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Citations de Abdennour Bidar (221)


Abdennour Bidar
[…] On ne me demande plus ainsi, à moi comme à d’autres, qu’une chose : de quel côté je suis entre Israël et Gaza, et, selon le camp que j’aurai choisi, de dénoncer l’autre camp. […]
Comment choisir entre des causes qui, partout aujourd’hui, ne sont plus que des prétentions de supériorité, des déclarations de guerre ? Comment peut-on ici décemment choisir entre l’armée israélienne qui tue la population de Gaza et le terrorisme du Hamas ? […] On ne choisit pas le bien entre deux égarements.
Disant cela, je pense à Erasme, qui, au 16ème siècle, avait refusé de choisir entre catholiques et protestants, au motif que les deux camps commettaient l’un et l’autre de terribles massacres. Quand il nous rapporte cela dans le portrait magnifique qu’il fait de lui, Stefan Zweig [1881-1942] nous dit qu’Erasme fut condamné des deux côtés pour avoir ainsi refusé de choisir. Les deux camps le déclarèrent traître au bien et complice objectif du mal commis par l’autre camp. Ils lui firent le grief de manquer de courage autant que de lucidité, et s’il fut traîné dans la boue pour cela, c’est que, dans une époque où la folie se répand, où les positions s’hystérisent, il ne fait hélas pas bon garder la tête froide et le cœur en paix. […]
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Qu'est-ce qu'une démocratie qui, de la sorte et par la bouche de toutes ses élites (politiques, médiatiques, intellectuelles), se met à discréditer et à réprimer chaque colère du peuple ?
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Quelle empathie peut naître de la peur ?
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Abdennour Bidar
Je ne pense pas qu'on puisse, dans une existence humaine, faire l'économie du spirituel.
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Le mot même « sacré » est inutile ! Il signifie en effet « ce qui est à part », « ce qui est d’un autre ordre » et dont on ne se rapproche qu’à grand peine et avec effroi tellement cela nous dépasse. Or tout s’est rapproché ! Plus de distance du Tout, à partir du moment où nous « faisons le sacré », ou, mieux, « nous faisons ce que faisait le sacré », à savoir nous éveiller à notre moi profond, par nos liens les plus quotidiens – avec nous-mêmes, autrui et la nature. Donc la notion de « sacré » et la notion de « spirituel » deviennent obsolètes, dépassées. Et à ce que je disais plus haut, on peut ajouter ceci : c’est non seulement la vie spirituelle mais la vie sacrée qui devient la vie tout court en s’étendant à tout le domaine de la vie reliée. Le trésor qu’on allait chercher autrefois dans la crypte du sacré nous est maintenant donné potentiellement dans chacun de nos liens. Comme le souligne Martin Buber, “là où nous avons été placés, (…) c’est justement là, et nulle part ailleurs, que se trouve le trésor. C’est dans le milieu que je ressens comme mon milieu naturel, dans la situation qui m’est échue en partage, dans que qui jour après jour me réclame, c’est là que réside ma tâche essentielle, là est l’accomplissement de l’existence qui s’offre à ma portée “.
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La vie est un immense métier à tisser. Dès lors, le Tisserand n’a nul besoin d’aller chercher la vie spirituelle loin de là où il est, à chaque moment, d’aller la quérir dans un au-delà ou dans des lieux à part – églises, mosquées, pagodes ou synagogues. Non, pour lui, tout fait office de temple ; il n’a plus aucun besoin d’édifices sacrés. La moindre interaction remplace les vieux rites. Le champ de sa vie spirituelle ne rencontre plus aucune limite…
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Le lien intérieur : j’insiste sur ce point parce que c’est à mes yeux le plus décisif pour les Tisserands. Il est plus que temps qu’enfin la créativité, ou « liberté personnelle » soit revendiquée aussi dans ce domaine de la vie profonde où depuis la nuit des temps la religion a voulu imposer sa loi avec les réponses toutes faites imposées par ses chefs. L’heure est venue des autodidactes spirituels ! (p.94)
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La vocation ultime et convergente de tous les liens – à soi, à autrui, à la nature et à la vie – est de nous faire grandir en humanité. Ces Tisserands-là ont pris conscience que n’avions plus guère de
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On fabrique aujourd’hui des générations de gens que ne croient plus en rien, des découragés d’avance, des cyniques qui, quand ils ont la chance de ne pas faire partie des damnés de la terre, se replient peureusement sur leur petit pré carré de bien-être privé.
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J’emploie ce vocable de « vie spirituelle » à propos de la vie reliée. Je considère en outre comme une chance qu’enfin on puisse désigner ainsi une autre vision du monde que celle de la religion ! À travers ce progrès, j’y insiste, c’est l’histoire spirituelle de notre humanité qui mute enfin hors des époques religieuses. On trouve dans la charte Démocratie et Spiritualité, l’association présidée par Jean-Baptiste de Foucauld, cette définition très ouverte et post-religieuse du spirituel, qui l’associe justement à la culture des liens : « Pour être admis et efficace, le spirituel doit être ouverte et défini de façon large : ce qui fait appel à l’intériorité de l’homme, lui fait refuser l’inhumain, l’invite à s’accomplir dans une démarche de transcendance et à donner du sens à son action, le met à l’écoute des autres et le porte à donner, échanger, recevoir ». (P.29)
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Que les uns parlent de « vie spirituelle » là où les autres parlent de « vie qui a du sens », peu importe. Que les uns parlent de « présence de Dieu » lorsqu’ils font l’expérience de quelque chose qui les appelle et les dépasse, que d’autres parlent de vie universelle, et d’autres encore de fraternité humaine, quelle différence au fond ? L’important est de se retrouver tous ensemble dans quelques convictions fondamentales : chacun d’entre nous est relié à plus vaste que lui, qui le fait grandir ; le petit moi n’est rien tout seul ; seul une nouvelle culture des liens nous fera sortir de toutes nos fractures – intérieures, sociales, écologiques.
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Il me semble que jusqu’à l’apparition des Tisserands la modernité a eu du mal à proposer un substitut aux promesses des religions, qui serait réellement capable de « soulever l’existence au-delà d’elle-même ». Or pour la première fois peut-être, nous avons un tel substitut – et mieux même, une vraie relève du religieux qui permet enfin d’envisager la possibilité de passer au-delà. D’aller voir spirituellement par-delà les religions et donc de relancer l’histoire spirituelle de l’humanité, d’ouvrir la prochaine ère.
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La culture du lien de partage, de fraternité, de dialogue, développe notre humanité – ce beau mot désignant à la fois « le fait d’appartenir à l’espèce humaine » et « le fait de se conduire fraternellement envers son semblable ».
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Comment espérer être heureux si on ne vit qu’à la surface de soi-même ? Sans jamais faire s’épouser notre âme et notre conscience ? Sans jamais faire respirer notre âme à l’extérieur ? Sans ce que Mohammed Iqbal appelle « l’ouverture des sources de vie cachées dans les profondeurs du moi humain » ?
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Déjà un peu partout dans le monde commencent à se produire « un million de révolutions tranquilles ». (…) J’appelle Tisserands les acteurs de ces révolutions. Leur objectif commun, en effet, est très simple : réparer ensemble le tissu déchiré du monde.
Ces Tisserands sont à mes yeux les nouveaux résistants – les modestes héros de notre temps, les indispensables hérauts des temps à venir. Mais ils vont avoir besoin de renfort.
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Iqbal encourage cette émergence en l’homme d’une faculté autonome à sacraliser sa vie. C’est grâce à des pensées comme la sienne que l’homme spirituel de demain pourra se constituer en se débarrassant d’abord de la conviction que notre condition sera perpétuellement celle d’une créature soumise au divin – conviction qui paralyse d’avance trop de consciences spirituelles, et les enferme dans le refus de toute évolution de la religion.
Nous avons aujourd’hui plus que jamais besoin de cette médiation parce que le temps semble venu pour l’émancipation spirituelle. Quelque chose se produit actuellement sur ce plan qui relègue les autres phénomènes de l’heure à un rang très secondaire, ou plutôt qui les inscrit dans une perspective infiniment plus vaste que la leur. Nombre de femmes et d’hommes comprennent que nous sommes tous engagés désormais, sans distinction de culture ni de lieu géographique, dans une période extrêmement difficile du devenir spirituel de l’humanité. Une insatisfaction fondamentale nous étreint, parce que nous sentons que ni la voie religieuse, ni la vie profane, ne suffisent plus à remplir notre âme. Nous cherchons notre place par-delà l’une et l’autre. Nous ne voulons plus être religieux, ni profanes. Nous attendons et cherchons, espérant trouver pour nos vies un sens aussi sublime, ultime et intime, que celui que nous tendaient les religions d’autrefois. Et nous avons l’intuition que va prendre fin la terrible médiocrité existentielle du XX e siècle.
p.240-241
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[L’]œuvre [de Mohammed Iqbal] a cette fécondité exceptionnelle d’offrir à la conception occidentale de la modernité comme « ère de l’individu » une relève qui la porte plus loin que ce que l’Occident avait pensé jusqu’ici. Elle prolonge le projet occidental de l’émancipation naturelle et sociale de l’homme (sous l’effet du progrès conjugué de la science et de la politique) par le projet de son émancipation spirituelle, hors de la tutelle de Dieu, vers l’accomplissement de soi comme Soi créateur.
p.240
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Mais nous tardons à changer nos habitudes mentales, et nous érigeons aujourd’hui en grands prêtres de la pensée ces économistes comme nous avons hier, au début de la modernité et de ses illusions spécifiques, élevé au rang de nouveaux sages les prophètes de la science et de la politique, les petits dieux de la société et de la matière. Aucune de ces pensées (bien que nécessaires et fécondes sur leur plan) ne pourra affronter à leur mesure nos problèmes de civilisation, qui exigent que l’examen de notre situation matérielle soit articulée à une réflexion spécifique sur notre situation spirituelle.
p.119
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Iqbal libère les incroyants du préjugé que la pensée philosophique et scientifique de l’Occident serait autosuffisante, qu’elle n’aurait rien à recevoir de la pensée religieuse pour comprendre la vie et le monde… Et il libère les croyants du préjugé inverse que la pensée religieuse serait autosuffisante et n’aurait pas besoin du questionnement de la raison philosophique. Iqbal nous fait comprendre au contraire que nous avons tous besoin les uns des autres, et que la véritable fracture entre les hommes ne se situe pas entre croyants et athées. Elle passe entre ceux qui cherchent ce que tous les discours, philosophiques, religieux, scientifiques peuvent mettre en commun et s’apporter réciproquement pour penser la condition et le destin profond de l’homme, et ceux qui choisissent au contraire l’exclusion dogmatique. Dogmatisme ou fanatisme du scientifique qui ne croit qu’en la science, du philosophe qui ne croit qu’en la philosophie, du religieux qui ne croit qu’en la religion.
p.54-55
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Voilà qu’un instant de grâce et d’émoi m’a fait sortir du temps, de l’espace, et de mon petit moi !
Il m’a mis sur la voie de l’Esprit, j’ai senti l’Infini !
J’ai basculé vers l’Ouvert, hors de toutes formes et frontières !
Je ne doute plus, je l’ai vu,
Il n’est plus une espérance mais une évidence,
Il est venu,
Il m’a ému, effleuré, visité, traversé,
Réveillé,
À mon cœur qu’il a caressé, il a donné la preuve qu’il existait, il a donné la preuve qu’il aimait !
Et je n’ai plus désormais que le désir de le retrouver, pour rester cette fois avec lui, à tout autre ravi, indéfiniment au lieu d’un seul instant !
Je veux que mon expérience mystique devienne initiatique,
Je veux que la caresse éphémère, l’ivresse d’hier, devienne amour de chaque jour…
Je le veux, j’en fais le vœu, le serment, tandis qu’auparavant j’ai laissé filer ces parenthèses enchantées,
En pensant que la vie n’était pas faite pour pareille fête,
que la vie n’était pas faite pour être aussi parfaite,
pas faite pour un tel séjour au faîte de l’Amour,
pas faite pour rester sur cette cime inespérée, ce si sublime sommet…
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