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Citations de Milarépa (108)


« Le Bouddha précisa qu’il existait quatre-vingt-quatre mille types d’enseignements. Et pour tenir compte du mental de chaque individu à convaincre, il enseigna différentes voies de “salut”. Mais la destination finale n’est qu’une. La base unique en est l’ultime et authentique réalité. On ne se libère pas avec une connaissance théorique du monde d’existence des choses. Il faut, en chemin, prouver son expérience pratique. »
p. 142
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LES CENT MILLE CHANTS
Parmi les six leçons de Naropa, l'embrasement de la chaleur intérieure (tib. : gtum-mo) paraît la pratique presque obligée de tout anachorète. L'essence séminale se trouve transmutée par le travail du corps et la concentration de l'esprit en la plus pure des énergies créatrices. « L'adepte ne doit pas se laisser aller à l'orgasme normal descendant, mais inverser la force et la projeter dans le canal central jusqu'au centre du cœur, où cette énergie se transformera en souffle », résume Patrick Carré dans sa riche introduction au poète Han-Shan. La chaleur corporelle n'apparaît qu'accessoirement, en cadeau pourrait-on dire.
Dans sa pratique, le disciple de la lignée Kagyüpa peut choisir de se livrer à cette expérience de la chaleur intérieure ou encore à l'expérience plus périlleuse de karma mudrâ; le sceau de l'action, la pratique avec la partenaire mystique aux signes d'élection. « Formidable rencontre de deux forces qui laissent une très profonde impression », écrit Chogyam Trungpa, mais Khenpo Yéshé Chôdar Rinpoché insiste sur la frontière très mince qui sépare l'union ordinaire avec une femme ordinaire et la fusion mystique avec la partenaire possédant une des quatre caractéristiques des dakinis. Celui qui ne se livre pas à la pratique de karma mudrâ, comment pourrait-il en parler ? Sa compréhension théorique semble dérisoire. En dévoilant la moelle de ses expériences, celui qui pratique karma mudrâ s'expose au courroux des messagères du secret, car sa parole interrompt le courant de l'intuition et de la grâce. Il nous faut donc savoir déchiffrer, sans pouvoir transgresser les trois sceaux du secret qui ferment le chapitre 31.
... d’autres chapitres dispensent de simples cours de morales à l’usage des “esprits simples”. Par leur style et leur sens, certains de ces passages se devinent comme des ajouts plus tardif* à l’œuvre, comme l’endoctrinement d’une “église” déjà structurée. Il s’agit, pour citer Paul Jacob, de “doctrine mise en vers”, souvent bien triste. Les préoccupations du Jetsün concernant la façon de circumambuler, ainsi que le nombre requis des salutations ou encore la façon de poser les questions, n’emportent pas notre adhésion. Elles semblent des tentatives visant à codifier un cérémonial, elles apparaissent comme la volonté d’instaurer des conventions qu’en réalité Milarépa avait fuies dans la montagne et contre lesquelles il déploie ailleurs toutes sa verve. Ces “dérives” ne suffisent pas à affadir l’œuvre mais le lecteur ou traducteur aimeraient peut-être les ignorer à l’occasion.
p. 14 et 15

* hagiographie (1490) de Milàrépa par Tsang-Nyön Hérouka (1452-1507), XIVe.
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Un fils, d'abord, dispense une séduction de prince céleste,
Nul moyen de résister à son affection.
Puis se succèdent de terribles dettes ;
Vous avez tout donné, il n'est jamais content.
Il installe en vos murs la fille d'un mortel,
Déporte au-dehors les parents nourriciers.
Au père qui l'interpelle, il ne daigne répondre.
À la mère qui l'apostrophe, il n'adresse aucun son.
Enfin, avec le fiel des commérages,
Les voisins ont ruiné toute réputation.
Issu de vous-même, l'ennemi vous a rongé le cœur.
J'ai abandonné les déchets du samsâra*.
Les fils de ce monde, je n'en veux pas.
p. 150

* pour notre part nous souhaiterions que soit “abandonné les déchets du nirvana” que l'on voudrait nous faire passer pour l'activité d'une prétendue "folle sagesse" !

https://www.la-croix.com/Religion/Bouddhisme/En-Saone-Loire-moine-bouddhiste-condamne-douze-ans-prison-viols-2018-12-20-1200990858?fbclid=IwAR1Y3_GCV5I0cx9nlVm_suFtoHNzNieEhN118qqngHVqlJDKEQtYDKec8rI

https://www.lejsl.com/edition-montceau/2018/12/19/lama-tempa-condamne-a-12-ans-de-reclusion-pour-viols?utm_source=direct&utm_medium=newsletter&utm_campaign=une-decouverte-macabre-a-toulon-sur-arroux-12-ans-de-reclusion-pour-le-lama-tempa-de-la-boulaye-goodyear-dunlop-relaxee-dans-l-affaire-du-pneu-eclate-sur-l-a6...-et-toute-l-actu-du-jour-sur-lejsl.com
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AFIN de PRATIQUER la NOBLE et PURE LOI de l'Existence

Seigneur Guru aux étonnantes Emanations,
Accordez-moi un peu de votre compassion !
Vous qui exhibez un corps de colombe bleutée,
Votre artifice est en accord avec la Doctrine.
Vous les huit ravissantes filles de dévas,
Si vous pensez pratiquer le noble et pur Dharma,
Je vous prie de garder ce chant en mémoire.

Le bonheur de l'existence mondaine,
Bien qu'il semble si doux, rapidement se déchire.

Le statut des femmes de haute et noble condition,
Bien qu'il semble si élevé, n'a aucune stabilité.

Dans l'affliction du tourbillon des vies, un époux
Semble bien attrayant, mais accroît la souffrance.

Le rejeton d'une bonne ascendance,
Quelle misère s'il n'exerce aucune emprise sur lui-même.

Le disciple d'un sage Lama,
S'il agit mal, roulera au bas du samsâra.

Les déesses qui s'incarnent en pigeons
Demandent le Dharma mais le croient difficilement.

Quoi qu'il en soit si vous pratiquez la Doctrine,
Les avantages terrestres, les sentiments de pertes,
Les mauvaises influences survenues en cette vie,
A coup sûr reconnaissez-les comme amis de l'Eveil !
Ma gratitude envers les méchantes circonstances est grande.
Vous aussi, agissez en sachant qu'il en est ainsi !
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Je me prosterne aux pieds de Marpa le Bienfaiteur.
Qu'il m'accorde la faveur de bons antidotes !
Vous qui possédez la foi, jeunes filles divines,
Exercez-vous continuellement à la pratique,
Méditez l'apaisement absolu de l'esprit,
Et la miséricorde, tel un ornement, grandira.

Créez aussitôt les remèdes à votre expression,
Et la quiétude du corps et des mots, en ornement grandira.

Observez constamment votre état intérieur,
Et la réduction de l'activisme, un ornement deviendra.

Frappées par de mauvais effets,
Guettez ! De peur que la colère ne monte.

Sur le point d'atteindre aux richesses convoitées,
Soyez vigilantes ! De peur que la passion n'apparaisse.

Touchées par le tranchant de mots déplaisants,
Prenez garde ! De peur d'une erreur d'audition.

Dans l'alliance avec vos amis,
Méfiez-vous ! De peur des jalousies naissantes.
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« Chants du chemin »
— Les gens se tournent vers la “religion” pour l’une des trois raisons suivantes : le souhait d’améliorer leur sort dans la vie et de pallier leur peur de la mort ; la volonté d’échapper aux inévitables souffrances de la vie en mettant fin à tous ses aspects par l’obtention du nirvana ; le désir de libérer tous les êtres de l’asservissement à l’illusion, car ils comprennent l’interconnexion étroite de toutes les formes de vie. Dans ce cas, le pratiquant spirituel — un bodhisattva — bénéficie du plus grand respect dans le système du grand véhicule (le mahayana), sans que les autres pratiquants soient déconsidérer. Les efforts des premiers, initialement voués à l’amélioration personnelle, peuvent entraîner finalement une maturation spirituelle qui leur permet d’être attentifs au bien-être d’autrui. Pour ceux qui sont incapables d’affronter la souffrance de vivre, le refuge dans le nirvana personnel n’est pas définitif ; c’est un sursis temporaire à la souffrance qui peut, lui aussi, faire mûrir finalement la réalisation bodhisattvique de la responsabilité universelle.
Les meilleurs enseignements de Milarépa, le champion de l’idéal du bodhisattva, traitent des pratiques du bodhisattva. Mai, comme il enseignait d’après son expérience personnelle de la condition humaine, il adaptait toujours ses enseignement à son auditoire. Aux gens simples confrontés à des problèmes séculiers, il donnait des enseignements fondamentaux sur l’action et ses résultats (karma), la souffrance inévitable de l’esprit conditionné, les bienfaits de l’action juste. La description qu’il fait, dans les hauts et les bas du samsara, des tourments des états inférieurs veut inciter son auditoire à sortir de sa complaisance et à consacrer cette précieuse existence humaine au progrès spirituel. Il ne s’agit pas de pessimisme, mais d’un état de fait : le mal de vivre est le point de départ et le fondement du chemin vers la liberté.
P. 59-60
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Tiens toi fermement sur la base de la non-solidité des choses.
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Le lendemain matin, entouré de quelques moines, Darlo et Loteun vinrent présenter une offrande en signe de contrition. Ils apportaient un quartier de viande et comme ils demandaient à rencontrer le Jetsün, Rétchungpa leur répondit : — Les excuses ne sont pas nécessaires, non plus que les discussions. Il n'y a plus à se revoir. Et il s'opposa à l'entrevue. D'autres disciples prévinrent leur maître, qui s'en amusa.
— Il vaut mieux éviter les fautes, mais après celles-ci, il est excellent de présenter des excuses.
Introduisez les Teunpas, dit Milarépa. Et l'audience fût accordée. Offrant à l'ermite le quartier de viande, les religieux lui dirent :
— Hier vous étiez dans le vrai, nous donnons cette viande et reconnaissons nos torts. Quand à ces livres qui nous servent de témoins, ils tiennent lieu d'écharpes de congratulations avant le débat théologique. En plein accord, discutons amicalement de la doctrine.
— Enseignants, leur répondit Milarépa, comme le dit le proverbe : On devine au teint d'un homme s'il a oui ou non mangé. La connaissance de la loi bouddhiste se devine au fait qu'un homme a oui ou non dompté son égoïsme et ses émotions. S'il a dominé son ego et ses passions, on sait qu'il connaît le dharma, et c'est aussi le signe qu'il l'a pratiqué. Telle est la victoire définitive de tous les débats. Celui qui n'a pas avancé d'un pas sur le chemin qui éloigne de l'égoïsme et des émotions est naturellement victorieux dans les disputes creuses farcies de banalités théoriques et par là il renforce son orgueil. Ces arguties imposent cependant de constantes défaites, fournissent le moyen de repousser encore le fond des enfers ...)
p. 214
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J’ai compris le risque extrême de perte ou de profit selon que le bien ou le mal était posé en principe sur la durée d’une vie.
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Il n’est pas de libération possible dans la méditation volontariste
Qui rassasie comme avec des mets empoisonnés.
Le daim peut longtemps occuper une grotte,
Le noir corbeau augmenter ses récitations,
Le poisson argenté maîtriser sa respiration,
L’ours à la poitrine blanche se nourrir d’élixirs,
La marmotte méditer des mois silencieuse et calme,
Le brahmane se livrer à de longues macérations,
Le perroquet à de vains bavardages.
Le chemin de la liberté ne se trouve pas avec le seul désir,
L’émancipation monte de l’intérieur de soi.

L’esprit endigué comme l’eau d’un bassin,
La simple clôture des cheminements imaginaires
Ne libère pas de l’océan des transmigrations.
Par la chaleur de la pratique des symboles*,
Il faut révéler une sagesse impartiale.
Par la chaleur que recèle l’esprit à sa source,
Il faut dans le bardö s’emparer de la connaissance.
Par la chaleur de la vérité première,
Il faut réaliser le sens de l’absence de fin et de commencement.
Par la chaleur de l’énergie créatrice,
Il faut se couper de toute saisie matérielle.

Authentique, spontanément surgi, pur dès l’origine,
“Nada” se tient loin des discours.
Le nœud de la discrimination se défait seul.
La vérité du grand symbole, son essence,
L’avez-vous réalisé, Salé Öd ?
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Pour les êtres fortunés qui aspirent à la libération, le corps peut être le grand véhicule vers la liberté. Mais pour les infortunés qui vivent dans le péché, il peut être le guide vers des états d'être inférieurs et misérables.
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Le son du tonnerre, bien qu'assourdissant, est inoffensif ;
L'arc-en-ciel, malgré ses couleurs chatoyantes, ne dure pas ;
Ce monde, même s'il apparaît plaisant, est semblable à un rêve ;
Les plaisirs des sens, bien qu'agréables, n'apportent au bout du compte que désillusions.
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« L’organisme humain, tel un vase,
Détient spontanément en lui le Corps Divin*.
Si vous êtes capables d’élever une claire lumière,
Au-dehors et au-dedans assurément s’illuminera le Dharmakâya.

Dans le nid de la transmigration, l’imagination
Abrite le petit “garuda” de l’esprit d’Éveil.
S’il sait battre des ailes avec sagesse et habileté,
Il s’envolera assurément vers les cieux de l’omniscience.

Pareil aux monts enneigés triomphants, notre corps
Cache le lionceau d’une parfaite conscience.
S’il sait méditer sans passion sur les six sens,
Assurément il subjuguera la migration et l’au-delà.
...
* note : Il s’agit d’une naissance simultanée, comme celle de jumeaux (en tib. lhang-cig skyes-pa), d’une gémellité de l’organisme humain et du Corps de Bouddha.
p. 259

— Celui qui veut pratiquer la Doctrine après avoir réfléchi aux affres du samsâra, s’il n’a pas décidé par lui-même, s’il cherche l’approbation d’autrui, celui-là n’y parviendra pas...
p. 261
Note page 266 :
— Le “svastika”, en skt. (en tib. gyung-drung), est une croix à branches coudées qui est un emblème de la doctrine bön. Selon Samten G. Karmay, cet emblème correspond au “vajra” (ou dorjë en tib.) dans le bouddhisme tantrique, et il est le symbole de l’indestructibilité.

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« MILAREPA », “Les cent mille chants”, Tome 1 (traduction de Marie-José Lamothe), éd. Fayard ©1986
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Milà à Shiwa Öd :

« Je salue les excellents Lamas !
Grande est la grâce, de la miséricorde de la lignée de la pratique.
Grand le pouvoir des instructions de Marpa et Milà*,
Grande l’endurance de Shiwa Öd dans la méditation !
Les messagères aiderons vite à la réalisation.

Parvenu au bout de tes expériences, ô fils,
Ne prononce pas d’arides leçons,
Pratique la doctrine avec impartialité.
Ne recherche pas l’assentiment des hommes,
Erre dans les vallées désertes et les ermitages.
Évite les mauvais serviteurs,
Attache-toi (?) à la solitude.
Oublie le désir d’agir en “Lama”,
Médite et pratique l’humilité.
N’attends pas le signe de pouvoirs miraculeux,
Jusqu’à la mort reste imperturbable.
N’étudie pas les métaphores et la rhétorique,
Mais les instructions de la transmission orale.
Si pour toi tu recherches un profit,
Abandonne les discours creux,
Médite avec dévotion ! »
* note p. 228
— Celui ou celle qui dans le cœur duquel les enseignements du Maître (ou Guru) sont entrés est semblable à un être humain venant d’apercevoir un trésor qui demeurait à sa portée sans qu’il l’ait remarqué.
...
« Je me prosterne aux pieds du Lama.
Ces enseignants qui réforment avec des mots
Nous intoxiquent dans les débats par leurs artifices.
A l’heure du discours, ils rabâchent comme des mégères,
A l’heure du sommeil, ces grands hommes se prélassent,
Ils marchent pareils à des officiels hautains
Et accroissent les obstacles et les risques d’erreur.
Tout un chacun dans les six mondes peut se fourvoyer.
Des individus s’égarent dans leurs désirs sensuels,
Des auditeurs du “Petit Véhicule” dans un bonheur paisible,
Des “guéshés” dans des tâches alimentaires,
Des enseignants dans la citadelle des mots.
Des moines ordonnés se perdent dans leur prétention,
Des yogis dans la touffeur de leur folie,
Des anachorètes dans un vertige nihiliste.
Immenses sont les écarts dus à l’ignorance.
L’haleine des Dâkinis souffle les préceptes de la lignée,
Le démon assure qu’il y a risque d’erreur.
Shiwa Öd, tu aurais été trompé
Si tu t’égarais en chemin prés du vieil ascète.
Observe le culte, médite, renonce à tes doutes !
Dans la pratique des instructions finales,
Les hésitations qui surgissent n’ont rien de véridique.
Fils, ne pense pas à étudier la rhétorique,
Concentre-toi sur un point, tu obtiendra le Fruit !
p.129-130
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Notes pages 125-126
— La première étape vers la réalisation dans l’expérience de Mahâmudrâ est une intense concentration de l’esprit sur un seul point, un seul objet, une seule pensée. Le Grand-Symbole peut être défini comme l’état éternellement existant de l’Esprit-Primordial immaculé qui confère la libération lorsqu’il est compris. Le commun des mortels ignore cet état généralement.
— Le Mahâmudrâ en skt. (Tcha-djà Tchen-po en tib.) ou Grand-Symbole est appelé “cela même qui est dénué de caractéristique”.
— Séparé des créations, non élaboré, l’incréé (ou Nirvâna skt., spros-bral tib.), en contraste avec le samsara, ou univers de l’identification à de la matière et aux phénomènes, est la seconde étape dans l’expérience de Mahâmudrâ.
— Alors se réalise l’unité essentielle de toute choses. Le samsara et le nirvâna sont considéré du point de vu de l’Esprit d’Éveil comme inséparablement unis. C’est le stade de “l’union divine”, troisième étape de la réalisation du Grand-Symbole. « Toute choses étant né de l’Esprit-Primordial, l’esprit lui-même est donc le maître ou “Guru” », Saraha IX siècle.
— Ainsi quand l’ignorance de la vision juste qui devait être surmontée à effectivement été vaincue, l’effort se termine, le sentier vient à sa fin, le voyage est accompli. Lorsque l’état de vision intérieure intuitive est atteint, la méditation qui n’est que le moyen d’y atteindre, devient inutile ainsi que pour le voyageur arrivé au port le bateau qui l’y a conduit.
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 Milarépa
Il n'y a pas de méditant, pas d'objet à méditer,
Il n'y a pas de signes d'accomplissement,
Pas d'étapes ni de voie à parcourir,
Pas de sagesse ultime, pas de corps de Bouddha,
Aussi le nirvâna n'existe-t-il pas.
Tout cela n'est que mots, façons de dire.
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Tandis que vous recevez des hommages,
Observez ! De peur que l'orgueil ne surgisse.
En toute occasion, à tout moment,
Matez le sorcier de votre vil héritage !
Quelle que soit votre position,
Méditez tout ce qui paraît, comme illusoire et Vide.

Même cent vénérables érudits
Ne diraient pas plus que cela.
Pratiquez et méditez avec joie !


Exultantes de satisfaction, les déesses s'incarnèrent de nouveau en pigeons et partirent pour la contrée des dieux
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Au début rien ne vient, au milieu rien ne reste, à la fin rien ne s’en va.
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Introduction
... La conduite embarrassante de Milà, qui caricaturait souvent insolemment les comportements et les usages habituels, incitait ses auditeurs à affranchir leur esprit des limites de la pensée conventionnelle. Ses réponses à leurs questions semblaient souvent sibyllines car, au lieu de répondre sans ambages, il traitait l’erreur conceptuelle sous-tendant la question. Dans l’absolu, toutefois, une seule réponse est exacte : l’existence apparemment indépendante des êtres et des choses est illusoire ; l’état naturel a été déformé par les perceptions conditionnées de l’esprit commun. Mais pour s’adapter aux niveaux variés de développement de ses auditeurs , Milà recourait à de nombreuses stratégies. Sa capacité à toucher son auditoire tenait à sa profonde connaissance du fonctionnement de l’esprit. Ses mots et ses actes, même ses éventuelles démonstrations de pouvoir surnaturels, étaient des approches concrètes de problèmes précis. Il agissait sur les fonctionnements habituels de l’esprit par poussées habiles visant l’origine des pensées erronées.
Les interventions de Milà établissaient des connexions “karmiques” avec toutes sortes de gens ; elles lui permettaient de semer les graines du développement spirituel de façon parfois incompréhensible dans l’immédiat. Le mot karma signifie action. Il renvoie à l’opération de la cause et de l’effet dans l’esprit. Le réseau complexe des actes du passé conditionne les perceptions et les idées du présent. La conception ordinaire d’un “moi” et d’un “monde” en résulte. Toute action, physique ou mentale, se répercute dans le champ de l’expérience personnelle. Chaque instant influence le suivant. Comme le lien entre l’action et l’expérience régit le samsara, on ne peut pas atteindre la libération en ignorant la loi de causalité. C’est plutôt en travaillant avec elle à la création des conditions propices au développement spirituel que l’on établit un terrain solide pour le bond ultime vers le liberté.
Aventurer l’esprit dans le non-connu est une entreprise ambitieuse et dangereuse, surtout avec les techniques tantriques. Certaines expériences peuvent fourvoyer la personne non préparée, l’entraînant sur de mauvais chemins et même à la démence. La direction d’un maître réellement accompli est nécessaire, pour ajuster la pratique et l’expérience, pour aider à lever les blocages et pour adapter la tactique à l’état toujours fluctuant de l’esprit. Milà lui même attribuait le succès de sa pratique à son maître, Jowö Matipa de Lhobrag, le Traducteur (1012-1097), comme en témoigne la dédicace qu’il fait au début de chaque chant. Mais il est dit aussi que, sans disciples à instruire, un maître n’a aucune raison vraiment de continuer à vivre. Les disciples d’un Lama souffrant le prient de rester ici-bas en lui offrant vivres et médicaments et en lui exprimant le besoin qu’ils ont de lui. Mais on peut se passer des offrandes matérielles car l’offrande essentielle est l’engagement de tout l’être dans l’œuvre de libération.
Comparé à l’image type du maître spirituel, Milàrépa est un personnage troublant. Il paraît inconséquent voire capricieux, en paroles et en actes, parce qu’il lui manque le “ronron” d’une personnalité routinière. Sa liberté n’est pas de la passivité, mais un jeu spontané dans l’état naturel où rien, ni les êtres, ni les choses, ni le maître, ni les disciples, ne peut plus prétendre avoir une existence séparée, autonome et immuable. Le monde phénoménal est une distorsion mentale de la réalité due à l’organisation du cerveau et de la perception par les habitudes de l’esprit formaté et conditionné. L’expérience méditative répétée de la dissolution de ces perceptions pesantes et habituelles permet au yogi(ni) d’extirper la tendance irrépressible à organiser et centraliser l’expérience. Dans l’état naturel de l’esprit, il perçoit simultanément la nature primordiale et la nature organisée des choses. Il est libre de choisir et, au lieu de rejeter le monde des apparences, il choisi d’y vivre, agissant pour le bien des êtres avec la vision claire des aspects apparent et ultime. Une telle personne s’appelle un bodhisattva, ce qui signifie “chevalier de l’Éveil”. La libération exclusivement personnelle est impensable pour un bodhisattva qui comprend l’interconnexion de toutes vies. On ne peut pas, dans la société, modifier son propre rôle à moins que les attitudes d’autrui à l’égard de ce rôle changent aussi. De manière analogue, un bodhisattva réalise que son développement spirituel est inextricablement lié à celui des autres. Il utilise ce lien pour mettre sa vie en scène et pour rester en relation avec les autres afin de leur montrer le chemin vers la liberté. Un être qui “s’irréalise” comme Milà Bonne-Nouvelle, n’est pas une coquille vide incapable d’émotion et d’amitié ; on doit toujours se souvenir de sa réelle nature humaine. Milà se préoccupait constamment du développement spirituel de ceux qui l’entouraient. A la manière d’un dramaturge puissant ou d’un acteur qui improvise, ses mots et ses actes élargissent habilement le champ perceptif et conceptuel des individus, ameublissant peu à peu la terre dure de leurs façons de penser psychorigide et dans des sillons très fortement enracinées.
p.10-11-12
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Les Trente Instructions de Mati (Marpa) à Milà-Djè

« Fils, la triade des protecteurs est le premier des soutiens.
La “foi*” est ta meilleure amie,
Le “désordre” mental le pire des démons,
L’orgueil le pire des liens,
La calomnie la pire des fautes,
La jalousie le pire danger sur la voie,
La boisson** la pire des déchéances
...
Ceux qui cherchent le renom, les honneurs, le profit
Se jettent dans la gueule du “malin”.
Ceux qui se glorifient et déprécient les autres
Tombent dans les abysses de l’angoisse.
Ceux qui ne domptent pas “l’éléphant” de leur esprit
S’abusent avec des mots et des enseignements.
...
Observez votre esprit ou rien ne se crée !
N’espérez aucune joie (vraie) du monde “matériel” !
Ne prenez pas les souffrances pour des fautes ! »

* entendre la confiance de la certitude profonde de la spiritualité
** ou toutes substances addictives aliénant la lucidité
p. 30-31
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