« Pour d’autres individus encore, il n’est jamais temps de méditer le but suprême. N’ayant pas assimilé l’idée de compassion, ils s’égarent vers le “Petit Véhicule”. Parce qu’ils méprisent les moyens, ils deviennent sectateurs du néant. Parmi eux certains sont étouffés par leur propre bêtise. Impossible de discuter avec des gens pareils. Ils demandent d’entrée : “Qui est ton maître ? Quel sont ses enseignements ?” Ils écoutent avec leur petit intellect, s’irritent, puis finissent par renoncer. Ensuite, ces caméléons restent sans refuges et partent pour d’impossibles enfers. A cause de cela, des conséquences pour soi-même, il ne convient pas de s’approcher de ces individus venimeux qui chargent de fautes l’être intime d’autrui. »
p. 59
« Je suis le yogi Milarépa,
Le “fils” bien-aimé de Marpa l’éveillé,
Mes mots ne répètent rien par ouï-dire,
Je ne joue pas avec eux selon mon bon plaisir.
Ces paroles viennent de mon cœur sincère,
Leur signification se comprend facilement.
Analyse-les avec ta raison critique et accepte-les.
Écoute les explications du vieil homme que je suis.
Des esprits avides courent l’espace
Sans avoir médité dans l’unité la tradition bouddhique.
Ils possèdent pourtant le vaste savoir des tantras
Et sont habiles pour réfuter ou approuver.
Ils exaltent la grammaire, la logique, les métaphores,
Détiennent les “pouvoir magiques”, les “pouvoir prophétiques”,
Et jouissent de grand confort, de grandes richesses.
L’intellect, les sens bien affûtés,
Mais sans expérience pratique au sujet de la doctrine,
Ils n’ont pu éviter les conséquences de leurs actes.
N’ayant pas quitté le monde de la vanité
Ils n’épuisent ni l’imagination ni le désir.
Ils n’engendrent pas la compassion dans la vacuité,
Ne trouvent nulle occasion de franchir le gué du samsâra
Ou d’extirper les ramifications de la souffrance.
Doués pour ce qu’il faut savoir, mais avec peu de prescience,
Leur idée de combiner réfutation et approbation
Avive un feu qui brûle jusqu’à leur être intime.
Ce sont leurs propres fautes qui les blessent.
Qu’ils s’exercent plutôt à la noble loi, je les en prie !
Ce nectar revivifiant éloigne la mort,
Et si les malades eux mêmes ne l’essayaient pas,
A quoi leur servirait de posséder l’élixir ?
...
p. 67
« Je suis le yogi Milarépa,
Le “fils” bien-aimé de Marpa l’éveillé,
Mes mots ne répètent rien par ouï-dire,
Je ne joue pas avec eux selon mon bon plaisir.
Ces paroles viennent de mon cœur sincère,
Leur signification se comprend facilement.
Analyse-les avec ta raison critique et accepte-les.
Écoute les explications du vieil homme que je suis.
Des esprits avides courent l’espace
Sans avoir médité dans l’unité la tradition bouddhique.
Ils possèdent pourtant le vaste savoir des tantras
Et sont habiles pour réfuter ou approuver.
Ils exaltent la grammaire, la logique, les métaphores,
Détiennent les “pouvoir magiques”, les “pouvoir prophétiques”,
Et jouissent de grand confort, de grandes richesses.
L’intellect, les sens bien affûtés,
Mais sans expérience pratique au sujet de la doctrine,
Ils n’ont pu éviter les conséquences de leurs actes.
N’ayant pas quitté le monde de la vanité
Ils n’épuisent ni l’imaginatiopuis...
« ... Comprenez-vous la nature du visible, oui ou non ?
Toutes les manifestations ne sont que projection mentales,
Du point de vue de la réalisation, ce qui apparaît se révèle “corps du dharma”.
Quand ces “projections” de l’esprit deviennent “corps de vérité”,
Inutile de chercher ailleurs “la vue”.
Comprenez-vous comment stabiliser la pensée, oui ou non ?
L’esprit en sa nature (fondamentale) jamais ne se mêle à l’agitation (projetée).
Ne fabriquez pas vos propres fictions mentales.
Restez détendu, comme un jeune enfant,
Apaisé comme l’océan sans vagues,
Radieux comme la lumière d’une lampe.
Restez tel un cadavre à jamais privé de fierté,
Pareil à la montagne toujours immobile
L’esprit en sa nature ne connaît pas les vaines prétentions.
Comprenez-vous comment se lèvent les idées, oui ou non ?
Le pouvoir du soleil balaie l’obscurité.
Ainsi n’y a-t-il rien d’autre à chasser que l’imagination.
Sans base réelle, elle survient comme les rêves,
Elle reste insaisissable ainsi que la lune sur l’eau,
Immatérielle à l’image de l’arc-en-ciel,
Sans contour précis ainsi que l’espace azuré.
Comprenez-vous comment agir avec ces idées, oui ou non ?
Même glacial le vent fait partie de l’air.
La vague, même puissante, appartient à l’océan.
Le lourd nuage d’orage, du ciel tire son essence.
La conscience en mouvement est vide, incréée de nature.
Tandis que l’on avance dans la connaissance de l’esprit,
Les instructions permettent à la conscience
De chevaucher le “lung” de l’énergie créatrice*.
Quand l’imagination se montre, la voleuse,
Les instructions permettent de la reconnaître.
Tandis que la conscience se glisse vers l’extérieur,
La pratique permet au corbeau de rejoindre le bateau.
...
* Le pilote de la conscience (tib., rnam-çes), c’est le “souffle” (tib., lung). Dés qu’il n’y a plus la maîtrise du souffle d’énergie créatrice, l’esprit est soumis au karma et plongé dans l’océan de l’illusion et de la confusion.
p. 71-72n ni le désir.
Adieux de Milà-Djè à Rétchungpa ;
« Ô Rétchungpa, “mon fils” écoute !
Samsâra et nirvâna dépendent des circonstances,
Si tu sais faire confiance au Lama,
Les instructions t’apparaîtront spontanément.
Ô Rétchungpa, “mon fils” écoute !
Puisque tu as renoncé à l’attirance des vallées habitées,
Si tu sais rester dans les ermitages de montagne,
Les pouvoirs divins apparaîtront spontanément.
Une fois abandonné l’attachement aux richesses
Qui enracinent le mauvais karma,
Détaché, si tu sais agir sans passion,
Le chemin de félicité apparaîtra tout seul.
Ô Rétchungpa, “mon fils” écoute !
Une fois brisé l’esclavage de la parentèle,
Cause de renaissance dans la ronde de l’existence,
Si tu t’installes et vis dans la solitude,
Le terres pures apparaîtront naturellement.
Ô Rétchungpa, “mon fils” écoute !
De nos jours la noble loi se propage,
Mais beaucoup la corrompent, la mêlent à d’autres doctrines.
Chacun s’appointe “Lama instructeur”,
Des discours fait pour plaire n’enseigne que désir.
Montre les bienfaits d’une sage lignée, “fils” !
Ô Rétchungpa, “mon fils” écoute !
Si tu penses agir de plein cœur dans la noble loi,
Il te faut aller en t’opposant aux passions.
Sans exagérer tes discours privés et publics,
Reste éloigné des plaisirs auxquels tu inclines.
Ô Rétchungpa, “mon fils” écoute !
Si tu veux obtenir l’accomplissement d’un bouddha,
Ne réfléchis pas aux bonheurs de cette existence,
Ne quitte pas la base originelle de ton esprit,
Livre-toi pleinement à la méditation.
p. 228-29
Ô Rétchungpa, “mon fils” aîné,
Pars vers le centre du Tibet !
Toi le plus important parmi “mes quatre fils”,
Pars et médite le Lama au sommet de la tête.
Toi “le fils spirituel” de plusieurs lignées,
Pars et protège ton engagement solennel.
Toi qui portes la torche de la tradition orale,
Pars et disperse les ténèbres de l’ignorance.
Pars et diffuse la loi auprès des êtres d’élection,
Pars et garde le secret face à tous les autres.
Pars et plante l’arbre de vie de l’enseignement,
Pars et entraîne les fortunés de ta compassion,
...
“Fils, ne te livre à nul sectarisme,
Médite dans la solitude des montagnes,
Évite les mauvais amis en tes activités.
La discipline est d’harmoniser les manifestations,
De la réflexion sur la mort naît l’accomplissement.
p. 230-31
Milà-Djé à Dréteun, le “teunpa” du clan de Dré ;
« ... L’ermitage d’où le sectarisme est absent,
Voici le guide qui protège la profonde concentration.
Quelqu’un ici le connaît-il ?
Quelle joie pour celui qui vit son corps comme un temple !
L’azur de l’esprit originel, quelle merveille !
p. 76
Milà-Djé à une communauté très vindicative d’un temple ;
« Que j’ai obtenu la perfection ou que je n’ai pas réussi, le parfait accompli lui-même, s’il s’en trouvait un, ne saurait pas quoi faire. Vous, par contre, cessez de vous surestimer en traitant les autres “d’hérétiques”. Parmi les actes impies, une vue erronée se révèle lourde de conséquences. Cette perception qui est vôtre indique l’égocentrisme, elle cause la chute dans le cycle infernal des existences successives. »
p. 82
« ... Pour qui a médité les instructions de la transmission orales,
Les gloses conventionnelles s’oublient et disparaissent.
Les dogmes orgueilleux s’oublient et c’est bien.
Le “monde visible”, comme les écritures une fois réalisé,
Les textes imprimés s’oublient et disparaissent.
Le poids des livres sur le dos s’oublie et c’est bien.
p. 84