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Citations de Alain Bentolila (39)


Alain Bentolila
En se résignant à ce que l’échec scolaire soit une fatalité pour certains, ils ont détruit la légitimité de l’école et précipité les plus fragiles de nos élèves dans les bras de ceux qui tentent de transformer leurs difficultés d’apprentissage en marques identitaires, signes de reconnaissance et… incitation à l’enfermement sectaire (« cette école n’est pas faite pour toi! »). L’échec scolaire a pris ainsi une tout autre signification : l’erreur de parole, d’écriture, ou de raisonnement n’est plus le signal d’une insuffisance à surpasser, elle est devenue une marque de diversité à …respecter.
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Pour l’application sur la grille d’un collège du logotype départemental des cœurs vendéens entrelacés surmontés d’une couronne portant une croix, la justice française arrêta en 1999 qu’il s’agissait d’un repère historique stylisé (cultuel et non cultuel), ne contrevenant donc pas à la laïcité du bâtiment (page 120)
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Je suis intimement persuadé que la parole et l’écriture sont la seule vraie réponse, le seul remède honorable contre le doute fondamental qui taraude notre esprit : qu’est-ce qui fait que je suis moi et pas seulement un système complexe de cellules, un agencement astucieux d’organes ? Je suis celui qui dit et qui écrit, en disant et en écrivant, laisse dans l’intelligence de l’Autre une trace qui, pour être maladroite et sans réelle beauté, est une preuve tangible de mon existence. Je suis celui qui a entendu l’Autre, celui qui l’a lu ; et ces traces laissées dans ma propre pensée ont fait ma singularité et ma cohérence.
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Toutes les langues ont la même ambition : permettre à l’homme d’être l’interprète du monde, et non d’en être le miroir fidèle ; par la parole, l’homme est du côté des créateurs, et non des créatures. Le monde parlé n’est pas le monde perçu : c’est le monde transformé par le pouvoir de l’intelligence humaine ; c’est un monde que l’homme soumet à l’autorité de sa pensée.
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L’humain commence au moment où des êtres vivants décident collectivement d’imposer par le verbe leur pensée au monde ; le jour où, ne se contentant plus de dire le monde qu’ils perçoivent, ils se donnent l’ambition de l’interpréter, de le transformer et surtout de créer d’autres mondes par la force du verbe. L’humain commence à l’aube de la bataille engagée pour dépasser les contraintes de l’espace et du temps ; le jour où s’ouvre le paradigme du futur et du passé ; le jour enfin où cet être vivant et mortel ose dire l’infini et l’éternel. Être ici et dire l’ailleurs, être maintenant et dire « demain », « hier » ou … « peut-être » ; être ici et maintenant et dire « partout » et « toujours » : tel est l’extraordinaire pouvoir du verbe humain.
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Comprendre, c’est fabriquer de l’intime avec du conventionnel. (…) Comprendre, c’est ainsi répondre à une sollicitation extérieure, exprimée sur le mode conventionnel, par la construction d’une représentation qui n’appartient qu’à moi. La même phrase déclenchera autant de représentations qu’il y aura d’interlocuteurs, et, cependant, toutes ces représentations, aussi différentes soient elles, auront plus de choses en commun entre elles qu’avec celles qu’aurait déclenchées une autre phrase. C’est là la dimension paradoxale de la communication : nous avons à interpréter, au plus profond de nous-mêmes, la partition d’un autre.
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Un enfant n’apprend pas le langage en grandissant ; c’est au contraire le langage qui le fait grandir. (…) Je dirais volontiers qu’un enfant, lorsqu’il conquiert le langage, reproduit en quelques années le parcours que les premiers « hommes parleurs » ont mis infiniment de temps à tracer. Ce sont dans leurs pas qu’il met les siens, ce sont les mêmes impasses dont il s’échappe, c’est la même ambition qui le porte. Chaque enfant, balbutiant ses premiers mots, célèbre le projet de l’homme d’imposer par le verbe sa pensée au monde. Créateur bien plus qu’imitateur, découvreur plutôt que suiveur, il construit sa langue et ne reproduit pas celle des autres. Bien sûr, il s’appuie sur le modèle d’une langue constituée mais, ce modèle, il ne le décalque pas, il le comprend dans ses finalités et ses mécanismes. Il n’obéit pas servilement à une programmation génétique, il répond à l’appel ancestral du verbe.
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À nos enfants il faut donc apprendre à parler juste, c’est à dire avec l’audace d’affirmer son pouvoir de parole, mais aussi l’infinie considération que l’on doit à l’Autre. Il nous faut leur apprendre à lire juste, c’est à dire avec le respect que l’on doit au texte d’un autre, mais aussi la volonté d’en donner une interprétation personnelle. Il nous faut leur apprendre à écrire juste en savourant le plaisir de chacun des mots choisis, mais en ayant le souci d’un lecteur que l’on veut exigeant. Il nous faut enfin leur transmettre que ce langage, cette écriture par lesquels ils s’imposeront et s’exposeront à la fois sont les plus beaux témoignages de leur humanité.
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Nous finirons, en son nom, par nous entretuer ici même dans notre France républicaine : l’insulte appelant l’insulte, la vengeance appelant la vengeance, le sang appelant le sang.
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Aujourd’hui, mes étudiants français de licence de linguistique sont pour un quart environ incapables de mettre en mots leur pensée de façon cohérente et explicite.
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Le simple fait de parler ne constitue absolument pas une garantie de non-violence ; les slogans simplificateurs : « substituons les mots aux coups », « des paroles contre la violence ! » ne sont que des exhortations qui nous donnent l’impression d’avoir découvert (à bon compte car les mots ne coûtent pas cher) un remède contre la violence : il est des silencieux paisibles et des bavards capables d’une cruauté inouïe.
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Parler, c’est accepter d’être compris différemment de ce que l’on croit, de ce que l’on souhaite.
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La langue n’est pas faite pour parler à ceux que j’aime ; elle est faite, j’ose le dire, pour parler à ceux que l’on n’aime pas, pour leur dire des choses qu’ils n’aimeront sans doute pas, mais qui nous permettront peut-être de mieux vivre ensemble.
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Quels sont les enfants qui ont aujourd’hui la chance d’être portés vers l’exigence par la disponibilité attentive et ferme de leurs parents quand ceux-ci ont tant de mal à exercer sur eux-mêmes leur devoir de vigilance ?
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Passer douze à quatorze ans dans les murs de l’école de la République et n’avoir même pas la possibilité de se défendre intellectuellement face au premier faux prophète venu, telle est la proposition indécente que l’on fait à 10 % des élèves. Échec scolaire, échec professionnel, échec civique, voilà ce que promet l’absence de véritable pouvoir linguistique.
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Des années de scolarisation n’ont pas réussi à leur faire prendre conscience que l’école n’est pas un lieu où se conjuguent et s’affrontent des intimités débridées. Mais l’école ne peut pas non plus être une chambre froide à la porte de laquelle chacun dépose ce qui fait de lui un être singulier, riche et attachant.
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On ne peut pas condamner un enfant de 2 ans à ne voir sa mère qu’une heure à peine par jour pendant la semaine ; on ne peut pas condamner une mère à laisser toute la journée son enfant à des gens qui n’auront que peu de temps à lui consacrer. Il est bien beau de parler de parité, mais, si cette juste cause n’est pas portée par des mesures qui garantissent aux femmes un équilibre serein entre maternité et responsabilité professionnelle, elle restera un simple mot d’ordre et cachera mal une très profonde injustice.
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Combien sont-ils ceux qui ont la chance de trouver sur le chemin de la découverte des enjeux de la langue les médiateurs bienveillants et exigeants qui sauront reconnaître l’intelligence sous les tentatives maladroites, analyser les approximations pour les transformer en conquêtes nouvelles ? Combien sont-ils ceux qui, livrés trop tôt à eux-mêmes, puis à la machine scolaire, verront leurs essais langagiers se perdre dans le silence et l’indifférence ?
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La violence est l’inéluctable conséquence de l’incapacité de mettre en mots sa pensée en y mettant de l’ordre ; seuls les mots organisés apaisent en effet une pensée sans cela chaotique, tumultueuse, qui se heurte aux parois d’un crâne jusqu’à l’insupportable et qui finit par exploser dans un acte incontrôlé de violence. Le flux contrôlé des mots, la succession tranquille des phrases diffèrent le passage à l’acte ; ils donnent une chance à deux intelligences d’en rester aux mots plutôt que d’en venir aux mains.
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Chaque enfant, balbutiant ses premiers mots, célèbre le projet de l’homme d’imposer par le verbe sa pensée au monde.
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