AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.84/5 (sur 68 notes)

Nationalité : France
Né(e) le : 4/10/1907
Mort(e) le : 27/01/1994
Biographie :

Alain Daniélou (Neuilly-sur-Seine, France, 4 octobre 1907 - Lonay Suisse, 27 janvier 1994) est un indianiste et musicologue français.

Daniélou reçoit une excellente éducation musicale, débutant dès l'âge de douze ans l'étude du piano. Plus tard il étudie le chant avec le chanteur lyrique Charles Panzéra et la composition avec Max d'Ollone. Il s'intéresse aussi très tôt aux musiques extra-européennes et reçoit, en 1929, une bourse pour l'étude de la musique traditionnelle algérienne. De 1927 à 1932, il fréquente l'intelligentsia, Jean Cocteau, Max Jacob, Serge de Diaghilev, Igor Stravinski, Henri Sauguet, Nicolas Nabokov et bien d'autres.
Dès 1932, il fait de nombreux séjours en Inde, se liant avec Rabîndranâth Tagore qui le nomme directeur du département musical de son école de Shantiniketan et dont il notera plusieurs des mélodies. En 1937, il s'installe à Vârânasî où il étudie la vînâ, six ans durant, avec le guru Shivendranâth Basu, mais aussi l'hindî, qu'il finira par parler comme sa langue maternelle et le sanskrit. Puis en 1945, il est nommé directeur adjoint du Collège de Musique de l'Université Hindoue de Vârânasî et commence alors à collecter des copies de manuscrits sanskrits sur la théorie musicale, une collection aujourd'hui hébergée par la Fondation Giorgio Cini à Venise. Bhûvaneshwar, Konârak, en compagnie du photographe suisse Raymond Burnier, pour enrichir sa connaissance de l'architecture et de la sculpture indiennes médiévales, voyages au cours desquels il amasse une importante documentation iconographique. Sympathisant des indépendantistes indiens, les combattants pour la liberté, il fréquente la famille Nehru.
Après dix-sept années passées à Bénarès, il s'installe à Madras en 1954 et occupe durant deux ans le poste de directeur de la bibliothèque de manuscrits et des éditions sanskrites d'Adyar. Deux ans plus tard, il intègre l'Institut français d'indologie de Pondichéry et l'École française d'Extrême-Orient. Il se procure alors l'un des premiers magnétophones Nagra à manivelle et commence une collecte des musiques traditionnelles en Inde mais aussi au Cambodge, au Laos, en Iran, en Afghanistan, au Japon. Dans les années 1960, il rentre en Europe et crée les Instituts de Musique Comparée de Berlin (1963) et de Venise (1969), organise des concerts pour faire découvrir au public occidental les grands musiciens de l'Asie et publie des collections de disques de musiques traditionnelles sous l'égide de l'Unesco.
+ Voir plus
Source : Wikipédia
Ajouter des informations
Bibliographie de Alain Daniélou   (33)Voir plus

étiquettes
Videos et interviews (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de

Alain Daniélou et le racisme


Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
Alain Daniélou
Le Créateur est un Dieu cruel qui a voulu un monde où nul ne peut vivre qu'en détruisant la vie, qu'en tuant d'autres êtres vivants. Aucun être ne peut subsister qu'en dévorant d'autres formes de vie, végétale ou animale. Cela est un aspect fondamental de la nature du créé. Toute la vie du monde, animal ou humain, n'est qu'une interminable tuerie. Exister veut dire manger et être mangé... Le principe fondamental du Shivaïsme est d'accepter le monde tel qu'il est, et non tel que nous voudrions qu'il soit.
Commenter  J’apprécie          324
La tradition indienne appelle Kali Yuga la période actuelle. Elle se termine par un cataclysme provoqué qui doit anéantir presque complètement la race humaine. D'après des chroniques veilles de plus de quatre mille ans qui en donnent des descriptions apocalyptiques, il ne s'agit jamais d'épidémies, maux qui ont affecté le monde à toutes les époques, mais d'explosions qui, d'après nos connaissances, ressemblent à s'y tromper à celles de bombes atomiques, "brillantes pareilles à mille soleils"
Commenter  J’apprécie          00
La cause première doit être au-delà du nombre, autrement le nombre serait la cause première. Mais le nombre « un », bien qu'il ait des propriétés particulières, reste un nombre aussi bien que deux, ou trois, ou dix ou un million. Si « Dieu » est un, il n'est pas plus au-delà du nombre que s'il est deux, ou trois, ou dix, ou un million. Pourtant, bien qu'un million ne soit en aucune manière plus proche de l'infini que « un » ou « deux » ou « dix », il peut sembler l'être du point de vue limité de nos perceptions et nous avons peut-être une image mentale plus exacte du divin quand nous envisageons un nombre immense de dieux différents que lorsque nous cherchons leur unité, car, d'un certain point de vue le nombre « un » est le nombre le plus éloigné de l'infini.

« La nature de l'Illusion (Mâyâ) est [représentée par] le nombre un . »

Quand nous parlons de la forme manifestée d'un dieu unique, cela implique une confusion entre des ordres de choses différents. Dieu manifesté ne saurait être un. Par ailleurs le nombre « un » ne saurait s'appliquer à un aspect causal non manifesté. A aucun degré l'unité ne peut être considérée comme la cause de quelque chose puisque l'existence implique une relation et l'unité causale impliquerait une existence sans relation.

Bien que, dans sa forme manifestée, le divin soit nécessairement multiple, il ne saurait dans son essence être ni un ni plusieurs. Il ne peut donc être défini. Le divin est ce qui reste quand on nie la réalité de tout ce qui peut être perçu ou conçu. Il est neti, neti, « ni ceci, ni cela », rien que l'esprit puisse saisir ou les mots exprimer.

Nous ne pouvons dire qu'il est un, pourtant nous pouvons affirmer qu'il n'est pas un, pas deux, pas plusieurs. L'expression préférée par les védantistes est « pas deux ». C'est pourquoi un principe non duel fut décrit comme existant au-delà des formes de la divinité manifestée.

« Ce qui reste lorsque l'esprit réalise que le concept d'un « être vivant » ou celui d'un « être divin » sont de pures illusions et que les apparences perceptibles n'ont point de réalité, est [appelé] l'Immensité-non-duelle. » (Advaya-târaka Upanishad, 3.)

La non-dualité, nature du non-manifésté, ne peut exister sur le plan de la manifestation. Bien que la doctrine du non-dualisme représente un but vers lequel tendent nos efforts pour réaliser l'absolu, ce but reste pour nous toujours hors d'atteinte. Il est sur un plan différent de celui de l'existence et ne peut en aucun sens représenter une réalité du point de vue du manifesté. Nous ne saurions imaginer, nous ne saurions nommer, nous ne saurions décrire l'Immensité non duelle que l'on appelle le Brahman. C'est une pure abstraction qui ne peut être ni perçue, ni rendue propice et qui ne peut avoir aucun rapport avec une forme quelconque de rite, de religion, de morale ou d'expérience mystique.

Existence est synonyme de multiplicité. Ce qui n'est pas multiple n'existe pas. Nous pouvons imaginer un continu sous-jacent pénétrant toutes choses, mais il demeurera toujours sans forme, sans qualité, sans individualité. A partir de l'instant où nous imaginons une divinité personnifiée ou lui attribuons une qualité quelconque, cette divinité appartient au multiple et ne saurait être une, car il existe inévitablement une entité personnifiant la qualité contraire, une forme complémentaire de sa forme, d'autres dieux.

Chaque fois que nous concevons l'existence d'un dieu, que nous nous en faisons une image, que nous le vénérons ou le prions, ce dieu ne saurait être qu'un parmi d'autres.

Lorsque nous l'appelons l'unique, le seul, nous ne lui donnons pas une place plus élevée, nous restons seulement aveugles à d'autres réalités, nous ne nous approchons en rien de l'Immensité non duelle, du Brahman. En ce sens tout monothéisme écarte l'homme de la voie de la connaissance et de la réalisation métaphysique, remplaçant un effort pour comprendre la nature multiple du divin par un postulat simpliste et inexact.

Les dieux sont des entités symboliques utilisées pour représenter les forces dirigeantes dont chaque aspect des mondes visibles et invisibles semble devoir être issu. Les divinités doivent donc être conçues comme des énergies causales et transcendantes. Chacune de ces énergies se manifeste dans un aspect particulier de l'univers perceptible où, si nous commençons notre recherche en partant des aspects formels, chaque divinité apparaît comme une entité subtile qui préside au fonctionnement d'un aspect particulier de l'Univers.

Il est vrai que ces aspects du divin qui, du point de vue de l'homme, semblent plus ou moins distants, peuvent, du point de vue du divin, apparaître comme les aspects divers d'une même essence. On les compare aux notes de la flûte dont la différence est la base même de la musique bien qu'elles puissent être envisagées comme de simples variations d'un même mouvement de l'air.

« C'est par un mouvement de l'air, en soi-même non différencié, que les différentes notes appelées do, ré, etc. sont produites au moyen des divers trous de la flûte. De même, c'est à partir d'un Soi suprême et non différencié que les divers états d'être semblent exister. » (Vishnu Purâna, 2, 14-32.)

Cependant, bien que les différentes notes puissent être envisagées comme de simples modalités de la vibration de l'air qui est une, il n'en demeure pas moins que c'est de leurs différences, de leurs rapports que naît la possibilité de la musique; l'unité de l'air, leur véhicule, n'apparaît plus alors que comme un facteur accidentel. De même, du point de vue de l'existence, c'est la multiplicité divine et non une unité divine qui est la source de l'univers. La possibilité de la connaissance ainsi que le moyen du retour de l'être créé à sa source, ont pour base inéluctable la multiplicité du divin. (pp. 24-28)
Commenter  J’apprécie          60
L'homme n'a pas une origine unique. Il existe quatre races d'hommes de souche distincte. Cette notion, longtemps niée par les Occidentaux pour des raisons surtout bibliques (le mythe d'Adam et d'Ève), tend à être envisagée aujourd'hui par certains anthropologues. La diversité des espèces et des races est un aspect essentiel de l'harmonie de la création. Les restrictions concernant les mariages interraciaux permettent d'éviter l'abâtardissement des espèces, de maintenir chacune dans sa noblesse et sa beauté. Le système des castes a pour but de permettre la coexistence de races différentes dans une même société en assurant à chaque groupe social une profession réservée et des privilèges distincts.
(...)
L'humanité ne trouve l'équilibre et le bonheur que lorsque les quatre groupes humains qui sont à la base des quatre castes sont en harmonie. Cela seul permet d'éviter les quatre tyrannies dont parle Manu, le grand législateur, et qui sont la tyrannie des prêtres, celle des guerriers, celle des marchands et celle de la classe ouvrière qui sont également néfastes et se succèdent indéfiniment jusqu'à ce qu'un équilibre social soit rétabli.

Il n'est pas nécessaire d'aller en Inde pour observer ce cycle inéluctable, l'Europe, dans le passé récent, a connu la prise du pouvoir par l'Église, puis par l'aristocratie suivie de la bourgeoisie capitaliste, et enfin la dictature du prolétariat. Aucune de ces formules n'est stable ni efficace. Elles aboutissent inévitablement à la tyrannie et à l'injustice. Seule une reconnaissance des quatre groupes essentiels à toute société et leur attribution de droits et de privilèges distincts peut permettre une organisation sociale stable et juste. C'est une organisation de ce genre, le système des castes, qui a permis à l'Inde, malgré les invasions et les guerres, de maintenir une civilisation ininterrompue depuis l'Antiquité. Le Moyen Âge européen avait tenté d'établir une organisation de ce genre. Ce fut l'Église, avec l'Inquisition qui rompit l'équilibre.

L'homme, né dans une catégorie donnée, correspondant à des aptitudes particulières, doit s'employer à se réaliser pleinement dans le cadre de la profession familiale. L'ambitieux qui veut occuper des fonctions pour lesquelles il n'est pas qualifié mène au désordre social. Le mélange des races produit des individus bâtards qui défigurent l'harmonie, la beauté de la création, qu'il s'agisse des animaux ou des hommes, car ils ne possèdent plus les vertus qui caractérisent chacune des races. Nous le savons pour les animaux, mais nous prétendons l'ignorer pour les hommes. Des animaux de pure race ont un caractère défini que n'ont pas les bâtards. Un chien de berger n'est pas un chien de chasse. On ne fait pas un chevalier avec un commerçant.
(...)
Ce sont les différences entre les hommes, leur inégalité qui sont la source de tout progrès, de toute civilisation. L'identité dans les aptitudes des diverses races est une fiction. Cela ne veut pas dire que chaque race collectivement ne possède pas des aptitudes que n'ont pas les autres. Il en est de même pour les individus à l'intérieur de chaque groupe. Le véritable problème social est celui de donner à chacun le maximum de chances de se développer selon ses tendances, ses capacités, ses besoins.

Certaines idées ne sont vraies que sur un plan et ne sont pas applicables sur un autre. C'est là que les slogans simplistes aboutissent à des absurdités. L'exemple classique des grammairiens indiens est comme suit : « Devant les dieux tous les êtres sont égaux, donc ma mère, ma femme et ma fille sont égales, je puis donc coucher avec l'une comme avec l'autre. » Les théories soi-disant égalitaires et démocratiques de notre temps aboutissent inévitablement à un nivellement qui est une frustration, une sorte d'esclavage pour tous. La liberté, c'est le droit d'être différent. Le fait que les pouvoirs ou les privilèges soient mal répartis est une chose à laquelle on peut remédier, un égalitarisme qui n'est qu'une abstraction en est une autre. Il n'aboutit qu'à l'élimination des plus faibles, mais aussi souvent des plus doués, de ceux qui créent les valeurs, la raison d'être d'une culture. La répression des « intellectuels », mais aussi des hommes qui, par leur talent, ont su arriver au succès, à la fortune, est une caractéristique des pays dits « socialistes ». (pp. 270-273)
Commenter  J’apprécie          50
Euripide admettait l'universalité de la religion de Dionysos que le Dieu lui-même, escorté de ses Ménades, aurait propagée dans tout l'Orient avant de revenir l'implanter au lieu de sa naissance. Les Grecs expliquaient les similarités des cultes de Shiva et Dionysos par l'effet d'une expédition de Dionysos en Inde. Le voyage ou mission que Dionysos avait accompli en Orient pour y propager son culte était devenu une conquête de l'Inde fabuleuse par Dionysos et son armée de Ménades et de Satyres. Cette expédition avait duré deux ans et le dieu était revenu par la Béotie la troisième année. Il avait célébré sa victoire monté sur un éléphant des Indes. Selon Diodore, c'est en souvenir de cette expédition des Indes que les Béotiens, les autres Grecs et les Thraces, avaient institué des sacrifices triétériques à Dionysos. Les anciens Hébreux avaient été fortement influencés par le monde dravidien et shivaïte. Abraham venait d'Ur sumérienne et, malgré Moïse, les Hébreux jusqu'à David participaient à des rites extatiques. En Égypte, c'est Osiris dont les mythes et les légendes sont liés aux mythes shivaïtes. Osiris représente les pouvoirs de génération et de croissance. Il est également le dieu des Arbres et des Plantes. Hérodote et Diodore identifient Osiris à Dionysos. Osiris serait originellement venu de l'Inde monté sur un taureau. Il prit dans son armée les Satyres (les Ganas indiens) comme danseurs et chanteurs, propres à toutes sortes de divertissements. Plus tard, il retourna dans l'Inde où il fonda de nombreuses villes. Les rapports directs entre l'Égypte et l'Inde sont extrêmement anciens et indépendants de ceux de l'Inde avec Sumer, l'Anatolie et la Crète. Les échanges commerciaux très importants passaient plutôt par l'océan Indien et la mer Rouge. Lors du développement de la civilisation crétoise, les parallèles entre les cultes d'Osiris et de Dionysos devinrent apparents. Les premières représentations de personnages crétois dans la peinture égyptienne se trouvent dans les tombes de Sonmut et Useramon à Thèbes entre ~ 1490 et 1480.

L'unité des conceptions shivaïtes et dionysiaques était reconnue dans le monde hellénique comme une situation de fait. « Dionysos était déjà considéré par les anciens comme un dieu analogue à Shiva sous un de ses aspects principaux que le Tantrisme de la Main gauche met en relief. » (Julius Evola, Le Yoga tantrique, note p. 15.) Mégasthène, un Grec qui vécut dans l'Inde au IVe siècle av. J.-C., identifie Dionysos à Shiva dont le culte était, selon lui, particulièrement répandu dans les montagnes où est cultivée la vigne. Il remarque la similarité des expéditions du roi (Chandragupta) et des processions de Dionysos. Lorsque les soldats d'Alexandre se précipitèrent au sanctuaire shivaïte de Nysa (près de la moderne Peshawar, au nord du Pakistan actuel) pour embrasser leurs frères en Dionysos, ils ne concevaient pas qu'il puisse s'agir d'une autre divinité, d'un autre culte. (pp. 48-49)
Commenter  J’apprécie          50
C'est par un étrange orgueil, exploité per des sectes religieuses, que l'homme a voulu se persuader de la permanence de l'individu au lieu de la pérennité de l'espèce, d'imaginer une sorte d'éternité post-mortem des individualités humaines alors que rien de tel n'est envisagé pour les autres espèces.

A part des cas particuliers de possession ou d'occupation d'un cadavre apparement ressuscité, la migration du Lingä-sharirä est envisagée seulement comme un phénomène de transmission héréditaire et non pas comme une réincarnation qui représente un vagabondage de l'individualité à travers les corps les plus divers. La théorie de la réincarnation, telle qu'elle apparaît dans l'Hindouisme tardif, ne fait partie ni de l'ancien Shivaïsme, ni du Védisme. Elle provient du Jaïnisme qui l'a transmise au Bouddhisme puis à l'Hindouisme moderne.

La croyance dans la survie de l'individualité humaine dans des mondes infernaux ou célestes ainsi que la théorie de la réincarnation sont liées à la doctrine du Karmä qui suppose la permanence d'un "moi", que le Sâmkhyä considère comme éphémère, et une rétribution automatique des actions commises au cours d'une vie terrestre.

Prasâdä, la Grâce divine, est un élément essentiel de la doctrine shivaïte. Le destin des êtres vivants dépend essentiellement de la fantaisie du Créateur et non pas de leur Karmä, d'une rétribution automatique de leurs actions, bonnes ou mauvaises, ce qui limiterait la puissance absolue du Principe Souverain (Mahéshvarä). Le Shivaïsme n'accepte pas la théorie du Karmä car elle limite l'omnipotence de l'être divin, son droit à l'injustice. Tout ce qui existe dans l'univers dépend de la fantaisie, de la grâce de Shivä. C'est pourquoi le Shivaïsme oriente l'homme vers la dévotion, la Bhakti, et non pas vers le moralisme. On ne fait pas de troc avec les dieux.
Commenter  J’apprécie          50
Sur le continent indien, les centres de culture dravidienne préaryenne qui ont laissé des vestiges archéologiques importants se trouvent principalement dans la vallée de l'Indus, dans le Pakistan actuel, en particulier à Mohenjo Daro et Harappa. La situation de ces importantes cités dans une région devenue relativement désertique en a préservé certains éléments. Cette civilisation s'étendait en fait sur une grande partie de l'Inde comme vers l'Occident.

« Les contacts [des cités de l'Indus] avec les anciennes civilisations proto-historiques ou historiques de la Mésopotamie, de l'Anatolie, de l'Égypte et de la mer Égée, sont importants... Il existe des preuves de contacts avec Sargon d'Akkad (vers 2370-2284 av. J.-C.), puis avec le roi Urnammu (vers 2100 av. J.-C.), mais Mohenjo Daro existait bien avant. Des objets provenant de Mohenjo Daro ont été trouvés à Tel Asmar et à Troie (vers 2300 av. J.-C.) ainsi que dans une tombe royale d'Ur. Des bronzes du Louristan et des armes mésopotamiennes se rencontrent à Mohenjo Daro... Des colliers de stéatite vernissée identiques se retrouvent à Harappa et à Cnossos... Des sceaux provenant de l'Indus se rencontrent à Ur dans le bas Euphrate et à Kish, Suse, Lagash, Umma et Tell Asmar... Un grand nombre de sceaux de stéatite portant des inscriptions en caractères de l'Indus se rencontrent à Barhein (Dilmun), mais aussi à Ur (vers 2350 av. J.-C.) et Lagash (période de Larsa). » (Mortimer Wheeler, The Indus Civilisations, pp. 111-115.)

Les villes de l'Indus étaient établies dès 3800 av. J.-C. et durèrent jusqu'à leur destruction, au XVIIIe siècle av. J.-C., par les envahisseurs aryens. La religion principale de la civilisation de l'Indus était sans aucun doute le Shivaïsme. Les sceaux représentent Shiva ithyphallique et cornu, assis en posture de Yoga, ou bien dansant triomphalement comme Natarâja. On trouve également de nombreux symboles shivaïtes tels que des phallus de pierre, des svastikas, des images du taureau, du serpent, de la déesse des Montagnes.

« Le culte de Shiva et du Linga (phallus) a été un héritage laissé par les Harappiens [de l'Indus] chez les Hindous, renforcé par l'importance du taureau... et aussi à un moindre degré du tigre, de l'éléphant... et du « Minotaure » ainsi que d'animaux à visage humain. » (Wheeler, ibib, p. 109.)

Étant donné l'importance des contacts, il n'y a rien de surprenant à ce que nous retrouvions la même religion et les mêmes symboles de l'Inde à la Méditerranée. Les problèmes posés par les invasions aryennes seront les mêmes, et les survivances de l'antique religion et sa réapparition périodique seront similaires en Inde, dans le Moyen-Orient et l'Occident. (pp. 30-31)
Commenter  J’apprécie          40
L'Univers, tout comme le corps des êtres vivants, est manifestation d'un souffle, support du Verbe. C'est par le souffle que le Grand Dieu, Shiva, crée et détruit les mondes.

C'est par la connaissance du souffle-vital que l'on atteint aux connaissances les plus secrètes ; par la connaissance du souffle que l'on obtient les bien matériels. La science du souffle-vital est la plus profonde de toutes les connaissances que l'on ait jamais vues ou dont on ait jamais entendu parler.

Par la puissance du souffle-vital on peut détruire un ennemi ou attirer des amis. Par la puissance du souffle on obtient la richesse, la gloire et le bonheur.

Par la puissance du souffle-vital on séduit les femmes et on obtient la faveur des rois, on acquiert les pouvoirs d'un dieu, on tient en son pouvoir les puissants de la terre.

Par la puissance du souffle-vital on se transporte en tous les lieux, on obtient tout ce dont on peut jouir, on devient infiniment grand ou petit et on se purifie des souillures.

Ô toi dont le visage est charmant ! Tout ce qu'on peut apprendre dans les livres sacrés, les anciennes-chroniques (purânas), les textes traditionnels (smritis), les traités philosophiques (védângas) n'est rien auprès de ce que nous apporte la connaissance de la nature du souffle-vital.

Tout ce qui a une forme et un nom n'est qu'une apparence. Tout ce que nous croyons voir n'est qu'illusion. L'homme stupide, victime de l'illusion ne perçoit pas la réalité intérieure des choses.

Cette science du souffle-vital est supérieure à toute autre forme de connaissance. Elle est la lumière qui éclaire ce réceptacle intérieur qu'est l'âme. (versets 20-27, pp. 26-27)
Commenter  J’apprécie          40
La chasteté, quand elle n'est pas un masque, est une forme de masochisme. Il est normal qu'elle aboutisse à une sorte de sadisme et à un dérèglement pervers des valeurs.
Commenter  J’apprécie          60
La vie de l'homme a quatre buts, quatre sens. Aucune vie n'est complète si elle ne conduit pas à leur pleine réalisation. Aucune réalisation n'est possible pour celui qui ignore l'un deux. Ces quatre sens sont:
- "Dharma", le devoir, la vertu, la recherche de la perfection de l'être que l'on est, la réalisation de soi sur le plan moral (courage, honnêteté, tolérance, charité).
- "Artha", les moyens, la richesse, la réussite, la famille, l'acquisition des biens matériels, la réalisation de soi sur le plan social, le plan de l'action.
- "Kâma", le plaisir, la sexualité, la jouissance sous toutes ses formes, la réalisation de soi sur le plan sensuel.
- "Moksha", la libération finale et totale des chaines de l'existence, la réalisation de soi sur le plan spirituel.
Dans toute forme d'action, dans tout plan de la vie, l'homme doit tenir compte de ces quatre buts. S'il en néglige un, il est certain de faillir dans les autres. les trois premiers sens de la vie déterminent la valeur de la personne humaine.
Commenter  J’apprécie          40

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Alain Daniélou (108)Voir plus

Quiz Voir plus

QCM sur le vœu du paon (Jean Come-Noguès)

Comment se nomme le jongleur qui est l'idole de Grillot ?

Nordi
Ragonne
Jordi

8 questions
26 lecteurs ont répondu
Thème : Le Voeu du paon de Jean-Côme NoguèsCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..