Citations de Agnès Abécassis (395)
N'empêche, si je me suis tricoté un collant de peau d'orange depuis qu'on sort ensemble, ce n'est pas à cause de mon "inconstance". Non monsieur.
Henri a arrêté de fumer lorsqu'il m'a rencontrée (un petit pas pour lui, un grand pas pour son haleine). J'ai pensé naïvement, moi qui n'avais jamais tenu un bâtonnet qui pue entre les doigts, que je deviendrais alors sa seule drogue, son unique objet de plaisir et de vice.
Que nenni. L'homme, en phase de sevrage, a dû compenser l'absence de sa chère nicotine par de la nourriture.
Je me souviens d'un cadeau de Noël. C'étaient des petits carrés en bois avec une lettre imprimée dessus.
A l'époque, on l'appelait diamino, maintenant, pour faire chic, on l'appelle Scrabble.
Avec les carrés, on devait composer des mots.
A l'époque, j'avais cinq ans, une famille et un vocabulaire pauvres : papa, maman, dodo, auto, vélo, bonbon.
J'avais trop de lettres dans mon jeu, pas assez de mots dans mon cerveau.
(...)
Un jour, j'ai eu trop de mots dans mon cerveau et plus assez de lettres dans mon diamino.
Alors j'ai pris un crayon et j'ai écrit les mots, avec lesquels j'allais pouvoir raconter ma vie.
(Jean-Louis Fournier)
N'écoutant que ma panique, j'entrepris sauvagement la montée de l'esscalier, gravissant les marches à la vitesse d'un guépard implacable jusqu'au premier palier, d'une pouliche fringante jusqu'au deuxième, d'un lapin se hâtant jusqu'au troisième, d'un teckel toussant sa bronchite jusqu'au quatrième, d'une tortue crachant son emphysème jusqu'au cinquième, et mécroulai au sixième, tel un escargot en bout de course râlant dans un filet de voix (et de bave) : "Allez-y, les gars, continuez sans moi". (p95)
- Tu aimes ? Il y a de la cervelle d'agneau dedans. C'est délicieux.
De la... cervelle ?
Sous le choc, je me pétrifie d'horreur. J'hésite une seconde entre vomir par terre discrètement ou seulement m'évanouir.
Je ne peux quand même pas recracher devant Elsa, non ? Hein, je peux ou pas ? Non, hein ? Ben non. Il va falloir avaler.
Pour le divorce, je crois que je vais attendre un peu : c'est déjà mon second mari. A force de changer de nom tous les cinq ans, je finis par ne plus savoir comment je m'appelle. Il y en a qui deviendrait schizos pour moins que ça.
Le salon résonna pendant trente bonnes secondes où les lèvres en entonnoir de l'une touchaient à peine la joue de l'autre pour ne pas y apposer de rouge à lèvres, il fallait bien que le volume sonore justifie le mouvement des têtes qui se croisent
La bougie en plus sur le gâteau n'est pas un problème. Le laisser-aller général, quel que soit son âge, si.
Olivier s'avança vers sa femme, aperçut son fils, aperçut au sol le sang mêlé à d'autres liquides multicolores, et perdit connaissance.
C'est vers lui que se dirigèrent les secours lorsqu'ils parvinrent sur la terrasse.
C'est marrant de se dire que tous les goûts sont dans la nature. Et que cette bonne femme, toute horripilante qu'elle puisse être, est pour quelqu'un, son mari, son amant, son fils, son père ou son ex, la femme de sa vie.
Depuis tout à l'heure, j'écarte comme je peux avec mon pied une intruse quadrupède venue quémander sa dîme.
Elle agite sa truffe en direction des biscuits, tourne autour, tente de s'approcher puis, se voyant sans cesse repoussée, finit par abattre sa dernière carte : le regard qui tue. Assise comme la plus fayotte des élèves les plus sages, oreilles basses, moue piteuse, yeux implorants, la babine légèrement de traviole. Elle est si convaincante qu'on pourrait haut la patte lui attribuer l'Oscar (en l'occurence, le "César") du meilleur rôle de crêve-la-faim.
Vaincue, je glisse un morceau de gâteau par terre, dont elle ne fait qu'une bouchée.
En emmergeant du métro, palpitante et déboussolée, je me dirigeai comme un automate vers la librairie la plus proche. Hors de question de rentrer pleurer devant mes filles, il fallait que je me calme d'abord.
Ma tension retomba sensiblement, à mesure que je m'enfonçais dans les rayonnages de ce temple dédié à la lecture. Peu à peu, mes nerfs à vifs s'apaisaient, tandis que je caressais des couvertures de livres, ou feuilletais des ouvrages choisis au hasard. J'atteignis le maximum de ma zenitude au fond du magasin, dans le rayon livres pour enfants, où je passai une bonne demi-heure, assise par terre, à contempler des illustrations le regard fixe,essayant de nettoyer ma mémoire de ce que l'on venait de me dire.
Le seul Plaute dont j’avais entendu parlé avant aujourd’hui, c’est celui qu’un homme fait avec ses mains sur mes seins.
-Je t'aide à te calmer. Je te sens très tendue... tu vas avoir tes trucs ?
- Pff. C'est lamentable de croire que le syndrome prémenstruel est la réponse universelle à toutes les sautes d'humeur féminines...
- Oh, ça va, hein. J'ai grandi avec trois sœurs alors les accès de lycanthropie, je connais.
Début de calvitie prononcé, silhouette maigre comme la famine, doigts noueux et ridés précocement, oreilles poilues, costume qui sent la naphtaline ... Mieux vaut ne pas cligner des yeux : lui, si je lui passe un coup de scan-look, mes bipers d'incompatibilité totale vont sonner tellement fort dans ma tête qu'il risque de les entendre.
- Mais maman ! Arrête, c'est dégoûtant, tu me nettoies avec ta saliiiive !
Sans me démonter, je parviens à l'astiquer encore un coup, l'ultime.
Ooooh, ça va, hein, tu faisais moins ta chochotte quand tu sirotais mon liquide amniotique.
- 3,14...3,14...houlala...
- Hein ?
- C'est rien, fait Fabrice, en accélérant le pas. C'est ma façon polie de dire que j'ai envie de faire pi-pi.
"A la première coupe, l'homme boit le vin.
A la deuxième coupe, le vin boit le vin.
A la troisième coupe, le vin boit l'homme." Proverbe japonais
"Les larmes sont à l'âme ce que le savon est au corps." Proverbe juif
Il lui avait promis la lune et les étoiles lorsqu'ils s'étaient rencontrés, elle se retrouvait avec une météorite ayant anéanti toute trace de joie de vivre dans son existence.
Cela faisait déjà la cinquième année consécutive que je fêtais mes trente-huit ans. A un moment, quelqu'un allait bien finir par se douter de quelque chose.