Critiques de William Burroughs Jr. (9)
Speed, l'un des deux livres écrits par le fils de William Burroughs. Celui-ci est autobiographique, rédigé d'une écriture brute et sauvage, qui se veut l'équivalent de Junky dans la génération de l'auteur, mort prématurément à 33 ans, le foie éclaté par l'alcool et les produits de consommation courante de sa polytoxicomanie lourde.
Ghislain GILBERTI
"Dictionnaire de l'Académie Nada" (extrait)
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Qu'est-ce qu'une existence... Qu'est-ce qu'une existence telle que celle-là... Brut, brute, brutale, courte, pleine ou vide... Un récit qui vaut ce qu'il vaut, pas indispensable mais pas totalement dispensable non plus. Perplexité, quand tu nous tient.
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[Lu en février 2012]
La dernière balade de Billy revient sur un moment de la vie de William Burroughs Jr : sa cure de désintoxication qu’il a dû faire par obligation à Lexington, plutôt que d'aller en prison, alors qu’il avait été arrêté dans une pharmacie avec une fausse ordonnance. On remarque très vite que cette cure n’a pas été une promenade de santé, mais qu’elle a néanmoins permis à Billy de jeter un œil rétrospectif sur sa vie d'avant la cure.
Ce que j’ai apprécié dans ce roman, c’est l’aspect brut du style de William Burroughs Jr, qui nous donne vraiment l’impression qu’il écrit sans arrêt sous amphétamines ou tout autre type de drogues. Les phrases sont vives, souvent longues, mais ponctuées d’énormément de virgules ou de points-virgules, comme si les mots fusaient plus vite que la main ne pouvait les écrire. Les idées s’enchaînent tout aussi souvent sans lien entre elles, comme si la pensée était incapable de se stabiliser sur le même sujet plus de deux secondes.
Mais cette qualité a malheureusement fini par devenir un défaut pour moi : on finit vraiment soi-même par perdre le fil des phrases, des idées, des pensées, jusqu’à se demander quelle est l’utilité de notre lecture. On a du mal à vraiment retenir des choses sur ce qu’on lit, et on finit la lecture avec un certain goût d’inachevé assez désagréable.
Une lecture qui fut donc mi-figue mi-raisin : j’ai aimé lire ce roman, mais j’ai détesté devoir sans arrêt retrouver le fil de la pensée de William Burroughs Jr pour pouvoir comprendre quelque chose à son récit. Je ne sais donc pas si je réitérerai l’expérience avec son autre roman paru en 1970, Speed.
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Un roman qui nous fait penser, que finalement on n'a pas raté nos vies... Un texte terriblement beau !
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Ça n’avait pas vraiment bien commencé pour William Burroughs Junior, alias Billy, la vie utérine sous Benzédrine et un William Burroughs Père à la triple dose d’héroïne quotidienne, jusqu’au drame trop alcoolisé ambiance Guillaume Tell, une cible que l’ivresse dédouble et le père qui tue la mère, une balle de Colt 45 dans la tête de Joan Vollmer.
Ça aurait pu s’adoucir, l’enfance confiée aux grands-parents dans leur maison pavillonnaire en Floride, un grand jardin planté de palmiers nains et de jasmin, mais c’est une jeune adolescence sous amphétamines, les petits déjeuners à la Désoxyne fournie par des ordonnances trop malhabilement et évidemment falsifiées, avant une nouvelle histoire de révolver dans un homicide heureusement raté. La clémence des juges évitera la prison à Billy et l’enverra pour une cure de désintoxication dans un hôpital fédéral de Lexington.
Billy y décrit les vies qui s’y traînent, des écorchés, des balafrés, des explosés face à des médecins condescendants, il nous emmène le long des murs verts et des carreaux trop blancs d’un centre qui ne guérit rien, pas Denis-la-Grosse-Tête le musicien virtuose, ni Bob Vaughan le poète ectoplasmique du bibliobus, pas plus le vieux Clarence qui ne voit la possibilité de guérison que dans un nouveau cerveau non transplantable.
C’est le témoignage d’une réalité sordide, celle de la drogue comme une vague immense qui ravage tout, dans une écriture crue et fiévreuse, allégée par le détachement et l’autodérision d’un anti-héros penaud, lucide et sensible bien au-delà du stéréotype du junkie criminel et prédateur. C’est ce rythme et cet humour par-dessus la souffrance que j’ai apprécié, bien que parfois égarée dans les temporalités qui s’enchevêtrent et un peu lassée par quelques lourdeurs (l’intérêt pour les femmes ne dépasse guère leur décolleté), néanmoins une deuxième lecture m’a permis de remettre de l’ordre et du sens et d’éprouver davantage de tendresse pour ce Billy trop abîmé.
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ce livre retrace le parcours de junkie de William Burroughs, le tout raconté avec beaucoup de naturel, bien avant son plongeon dans le cut-up (et donc beaucoup plus accessible). Il s'agit en fait de chroniques commandées par Allen Ginsberg qu'il a compilées ensemble pour faire un bouquin.
NOTE : ce livre n'a pas été écrit par William Burroughs Jr, mais plutôt par William S. Burroughs (son père)
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