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Citations de Alain Duault (73)


Je ne connais rien de plus émouvant qu'une femme qui se met à nu en chantant, sa voix montrant l'intérieur de son corps, comme un gant retourné, je ne connais rien de plus touchant qu'un homme qui exprime son âme en chantant, baissant toutes ses gardes. C'est pour ces moments uniques et éternels, pour les décrire, les murmurer, les faire entendre à tous ceux qui le liront, que j'ai voulu écrire ce dictionnaire d'amour.
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Alain Duault
L'amour: c'est la volonté de faire que celui qu'on aime soit plus riche de lui-même.
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Un cheval noir dans les ténèbres
à Pierre Soulages


Court il court chevauche court vole vrille échauffe court
Long vif il souffle crache crisse il secoue ses os ses vertèbres
La ruine sombre de sa peau l'immense nuit des eaux funèbres
Il est plus grand que la douleur plus beau que l'or des yeux

Il court sur tous les chemins les montagnes les gouffres
Les vallées de vagues il rafle les pigeons et les aigles
Dévaste les plaines se rue fou dans les désirs sans fond
L'affreuse haleine autour de lui se frotte aux murs griffés

Il est le rythme il est le monde affolé l'ardente flamme
Il file nuit à perdre lune il appelle il avale il ébène :
Je suis comme ce cheval noir qui s'épuise et se brise et
Souffle sur ses lèvres pour oublier les ténèbres de l'âge

p.13
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Je t’aime ce mot sombre et bizarre combien d’adieux y a-t-il en lui et pourtant que connais-tu de mieux de plus de moins.
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La nuit

Tous les chats sont bleus semblent heureux quand
Ils poussent la porte du ciel avec leurs grands yeux dorés :
C’est là que se troublent celles qu’on attendait
Dans les buissons amoureux les chambres cachées
Le panier des étoiles sur les épaules on s’y penche
Et passe des mots que le jour empêche d’entendre
On y ose des phares au milieu des déserts des phrases
Anonymes des mains qui tremblent sous les draps
Des secrets
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Le parfum ne résiste pas à la pluie à la neige
Mais au souvenir oui
Il fait renaître un visage effacé une peau que
Les doigts ont oublié un instant côte à côte
Entre les branches d'un saule au fond du parc
Quand on avait penché la tête sur son épaule
Et qu'on avait senti l'encens d'une promesse.
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La vie exagère beaucoup


Des fruits des folies de feuilles et de fleurs les falbalas
D'un été qui finira quand les arbres flamberont quand
Je me courberai vers toi froissée mais encore confiture
Avec le souvenir sous mes doigts faibles des dentelles

Cette peau organdi ce feu de silex ce luxe d'une chair
Pullman qui palpite obscure douce une nuit en Orient
Express notre vie est un tapis qui se défait sous les pas
Le présent accable chaque jour Ne reste que l'amour à

L'arrivée Durant des milliers de siècles l'homme se tait
Un silence presque total recouvre le monde et voici que
La nuit chassée il fait beau comme la course d'un tigre
Des yeux mirabelle des oiseaux sur les hanches la valse

Du désir il fait mer et montagne et cette source comme
Un lit où tu apparais endormie convoitée par un renard
Qui passe puisque tout passe J'étais là je me suis arrêté
Je ne suis jamais reparti de toi nous avons inventé l'été

p.44
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Le temps est d'une longueur infinie


La vie est un bateau qui vient de l'horizon loin petit
Si petit puis qui grandit s'approche gonfle ses voiles
Barre bientôt tout l'horizon semble remplir le port
Puis s'éloigne trop vite diminue s'efface de la vue
Disparaît ne laissant rien sur les doigts de mémoire
           Qu'un peu de vent

p.34
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OÙ VONT NOS NUITS PERDUES

première nuit noire


Une flaque de ciel dans les mains m'éblouit mais qui décide de la
Beauté mon beau souci Qui me dit que cette flèche qui tombe sur
Mes yeux ce n'est pas toi qui l'as tirée toi qui fait battre l'aube tel
Un cil toi celle-là pour me tendre cette phrase qui me guide vers
Le ciel bleu laque tes seins quand au zénith le soleil s'emballe
Quand je tends vers la pâle clarté l'aile qui dort au moment où
L'une s'allume quand le soir se couche sur moi comme j'aime
Parce qu'on ne pourrait vivre seul avec cet émoi cette louche de
Ciel dans les mains qui concentre oui ce qu'on appelle la beauté
Même si tu passes comme l'ombre et te coules entre la lune et
L'autre qui me montre les siens : car on ne sait jamais pourquoi
Ce geste le plus simple cette lumière ou l'eau qui foule le jour
Appellent ce mot qui plie le regard à son aune ce mot qui veut
Le partage pour fondre l'or en un silence qu'on se passe comme
La rumeur et qui ne file plus la laine des ondes qui tournent de
L'œil de la Chine à la lueur des Andes ou au toit des pôles nus
Des déserts loin de l'échange qui ricoche sur la toile du monde
Et qui ronge sans cesse les questions interroge ce mot qu'on tend
En désespoir des roses quand le rouge est mis sur les yeux là où
Une flaque de ciel dans les mains résonne comme l'eau du thé
Quand elle frémit ce moment de grâce que l'une appelle la beauté
L'autre se tait

p.33
Extrait Où vont nos nuits perdues et autres poèmes Gallimard 2002, 2015
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La photo

Qu'a-t-elle volé de son visage quelle peau
Qui n'en sera plus caressée ce regard arraché à
L'instant vendu à quelle éternité ce geste nu
N'était-ce qu'un jeu ou un aveu le mouvement
Seul eût pu le dire mais là figé comme un amer
Tout en est perdu n'en reste que la trame à peine
Le contour un frisson sans couleur une question
Dont la réponse est déposée ailleurs à qui
La faute
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Le silence

D’or peut-être si l’on sait ce qu’il cèle
Et d’ombre assurément sur sa lancée si
L’essence de la parole est de s’y adosser
Comme s’y posent les oiseaux des secrets
Le grand oubli le regret de n’avoir pas su
La douceur de vivre aussi dans la solitude
Car on y entend tout la symphonie intime
La pulsation la peau ce qui est pour la mer
L’impossible
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L'opéra est un art de l'excès du débordement de la jouissance sans mesure, de la folie,ne peut ton pas appliquer, terme pour terme, cette définition à l'amour.
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           au matin entre chat et lune



           au matin entre chat et lune
             l’autre se lève pour rêver
              cheveulunaire ma belle
   ma libellule somnambule folle illumine mêne
                comprenne qui
                  et caetera

      il fallait que je t’aime pour t’imaginer


///Poème clôturant l’ouvrage, p. 139
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Le temps est d'une longueur infinie


Peu de vent dans mes voiles l'air de chasser mille douleurs
Je ne dis rien je chevauche les mots qui portent des actions
Comme les chevaux portent les hommes sans qu'on sache
Jamais ce que pensent les chevaux Comme on raconterait
Encore toujours la même histoire celle qui nous permet de
           ne pas en raconter une autre

p.25
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Le temps est d'une longueur infinie


Si je dis que je doute pourtant de cela je ne doute pas
C'est une lassitude alors que de la pensée tout est comme
La mélancolie l'esprit quand il fait le cheval échappé
Le hurlement de ses cuisses ouvertes comme un aveu
La grâce d'un héron bleu sur la brume grise du matin
         Le vent dans un palais inachevé

p.22
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Il y croyait, Yorgos Kalogeropoulos, mon père. C'est vrai que c'était un nom imprononçable pour les Américains, comme il me l'a dit quand je suis revenue à New York : Kalogeropoulos ; je me suis appelée ainsi pourtant. Et c'est ce qui figure sur mon passeport, là : «Sophia Cecilia Anna Maria Kalogeropoulos dite Maria Callas, née le 2 décembre 1923 à New York.» C'est lui qui a eu cette idée de «Callas», je ne sais pas où il l'a trouvée : ça sonnait grec, avec le «as» final, il y avait le début de notre nom, «Cal».
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TEMPÊTES TEMPÊTES…


Tempêtes tempêtes et puis des cris l’arc des cris les plus
Rauques les plus cris les plus tempêtes et creux de pluie
Et le jasmin les acacias tout ça les éclairs et l’éclat le cra
Quement des roses comment est-il possible que notre vie
Passe comme ça et le claquement des fouets sur les murs
Tout ce qui fait mal aux cheveux comment est-ce dicible
À quel vent quelles heures voraces à quels vœux se jouer
Les loups sont dans nos bras et leurs regards vrillés verts
Nous flashent soufflent nous poussent dans leurs fleuves
À qui donner ces mots âcres la tête éclaboussée d’ombre
Les danseurs nous emportent au pire et n’écoutent l’aveu
Froissé des membres obscurs que dans la perte Quel sens
Accorder à la clarté confuse aux doigts délicats du jour si
Toutes les taches du ciel sont tombées Comment regarder
Le ciel nettoyé jusqu’à l’os par la tempête avec qui danser
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Surtout, il y a la jeune fille de dix-neuf ans qui s'apprête à devenir la reine Victoria : elle est folle de danse et, au grand bal de la cour, à Buckingham Palace, elle valse avec un bonheur qui rayonne sur la musique que Johann, son violon calé sous la joue et le manche pointé victorieusement vers le ciel, ne semble jouer que pour elle.
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de la poésie et des questions
qui ne cessent pas


La poésie n'est pas la même pour tous et pour chacun
La nuit est son tamis dans la fièvre orpailleuse longue
Attente Jure-moi que tu ne répéteras ça à personne joue
Moi ta comédie rayée les yeux aux lèvres langue noire
Pour tutoyer les dieux il ne faut pas leur parler trop fort
Il faut poser les doigts sur les mots sur l'or de la pluie
Sur les hanches des arbres quand ils courbent l'averse
Il faut creuser la lente plaie d'amour l'avare blessure
Que le silence écarte il faut attendre Mais pas un jour
Ne l'avoue ne joue pas avec ça la poésie est une douve
Où se noyer elle te parle de toi peut-être ou d'un autre
Qui doute de toi elle n'aspire qu'à te tendre une lame
Pour que tu fouilles encore dans l'abandon où tu dors
Cette chair ancienne qui tremble N'hésite pas à poser
Tes questions mais la poésie n'est pas là pour répondre

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OÙ VONT NOS NUITS PERDUES

Première nuit blanche


J’écoute le silence ou la tempête et c’est la même
Lente explosion qui remonte depuis les racines de
Mes mains mes pierres depuis les doigts du temps
J’écoute ce battement de toi qui demeure au-delà
De tous ces cris offerts à l’épouvante qui demeure
Comme cette basse de viole sous le chant le hante
Et je me demande ce que nous aurions vécu quelle
Ivresse nous aurions portée dans nos bras quel feu
Quel verso de ce moulin qui me réduit à t’imaginer
Comme on mange son poing de rage et la tempête
Dans la bouche je me demande où tu m’attends où
Tu griffes les murs ces longs doigts qui tremblaient
Un peu la première fois que tu as posé ta main sur
Moi je ne savais plus le chaud et l’effroi quand nue
Sur mes cils nue sur mes paumes nue sur mon dos
Quand tu m’as donné nue ta peau la plus indécente
Et ce vent dans mes voiles tes seins alizés comme
Des champs comme la foi monte des chevilles des
Jambes ouvertes comme on se damne Oh madame
Je n’ai jamais rien cru d’aussi soleil et chahut dans
Mon sang mes lèvres Mais jusqu’où serions-nous
Allés

p.100

éditions Gallimard/2015
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