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Citations de Alain Peyrefitte (139)


Crèches, écoles maternelles : dès que l'enfant commence à reconnaître des formes, il est façonné par une pensée politique. La première couleur qu'on lui fait aimer est le rouge. Les premiers gestes qu'il imite sont révolutionnaires – lever le poing, en frappant le sol du talon. Les premiers chants sont des hymnes guerriers.
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Un recueil de sagesse paysanne : telles sont, avant tout, les Œuvres choisies de Mao. Pour mesurer à quel point Mao a imposé son réalisme terrien à la révolution chinoise, il faut retourner aux deux sources de sa morale et de son action : Canton et Yan'an.
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On ne remplace pas l'autorité par autre chose. On ne peut pas compter sur l'autorité des autres. On ne peut pas rattraper au niveau inférieur ce qu'on aura pas eu le courage de proclamer au niveau supérieur. On ne peut pas compter sur la routine pour corriger la routine. Il faut marquer les directions fermement et catégoriquement si on veut que le reste suive.
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La politique agricole commune, ce sera avantageux pour l'Etat. Mais aussi pour les agriculteurs. A cause de l'augmentation du prix des céréales. Et surtout à cause des débouchés pour exporter.
Mais si notre agriculture ne fait rien pour s'organiser, les autres se mettront à produire et elle sera couilonnée. Pour le moment, elle a un grand avantage de qualité sur les autres pays du Marché Commun. Mais si elle n'améliore pas la qualité, elle le perdra, car rien n'empêchera les Allemands de faire des poulets ou de la viande, rien n'empêchera les Italiens de faire tout ce qu'ils voudront. Il faut qu'elle se modernise sans perdre de temps. Et il faut qu'elle en finisse avec cette psychologie selon laquelle c'est toujours l'Etat qui paie. Ça c'est fini.
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(...) C'est comme les ministres au sein du gouvernement. Pisani voudrait augmenter les crédits pour les paysans, Fouchet en demande davantage pour ses enseignants, Jacquet pour les transports. Des sous ! Encore des sous. Ils en sont tous là, qu'ils soient ministres ou qu'ils soient mineurs. Ils se foutent éperdument des autres.
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L'ENA était une idée de Debré. Elle était théoriquement excellente : décloisonner l'administration, éradiquer l'esprit de caste, mettre fin à la cooptation et à l'hérédité qui faisait succéder les fils aux pères comme dans les parlements d'Ancien Régime. Cette école a mis en compétition les élites du pays. Elle a arraché le monopole de recrutement dont jouissait la haute bourgeoisie parisienne. Il y a des provinciaux. Il y a des élèves de toutes conditions. Mais, si des corporations s'y reconstituent, l'objectif de décloisonnement n'est pas atteint. Les membres d'un clan s'entraident une fois qu'ils y sont entrés, et font la guerre aux autres clans. Je me demande si l'unité dans l'administration y a beaucoup gagné.
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Le marché, Peyrefitte, il a du bon. Il obllige les gens à se dégourdir, il donne une prime aux meilleurs, il encourage à dépasser les autres et a se dépasser soi-même. Mais, en même temps, il fabrique des injustices, il installe des monopoles, il favorise les tricheurs. Alors ne soyez pas aveugle en face du marché. Il ne faut pas s'imaginer qu'il réglera tout seul tous les problèmes. Le marché n'est pas au-dessus de la nation et de l'Etat. C'est la nation, c'est l'Etat qui doivent surplomber le marché.
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La première idée, c'est qu'il faut que l'Europe occidentale s'organise, autrement dit que ses Etats se rapprochent (...) de façon à devenir capables de faire contrepoids aux deux mastodontes, les Etats-Unis et la Russsie.
(...)
La deuxième ligne directrice, c'est que l'Europe se fera ou ne se fera pas, selon que la France et l'Allemagne se réconcilieront ou non. C'est peut-être fait au niveau des dirigeants ; ce n'est pas fait en profondeur. Les Français continuent à détester les Boches.
(...) C'est la France qui doit faire le premier geste, car c'est elle qui a le plus souffert.
La France a souffert plus que les autres, parce qu'elle est le seul pays dont le gouvernement légal ait collaboré avec l'ennemi.
(...)
La troisième idée directrice, c'est que chaque peuple est différent des autres, incomparable, inaltérable, irréductible. Il doit rester lui-même dans son orignalité, tel que son histoire et sa culture l'ont fait, avec ses souvenirs, ses croyances, ses légendes, sa foi, sa volonté de bâtir son avenir. (...) Il faut les rapprocher (les peuples), leur apprendre à vivre ensemble, amener leurs gouvernants légitimes à se concerter, et, un jour, à se confédérer, c'est-à-dire à mettre en commun certaines compétences, tout en restant indépendants pour tout le reste.
(...)
La quatrième idée, c'est que cette Europe-là prendra naissance le jour où ses peuples, dans leurs profondeurs, décideront d'y adhérer. Il ne suffira pas que des parlementaires votent une ratification. Il faudra des referendums populaires, de préférence le même jour dans tous les pays concernés.
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Pour avoir trop cru que le développement était le produit du capital et du travail, on a investi, on a embauché ; et on s'est étonné que le développement ne fût pas au rendez-vous.
Pour avoir cru aussi que le développement était le résultat de certains dispositifs économiques et sociaux, on les a imités, on les a importés - mais faute de s'être appuyés sur une assise culturelle, ils se sont effondrés sous leur propre poids.
Pourquoi le développement, après quatre siècles, est-il encore resté aussi limité dans son aire géographique ? Pourquoi est-il si souvent mal assuré, là où il s'est implanté ? C'est qu'on a cru pouvoir faire faire l'éconmie du facteur immatériel, et fabriquer du développement sans ethos de confiance : répéter l'histoire apparente des plus favorisés, sans procéder à la révolution anthropologique qui les avait favorisés.
Ou même, en faisant des révolutions anthropologiques à l'envers - et ce fut l'erreur du communisme : emprunter les objectifs matériels et nombre de mécanismes du développement, en s'évertuant à faire fonctionner ceux-ci, et à atteindre ceux-là, sur le principe d'une société de défiance méthodiquement bâtie.
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Chaque jour, sur le marché, des millions de consommateurs choisissent d'épargner ou de dépenser. De consommer la viande ou le poisson, le vin ou la bière, les produits frais ou les conserves. De garder leur situation ou, s'ils ont le choix, d'en changer. D'habiter en ville ou en banlieue. D'acheter telle marque de voiture ou de téléviseur.
Par cette foule de décisions, le consommateur exerce un pouvoir souverain sur l'orientation économique : la façon dont il emploie son revenu constitue un exercice beaucoup plus constant du droit de vote que celui qu'autorisent les urnes. Le marché, c'est en économie, la démocratie directe ; on pourrait dire que c'est la plus démocratique de toutes les institutions.
Des dizaines de millions de centres de décisions autonomes se livrent chaque année à des milliardds d'actes d'échanges : tout est enregistré, comme sur un ordinateur géant. Et les entreprises doivent adapter leur production, réviser leurs plans, bouleverser leurs investissements.
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La confiance ne se commande pas. Elle vient du fond de nous-même. La considérer comme la matrice de la société, c'est renvoyer à l'intériorité, c'est affirmer que la société ne relève pas d'une fabrication.
Ce concept a aussi l'avantage de souligner la totale interdépendance entre le personnel et le social : la confiance en soi, la confiance en autrui, c'et le même mouvement de l'âme. Elle ne peuvent guère être pensées, ni vécues, l'une sans l'autre. Pas de confiance sans fiabilité. Confiance oblige. Je ne peux, autrui ne peut, avoir et garder confiance en moi, si je ne suis pas digne de cette confiance : "régulier", c'est-à-dire rigoureux, ferme fidèle à mes engagements, à mon projet, à mes devoirs. Et, tout en accordant spontanément ma confiance à autrui, je ne peux la lui maintenir que s'il s'en montre, lui aussi, digne.
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Derrière les combinaisons du capital et du travail, derrière les mutations technologiques et sociales, derrière les structures de l'échange et les jeux de la conjoncture, il y a, il y a toujours eu, il y aura toujours, les décisions ou les renoncements des hommes, leur énergie ou leur passivité, leur imagination ou leur immobilisme. Inutile de chercher au dehors, (...), la cause profonde des avancées ou des stagnations. (...) C'est en nous que réside le développement. L'enfouir ou le faire fructifier dépend de nous.
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Tout entrepreneur sait bien que le problème essentiel de son entreprise est un problème d'organisation. Comment mêler l'apport d'énergies diverses ? Comment les combiner de la meilleure façon possible ? Dans la plupart des structures tant soit peu vieillies, il est aisé de diagnostiquer un gaspillage de compétences et un sous-rendement. La "prolétarisation" de l'encadrement reflète principalement une incapacité à utiliser les talents.
Motiver des hommes pour un travail, c'est identifier l'accomplissement de leur travail avec la satisfaction de leurs besoins fondamentaux.
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L'éthos de confiance compétitive, la mentalité propice à l'adaptation performante ne sont pas le fait de communautés prédestinées, dans le cadre d'une mystique ou d'une théologie. Elles sont plutôt le fruit d'une libre élection du destin personnel. Elles résultent d'une volonté de se dépasser soi-même dans une entreprise risquée mais personnelle. Ici la vie prend sa revanche sur le dogme
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La composante presbytérienne de la Réforme n'est pas forcément libérale. Le libéralisme politique et économique n'a nullement jailli de la Réforme, qu'elle soit luthérienne, calviniste ou anglicane.
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Au total, les migrations qui, à partir des guerres de religion, ont parcouru l'Europe du XVI° au XVIII° siècle ont fourni un appoint décisif au renouvellement des pays d'accueil. Parce que l'émigration est une innovation géographique ; et que l'innovation est une émigration mentale.
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Par elle-même la situation du migrant le contraint à déployer sont pouvoir d'adaptation, à valoriser ses talents, ses ressources mentales, son courage. Le migrant est un entreprenant-né, un entreprenant obligé, un innovateur qui doit justifier sa nouvelle place au soleil.
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Montchrestien a inventé le terme, promis à un grand avenir, d'économie politique : "On ne saurait diviser l'économie de la politique, sans démembrer la partie principale du tout".
Pour Davenant, au contraire, l'économie n'est pas la partie d'un Tout politique : "Aucun peuple n'est jamais devenu riche par des interventions de l'Etat ; mais c'est la paix, l'industrie et la liberté et rien d'autre qui apportent le commerce et la richesse". Pour le Français, commerce et industrie sont les moyens de la puissance de l'Etat. Pour l'Anglais, c'est l'inverse : l'Etat est au service de la puissance industrielle et commerciale.
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(La) conception de l'argent, comme bien à consommer et non comme outil, et un trait fondamental qui distingue la mentalité économique archaïque de la mentalité économique moderne. Celle-ci repose sur le crédit, c'est-à-dire sur la confiance faite par le prêteur à l'emprunteur pour qu'il rende le capital avec les intérêts, la confiance de l'emprunteur en sa propre capacité de rembourser et en la rentabilité de l'investissement dont il prend le risque. Ces confiances entrecroisées ont fait jaillir le développement et fondé le monde moderne.
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En quarante ans d'observations, l'attitude de confiance - ou de défiance - en la personne nous est apparue, sous des formes très diverses, comme la quintessence des conduites culturelles, religieuses, sociales et politiques qui exerce une influence décisive sur le développement.
Notre hypothèse est que le ressort du développement réside en définitive dans la confiance accordée à l'initiative personnelle, à la liberté exploratrice et inventive -- à une liberté qui connaît ses contreparties, ses devoirs, ses limites, bref sa responsabilité, c'est-à-dire sa capacité à répondre d'elle-même. Mais comme une telle liberté reste encore fort peu pratiquée dans le monde, on peut craindre que la disette, la maladie et la violence ne rôdent encore longtemps sur notre planète.
Elles peuvent même revenir en force dans des zones qu'elles ont évacuées voici quelques dizaines de lustres. Le progrès perpétuel n'existe pas ; les agents dynamiques de nos sociétés peuvent se trouver étouffés ou épuisés - ne fût-ce que par les pesanteurs d'un Etat envahissant, d'un égalitarisme excessif, d'une revendication du "toujours plus" comme un droit acquis ; par l'oubli des devoirs qui sont l'indispensable envers des droits ; ou par la concurrence insoutenable de peuples retardés qui pour échapper à la misère, déploient leur capacité toute neuve de produire beaucoup moins cher, beaucoup plus et aussi bien.
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