Citations de Tiphs (92)
Il existe de nombreuses façons de nuire à quelqu'un. La force physique n'en est qu'une parmi d'autres.
Elle ne criera pas. Elle ne pleurera pas. Elle n'implorera aucune pitié, ne priera aucun dieu.
Parce qu'elle sait ce qui va arriver.
Et elle est prête.
Son père avait coutume de dire qu'une histoire possédait toujours plusieurs versions. Que le méchant de quelqu'un était le gentil d'un autre.
- Vous êtes bizarre.
- On me le dit souvent.
Nouer cette perle dans ses cheveux, l'arborer au vu et au su de tous revenait à raconter ouvertement son histoire, à assumer ce qu'elle représentait. C'était le premier pas vers le reste de sa vie ; une vie où il ne serait pas.
Elle ne pouvait pas. Elle ne voulait pas lui dire adieu.
Elle ne pouvait pas.
Elle ne pouvait pas.
- Tu n'es pas obligée de le faire si tu ne t'en sens pas capable, lui souffla Shael de sa voix posée.
- Ca fait quatre mois.
- Et alors ?
- Je le connaissais depuis moins que ça.
- Et alors ? répéta Shael. Ton attachement est-il moins légitime que les autres parce que tu l'as rencontré plus tard ? Ta tristesse doit-elle s'arrêter quand tu as passé autant de temps à ses côtés que loin de lui ? La force des sentiments ne se mesure pas en termes de durée. Donne-toi du temps.
- Je sais, mais...
- Tu as le droit de souffrir. Un jour viendra où ta peine s'atténuera suffisamment pour que tu puisses de nouveau aller de l'avant, mais d'ici là, essaie d'être plus indulgente envers toi-même.
Quitter son foyer, ses proches, abandonner tous ses repères pour mener une guérilla alors qu'il suffisait de faire un peu l'autruche pour continuer de vivre normalement était effrayant. Elle-même n'aurait pas été sûre d'en être capable, si on lui avait laissé le choix.
- Je vois.
Elle ne voyait pas du tout.
— Je veux me battre, répliqua-t-elle durement.
— Pourquoi ?
Parce qu'elle en avait envie ; non, besoin. Parce que sa première vie n'avait été qu'une succession de fuites pour éviter de s'impliquer dans ce qui comptait vraiment. Parce qu'elle n'avait fait que se lamenter sur son inutilité alors qu'en réalité, elle aurait eu mille façons de s'investir, mais avait été trop aveugle ou trop égoïste pour les chercher. Trop soucieuse de garder son petit confort. Parce qu'elle ne voulait plus jamais, jamais, jamais manquer une occasion de changer les choses.
— Parce que je ne veux plus me trouver d'excuse alors que je peux faire une différence.
- Je t'admire, tu sais, soupira Gill. T'es persuadée d'être invincible, c'est beau. J'espère que tu l'es vraiment.
- Ça n'a rien à voir avec le fait d'être invincible. Certaines causes méritent qu'on se battent pour elles, et celle-là, c'est la mienne: je veux vivre ma vie comme je l'entends, avec la décence due à un être humain. Tout le monde devrait y avoir droit. Tu ne crois pas?
- Non, persifla-t-elle, je me suis dit que j'avais teeeellement envie de faire un tour dans cette forêt infestée d'animaux mangeurs d'hommes et que tiens, si j'alliais le stupide zu désagréable en m'offrant le déplaisir de ta compagnie ?
Zam leva les mains en signe de reddition.
- Je retire ma question.
L'espoir est un sentiment vicieux. Quand il disparaît, c'est un gouffre infini de chagrin et de souffrance qu'il laisse derrière lui.
Elle lèverait le mystère sur ces disparitions (…) et si Kahini n’était pas content, eh bien… il n’aurait qu’à construire un peu plus d’escaliers.
- Un nocturial, lui expliqua-t-il enfin, est l'un des plus prédateurs d'Allunia. Et quand je dis grand, je veux dire sa gueule est assez large pour nous avaler tous les deux en une seule bouchée.
- Je croyais qu'il n'y avait pas d'animaux mangeurs d'hommes ici.
- Techniquement, c'est vrai, ils ne mangent pas les humains, mais ils peuvent les attaquer en période de nidification, si quelqu'un s'approche trop près.
- OK, fabuleux. Et j'imagine qu'on est pile en pleine période de nidification, bien sûr ?
- Elle est terminée depuis une ou deux lunes, mais dans le doute, il vaut mieux rester loin d'eux. S'il te plaît, Leah, écoute-moi et recule.
- D'accord. Excuse-moi, souffla-t-elle en frissonnant.
Son regard se fixa sur la végétation dense derrière Zam. Elle eut soudain l'impression de voir les feuillages s'agiter, de distinguer des yeux jaunes dans l'obscurité, et s'obligea à inspirer à fond pour réfréner son imagination. Il n'y avait que le vent et quelques oiseaux au plumage coloré.
Et deux yeux jaunes, fendus d'une pupille verticale, qui semblaient flotter dans le vide. Elle n'avait pas rêvé.
- A quoi ça ressemble ? chuchota-t-elle en se pétrifiant.
Autour des yeux apparut progressivement une tête reptilienne, dont la forme de la gueule ressemblait à un grand sourire niais.
- A une sorte de très gros lézard, mais avec un cou plus long et trois paires de pattes.
- Gros comment ?
- Ils font plusieurs mètres de long, et ils sont plus larges que je ne suis haut.
- Ils... ils sont recouverts d'écailles ?
- Oui.
- Avec des grandes plumes rouges autour de la tête ? Ils peuvent changer de forme pour se fondre dans le décor ?
- Comment tu...
- Ne bouge surtout pas, lui souffla Leah à voix basse alors qu'il s'apprêtait à se retourner. Et n'oublie pas que je suis désolée, d'accord ?
Zam ne se fit pas prier ; il devint aussi immobile qu'une statue.
- A quelle distance est-il ? articula-t-il très bas.
- Il... il ne devrait pas tarder à te baver dessus, répondit-elle sur le même ton.
Quel était le problème des Arshkans avec la taille de leurs épées, au juste ?
Une rage sans âge, glacée et violente qui semblait non pas le dévorer, mais le nourrir.
- Il était temps que tu le réalises à ton tour, souffla-t-il avec douceur
Dire que l'Allégeance l'avait fait hésiter entre le tuer ou lui arracher ses vêtements... l'un comme l'autre était terriblement embarrassant.
- La meuf de la sept est un peu casse-couilles ou je rêves ? s'était-elle exaspérée peu de temps après cette réflexion.
- On ne dit pas casse-couilles, on dit exigeante.
- OK, la meuf de la sept est exigeante ou je rêve ?
- Ouais, c'est une authentique casse-couilles.
Quitter son foyer, ses proches, abandonner tous ses repères pour mener une guérilla alors qu'il suffisait de faire un peu l'autruche pour continuer de vivre normalement était effrayant.
Qu'est ce qui définit la vengeance? Est-ce seulement un acte, destiné à rendre la monnaie de leur pièce à ceux qui nous ont causé du tort, qui se termine sitôt accomplie? S'agit-il d'une pensée, celle de rétablir un équilibre juste entre victimes et bourreaux? Ou est ce avant tout un sentiment, un désir né de la souffrance dont on perd le contrôle sans même le réaliser, une flamme que l'on cultive jusqu'à entretenir un brasier? Où se trouve ses limites, que peut-elle épargner? Quand finit-elle?