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Citations de Milarépa (108)


Il n'y a pas plus cent mille chants (mgur-'bum) ici qu'il n'y a cent mille mots (bka'-'bum, autre terme pour désigner le Namthar) dans la biographie. Le nombre, extrême, suggère la profusion* de l’œuvre, son infinie richesse. Pourtant, selon la tradition, les Chants ordonnés par Tsang Nyeun Héruka, ne représentent qu'une infime partie de ceux que Milarépa improvisa tout au long de sa vie.
p. X

* Nous devons ici renvoyer et préciser qu’il en est de même quand aux fameux “cinq-cent-mille” de la pratique dite des « quatre préliminaires », qui dans un contexte de vie laïque en occident avec ses contraintes de vie, ne peut être entendu autrement … !
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INSTRUCTIONS POUR DES FILLES DE DEVAS

Je me prosterne aux pieds de Marpa du Lhobrag.
Lama mon père, accordez-moi votre grâce et de divins pouvoirs.

La perfection d'un riz blanc, je l'ai goûtée dans la contemplation.
Il a nourri mon corps ; mes pratiques en ont profité.
Je réponds à votre bonté par un enseignement,
Préparez-vous à une écoute attentive.

Cette position royale des blancs dévas,
Vous l'avez atteinte mais elle est irréelle.

L'amour des jeunes enfants divins
Semble joyeux mais très vite se décompose.

L'imposture des mirages de l'esprit
Accroît la jouissance mais cause la chute.

La souffrance du cycle des six existences,
Si l'on y réfléchit, lève une terrible indignation.

Si donc vous décidiez de pratiquer le noble Dharma,
Implorez les Trois précieux Protecteurs du Refuge !
Songez aux êtres des six mondes comme s'ils étaient vos pères et mères !
Offrez au Guru, distribuez aux indigents !
Dédiez vos mérites à tous les vivants !
Pensez toujours qu'inconnu est le temps de la mort !
Votre corps mêlé à celui de la divinité tutélaire,
Exprimez-vous par le mantra profond !
Méditez la vacuité et la sagesse innée !
En témoin, sans cesse pénétrez votre propre esprit !
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— puis encore … :
... « Jalousie envers les supérieurs, compétition avec les pairs,
Cercle d’offrandes offerts pour seul profit,
Charité pratiquée seulement pour la gloire,
Grand spectacle donnés dans la partialité,
Choses nécessaires fournies pour les profits en retour,
De telles choses ont lieu
Chez les pratiquant prétentieux, hypocrites du dharma.

D’autres qui portent la robe jaune
— petite foi et grande haine,
Avec peu de patience et beaucoup de désirs —
Sont distraits toute la journée par les affaires mondaines,
A en être obsédé de l’aube au crépuscule,
Et plongeant la nuit dans la stupeur du sommeil.

Dehors ils portent la robe jaune,
Mais leur maison sont pleines de biens mal acquis
Et leur “ego” résiste à la meule du dharma !

Ne réalisant pas la vraie nature de leur esprit,
De leur bouche se déversent des causeries sur la vacuité
Et en compagnie d’ivrognes ils proclament les secrets
Du dharma du profond véhicule des mantras.

Devant les rangs d’érudits
Ils sont assis comme des pigeons muets,
Mais quand ils enseignent le profond dharma,
Ils passent avec adresse à côté du sujet !

Leur vie entière est gaspillé en bavardages stupides.
Lorsqu’ils voient une jolie femme, ils ont un sourire engageant,
Et non satisfait de leur propres petits compagnons,
Il se précipitent vers les lieux fréquentés par les mondaines.

L’esprit aussi raide qu’un arbre desséché,
Le caractère plus rebelle qu’un champ embroussaillé,
Ils ont une foi plus petite qu’un grain de sésame
Et l’attention dispersée au-delà du Tsang !

S’il y a de quoi manger, ils s’agglutinent autour,
Mais trouvent des excuses pour abandonner leurs tâches religieuses.
Devant vous, ils vous encensent et chantent vos louanges,
Mais lancent des insultes sitôt que vous avez tourné le dos !

De tels compagnons du dharma ayant brisé leurs vœux
Sont cause de renaissance dans les enfers vajra.
C’est pour cela que je suis un yogi errant à l’aventure,
L’esprit s’ébattant dans un pays de béatitude. »
...
p. 141-42
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... « Mon esprit est un vautour sans espoir ni crainte
Qui étend ses ailes de l’union de la méthode et de la connaissance
Et dort sur le roc de réalité naturelle.
Que vienne la mort pour ce méditant :
Quand je mourrai, je me réjouirai dans la mort ;
Quand viendra la mort, je mourrai bienheureux. » ...
p. 95-96
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Milà répond à un yogi :
... « Sais-tu comment cultiver l’esprit ?
Si tu l’ignore, je vais te le dire :
N’essaye pas de manipuler l’esprit ;
N’essaye pas de contrôler de force ton esprit.
Détends-toi comme un petit enfant.
Sois comme un océan sans vagues,
Comme une lampe qui s’éclaire seule,
Comme un cadavre inerte.
Débarrasse l’esprit de l’excès.

Sais-tu comment faire l’expérience ?
Si tu l’ignores, je vais te le dire :
Tout comme la brume est dispersée par la force du soleil
Et n’est dispersée d’aucune autre façon,
La pensée disparaît par la force de la réalisation.
Il n’est pas d’autres moyen de faire disparaître les concepts.
Éprouve-les comme rêve sans fondement.
Éprouve-les comme bulles éphémères.
Éprouve-les comme arc-en-ciel immatériel.
Éprouve-les comme espace indivisible.

Sais-tu comment corriger l’expérience ?
Si tu l’ignores, je vais te le dire :
Même un vent puissant est vide par nature.
Même une grande vague n’est que l’océan même.
Même les gros nuages du sud sont immatériels comme le ciel.
Même l’esprit obtus est naturellement non-né.
Pour mettre l’esprit en mouvement,
Sers-toi des instructions pour fixer la conscience sur les courants.

Si tu es victime du voleur — la pensée —
Sers-toi des instructions pour reconnaître ce voleur.
Si l’esprit se disperse sur les objets,
Emploi l’instruction du vol du corbeau hors du bateau.

Sais-tu comment pratiquer ?
Si tu l’ignores je vais te le dire :
Pratique comme se dresse un grand lion.
Pratique comme le lotus s’élevant de la boue.
Pratique comme l’éléphant en rut.
Pratique comme une sphère de cristal limpide.

Sais-tu comment manifester les résultats ?
Si tu l’ignore je vais te le dire :
Le Corps absolu est manifesté par l’état sans pensées.
Le Corps de jouissance est manifesté par la félicité.
Le Corps d’émanation est manifesté par la clarté.
Le Corps d’essence-même est manifesté par la vacuité primordiale.
Pour les experts en mots il existe trois Corps.
Mais dans le corps absolu n’existe aucune division.

La vue, l’entretien, l’expérience,
La correction, la pratique, les résultats :
Voilà ce qui compose l’expérience du yogi. » ...
p.74-75
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De nouveau Jetsün Milà à Rétchungpa ;
... « Toutes les créatures sont comme nos “propres parents”,
Ceux qui distingue sur ce point,
Ignorent qu’ils avalent du poison.
Tous les “vénérables érudits” s’accordent en leur cœur,
Ceux qui aiment une seule lignée et en rejettent d’autres,
Leurs connaissances se perdront comme au fil de l’eau.

Il n’existe pas de doctrine “noire” ou “blanche”,
Refuser un enseignement, l’accueil de sa philosophie,
C’est couper la corde reliant à l’émancipation.
Le bonheur personnel vient d’autrui,
Aider son prochain apporte cette joie.
Le mal fait aux autres est un mal que l’on s’inflige.
...

Rétchung à Milà-Djé ;
J’ai cédé à la tentation des apparences,
Recherché la diversion et le plaisir physique,
Les artifices entraînent vers les mondes de douleurs,
Devant le corps du “Père-Lama” je le reconnais.
...
p. 223-24
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Milà-Djé à Dréteun, le “teunpa” du clan de Dré ;
« ... L’ermitage d’où le sectarisme est absent,
Voici le guide qui protège la profonde concentration.
Quelqu’un ici le connaît-il ?
Quelle joie pour celui qui vit son corps comme un temple !
L’azur de l’esprit originel, quelle merveille !
p. 76

Milà-Djé à une communauté très vindicative d’un temple ;
« Que j’ai obtenu la perfection ou que je n’ai pas réussi, le parfait accompli lui-même, s’il s’en trouvait un, ne saurait pas quoi faire. Vous, par contre, cessez de vous surestimer en traitant les autres “d’hérétiques”. Parmi les actes impies, une vue erronée se révèle lourde de conséquences. Cette perception qui est vôtre indique l’égocentrisme, elle cause la chute dans le cycle infernal des existences successives. »
p. 82
« ... Pour qui a médité les instructions de la transmission orales,
Les gloses conventionnelles s’oublient et disparaissent.
Les dogmes orgueilleux s’oublient et c’est bien.

Le “monde visible”, comme les écritures une fois réalisé,
Les textes imprimés s’oublient et disparaissent.
Le poids des livres sur le dos s’oublie et c’est bien.
p. 84
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« Je suis le yogi Milarépa,
Le “fils” bien-aimé de Marpa l’éveillé,
Mes mots ne répètent rien par ouï-dire,
Je ne joue pas avec eux selon mon bon plaisir.
Ces paroles viennent de mon cœur sincère,
Leur signification se comprend facilement.
Analyse-les avec ta raison critique et accepte-les.
Écoute les explications du vieil homme que je suis.

Des esprits avides courent l’espace
Sans avoir médité dans l’unité la tradition bouddhique.
Ils possèdent pourtant le vaste savoir des tantras
Et sont habiles pour réfuter ou approuver.
Ils exaltent la grammaire, la logique, les métaphores,
Détiennent les “pouvoir magiques”, les “pouvoir prophétiques”,
Et jouissent de grand confort, de grandes richesses.
L’intellect, les sens bien affûtés,
Mais sans expérience pratique au sujet de la doctrine,
Ils n’ont pu éviter les conséquences de leurs actes.
N’ayant pas quitté le monde de la vanité
Ils n’épuisent ni l’imagination ni le désir.
Ils n’engendrent pas la compassion dans la vacuité,
Ne trouvent nulle occasion de franchir le gué du samsâra
Ou d’extirper les ramifications de la souffrance.
Doués pour ce qu’il faut savoir, mais avec peu de prescience,
Leur idée de combiner réfutation et approbation
Avive un feu qui brûle jusqu’à leur être intime.
Ce sont leurs propres fautes qui les blessent.
Qu’ils s’exercent plutôt à la noble loi, je les en prie !
Ce nectar revivifiant éloigne la mort,
Et si les malades eux mêmes ne l’essayaient pas,
A quoi leur servirait de posséder l’élixir ?
...
p. 67
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« Trois précieux protecteurs, ô maître du refuge,
Suprême félicité, vous qui ornez ma tête,
Je vous supplie ardemment de ne pas vous éloigner !
De votre cœur aimant, aidez toujours
“Mes pères et mères” des “six mondes” d’existence,
Entraînez-les par votre compassion constante !

Le yogi du grand véhicule n’a rien à étudier,
Sa doctrine est au-delà des mots.
Il n’a pas à réfléchir pour atteindre la vacuité,
Il n’a rien à méditer pour toucher à l’incréé.
Il s’est détourné des actions impies.

Pour qui ne défait les nœuds de l’avarice,
A quoi bon la générosité verbale ?
Pour qui ne renonce aux ruses et aux artifices,
A quoi bon la moralité hypocrite ?
Pour qui ne maîtrise un rude langage,
A quoi bon la patience d’une ambition ?
Pour qui n’abandonne paresse ni langueur,
A quoi bon le désir de s’efforcer aux vertus ?
Pour qui ne laisse l’agitation de son propre esprit,
A quoi bon la concentration qui n’arrache que souffrance ?
Pour qui ne voit en amies les manifestations,
A quoi bon méditer la sagesse connaissante ?

Pour qui ne comprend le sens caché de la licence et de l’interdit*,
A quoi bon d’immenses études ?
Pour qui ne s’exerce à prendre et renoncer,
A quoi bon les explications sur la loi du karma ?
Pour qui n’accorde son être intime à la doctrine,
A quoi bon la robe jaune du moine ?

Pour qui ne supprime le venin des émotions,
Désirer l’ultime sagesse est une fausse vue.
Pour qui n’apaise les tempêtes de l’envie,
Désirer l’éveil est une fausse vue.
Pour qui ne renonce à persécuter les êtres vivants,
Chercher le signe du respect est une fausse vue.
Pour qui n’abandonne la partialité égoïste,
Tendre à la parfaite égalité est une fausse vue.

S’il n’asservit “le monstre de l’ego”,
Le yogi est brisé sous le marteau des passions.
Les œuvres qui en mérites ne se changent,
Si l’on n’intègre en soi la doctrine,
Avec des mots sans intérêt on trouble d’autres esprits.
Des vies sans méditation en vain s’écoulent.
Méditez pour ne rien regretter à l’heure de la mort ! »

* Le sens profond des permissions et interdictions énoncées par le Bouddha lui-même dans ses enseignements.
p. 218-19
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Milàrépa à Peldarboum :

« O précieuse Peldarboum
Riche de la foi que vous possédez !

Prenez en exemple l’espace,
Méditez l’absence de centre et de limite !

Prenez l’exemple de soleil et lune,
Méditez sur la clarté sans ombre !

Prenez la montagne en exemple,
Méditez ce qui ne bouge ni ne s’altère !

Prenez en exemple l’océan,
Méditez les profondeurs insondables !

Avec le but en l’esprit,
Méditez sans avidité ni mépris ! »
p. 183
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« Le corps se tient à la frontière du spirituel et du matériel.
C’est l’intellect qui développe les turbulences,
Lui qui expérimente la douleur des mondes inférieurs.
Le tourbillon une fois abandonné, la situation s’inverse.
O noble fils, désirez-vous aller
Vers la cité céleste de la liberté ?
Si vous le souhaitez, je peux vous y conduire. »
p. 155
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Milàrépa :
...
« Quand on entend vanter les mérites
De la saveur sirupeuse du sucre de canne,
Il ne s’agit nullement de dégustation
Mais de perception intellectuelle.
On en connaît seulement le goût
Quand on l’éprouve avec la langue.

L’essence de l’esprit “tel qu’il est”,
Par une autre personne expliquée,
On n’en perçoit qu’une parcelle.
Pourtant, si l’on cherche la vraie nature de l’esprit
En s’appuyant sur un simple aperçu,
On le découvrira très certainement.
Observez ainsi en vous, protecteur !
p. 154
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Milà-djé :
... « Le monde visible existe, mais contenu dans l’esprit.
La vraie nature de l’esprit appartient à la clarté.
Cela est, sans qu’on l’identifie concrètement.
Voici l’énoncé des trois clés de la vue.

L’imagination existe et s’échappe dans le Corps de Dharma.
Le savoir lucide appartient à la félicité.
Cela est, quand on s’établit dans la sérénité primordiale. »...
p. 103
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Note page 93 :
— “gTum-mo est le yoga du feu intérieur. C’est une puissance flamboyante, dévorante. Irrésistible ardeur qui fond tous les contrastes. Le but de ce yoga est avant tout spirituel et tend à la production d’un état psychique d’unité et de plénitude dans lequel toutes les forces et aptitudes qui dorment en nous sont fondues et élevées à leur plus haute efficacité.” Lama Anagarika Govinda
Note page 102 :
Un mandala (dKyil-’khor en tib.) consiste en un centre et une zone de circonférence. Fondamentalement il se compose du méditant et de sa relation avec le monde phénoménal. Le mandala représente l’ensemble d’une situation sous forme graphique. Le centre représente le maître spirituel ; le “Guru” n’est jamais seul, il existe par rapport aux éléments qui l’entourent. Tous les mandalas ont une similitude fondamentale, mais chacun est unique. Le mandala est la structure même de l’Éveil et de la réalité.
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Milà-djè...
« Je me prosterne aux pieds de Marpa le Traducteur.
...
Oui l’homme serait bien stupide de gaspiller sa vie
Car il a obtenu ce précieux corps humain avec difficulté.
Assurément, il serait insensé de rester sans cesse
Dans les cimetières que sont les enclos d’argile des villes.
Mari et femme seraient aveugles de disputer entre eux misérablement
Comme des inconnus au moment du marchandage.
Il serait d’une évidente sottise de demeurer sensible aux flatteries
Alors qu’elles sont l’écho vulgaire de l’illusion.
Il serait dément certainement de réserver sa vie au combat
Puisque l’ennemi est fait d’une substance qui s’évanouit comme celle des fleurs.
Et quelle aliénation que de se lamenter sur la vie quand on meurt
Et de tromper son cœur par la ruse facile des liens de parenté !
Il serait aberrant de se tenir muselé au gré de l’avarice
Alors que les richesses forment un emprunt aussi fugace qu’une goutte de rosée.
Quelle folie que de polir et d’embellir
Ce corps pareil à un sac saturé d’immondices !
Il serait réellement fou de troquer contre des biens terrestres
La céleste nourriture de ces exhortations !

Parce que les ignorants sont légions,
Si vous êtes prudents, entrez de vous même dans la Doctrine !
Si vous êtes avisés, faites comme moi le yogi ! »
p. 55-56
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Milà à ses disciples:
... « Priez là où vous serez. Partout où vous me prierez avec confiance et ardence, je serai là devant vous. »...
p. 253

— Et le Maître apparaissant avec son corps mystique, se leva de son bûcher, un genou replié, écrasant la flamme avec sa main droite et soulevant sa joue avec la gauche.
Avec une voix sortie du fond de sa poitrine, il chanta ces six stances essentielles et suprêmes :

« Rétchungpa semblable à mon cœur,
Écoute ce chant de préceptes et de dernière volonté.

Dans l’océan de la transmigration des trois mondes,
Le “corps irréel” est le grand pécheur.
Tant qu’on s’inquiète de la nourriture et du vêtement,
Il n’y a pas de renoncement au monde.
Renonce au “monde”, Rétchungpa.

Dans la cité des “corps irréels”
“L’âme irréelle” est la grande pécheresse.
Soumise à la chair et au sang du corps,
Elle n’a jamais notion de sa propre nature.
Discerne la nature de “l’âme”,ô Rétchungpa.

Aux confins de l’esprit et de la matière*
La connaissance créée par soi-même est la grande coupable.
Passant subitement d’une impression à une autre,
Elle n’a pas le temps de se rendre compte
Que ces impressions n’ont aucune origine propre.
Tiens-toi au sol ferme de la “non-objectivité” des choses.

Dans la dépendance réciproque de cette vie et de l’autre,
La mémoire aux enfers est la grande coupable.
Privée de corps, elle cherche l’association d’un corps**.
Elle n’a pas le temps de découvrir la non-réalité du monde sensible.
Conclus au vide, ô Rétchungpa.

Dans la cité décevante des six classes d’êtres,
L’aveuglement du “péché” est immense.
L’esprit suit l’impulsion de l’amour et de la haine
Il n’a pas le temps de percevoir l’égale inanité des choses.
Rejette amour et haine, ô Rétchungpa.

Au sein de l’espace immatériel
Le Buddha accompli suscite des images trompeuses,
Il a enseigné par la séduction du monde apparent.
L’esprit n’a pas le temps de concevoir le “monde réel”.
Néglige cet enseignement indirect, ô Rétchungpa***.

Prie ensemble comme trinité unique,
Lamas, Ydam et “dieux”,
Réunis en un seul tout
Contemplation, méditation et consomption.
Accoutume-toi à ne faire qu’une chose
De cette vie, de la prochaine et des limbes.
Ceci est mon dernier enseignement.

Ceci est la fin de mon testament :
Après il n’y a plus rien, ô Rétchungpa. »

-------
* nous dirions le monde “extérieur”
** la matrice d’une mère
*** Le Buddha a indiqué la méthode négative qui fut la doctrine vulgaire ; Milà-Djé conseille à son disciple la méthode directe de l’ésotérisme, enseignement positif.
p. 357-58-59
---------------

« MILAREPA », (traduc. de Jacques Bacot), ed. Fayard ©1971
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Le pardon de Milarépa à ses parents (oncle et tante) ennemis, et les haines de famille et proches sont toujours les plus tenaces et vivaces, est un pardon de logique de l’A/amour nécessaire, basé sur une théorie immuable de la nature des choses. Il n’est pas livré aux raisons changeante des émotions narcissique du cœur. Un pardon soutenu par la seule bonne volonté ne peut résister à un sentiment plus fort, plus violent, devant une passion, individuelle et surtout collective. Il est aussitôt bêtise et même crime.
Ainsi peut-être Milarépa est-il fondé à ne pas séparer la morale de la métaphysique, et à chercher la voie de l’être humain isolé plutôt que de l’homme en société. La vérité relative à l’un lui donnera la solution pour l’autre. Il ne prêche pas la douceur directement, il la démontre par l’absurde, par le néant des violences gratuites, des vanités et de tous les désirs aveugles. Il cherche à satisfaire l’esprit en le cœur, plutôt que le sentimentalisme du cœur ; ou si l’on préfère, à satisfaire l’esprit seul plutôt que l’esprit par le cœur. »...
p. 28
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... « Notons tout d’abord que Milarépa — et c’est sa plus grande originalité — a dédaigné les Écritures bouddhiques, bien que son maître Marpa en fût un des traducteurs. Il n’a retenu du Mahâyâna que la quintessence ; et il vécu en cynique, nu, sans toit, sans un livre. Marpa, que le bouddhisme tibétain ne satisfait pas, était allé plusieurs fois dans l’Inde chercher sa doctrine. Milarépa la réforme encore. Il rejette en bloc tous les textes et même les Tantras.
Sa doctrine, comme la lignée qu’il fonde, appelée Kagyu-pa (traditionnelle), doit directement à l’Inde son caractère essentiel, la filiation spirituelle, le culte du père mystique, la bhakti poussée jusqu’à la sublimation du maître.
...
Marpa avait vécu de la vie mondaine. Il y montrait même beaucoup d’activité et d’énergie. Mais c’était simple concession à la vie et au sentiment général. Dans l’Inde il avait appris à renoncer au fruit. Milarépa renonce aux œuvres mêmes. Par le seul exemple de ses méditations, il secoue l’indolence spirituelle et il convertit. Dans son enseignement il tolère les œuvres mondaines pourvu qu’on soit bien pénétré de leur irréalité. Il rejette toute pratique extérieure et reste sur un terrain purement spirituel.
...
C’est ainsi que Milarépa, pour qui le monde sensible a juste autant de réalité qu’une image dans un miroir, vit conformément à cette idée, base de sa loi morale...
...
Il faut l’oubli, l’effacement total du moi accidentel, du moi individuel, pour connaître le soi dans sa réalité objective. Méthode intuitive et voie mystique...
p. 22/23
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Chant du Corps-Vajra et du yoga du rêve

Je m’incline devant les saints Lamas
Et le glorieux seigneur Héruka, à jamais présent,
Qui s’ébat dans le monde de grande félicité
Enlacé à la nuque par la parèdre Dordjë-Pagmo.
Père Dorjë-Tchang, bénissez-moi !

Fils, tu es le “Dordjë Dragpa” prédit par les dâkinis ;
Il est bon pour toi de penser ainsi

Il existe en général trois variétés d’illusions ;
L’illusion de la méprise sur les apparences et la vacuité,
L’illusion des visualisations des divinités créées en esprit
Et l’illusion des hallucinations par troubles de l’esprit et des lung.
Pour comprendre comment opèrent ces illusions
Tu dois arrêter le flux des lung de roma et kyangma.
Arrêter de respirer serait le mieux.
L'esprit et les lung sont alors absorbés dans “la claire lumière”.

Tu dois aussi faire fondre le thiglé
Afin qu’il s’égoutte dans Nada.
Ainsi, par le pouvoir de la félicité flamboyante, immaculée,
Les dix lung majeurs
Et les 21 600 lung mineurs
Naissent du cylindre vide de Nada.
En particulier, les divinités et leurs châteaux illimités
Naissent de l’esprit et des lung subtils et souples
Et sont révélés comme escorte du Corps de gloire du Lama.

Dans l’état entre le rêve et le sommeil,
Dans le palais où cesse l’inspir et l’expir,
L’expérience de la grande félicité-claire lumière se manifeste
Grâce à la sagesse de la non-méditation.

Lorsque les empreintes créant les rêves illusoires sont activés,
Tu dois réaliser la nature des apparences et la vacuité
En reconnaissant l’illusion du rêve dans la vacuité non-née,
Et créer tes propres manifestations oniriques vides.

Tu dois pratiquer les préceptes pour les trois transformations :
Transformer en général le monde apparent en monde divin ;
Manifester en particulier le corps de la divinité en rêve
Par l’action de l’esprit et des lung ;
Manifester les corps d’émanations, la clairvoyance, et ainsi de suite.

Considère ceci comme mon chant de pratique,
Un discours secret tombé de mes lèvres.
Ce n’est que le rire d’un très heureux vieil homme.

Fils, Réchougpa, c’est mon acte de miséricorde ;
J’ai manifesté le Corps d’arc-en-ciel dans cette vie.

Ceci est ma transmission pour la pratique,
Le chant de Milà Dorjè Gyéntsen.
p. 205 à 208
---------------
« MILAREPA (Dorjé Gyéntsen) » “Chants extraordinaires”, (traduction - Lama Kunga et Brian Cutillo, tome 2 éd. Claire Lumière © 2003
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... Le mince étranglement du damarou
Indique votre manque extrême de sagesse ;
L’épanouissement vers les deux ouvertures
Montre l’accroissement de vos actes négatifs.

Les peaux fermement tendues sur les deux ouvertures
Montrent que vous êtes aveuglés par les deux voiles.
Le vide dans le tambour
Montre le vide de cette vie et des suivantes.

La courroie ornée de coquillages, autour de l’étranglement,
Est le signe certain d’un esprit tordu.
Les boules qui fouettent les peaux
Imitent vos coups aux portes pour le manger.
Et le son que fait le tambour quand on en joue
Proclame le rire de la dérision.

Sa courroie tenue en main
Représente les chants marmonnés bloqués dans votre gorge.
La bannière qui y est nouée
Est la bannière flottante de votre déshonneur ;
Et la tête de la bannière à trois niveaux
Reflète votre errance dans les trois mondes du samsara.
...
p. 196-97
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