Une vie nouvelle commençait.
La riche Catalogne, avec ses immenses zones manufacturières et ses terres fertiles arrachées au maître féodal, à la bourgeoisie et au clergé, devint la propriété de tous. Les vieux concepts de maître et d'esclave brûlaient en même temps que les images religieuses dans les milles feux que le peuple avait allumés.
Tout brûlait, jusqu'à ce stigmate de l'exploitation qu'on appelle l'argent...
Une des caractéristiques de la révolution, c'est de donner l'impression de planer, de vivre dans le rêve, le vertige. Sans cette impression il n'y a pas de révolution libératrice spirituellement parlant.
Dans celle que nous commencions à vivre se rejoignaient tous les désirs, toutes les ardeurs contenues pendant des années, éprouvées dans l'abstrait et c'est pourquoi à présent émergeait la pratique qui pouvait faire du rêve la réalité.
C'est l'autorité sous ses différentes formes et manifestations qui est à l'origine du fascisme, dont les moyens de lutte et les méthodes de combat sont utilisés par tout pouvoir lorsque ceux qui se trouvent sous sa férule prétendent se soulever et s'émanciper de sa tutelle.
L'anarchisme est tout le contraire du sectarisme et du dogme. Il se perfectionne en agissant. Il n'a pas de doctrine définie.
Makhno
Selon nous, la solidarité entre hommes doit réveiller la responsabilité personnelle.
Il faut que l'homme apprenne à vivre en liberté et développe en lui ses facultés de responsabilité individuelle.
C'est seulement en se libérant de la peur que la société pourra s'édifier dans la liberté.
Durruti
On commença à préparer la campagne électorale :
La droite formait un bloc ; son slogan : antimarxisme et défense de l'église.
La gauche divisée fondait sa propagande sur le salut de la République avec comme thèmes : anticorruption et se dégager de la domination cléricale.
Les problèmes vitaux, chômage, réforme agraire, pauvreté furent entièrement passés sous silence.
La C.N.T convoqua un péplum et publia la position adoptée : " Nul ne doit voter...."
La révolution est une activité continue, avec des hauts et des bas.
En révolutionnaires conscients, notre mission consiste à servir de détonateurs, une fois, deux fois, vingt fois si nécessaire, jusqu'à l'explosion collective, la seule qui peut faire de la révolution une activité continue, prolongée jusqu'à son seul but véritable : un changement total de mode de vie des hommes.
Durruti
Pour Durruti, la mission du révolutionnaire n'était pas seulement de déclencher la révolte violente, mais surtout de secréter la révolution à chaque instant.
Grâce à cet exercice de participation directe, le moment de l'action collective venu, la classe ouvrière devrait commencer à reconstruire la société en dehors de tout schéma préfabriqué. Cette nouvelle société, il la concevait comme une ruche où chaque individu est une cellule active.
Aussi longtemps que l'homme ne pensera pas par lui-même et ne prendra pas les responsabilités lui incombant, il n'y aura pas de libération totale de la personne humaine.
Durruti
L'annonce de la formation de colonnes de volontaires suscite un grand enthousiasme parmi les ouvriers barcelonais. Le 24 juillet, la colonne Durruti quitte Barcelone pour l'Aragon. Arrêtée par une attaque aérienne, elle choisit pour quartier général le bourg de Bujaraloz, pendant que la CNT et la FAI constituent à Barcelone d'autres colonnes - la colonne Roja y Negra et la colonne Ascaso - et que les partis marxistes font de même. Mais ces renforts tardent à arriver sur le front. La colonne s'empare néanmoins de Los Calabazares, à 14 km de Saragosse. En deux semaines de guerre, les munitions sont épuisées sur le front d'Aragon, alors que les fascistes disposent déjà de l'appui de l'aviation italienne et allemande. Le front se stabilise.
En août, les colonnes déclenchent une vaste offensive qui se conclut par la prise de Siétamo, de Pina de Ebro et d'autres localités. A l'arrière, politiciens réformistes et staliniens - lesquels sont de plus en plus influents dans le camp républicain - sabotent l'approvisionnement en armes des colonnes de la CNT et du POUM et menacent le pouvoir des comités de quartier.