avaler, justement ce jour là.

I tend to think of human beings as huge, rubbery test tubes, too, with chemical reactions seething inside. When I was a boy, I saw a lot of people with goiters. So did Dwayne Hoover, the Pontiac dealer who is the hero of this book. Those unhappy Earthlings had such swollen thyroid glands that they seemed to have zucchini squash growing from their throats.
All they had to do in order to have ordinary lives, it turned out, was to consume less than one-millionth of an ounce of iodine every day.
My own mother wrecked her brains with chemicals, which were supposed to make her sleep.
When I get depressed, I take a little pill, and I cheer up again.
And so on.
So it is a big temptation to me, when I create a character for a novel, to say that he is what he is because of faulty wiring, or because of microscopic amounts of chemicals which he ate or failed to eat on that particular day.
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- Oui ! Un jour, il m'a mise au défi de lui dire une chose qui soit absolument vrai. Alors, je lui ai dit :"Dieu est Amour."
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Alors elle se tourna vers moi pour montrer sa colère. 'Vous étiez des bébés à l'époque', dit-elle.
'Quoi?', dis-je.
'Vous étiez des bébés pendant la guerre!'.
J'opinai, c'était vrai. Nous avions été des comme des vierges folles pendant la guerre, étant à la fin de notre enfance. 'Mais vous n'allez pas le raconter de cette façon-là, n'est-ce pas'.
Ce ne fut pas une question. Ce fut une accusation.
'Je ... je ne sais pas', dis-je.
'Et ben, moi je sais', dit-elle. 'Vous allez faire semblant d'avoir été des hommes au lieu de bébés, et vous allez être interprétés au cinéma par Frank Sinatra et John Wayne ou par un autre sale vieil homme glamour qui adore la guerre. Et la guerre aura l'air géniale, et alors il y en aura d'autres. Dans lesquelles se battront d'autres bébés.'
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 J’ai donc levé la main droite pour lui faire une promesse : — Mary, je suppose que mon fameux roman ne sera jamais terminé. Je dois avoir à ce jour écrit cinq mille pages que j’ai toutes jetées au panier. Mais si j’en viens à bout, je vous donne ma parole d’honneur qu’il n’y aura pas de personnages à la Frank Sinatra ou à la John Wayne.
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Déjà à cette époque, j’étais censé écrire sur Dresde. Ce n’était pas cette opération aérienne-là qui avait la vedette aux États-Unis en ce temps-là. Par exemple, très peu d’Américains se rendaient compte que cela avait été beaucoup plus meurtrier que Hiroshima. Je n’en étais pas conscient non plus. On n’avait pas fait beaucoup de battage. . . C’est alors que j’ai écrit à l’Armée de l’Air pour avoir des détails sur le bombardement de Dresde : qui en avait donné l’ordre, combien d’avions y avaient pris part, quelle en était la raison, quel bien en avait-on tiré, etc. Le monsieur qui accusa réception de ma lettre était, comme moi, chargé de relations. Il exprimait ses regrets, mais les renseignements demeuraient hautement confidentiels. J’ai lu sa réponse à haute voix à ma femme, et j’ai explosé : — Confidentiels ? Pour qui, bon Dieu ?
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