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Citations de Akli Tadjer (329)


Lire pour s’ouvrir sur le monde et transmettre à d’autres qui, comme moi, n’avaient pas eu la chance de trouver un bienfaiteur sur leur chemin. Mohamed était resté coi puis il m’avait envié : il n’avait jamais connu de Français au cœur généreux qui le prenne sous son aile pour lui ouvrir les portes de la connaissance.
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Au début, il trouvait que mes leçons étaient de véritables séances de torture. Le présent, l’imparfait, le futur, le passé simple, le passé compliqué lui donnaient des vertiges. Puis il s’est pris au jeu. C’est lui qui, désormais, me réclame des cours, même si je sais que c’est un prétexte pour discuter de nos vies de déracinés.
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La guerre, Hitler, les Juifs, l’Occupation, la déportation, Elvire a mis tout ça de côté, non pour oublier, l’oubli ne se décrète pas, mais pour taire ses rêves d’aventures et poursuivre l’œuvre de son père.
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La première nuit que nous avions passée ensemble, dans le même lit, nos corps s’étaient aimantés naturellement. Nos bouches raffolaient de nos baisers. Sa peau, ma peau s’aimaient à n’en plus pouvoir s’en détacher. Pourtant Elvire et moi ne nous connaissions pas tant que ça. Nous avions voisiné sur le même palier de chambres de bonne d’un immeuble de l’avenue des Gobelins. Puis son père et Samuel avaient été avalés par la Gestapo. Puis Tarik avait rejoint les brigades fascistes. Puis nous étions restés seuls. Tout seuls. Et pendant ce temps, les loups toujours plus nombreux chassaient le Juif dans les rues de la capitale.
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Sa beauté, c’est encore ce sourire au lever, sa beauté c’est surtout ce visage qui dit : « Je t’attendais hier soir, je t’attendrai demain, je t’attendrai toujours. »
Je la serre tout contre moi, comme si nous avions été séparés depuis très longtemps. Nous nous asseyons autour de la table, je lui verse une tasse de café avec un sucre et nous nous regardons en silence. J’aime nos silences complices qu’on pourrait prolonger à l’infini. J’aime quand elle me regarde de ses yeux sombres pleins de promesses et d’éclats. J’aime ses doigts fébriles qui se glissent entre les miens pour ne plus me lâcher ; c’est sa manière de me dire qu’elle m’aime. Pourtant, nous n’avons jamais osé nous avouer nos sentiments. Nous sommes des cœurs cabossés. Elle a perdu le seul homme qu’elle aimait : son père. J’ai perdu celle que j’aimais : Zina.
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Elvire dort. Elle est belle au présent comme au passé, comme elle le sera lorsqu’elle se réveillera. Elle n’est pas de ces beautés qu’on affiche pour de la réclame aux flancs des autobus ou dans les couloirs du métro, elle est beaucoup plus et beaucoup mieux que cela. Sa beauté, c’est son tempérament ardent et sensible à l’excès, sa beauté, ce sont ses grands yeux noirs de mélancolie, sa beauté, ce sont ses cheveux noirs coupés à la garçonne, sa beauté, c’est le charme de sa voix suave qui éveille en moi des élans de tendresse.
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Ah, Hitler ! Il ne tarit pas d’éloges sur le Führer. C’est un homme comme lui qu’il faudrait pour libérer ce pays des scorpions qui le vampirisent.
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Ses longs cheveux roux qu’elle laissait flotter au gré du vent, comme une provocation, sont cachés sous un voile de tristesse. Son visage, hier diaphane et lumineux, est maintenant d’une pâleur maladive. Mon cœur tape plus fort que le jour où je lui ai déclaré, rouge de confusion, que la vie sans elle ne serait pas une vie. Elle avait treize ans. J’en avais seize. Elle sourit puis son visage se fige et se ferme. J’ai tant à lui dire, mais les mots restent noués dans ma gorge. Je suis à portée de baisers. Je voudrais la serrer contre moi pour qu’elle écoute mon cœur qui a perdu la mesure. Je voudrais sentir l’odeur de sa peau, la chaleur de son souffle, ôter son voile noir, glisser mes doigts dans ses boucles rousses comme au temps où nous pensions que rien ne saurait nous diviser, jamais.
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Il a vieilli, certes, mais son regard est le même, noir, hautain, suffisant. Il en impose toujours, le salaud. La petite foule s’écarte sur son passage. Il s’incline devant la dépouille de tante Safia puis il me serre dans ses bras puissants. J’ai le dégoût au bord des lèvres. Je ne peux m’empêcher de penser à Zina prisonnière de ses étreintes brutales. Il murmure dans mon cou que je peux compter sur lui si j’ai besoin de ses services. Je n’ai plus besoin de rien depuis qu’il m’a volé tout ce que j'aimais.
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Le temps qui court leur est indifférent. Elles savent que c’est une invention humaine, que la seule vérité qui vaille est le perpétuel mouvement de la vie avec ses désastres, ses chagrins, ses fêtes, ses passions, ses flétrissures et sa fin inéluctable, car naître, c’est commencer à mourir.
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Elvire m’a toujours soutenu parce que mon combat est juste. Parfois, elle m’en veut de lui voler nos dimanches avec ces réunions faites d’échanges houleux, de chahuts d’écoliers et de prophéties pour un autre jour. Alors, pour se moquer de moi, elle me compare à Don Quichotte, cet hidalgo illuminé parcourant l’Espagne pour défendre les opprimés et qui, devenu fou à force de voir le mal répandu partout, a fini par batailler contre des monstres géants et des moulins à vent.
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Les souvenirs, ça va, ça vient, c’est comme les vagues de l’océan, parfois elles vous bercent d’images heureuses, parfois elles vous rejettent des pensées amères que l’on croyait noyées à jamais.
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L’autre raison qui avait fait de moi un déserteur, c’est Zina, l’amour de mes jours et de mes nuits. La veille de mon incorporation, je l’avais enlevée à ses parents et nous avions fui de nuit Bousoulem. Pour vivre où ? Nous ne le savions pas, mais loin des fusils, des bruits de bottes et de la folie des hommes, c’était sûr. Nous avons été arrêtés sur un chemin de forêt par une patrouille de militaires traquant les brigands d’honneur qui pullulaient dans la région. Zina avait été rendue à sa famille et on m’avait emmené dans une caserne où j’avais fait la connaissance de Samuel et de Tarik.
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Tarik. Il avait refusé de servir sous le drapeau parce que son père, l’imam de Fnaya, dont la sagesse avait franchi nos plaines et nos montagnes, lui avait enseigné que l’islam est une religion d’abord du respect d’autrui – n’importe lequel – ; en conséquence, Allah avait interdit de tuer la personne humaine, car il l’avait déclarée sacrée.
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Nos silences, nos soupirs, nos rires complices étaient plus éloquents que nos conversations. Nous ne parlions de rien pour ne pas s’avouer qu’on était bien tous les deux. J’aimerais rester longtemps tout contre lui à écouter le murmure des ruisseaux, le souffle du vent dans les branches des chênes-lièges et les chants heureux des bergères dans la vallée, mais une gamine me sort de mes songes. Un cheik arrivé de Fnaya demande à me parler. Elle me prend la main et je la suis jusqu’au portail de la maison. Elle me désigne un homme de dos, grand, trapu, enveloppé dans un burnous noir dont le capuchon est rabattu sur la tête. Les jeunes hommes autour de lui le saluent avec déférence. La gamine tire sur sa manche, il se retourne et je reste interdit : Tarik Benyounes.
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Lorsqu’on n’a rien à vendre, à louer, à troquer, on vient aux renseignements. Savoir si un colon embaucherait pour des travaux agricoles, de maçonnerie, de métairie. On chuchote dans mon dos que j’ai bien changé. Avec mon costume et mon beau chapeau, j’ai l’allure et le port de tête hautain des mannequins pour automobiles qu’on voit sur les photos des magazines de mode.
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Chaque olivier, chaque haie de figuiers de Barbarie, chaque gourbi, chaque eucalyptus de cette route de montagne n’a aucun secret pour moi. Plus la pente est raide, plus j’ai le cœur serré. Non parce que j’ai de la peine d’avoir perdu tante Safia – elle n’avait plus d’âge –, mais chaque pas me rappelle combien j’ai aimé Zina et combien de jours heureux nous avons vécus à l’ombre de ces grands arbres. Elle vit désormais dans cette villa de tuiles vertes bordée des terres les plus riches de la vallée.
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Besoin de marcher. Respirer l’odeur de mon pays. Écouter le chant des cigales. M’attarder sur la couleur des maisons et ce petit monde qui m’est familier.
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Lorsque les Allemands occupaient la moitié de la France, on aurait crié à l'horreur, au scandale, à l'outrage, s'ils avaient obligé les petits écoliers français à apprendre leur langue, leur culture, leur géographie et l'histoire de leurs gloires nationales. Et que dire si en plus, ils avaient changé les noms des villes et des villages pour les replacer par des noms teutons. C'est pourtant ce qui s'était passé chez nous, et c'est cela que j'appelais un génocide.
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Ce dimanche-là, donc, j'avais décidé que nous débattrions du génocide identitaire qui avait fait de nous des hommes ni tout à fait français, ni tout à fait kabyles, ni tout à fat arabes. de mon point de vue nous étions une sorte de peuple hybride qui avait fini par développer un complexe d'infériorité.
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