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Citations de Akli Tadjer (329)


Tu as vingt ans Adam, tu parles comme si tu avais vécu cent ans.

Avoir vingt ans, ça n'existe pas chez nous. Je suis vieux de toutes les humiliations dont j'ai souffert depuis l'enfance.
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Dans vos réunions, cher Adam, combien de fois ai-je entendu parler d'audace et de liberté ? Ou est l'audace, où est la liberté quand aucune autre femme que moi n'est autorisée à participer au dialogue? Avez-vous peur de nous? Que savez-vous de l'Algérie dont rêvent vos femmes, vos filles, mes soeurs? Evidemment rien. L'Algérie de demain se fera avec nous ou elle ne se fera pas.
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Dans vos réunions, cher Adam, combien de fois ai-je entendu parler d’audace et de liberté ? Où est l’audace, où est la liberté quand aucune autre femme que moi n’est autorisée à participer au dialogue ? Avez-vous peur de nous ? Que savezvous de l’Algérie dont rêventvos femmes, vos filles, mes sœurs ? Évidemment rien. L’Algérie de demain se fera avec nous ou elle ne se sera pas.
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Nous ne voulons plus quémander l’égalité des droits. Nous ne voulons plus être endormis par de belles promesses d’égalité et de fraternité.Nous voulons être maîtres de notre destin. Nous voulons être libres. Libres comme des Français.
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— Il faut tout lire pour arriver à la liberté.
— Oui, il faut tout lire, tout savoir, pour être libre, Mohamed.
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L’autre soir, je me suis surpris à déclamer en pointant avec un coupepapier un ennemi imaginaire : « … Il nous faut de l’audace, toujours de l’audace, encore de l’audace, et nous sortirons de la longue nuit coloniale.
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Il faudra vous en prendre à la guerre, celle qui tue les frères et fait saigner le cœur des grandes sœurs.
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La bouteille vidée, Elvire a rapatrié un litre de calva du salon. J'ai fait un non énergique avec le doigt.
— Avec le cidre, Allah fermera peut-être les yeux, mais avec le calva, il ne me le pardonnera jamais.
Elle a ri par hoquets, puis elle a bu une gorgée, une deuxième, et elle a dit :
— C'est à lui de te demander pardon. Regarde où tu es, Adam. À des milliers de kilomètres de celle que tu aimes, et c'est toi qui devrais t'excuser de boire pour oublier que demain, nous ne serons peut-être plus là ? Sois sérieux, Adam, bois.
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— Tu as vingt ans, Adam, tu parles comme si tu avais vécu cent ans.
— Avoir vingt ans, ça n'existe pas chez nous. Je suis vieux de toutes les humiliations dont j'ai souffert depuis l'enfance.
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-Jacques, tu le sais bien toi aussi que tout notre malheur c'est la faute des francs-maçons et de la juiverie internationale. Vous êtes citoyens français comme nous. [...] Mais vous, les youpins, vous ne serez jamais comme nous. Ce n'est par par attachement à nos valeurs que vous avez sollicité la nationalité, c'est par intérêt. [...]
En payant mon café, j'ai demandé au patron s'il savait ce qu'étaient des francs-maçons. Évidemment qu'il savait, il avait eu affaire à eux bon nombre de fois avant la guerre. C'était des ouvriers du bâtiment. Avec eux, pas d'entourloupe, les devis étaient respectés au centime près? d'où l'expression "franc-maçon". Je ne voyait pas le rapport entre ces ouvriers du bâtiment et les juifs. Il y avait tant de choses que j'ignorais.
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-Quand je regarde derrière moi, je ne vois que le corps de mon père mutilé, pourri par la gangrène et l'ingratitude de l'armée française. Quand je nous regarde aujourd'hui, je nous vois otages de la barbarie des uns et des autres. Ce que j'ai appris des allemands, je l'ai subi tous les jours au frontstalag. Nous vivions comme des animaux...je ne leur ferais jamais confiance pour nous libérer. Vainqueurs avec la France ou vaincu avec l'Allemagne, nous les Algériens serons toujours perdants. Si nous devons être de notre destin, nous ne le devrons qu'à nous même.
Fodil et Tarik ont éclaté d'un rire complice, heureux de penser que j'étais un sacré naïf, tandis que les autres se sont moqué de moi en me crachant leur fumée de cigarette à la figure. L'un d'eux, ivre d'anisette, m'a bousculé et à hurlé que seul Hadj Adolf Hitler nous délivrerait de l'empire de l'empire colonial
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Combien étions-nous dans ce frontstalag ? Plus d'un millier, certainement. A la vérité, il était vain et impossible de le savoir car il en arrivait et il en mourrait tous les jours, des soldats des colonies. Ici aussi, on ne se mélangeait pas. C'était comme une loi naturelle. Il n'y a que dans les romans que des soldats vaincus fraternisent pour mieux supporter la douleur des défaites amères. On s'était regroupés en fonction de nos origines, de nos langues, de nos cultures, de nos religions. Même entre coreligionnaires d'Afrique du Nord, c'était chacun dans son coin. Les marocains étaient dans des baraquements près des abreuvoirs, les Tunisiens avaient préférés vivre comme dans le désert, sous des guitounes façonnés avec des bâches en plastique. Nous, les algériens, nous avions ajouté de la division à la division. Les Arabes et les juifs arabophones s'étaient accaparé les baraquements côté droit de l'enclos, quelques roumis qui avaient refusé de collaborer avec les allemands avaient étendu leur matelas avec des juifs francophiles dans un petit local près du bureau de l'administration et nous, les Kabyle et les juifs de notre région avions pris la partie ouest du camp qui, selon Tarik, était dirigé vers la Mecque.
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-tu a déjà fais la chose, Adam ?
-Non, jamais
- Pourtant j'ai entendu beaucoup de garçons de ton âge au village dire qu'ils l'avaient déjà faite.
Elle avait vu son frère Mourad entreprendre Farida, sa chèvre, dans la bergerie familiale. Elle avait surpris l'ainé des fils d'Alilou amadouer la mule de Mr Grandjean à coups de bouquets de genêts pour obtenir ses faveurs. D'autres gars du village se soulageait la veille de leur mariage sur leurs génisses ou leur brebis pour s'exercer aux mouvements saccadés du bassin.
Imaginer Mourad, le fils d'Alilou et toute cette clique de puceaux, le sarouel en accordéon sur les chevilles, baisant à la sauvette ces pauvres bêtes m'a fait sourire.
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On n’a qu’un seul grand amour dans sa vie. Tous ceux qui précèdent sont des amours de rodage, tous ceux qui suivent des amours de rattrapage.
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Le cœur a ses raisons que les lois du marché ne sauraient ignorer.
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Il suffit d’avoir voyagé pour se rendre compte que le racisme est la connerie la mieux partagée au monde.
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Je n’écris pas pour passer le temps ou briller en société, j’écris parce que je porte en moi des soleils tourmentés, des bruits de guerre et des feux mal éteints. J’écris sur la quête d’identité, la quête de l’Autre pour rapprocher nos contraires avec l’espoir qu’il en restera une trace.
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Heureusement qu'aux premières chaleurs de printemps, M. Grandjean ouvrait grand les fenêtres de sa classe, et l'on s'approchait, tout près, pour écouter ses cours. Quand arrivait l'heure de l'écriture, on se dressait sur la pointe des pieds pour le regarder tracer les lettres de l'alphabet sur le tableau noir.
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Alors, les vendredis j'allais jusqu'à la clôture de fils barbelés et je regardais devant moi : le clocher du village qui ne sonnait plus, le ruisseau qui ne chantait plus, les corbeaux qui ne croassaient plus, les moutons qui ne bêlaient plus, même les chiens de gardes rapportés d'Allemagne étaient aphones. C'était triste. C'était à pleurer. C'était beau comme une catastrophe.
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Au-dessus du baraquement des Marocains s’élevait un épais nuage de fumée blanche. On entendait des cris, des appels au secours, des hurlements. Des gerbes de feu jaillissaient du toit, des portes, des fenêtres. Noirs, Jaunes, Blancs, on s’est tous précipités vers le brasier, pelle à la main, et on a jeté de la terre et du sable sur les flammes qui dévoraient les murs du baraquement. Des Marocains, torse nu, visage brûlé, avaient réussi à s’échapper de la fournaise et se roulaient par terre en hurlant à la mort. Comme les Allemands n’arrivaient pas, Tarik et moi avons voulu forcer la clôture de fils barbelés pour aller à la caserne. Les soldats de garde nous ont repoussés. Tarik a insisté, il voulait parler au grand chef pour qu’il donne l’ordre d’apporter des citernes d’eau.
— « Schnell ! Schnell ! »
Ils nous ont chassés à coups de matraque et ont lâché leurs chiens sur nous. Le baraquement s’est écroulé. Les Marocains s’étaient tus pour toujours. Ne restait qu’un immense bûcher et cette odeur de méchoui humain que je n’oublierais jamais. Des hommes pleuraient. D’autres juraient qu’un jour, ils leur feraient subir, aux Allemands, le malheur que nous endurions depuis des années.
Combien de nos frères avons-nous perdus ce soir-là ?
Cent ? Cent cinquante ? Deux cents, peut-être ?
J’ai regardé Tarik au fond des yeux et j’ai dit :
— Tu as vu comme ils nous respectent, tes Allemands.
La fumée me piquait les yeux. J’ai caché mon visage derrière mes mains pour pleurer.
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